Chapitre 3

« One person's craziness, is another person's reality »-Tim Burton (🖤 )

-Courez ! Il... Il nous suit !

J'ouvris instantanément mes yeux lorsque les cris d'Elena raisonnèrent à mes oreilles. Je me tournais vers elle, le cœur battant rapidement, et devina qu'elle faisait un cauchemar d'après ces quelques mots qu'elle ne cessait de répéter, je me relevais en position assise et la secoua légèrement en soupirant. En entendant ses cris, je m'étais moi aussi retrouvée face à la même scène s'il y a quelques heures...Elle se releva alors en m'agrippant le poignet si brutalement, que j'en grimaçais.

-Hey, c'est bon, ce n'était qu'un mauvais rêve, lui dis-je calmement.

-Tu...commença-t-elle en me relâchant, merde j'ai rêvé que... On... Rassure moi, on n'est pas allé aux sous-sols de l'université ou quoi hier, n'est-ce pas ?

-Si en fait, on y a été, répondis-je. Il est déjà midi, on devrait se préparer. On doit aller ChezMargaut tu te souviens ? Je t'avoue que je ne suis pas sûr non plus des détails de ce qu'il s'est passé. J'ai du mal à discerner le réel du rêve là maintenant mais, on en saura plus après une discussion avec les autres, dis-je en me relevant.

-Ça ne peut pas être réel ce qu'on a vécu Lydia, tu t'en rends compte n'est-ce pas ? Les gars avaient sûrement déjà tout planifié avant, c'était une farce. Ou on a halluciné après avoir ingéré de la drogue, ils ont bien foutu des somnifères dans le sachet de café des gardiens non ?! Ce n'est pas possible dans le cas contraire, on s'est fait peur pour rien !

Je la regardais silencieuse, ce qu'elle disait pouvait être vrai, mais je connaissais assez Evan et Louis pour savoir qu'ils n'iraient pas jusqu'à blesser physiquement l'une d'entre nous pour une blague. Et je savais que Louis ne risquerait pas de nous droguer car sa mère avait eu des antécédents de drogue et il n'aurait jamais fait subir ça à qui que ce soit. La drogue, c'était un sujet tabou pour lui, je ne savais même pas comment il avait accepté de donner des somnifères aux gardiens.

Mais je m'abstenais de dire quoi que ce soit pour l'instant à Elena et je me dirigeais vers la salle de bain, laissant comme hier soir, les paroles d'Elena flottées dans l'air.

J'ai pris une douche rapidement, me brossais les dents, les cheveux puis après m'être maquillée légèrement et après avoir enfilé un jeans et une blouse à fleurs colorés je sortis de la salle de bain. Elena s'était aussi habillée et avait son ordinateur sur les cuisses, elle semblait concentrée sur un texte, curieuse, je m'approchais pour voir ce que c'était. À peine avais-je discerné quelques mots comme "caveau", "morts", "corps intact" dans la barre de recherche qu'Elena se retourna vers moi et hurla. Je sursautais et levais les bras en l'air instinctivement en guise de protection.

-Mais t'es malade ou quoi ? cria-t-elle. Tu m'as foutu la frousse Lydia !

-Du calme, tu ne m'as pas entendu sortir ?

-Non, j'étais concentrée sur ce fichu article ! Il n'y a rien qui correspond à cette histoire, raison de plus pour que tout était irréel, non ?

-Je ne sais pas Elena... On en discutera tout à l'heure, on peut déjà aller ChezMargaut ? On prendra notre repas là-bas ? proposais-je.

-Ouais, bonne idée, si tu es prête on peut y aller tout de suite.

-Ok, j'ai déjà fait mon sac donc on peut sortir, dis-je.

Nous sortîmes de la maison et mon téléphone sonna lorsque nous arrivâmes ChezMargaut, je vis qu'il s'agissait de Stefanos, mon troisième frère alors je décrochais.

-Oui ? dis-je.

-Salut Lili, tout va bien ? demanda-t-il. Tu ne rentres pas ?

-Il est seulement treize heure Stef et on est samedi, il est normal que je passe plus de temps avec mes amis non ?

-Oui, évidemment mais... Enfin bref, je voulais seulement vérifier que tout allait bien, tu fais quoi là ?

-La question serait plutôt est-ce que toi tu vas bien Stef, il y a un problème ? demandais-je inquiète.

-Non non, ne t'inquiète pas, tout va bien ici, j'ai juste du mal à me farcir Niko et Viktor en même temps, dit-il en riant.

-Viktor est là ? demandais-je surprise.

Il était rare que le plus grand de la fratrie se pointe à la maison depuis son mariage avec Sophia.

-Ouep, avec Sophia en plus, et je ne vais pas te cacher cette surprise, Sophia a le ventre plutôt arrondi et avec le reste de son corps toujours aussi mince je peux t'assurer que ces deux-là attendent un nouveau monstre ! J'espère tout de même que cette fois ce sera un ange parce que les jumeaux ne sont là que depuis quatre heures, et ils ont déjà massacré le jardin. Maman a du mal à cacher son désarroi.

-Ce sont des enfants de trois ans Stefanos, ils sont mignons comme tout et toi, tu les traites de monstre, quel mauvais oncle tu fais.

-Ils utilisent leurs charmes masculins sur toi ! Ils t'envoûtent bon sang, ce sont des petits sorciers, dit-il d'un ton faussement blessé.

-Oui, oui, bien sûr, dis-je en riant. Bon Stef, ce n'est pas que je ne t'aime pas, mais je suis ChezMargaut avec Elena là, je te laisse avec ces deux petits anges, passe le bonjour, je rentrerais bien avant le dîner. Bisous !

-Prends soin de temps, bisous princesse, dit-il avant que je ne raccroche.

Je posais mon portable sur la table et ouvrit le menu que je connaissais tout de même par cœur, alors qu'Elena semblait perdue dans son menu.

-Tu prends quoi ? lui demandais-je.

-Je pense céder à un menu hamburger, je suis moralement instable, je peux en profiter pour me plonger dans la nourriture non ?

-J'en prendrais bien aussi, avec un bon lot de frites, dis-je en souriant.

Nous appelâmes le serveur ensuite pour dire nos commandes et lorsque nos commandent arrivèrent, Maëva et Éric firent leurs entrées et vinrent vers nous dès qu'ils nous virent. Ils prirent place et j'ai compris par les cernes sous leurs yeux, qu'ils étaient tout aussi perturbés que nous. Ils ne prirent qu'une boisson chacun et lorsque ceux-ci arrivèrent, Éric daigna enfin prendre la parole :

-Vous êtes d'accord que c'est totalement stupide tout ça n'est-ce pas ? J'y ai réfléchi pendant des heures avec Maë et ce qu'il s'est passé hier soir ne peut pas être réel, mais je n'arrive pas à trouver une explication logique qui tienne la route, lâcha-t-il.

-Je pense que c'était une farce ou que les gars nous ont drogués, proposa Elena.

-Ça ne peut pas être ça, Louis n'aurait jamais utilisé de la drogue avec qui que ce soit et ils nous auraient avoués leur farce après avoir vu à quel point on était apeuré. Et de toute manière, eux-mêmes ont eu la frousse ! répliqua Éric.

-Et ils n'auraient pas laissés cette chose faire du mal à Lola, ajoutais-je.

-Ils arrivent, interrompis Maëva pendant que croquais le dernier bout de mon hamburger.

-Salut, dit Evan en s'asseyant et Louis en fit de même.

-C'est tout ? dis Elena sur les nerfs. Vous avez des explications à faire bande de cons !

-Hey ! s'énerva Louis. On est aussi perdus que vous ! Vos théories sur nous Celia nous en a déjà fait par merci.

-Où est-elle d'ailleurs ? demandais-je.

-Elle ne vient pas avec Lola, mais elle a proposé de venir voir Lola après pour nous montrer à quel point on a merdé, dit Evan. Je vous jure sur ma famille les gars, Louis et moi n'avons rien à voir avec ce qu'il s'est passé, je n'ai pas dormi de la nuit tellement j'ai flippé !

-Ok, ok, on vous croit, on en a déjà discuté, expliqua Éric, mais cela ne nous avance toujours pas sur ce qu'il s'est réellement passé.

-Lola va mal c'est ça ? Celia aurait quand même pu venir, dit Maëva.

-C'est sa cousine Maëva, c'est normal qu'elle reste avec elle si elle ne va pas bien, en plus elle s'est fait déchiqueter le cou, bordel, répliquais-je.

-Alors, tout était vraiment réel, murmura Elena, tout mais vraiment tout ? Merde c'est insensé, on devient fou.

-J'ai fait des recherches et je n'ai trouvé rien qui ressemble de près ou de loin à ça, mais, dit Éric, j'ai été sur le site de l'université et je peux vous assurer qu'il n'y aucune info sur l'existence de catacombes. Par contre, vu les gravures et peintures sur les cercueils, c'est forcément grec, et ancien car ils représentaient des récits mythologiques.

-Mais c'est stupide, dit Louis, pourquoi n'auraient-ont pas observés un truc pareil ?

-Peut-être qu'ils pensaient qu'il s'agissait de tombeaux de personnes sans importances ? proposa Elena.

-Ils sont bien trop ornés pour ça Elena, il y avait même des joyaux et de l'or dessus !

-Cette histoire devient de plus en plus insensée, dit Maëva.

-Et si... Et si on oubliait tout simplement tout ça ? proposa Evan. Allons voir Lola, attendons qu'elle guérisse, que cela s'arrange et on fera comme si nous n'avions jamais étés aux sous-sols la nuit dernière ?

-Et si on demandait à la grand-mère de Lola ? demandais-je plutôt. On a beau dire qu'elle est tarée on ne vaut pas mieux qu'elle là à cet instant. Elle pourra peut-être nous aider.

-Je pense qu'on devrait faire comme Evan et oublié, s'il se passe à nouveau quelque chose on ira voir Mme Angelski, la grand-mère de Lola, dit Elena.

Les autres approuvèrent puis, après avoir payé l'addition nous nous dirigeâmes vers nos voitures pour se retrouver chez Lola. Une fois tout le monde là, on sonna et une des bonnes de la famille de Lola nous laissa entrer, nous connaissant, et nous montâmes directement à la chambre de Lola et lorsque nous sommes arrivés devant la chambre, Celia ouvrit la porte et fut surprise de nous voir.

-Oh, dit-elle, vous êtes déjà là, j'allais sortir fumer, vous pouvez entrer, mais pas un mot sur cette merde, elle ne va pas très bien, à cause de vous, dit-elle en regardant Evan et Louis tour à tour puis elle nous laissa là. À toute, rajouta-t-elle.

-Ce n'est pas de notre faute ! cria Evan à bout de nerfs.

-C'est bon les gars, entrons, dis Maëva et c'est ce que nous avons fait.

Je regrettais aussitôt d'être venue lorsque je vis Lola assise sur son sofa, avec un coussin qu'elle serrait contre elle, elle était encore plus blanche que d'habitude et d'immenses cernes noirs ornaient ses beaux yeux bleu saphir. Elle avait un pansement au cou, du côté droit et je pouvais voir un bleu à son poignet gauche. Elle leva lentement les yeux vers nous et lâcha son coussin.

-Salut, lâcha-t-elle après cinq minutes. Ne restez pas debout, vous pouvez aussi vous asseoir sur le lit, dit-elle d'une voix lasse.

-Ça va ? demanda Éric. Je veux dire, tu sais, ton cou...

-Ça peut aller, j'ai juste le cou mordu-le cou déchiqueté, chose que je n'aurais pas eu si je n'avais pas été assez stupide pour vous suivre encore dans vos histoires !

-Je te jure qu'on est désolé Lola, dit Louis, si on aurait su, on n'aurait jamais...

-On ne va pas s'en tirer qu'avec ça. C'est ça le problème, dit Lola d'une voix sèche. On a réveillé l'un d'entre eux et leur peuple va renaître par notre faute. Ça ne serait jamais arrivé si vous n'aviez pas eu cette stupide idée !

-De quoi...commença Elena.

-Qu'est-ce que tu racontes ? Tu délires complètement ma vieille, lâcha Louis.

Célia arriva à cet instant, accompagnée d'une femme âgée au corps squelettique, vêtue d'une longue robe en soie prune, et de longs cheveux gris tressés trainant jusqu'à ses cuisses, je reconnaissais tout de suite cette femme, je ne l'avais vu que très rarement et ne lui avait adressé la parole qu'une ou deux fois, mais il s'agissait bel et bien de la grand-mère de Lola, Mme Angelski.

Elle leva ses grands yeux globuleux d'un bleu saphir encore plus prononcé que ceux de Lola et Celia, et nous observa un à un, jusqu'à que son regarde reste sur moi. Je sentis une aura désagréable qui s'émanait de ce regard, j'étais mal à l'aise, elle me scruta de haut en bas durant quelques secondes pour enfin diriger son regard vers Lola.

-Comme vous pouvez le voir, j'ai appelé ma grand-mère, pour nous aider, expliqua Celia. Je sais que vous pensez qu'elle est délirante, mais... Peut-être bien que vous avez changé d'avis après la nuit dernière.

-Vous n'êtes pas des jeunes gens très futés, lâcha Mme Angelski en allant s'asseoir à côté de Lola et en lui prenant la main. La curiosité est un vilain défaut, on ne cesse de vous le dire, mais les enfants n'écoutent jamais, et parfois ils commettent de bien plus grande erreur que leur capacité à les gérer seuls. Comme c'est le cas pour votre bêtise, ou plutôt votre erreur fatale. Que voulez-vous savoir ? finit-elle par demander.

Personne ne parla alors je décidais de prendre la parole :

-Nous... En quoi serait-ce une erreur fatale Mme Angelski ?

-Vous avez détruit un équilibre indispensable, vous avez ramené à la vie une espèce endormie à jamais, en quoi n'est-ce pas une fatale erreur jeune fille ?

-Madame, commença Louis, nous ne comprenons pas vraiment de quoi vous parlez en fait.

-S'il existait une espèce de fourmis extrêmement dangereuse pour l'Homme, que feriez-vous ?

-Je ne vois pas pourquoi on parle de fourmis, lâcha Éric énervé.

-On la ferait disparaître ou limiter sa présence du moins ? répondis Maëva.

-Exactement, avec les moyens dont vous disposez vous écartez le danger, et vous ne le faites pas pour que des petits gamins stupides viennent tout gâcher et déshonoré vos efforts, surtout si vous y avez donné la vie. Or, vous l'avez fait, et pour une chose beaucoup plus dangereuse que n'importe quelles fourmis venimeuses, une chose avec laquelle on ne peut cohabiter, et vous ne pouvez plus rien arranger. Rentrez chez vous, ne parlez de cela à personne, le mal est fait de toute manière, vous n'apporterez rien de plus. Et je m'abstiendrais de raconter cela à vos parents, ils en seraient déshonorés, puis elle se tourna vers moi et rajouta, surtout les vôtre, les Lykaios n'ont jamais apprécié les bêtises, surtout ceux de leurs enfants.

Je ne comprenais pas grand-chose aux paroles de cette femme, mais ses dernières paroles paraissaient bien plus lourdes de sens que ce qu'elles en avaient l'air. Cette femme n'était assurément pas une cinglée, non c'était au contraire une femme bien trop intelligente qui savait bien plus de choses que nous. Je me levais du lit de Lola et jette un coup d'oeil à Elena qui se leva aussi.

-Et bien merci, madame, nous comptions justement oublier cette affaire, mais nous voulions être sûr que Lola allait bien, dis-je en forçant un sourire. Au revoir, Lola je t'appellerais pour prendre des nouvelles, je te souhaite une bonne guérison, salut tout le monde.

Puis, je sortis de la chambre accompagnée d'Elena et nous nous sommes dirigés dehors sans plus tarder.

Mme Angelski avait fait naître en moi un sentiment d'incompréhension, elle avait voulu dire quelque chose d'autre avec ses dernières paroles, je le sentais et j'ignorais totalement de quoi il pouvait bien s'agir. Parlait-elle du fait que mes parents s'énervaient au moindre faux pas comme ce que laissait penser sa phrase au premier abord ? Ou bien était-ce le fait que moi, enfant adoptive me devait de me tenir encore plus à carreaux ? Car oui, si parmi ma bande, seule Elena était au courant de cela, cette femme savait forcément que je n'étais pas une enfant biologique du couple Lykaios. Ou voulait-elle dire quelque chose de bien plus compliqué ? Quelque chose dont je ne pouvais saisir le sens pour cause d'ignorance ?

-Lydia ! cria soudain Elena. Tu comptes grimper dans la bagnole un jour ou non ?

-Ouais, désolée, j'étais perdue dans mes pensées, m'excusais-je. Dis, tu as compris quelque chose à ce qu'a raconté Mme Angelski ?

-Pas vraiment, elle n'a cessé de répéter que l'on avait fait une erreur sans dire ce que c'était. Ok, nous avons réveillé quelque chose, mais quoi ? Enfin bref, écoutons son conseil et oublions cette affaire, on y comprend rien de toute manière.

-Oui, c'est vrai que... Je vais avoir du mal à oublier ce mort-vivant mais... Mince, peut-on vraiment oublier ce que l'on a vu Elena ? C'était comme un zombie ce machin, baigné dans un bain de sang, et il a mordu le cou de Lola. Supposons que nous on oublie cette histoire et elle ?

-C'est bon elle a seulement un pansement au cou, elle était vivante, elle survivra.

-Et un bleu au poignet, mais si tu le dis, on verra lequel d'entre nous finira par oublier cette histoire, dis-je pour mettre un terme à la conversation.

Le reste du trajet fût silencieux, lorsque nous sommes arrivés devant chez moi, je n'ai pas proposé à Elena de venir boire un verre car j'avais besoin de solitude, ou de temps avec ma famille. J'avais besoin de ne plus penser à un mort vivant à chaque fois que je fermais les yeux trop longtemps. Je la remerciais simplement, et descendis de la voiture en me dirigeant à l'intérieur en adressant seulement un rapide sourire et hochement de tête au jardinier et aux autres domestiques.

À l'entrée, Martha, m'informa que tout le monde était au salon principal en attendant le dîner, sauf père, qui était en voyage d'affaire jusque mercredi. Je lui demandais de ramener mon sac dans ma chambre poliment et me dirigeais vers le salon.

Avant même d'entrer j'entendis les cris d'Andru et Angelos, mes neveux jumeaux, je souris et ouvrit la porte doucement afin d'éviter de frapper au passage un des deux petits hyperactifs et les regards se tournèrent vers moi, les jumeaux s'arrêtèrent et leur visage s'illuminèrent en me voyant. Ils ne perdirent pas de temps pour courir vers moi.

-Tata Lili ! crièrent-ils à l'unisson.

-Mes deux petits neveux préférés ! dis-je en le prenant dans mes bras.

-En même temps, tu n'as que ces deux neveux là pour l'instant de toute manière, répliqua Viktor en se levant et me prenant dans ses bras.

-Pas pour longtemps, ajouta Sophia, comment vas-tu Lydia ?

-Tout va bien et toi ? répondis-je en lui faisant la bise. Il semblerait que je vais avoir un nouveau neveu ou nièce peut-être cette fois ? dis-je malicieusement. Félicitations !

-Et oui, mais on ignore encore le sexe, elle est enceinte de trois mois et le bébé refuse de montrer s'il a le fameux organe gigantesque des Lykaios ou non, dit Viktor.

-Viktor ! gronda maman. C'est inapproprié, dit-elle sans parvenir à cacher un rictus.

-Une fille serait la bienvenue parmi toute cette testostérone, dit Sophia en soupirant, en tout cas cette fois le bébé vient seul, pas de jumeaux, ce qui nous a plutôt soulagé pour être honnête. C'est un peu difficile de tenir la cadence...

-J'ai toujours rêvé de pouvoir acheter de petites robes pour bébés, mais n'ai jamais pu, dit mère, c'est tellement adorable !

Elle n'avait absolument pas dit ça pour me mettre mal à l'aise ou me blesser, je le savais, mais j'avais tout de même ce petit stupide pincement au cœur et les regards froids de Viktor et Stefanos dirigés vers elle accompagnés du regard gêné de Sophia m'indiquaient que la pensée qui avait traversé mon esprit avait aussi traversé la leur. Maman fit une grimace et chercha comment sauver la mise et je l'aidais.

-Ô que oui ! dis-je d'un ton enjoué. Des robes, jupes, des collants avec des petits pompons dessus, les bandeaux à rubans de toutes les couleurs ! J'aimerais bien aussi une nièce mais d'abord la santé bien sûr ! Il y a encore Lukas, Stefanos, Daymon et Nikolaï pour une nièce et vous si vous envisagerez d'autres enfants !

L'atmosphère se détendit et tout le monde ria. Je déposais les jumeaux au sol.

-On peut attendre longtemps pour Daymon et Nikolaï, ils enchaînent les filles une par une pour l'instant, répliqua Stefanos.

-Et toi frangin on en parle ? répliqua Nikolaï. Tu cours derrière la même fille qui ne veut pas de toi depuis des années, si tu tournais la page, tu trouveras peut-être enfin celle qu'il te faut !

-Ferme-là Niko, répliqua celui-ci d'un ton glacial.

-Du calme les enfants, venez, le dîner doit être prêt, allons-nous installer, dit mère.

Nous l'avons suivi à la salle à manger et nous nous sommes installés. Lukas habitait au Japon depuis maintenant un an à la direction de l'entreprise de famille là-bas, et Daymon, étant un artiste dans l'âme c'était le rockeur de la famille, son groupe devenait de plus en plus connu et il partait souvent en tournée comme c'était le cas ce mois-ci, quant à père, il essayait d'être toujours là pour le dîner, sauf lorsqu'il n'était pas en ville. Ce soir, ces trois-là ne seraient donc pas là. Le dîner fut servi et nous discutions de tout et de rien en rigolant aux gestes des jumeaux, jusqu'à qu'arrive une question qui me ramena à la réalité lors du dessert.

-Et toi Lydia, tu t'es bien amusée chez Elena ? demanda mère.

Je faillis m'étouffer et avala une gorgée d'eau en forçant un sourire ensuite. Ô que oui, c'était tellement amusant...

-Oui, oui, comme d'habitude, on a étudié, regardé un film et tout, répondis-je rapidement.

-J'ai parlé avec la mère de ton amie Lola aujourd'hui, elle organise un gala de charité le mois prochain. Elle nous y a invité, elle m'a dit que Lola s'était fait mordre le cou par un chien. Tu étais au courant ? continua-t-elle.

Respire. Inspire. Garde ton masque, ne laisse rien paraître, furent les mots qui tournèrent en rond dans ma tête.

-Euh, oui, il semblerait, je l'ai su aujourd'hui avec Elena, on est passé la voir avec quelques amis, elle allait plutôt bien, répondis-je calmement alors que je perçu les regards de Stefanos et Viktor se croisés, sourcils froncés.

-Tant mieux, fait attention, les chiens instables attaquent facilement, elle a de la chance que ce ne soit pas pire...

Parfois, la voix de mère semblait fausse, pas sincère, comme en cet instant. Quelque chose en ses paroles et voix me mettait mal à l'aise.

-Tant que ce n'est pas cerbère qui attaque tout va bien, dit Sophia en rigolant.

Je ris à cette blague, mais le rire ne fut partagé par personne d'autre à table, le sourire de Sophia s'éteint et je ne m'attardais pas dessus car mon portable vibra. Je jetais un coup d'oeil discret et vis un message de Louis me demandant si j'allais bien. Je ne répondis pas et finis mon dessert sans pouvoir participer à la discussion mon esprit s'étant dissipé bien plus loin. Je repensais aux événements antécédents et en rassemblant mon courage je posais une question :

-Mme Angelski, la grand-mère de Lola, est une bonne amie de la famille ?

La fourchette de maman tomba et le visage crispé de Viktor ne m'échappa pas.

-Pourquoi cette femme dépourvue de bon sens serait-elle une amie de notre famille ? brailla-t-il.

-Viktor, cette femme n'est pas folle, sa santé mentale en a juste pris un coup à la mort de son mari, riposta mère avant de se tourner vers moi. Chérie, nous n'avons jamais étés très proches de cette femme, mais ton grand-père connaissait son défunt mari, mais ils n'étaient pas forcément ami, mais plutôt camarade à ce que je sache. Pourquoi cette question ?

-Ô rien en particulier, elle était juste là aujourd'hui, chez Lola, elle m'a donné l'impression de bien connaître la famille, répondis-je.

-Elle est âgée, elle a dû entendre des rumeurs au sein de ses connaissances, les vieux aiment bien papoter toute la journée non ? dit Stefanos.

-Oui, sûrement, dis-je pas très convaincue de leurs explications. Je peux vous laisser ? J'ai un sujet à préparer pour mon cours d'empathie, j'aimerais bien le commencer avant de perdre mes idées, demandais-je.

-Bien sûr, à plus tard chérie, dit mère, et après avoir posé des bisous sur les joues des jumeaux je saluais tout le monde et partis dans ma chambre.

Je n'avais pas réellement de devoir, je voulais seulement prendre une douche et écouter de la musique pour ne plus penser, puis je comptais apprendre des cours, puis lire un livre, et je ne savais pas, maintenant qu'il faisait nuit, si je pourrais dormir ce soir, car même si je voulais tout oublier, au fond de moi, quelque chose me disait que la nuit dernière n'était rien et que ce qui attendait était bien pire.

Je me déshabillais alors et me jetais sous un jet d'eau chaude pour réchauffer cette peur glaciale en moi.

J'espère que l'histoire vous plaît et merci pour tous ce qui lisent ☺️

N'hésitez pas à lâcher une petite étoile pour remplir ce ciel bien fade ces derniers temps.

P.S: Je trouve que la musique et son clip reflètent un peu ce qui se passe dans la tête de certains des personnages ici je trouve 🤓

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