Chapitre 34
La mort te prendras,
uniquement lorsqu'elle le voudra.
☾ ☾ ☾ ☽ ☽ ☽
En quelques instants, je me rendais alors compte que mourir des mains de Kairos n'aurait pas était aussi effrayant au final.
Car, lorsque les mains de Kairos avaient transpercé ma peau, je n'avais pas eu froid. Au contraire, tout avait était tellement brûlant...
Il s'agissait du dieu des Enfers après tout, Hadès. Je serais au moins morte dans du feu, alors que là, je sentais amèrement les doigts glacés d'Héra, me serrant le cœur, de plus en plus fort.
Elle étouffait mon cœur. Et je compris rapidement que j'allais réellement mourir cette fois. La prochaine fois que j'allais ouvrir les yeux, si j'ouvrais un jour les yeux, je ne serais plus humaine.
Mais ce n'était même pas cela le plus effrayant, non, ce qui m'effrayait le plus, c'était ce que je ressentais en cet instant. J'étais en train de mourir dans une douleur et froideur effrayante. La mort n'allait pas m'accueillir, la mort allait seulement m'effacer à jamais.
-Oh... Que c'est touchant, tu pleures, chérie ? demanda Héra d'une voix amusée. Ne t'inquiète pas, bientôt, tu seras morte, et ton âme-sœur ne sera pas là pour te permettre de te réveiller.
Son regard et ses mots, eux aussi, étaient si froids... Tellement froids, j'étais glacée jusqu'à la moelle épinière. Ou plus, même mon âme était en train de se cristalliser petit à petit, et la pression qu'exerçait Héra sur mon cœur, allait le faire exploser en même temps que mon âme.
J'allais m'éparpiller en un milliard de morceaux de glaçons.
Je le savais.
Je le sentais.
Alors, pourquoi priais-je pour que Kairos apparaisse là, derrière Héra, et me sauve ? Pourquoi ne venait-il pas ? J'avais besoin de lui, j'avais froid, si froid. Il devait me réchauffer, avant que je ne disparaisse à tout jamais.
Je n'allais plus jamais sentir les frissons que son toucher me procurait, je n'allais plus pouvoir me plonger dans ses yeux émeraudes, qui étaient assurément les plus beaux joyaux existants. Son visage, ses lèvres, son nez, ses cheveux,... Pourquoi ne les avais-je pas mieux étudiés, j'aurais dû graver tous les détails de son corps en ma mémoire.
Qu'allait-il se passer pour moi après ? Une fois morte, où vas-t-on ? Allais-je aller à Oneiroi ? Si oui, j'allais le revoir peut-être...
Un sanglot m'échappa, jamais je ne m'étais sentie aussi pitoyable et apeurée. Mes mains qui agrippaient la main d'Héra, face à moi, la lâchèrent. Je n'avais plus de force, je me vidais de mon sang, mon énergie, de ma chaleur, de mon âme.
-Tu es lamentable, comme ta mère, cracha-t-elle. Elle était aimée par tout le monde, toujours souriante, une parfaite garce. Pendant que mon mari à moi me trompait, le sien vivait l'amour parfait avec elle. Sais-tu pourquoi je déteste tant ta stupide mère ? De toute manière, tu vas mourir, dit-elle en contractant sa main autour de mon cœur.
Je n'avais même plus la force pour hurler ou pour lutter, je gémissais seulement, lamentablement.
-Ta mère, continua-t-elle, a eu la stupide chance d'avoir deux âmes-sœurs, Endymion, et mon mari, Zeus. Elle a eu le choix ! Mais que penses-tu qu'un dieu, n'ayant pas été choisi sentirait ? Elle a brisé l'ego de Zeus, et c'est moi, moi qui étais éperdument amoureuse de Zeus qui en a souffert ! Il m'a trompé avec tellement de femmes, même des ingrates humaines. Et pendant tout ce temps, Nyx vivait heureuse, dans un amour parfait, pendant que moi, je subissais les conséquences de ses actes. Alors je l'ai tué. Mais, même après cela, je n'étais pas rassasiée, je n'avais pas pu faire souffrir Nyx, pas autant que je le voulais. Et je t'aurais tué, mais je voulais t'utiliser. Toi, qui avait mes pouvoirs et ceux de Séléné, toi, qui aurais pu rendre l'un de mes fils suprêmes... Mais, comme ta mère, tu es une stupide garce ! Tu as tout gâché !
Elle hurlait telle une hystérique, mais je commençais à entendre des grisonnements, ma vision se brouillait, et mes jambes lâchèrent complètement sous mon poids.
Cependant, au même moment, un cri de rage sembla percer le ciel, et après une dernière pression mortelle, Héra retira ses mains de mon corps. Avait-elle arraché mon cœur ? Car, c'était ce que je ressentais...
Je gisais à terre, perdue entre la conscience et l'inconscience, l'herbe que je touchais semblait m'engloutir en elle. Je tanguais, mais au moment où j'allais enfin me laisser plonger dans l'oubli, je sentis des bras forts me soulever et me serrer contre un corps ferme.
Kairos.
Mon corps se réchauffa légèrement, à la venue de l'homme qui était censé me tuer. Je n'arrivais pas à me concentrer sur son visage, quelle expression abordait-il ? Je voulais voir, avant de donner mon dernier souffle. Mais s'il était là, et que je n'étais pas encore morte, allais-je survivre ?
-Lydia, entendis-je sa voix au loin. Lydia, je suis là. Lydia !
Je forçais mes yeux à s'ouvrir, malgré mes paupières extrêmement lourdes, et je vis deux émeraudes noircis, mais brûlants, son regard en brasier ne suffisait pas à réchauffer entièrement mon corps cependant.
Il s'approcha, et déposa ses lèvres sur les miennes, et je sentis un liquide chaud et visqueux s'écouler dans ma gorge. Je déglutissais, puis mon corps entier se crispa.
Une lame dans la poitrine.
Un pieu dans le cœur.
Kairos m'avait achevé de ses propres mains.
* * *
Quelque chose semblait couler en moi, rapidement, un liquide chaud se propageait et tournait en rond à l'intérieur de moi.
Du sang.
Le sang avait toujours coulé à travers mes veines, mais celui-ci, était différent. Car jamais je n'avais senti aussi précisément le circuit de mon sang, jamais, je ne l'avais entendu.
Boum.
Boum.
Boum.
Le sang qui s'écoule, mon cœur qui s'écrase violemment sur ma cage thoracique, l'adrénaline qui monte en moi, les plis de mon visage formés par mes sourcils froncés, puis mes paupières s'ouvrant enfin, telle un rideau tiré pour laisser passer la lumière du matin.
Tout était éblouissant, tellement, que j'en fus aveuglée au départ. Un gémissement échappa mes lèvres et raisonna en boucle dans ma tête. Mes yeux s'habituèrent à la vue, et je tombais face à face avec la pierre la plus extraordinaire au monde. L'émeraude.
J'avais toujours trouvé les yeux et le regard de Kairos plus que magnifique, mais là, maintenant que de nouveaux détails étaient visibles, je savais que plus jamais je ne pourrais détourner mon regard du sien. Ce regard m'attirera comme un aimant, j'en étais sûre.
J'observais méticuleusement chaque détail de son visage, jusqu'à ses pores, et me l'imprégnais, ainsi que son odeur. Je ne pouvais m'empêcher d'avaler de grande bouffée d'air, le plus possible, pour attirer son odeur encore plus proche de moi, en moi. Je voulais être baignée dans son odeur de verveine, je voulais que ma peau s'imprègne de son odeur.
Mais alors que je pensais à tout ce que je voulais de lui, il me toucha, et le monde s'écroula.
De la petite parcelle de mon visage qu'il avait caressé, à partir de ce point de départ, je fus électrocutée, et l'électricité se propage partout en moi. C'était un sentiment tellement... Extraordinaire.
-Lydia, dit-il enfin.
Mon nom sur ses lèvres, sonnait tellement bien, comme si ses lèvres avaient été créer pour les courbures parfaites qu'elles prenaient quand il disait mon nom. Comme si sa voix, prenait entièrement vie en effleurant mon nom de sa langue.
-Kairos, m'entendis-je murmurer.
Ma voix, qui eut des échos dans mes oreilles encore une fois, semblait plus soyeuse. Plus qu'à mon souvenir...
-Je me sens différente, avouais-je avant même qu'il ne parle à nouveau.
-Tu l'es, dit-il d'une voix rauque, tu es différente.
-Je suis morte.
-Tu es morte ? Non, l'humaine est morte, mais la déesse est née, Lydia.
-Tu... Tu parais très différent aussi, continuais-je.
Je bougeais et essayais de m'asseoir, Kairos m'aida, et encore une fois son toucher me fit frissonner.
Mais cette fois, ma nouvelle vision me permit de voir sa réaction, son corps à lui aussi, avait frissonné.
-En quoi suis-je plus différent ?
-Tu es beaucoup plus... Tu sembles être beaucoup plus... Magnifique ?
Il parut surpris et un rictus se forma sur ses lèvres.
-Je ne pensais pas qu'être une immortelle te rendrais aussi directe, viens là, tu devrais marcher.
Je me remémorais soudain des derniers évènements dans ma mémoire et paniquais.
-Héra...commençais-je, mais je fus arrêtée par Kairos.
Ses muscles se tendirent instantanément et il serra les poings. S'il y a quelques instants, une certaine douceur siégeait dans ses iris, tout était parti en fumée afin de ne laisser plus qu'un regard animalistique, meurtrier.
-Ne t'inquiète pas, je me suis assuré de rayer à jamais cette femme, ni sur terre, ni en Enfers, ni ailleurs, tu n'entendras parler d'elle, dit-il d'une voix glaciale.
-Que sait-il exactement passé, après ? demandais-je cette fois.
-Je t'ai donné mon sang, et tu as donné ton dernier souffle par ma faute, le pieu dans le cœur, fatal pour ton corps qui était déjà à bout... Peu importe, tu es immortelle maintenant.
Il disait cela comme s'ils ne s'agissaient que de choses futiles, cependant, le tremblement de sa mâchoire, ses lèvres pincés, et ses mains serrés en un poing, me suffirent à comprendre que Kairos ne disait pas toujours ce qu'il pensait au fond de lui.
-J'espère que tu as eu un peu pitié au moins, tu sais, en m'achevant, dis-je sarcastiquement.
Il fronça des sourcils.
-C'est censé être drôle ? Car j'étais plus, énervé, je dirais.
-Tu es toujours énervé.
-Si tu n'étais pas aller voir ses oracles, ce ne serait pas...
-Et bien la prochaine fois, le coupais-je, si tu ne veux pas que j'aille par-ci, par-là, joue le chien de garde, au lieu de laisser les autres le faire.
Il soupira, se leva, et me pris dans ses bras. Puis nous emmena dans sa salle de bain.
-Sois sûre que Cerberus ne te quittera pas non plus dès aujourd'hui, dit-il, et même si tu le voulais, j'ai bien peur que tu ne puisses pas t'éloigner énormément de moi, maintenant, dit-il avec un sourire mauvais.
Il se tourna ensuite vers le miroir, et me déposa au sol, gardant ses gros bras musclés autour de ma taille, en me serrant contre son torse.
-Regardes-toi, ordonna-t-il.
Je levais les yeux face au miroir, et... Et bien, tout paraissait très détaillé... Je pouvais voir que mes yeux semblaient être plus pigmentés et profond... Mes lèvres rosées, alors que les voyais si ternes en temps normal... Bon sang, j'avais l'impression d'avoir des lunettes de vues, tout semblait être en haute définition !
-Oh, c'est... Étrange.
-Et tu n'as pas encore vu le plus étrange, murmura-t-il.
Je l'observais par le miroir, et il en faisait de même. Un de ses bras autour de moi me lâcha ensuite, et il porta l'un de ses doigts à ses lèvres, avant de le mordre.
Je n'eus pas le temps de demander ce qu'il faisait, car mon monde sembla s'écrouler à nouveau. J'entendais des grisonnements et des battements de cœur violents. J'avais l'impression que des milliers de personnes frappaient de l'autre côté des murs. Et j'avais la gorge sèche à en être douloureuse...
Je me tournais vers Kairos, et pivotais mon corps pour que nous soyons face à face. Je me sentais possédée, j'étais possédée par un instinct animalistique, et cela me poussa à prendre la main de Kairos, et d'approcher son doigt duquel perlait une petite goutte de sang de mes lèvres.
Ça sentait divinement bon...
Je lâchais la goutte de sang, mais ma soif ne fut que plus puissante. Mon propre cœur s'écrasa violemment contre ma poitrine, il semblait prêt à sortir de là, si je ne faisais rien contre cette soif.
Je plantais à nouveau mon regard dans celui de Kairos, il me regardait avec des paillettes dorées dans ses yeux, et son regard coupa le seul fil qui me retenait de faire ce que je souhaitais.
Un son étrange échappa de mes lèvres, et je me mis sur la pointe des pieds, et m'approchais de sa clavicule. J'aimais bien ses cheveux courts, son cou à découvert semblait beaucoup plus... Attirant.
Je plongeais ensuite ma tête au creux de son cou, et une atroce douleur me prit dans les gencives. Je sentais deux lames percées la tendre chaire, mais une fois finie, il ne restait plus de douleur, juste de l'envie et de la soif.
Alors je plongeais mes canines dans la chair de mon âme-sœur.
☾ ☾ ☾ ☽ ☽ ☽
Heya !
ENFIN, n'est-ce pas ? 🤓 Lydia est enfin morte, mais sa renaissance est plus intéressante 🎈
Je vous réserve d'autres surprises pour la suite,
N'hésitez pas à voter et donner votre avis,
-xoxo❤️
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