Chapitre 19
« I wasn't born
to be
soft and quiet.
I was born
to make the world
shatter
and shake
at my fingertips. »
J'étais encore plus idiote que ce que je pensais. Cet homme avait eu l'intention de me violer et tuer, mais j'avais fini par m'endormir dans ses bras, dès qu'il s'était calmé. Et ce n'était pas un comportement normal, je pouvais le prouver scientifiquement. Cependant, le sentiment que j'avais ressenti et qui m'avait poussé à agir ainsi, n'était pas un phénomène explicable à travers la science, non, c'était totalement inexplicable à travers des molécules, des phénomènes biologiques, ou chimio-physiques.
Quelque chose en moi, ou une partie de moi, avait semblé comprendre la perte de contrôle de Kairos. Une partie en moi avait compris que le lien entre nous poussait à une folie possessive, cependant, mon "moi" entier ne comprenait pas entièrement cela.
J'ouvrais lentement les yeux et plongeait dans les yeux verts de Kairos. Il avait son coude adossé contre son coussin, sa tête sur sa main, et son autre main jouait avec mes mèches de cheveux.
Il me regardait intensément, et semblait deviner que j'allais m'engager dans une conversation.
-Ce lien, commençais-je, produit des sentiments bien trop lunatiques à mon goût.
-Je suis d'accord, dit-il d'une voix rauque alors que mon regard se dirigeait vers ses lèvres.
C'était le matin, il devrait avoir des défauts au réveil au moins, mais il n'avait même pas de cernes, et il sentait divinement bon, la forte odeur de verveine m'emplissait les narines. Je ne voulais pas imaginer à quoi je ressemblais, car je ne m'en souciais pas vraiment et connaissais déjà la réponse. Mes magnifiques cernes violacés et mes poches sous les yeux accompagnés de mon haleine devaient être mortelles.
-Je ne suis pas sûre de comprendre entièrement le concept d'âmes-sœurs.
-Moi non plus. Mais je ne pense pas que ce soit explicable à travers de simples mots, c'est un concept d'affects Lydia.
-Et c'est malsain, hier soir... Cela peut aller bien trop loin.
-Stefanos t'as raconté son histoire avec son âme-sœur ?
-Oui, dis-je pensive.
-Alors, tu connais la réponse, ça peut aller aussi loin que possible, ce lien n'impose aucune limite, la seule chose qui importe est d'être ensemble, dit-il en lâchant mes cheveux et me caressant la joue de son pouce.
Je fermais les yeux et inspirais profondément, trop d'émotions, son toucher éveillait beaucoup trop d'émotions en moi. Je rouvris les yeux et plantais mon regard au sien.
-Nous aurions pu jamais nous rencontrer, si je n'étais pas allé dans ces catacombes... Nous aurions pu rester séparer, il n'y aurait pas eu de lien.
Il se crispa quelques instants, puis ses muscles se détendirent à nouveau.
-Nous nous serions croisés un jour où l'autre Lydia, le chemin des âmes-sœurs finissent forcément par se croiser. Nous nous sommes croisés durant ton enfance, et nous nous sommes recroisés aujourd'hui, c'est un cercle sans fin.
-Je déteste ce que je ressens avec toi, avouais-je. C'est une chose bien trop malsaine de ressentir ce genre de choses envers quelqu'un que je devrais haïr.
-Je déteste autant que toi tout ça, ce lien nous rend faible Lydia, il crée une vulnérabilité en nous. Toi, tes faiblesses sont bien nombreuses, mais moi, je n'en ai qu'une, et c'est toi, et ma nature me pousse à la férocité, ma nature me pousse à protéger ce qui est mien, ce qui complète mon âme.
La conversation prenait une tournure différente, un terrain où je ne souhaitais pas encore m'engager.
-Nous étions-nous déjà vus avant ce jour où mes parents sont morts ? demandais-je afin de changer de sujet.
Il m'observa quelques instants avant de répondre et il descendit lentement sa main qui caressait ma joue, vers mon cou et commença à faire des allers-retours de mon lobe d'oreille, à ma clavicule. Lentement, laissant ma peau brûlée à chaque passage. Une torture bien trop délicieuse.
-Oui, murmura-t-il, seulement quelques heures auparavant. La veille au soir, c'était ton anniversaire, pour la première fois depuis cinq ans, j'avais décidé de rendre visite à Nyx et Endymion. Tu imagines bien ma surprise, lorsque j'ai vu une petite gamine, m'observant de ses yeux marron-verts, qui essayait de comprendre ce qu'il se passait. Tu étais cependant trop petite pour comprendre le lien, tu ne pouvais pratiquement pas le sentir. Par la suite, le fait que tu sois mon âme-sœur a fait peur à certains dieux, et Zeus et Héra sont passés à l'action. Dès que j'avais compris que nous étions âmes-sœurs, le soir de ton anniversaire, j'avais eu une discussion avec tes parents, le jour où ce genre de choses allaient arriver, j'allais tout faire pour te garder avec moi, en sécurité. Mais les problèmes sont arrivés bien trop rapidement, et rien ne s'est passé comme prévu, mais nous sommes tout de même là, ensemble, dans mon lit, n'est-ce pas merveilleux ? Happy end, dit-il sarcastiquement.
Mon intention était perturbée par une mèche de ses longs cheveux bruns lui tombant devant ses yeux, je tendis ma main et repoussais sa mèche. Il étudiait mes mouvements, comme si ce que je faisais était un algorithme, et il attrapa ma main alors que je la retirais et la portait à ses lèvres. Puis il déposa un baiser au creux de mon poignet, un si léger baiser que je sentis à peine ses lèvres effleurer ma peau.
Il ferma les yeux et me tira plus près de lui de telle sorte que je me trouvais entièrement plaquée contre son torse, vêtu d'une chemise noire en coton. Je ne voyais plus son visage, mais son souffle semblait devenir de plus en plus irrégulier et il tira légèrement mes cheveux en arrière, et posa sa tête au creux de mon cou et inspira mon odeur.
-Il m'est difficile Lydia, de te résister, c'est uniquement parce que je sais que ton corps n'est pas encore prêt à se réveiller que je ne te vide pas de ton sang, si je le fais, tu ne survivras pas. Mais je lutte de toutes mes forces contre mes envies, contre ce qui est normal, et cela me rend encore plus fou. Plus dangereux. Même si j'ai déchiqueté ce chien, et que je l'ai donné en guise de nourriture à Cerberus, je ne me sens pas rassasié, ses mots tournent en rond dans ma tête.
-Et qu'a-t-il dit Kairos ? demandais-je.
Il gronda et me serra plus fort contre lui, il inspira plus profondément mon odeur. J'espère que je sentais bon, je venais de me lever, comment pouvait-il être aussi absorbé par mon odeur ?
-Je te l'ai déjà dit, dit-il d'une voix menaçante, il a osé dire que tu appartenais à cet ignoble dieu de Soleil. Pitié, comment un être aussi maléfique que toi... Pourrait appartenir à tant de lumière ? Tu es faite pour régner les Enfers, tu es faite pour moi, que pour moi, et entièrement pour moi.
-Quoi d'autre ? Qu'a-t-il dit d'autre ? insistais-je. Dis-le-moi Kairos, explique-moi la raison qui t'as poussé à perdre tant la raison.
-Que tu écarterais les jambes volontiers pour n'importe quel dieu, que tu l'avais même déjà sûrement fait, dit-il en grinçant des dents. Tu sais, Hermès n'a pas apprécié ces paroles non plus, il lui a flanqué son poing dans sa face, mais il est aussi trouillard qu'auparavant, il a abandonné Lykaon entre mes mains. Et Lykaon a continué, et a évoqué d'autres plans de Zeus, tu sais, ceux où il prévoit de t'utiliser réellement comme une "machine à bébés" comme tu dis, Lykaon était persuadé que tu te prostituerais. Alors, je l'ai d'abord remis à sa place, puis je l'ai démembré, morceaux, dit-il à mon oreille, par morceaux, finit-il froidement.
Je frissonnais à ses paroles. Son aura semblait entièrement noircie par des ombres, et l'air de la pièce semblait avoir chuté de plusieurs degrés.
-Donc, tu ne partages pas son avis.
-Non, ricana-t-il, il n'y a qu'une seule personne pour qui tu ferais ce qu'il a dit Lydia, et c'est moi. Et je ne te forcerais pas là-dessus, comme je l'ai dit hier, j'ai failli franchir une limite, mais je me serais arrêté à temps. Je me suis arrêté à temps.
-Et toi ? demandais-je soudain en m'éloignant légèrement de lui et le regardant. Est-ce que tu comptes avoir un harem ?
Il se crispa tout d'abord, puis une ombre traversa ses yeux, sa mâchoire se contracta et je pensais l'avoir énervé. J'allais m'expliquer, mais une chose à laquelle je ne m'attendais pas se produisis alors, Kairos explosa de rire. Son torse tremblait, et non de dieu-de Chronos, mon cœur rata un battement, ou même plusieurs. J'avalais avec difficulté ma salive face à cette scène, et le repoussais encore plus en me relevant en position assise.
-Quoi ? demandais-je. Je n'ai rien dit de drôle !
-Bon sang, tant de siècles et... dit-il en passant une main dans ses cheveux. Non, Lydia, je n'avais pas prévu d'avoir un harem, mais maintenant que tu le dis...
-Il est hors de question que je me soumette à toi pendant que tu te fais un harem ! criais-je. Tu veux mes pouvoirs, ma progéniture, et en plus tu veux me rabaisser de la sorte ?!
-Du calme tigresse, je ne compte pas avoir de harem, tant que tu me suffis, du moins, dit-il en se levant.
-Et toi, si tu ne me suffis pas ? demandais-je d'une voix malicieuse en jouant son jeu.
Il se retourna vers moi rapidement et toute moquerie avait quitté son regard. Je n'aurais peut-être pas dû jouer son jeu finalement...
-Je pense, que je n'ai même pas besoin de répondre à cela, dit-il d'une voix menaçante. Mais je pense que tu te doutes bien que, ayant des siècles de vies, j'ai eu de nombreuses femmes dans mon lit.
Je me crispais et lui jetais un regard énervé en me relevant.
-Je n'en suis pas étonné, dis-je froidement.
-Vois le bon côté des choses, je n'ai pas pu être avec qui que ce soit depuis que je t'ai rencontré, faute de temps, et de moyen.
-Avais-je déjà dis que tu étais un véritable salaud ?
-Et il me semble t'avoir prévenu de ce que je risquerais de faire à ta langue de tigresse si tu ne la tenais pas en place, n'est-ce pas ?
-Oui, répondis-je, mais...
-Je dois aller m'occuper de certaines choses en urgence, me coupa-t-il, je te laisse en compagnie de Poséidon et Hypnôs jusqu'à que je revienne.
Il prit des vêtements de son armoire ainsi qu'une serviette de bain et se tourna une nouvelle fois vers moi. Il sembla hésiter à dire ses prochaines paroles mais fini par les lâcher.
-Nous ne pouvons même penser à faire quoi que ce soit avec quelqu'un d'autre Lydia, du moment que deux âmes-sœurs se rencontrent, il n'y a rien d'autre que l'attirance entre eux, tout le reste est invisible. Et je suis bien content de voir ce que je te fais, l'effet que j'ai sur toi, me calme. Et j'attends impatiemment de voir à quel point tu seras encore plus dépendante de moi.
Puis il déposa encore une fois un baiser au creux de mon poignet qui me fit chavirer, juste là où il pouvait entendre les pulsions de mon cœur, puis alla dans sa salle de bain pendant que je restais planter là, debout, en plein milieu de sa gigantesque chambre.
Des mots voulaient aussi traverser mes propres lèvres, mais j'avais bien trop honte de les dire à voix haute. Moi aussi, une partie en moi en tout cas, se réjouissait de savoir que cet homme était enivré par moi, par ma présence, mon odeur.
Par mon tout.
Bonsoir tout le monde !
J'espère que vous allez tous bien et que vous avez aimé ce chapitre hihi.
Coeur sur vous, et à la prochaine ❤️
Xoxo-EH😘🦋
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