Chapitre 15
« When you light a candle, you also cast a shadow . »
- Ursula K. Le Guin
(Lorsque tu allumes une bougie, tu fais aussi apparaître une ombre.)
-Mademoiselle ? entendis-je alors que quelqu'un toquait à la porte. Le roi veut que vous le rejoigniez pour le petit-déjeuner, puis-je entrer pour vous aider à vous préparer ?
Je réajustais ma robe de chambre et ouvris la porte rivant mes yeux sur la bonne de petite taille brunette qui regardait le sol timidement.
-Je souhaite le prendre seule, dans ma chambre, dis-je d'une voix calme sans essayer de paraitre capricieuse.
-Le roi ? Bon sang, vous vous êtes tant rapproché ? entendis-je la voix d'Hypnôs ahurie. Ce n'est pas tous les jours que le grand Hadès souhaite partager son repas avec quelqu'un !
-Quoi ? dis-je perdue mais je me repris rapidement en sentant la colère s'éveiller à nouveau en moi. Tu en as du culot pour oser venir si près de moi après ce que tu as fait !
-Tu as dit que tu allais le prendre-dans ta chambre, le roi, expliqua-t-il en ignorant totalement ma seconde réplique.
Je lâchais un cri de surprise en me couvrant la bouche, insinuait-il vraiment que j'avais dit que je voulais "prendre" Kairos dans ce sens-là ? Bon dieu... Je sentais le rouge me monter aux joues et j'entendis la bonne lâcher un cri de surprise à son tour regardant Hypnôs avec de grands yeux.
-Pardon ? Non ! Non, bien sûr que non ! Le petit-déjeuner ! C'est le petit-déjeuner que je voulais prendre dans ma chambre espèce de gros pervers ! m'indignais-je.
-Ô... Mes plates excuses... N'empêche que, ce que j'ai compris n'était pas mal non plus, dit-il en riant, tu devrais te préparer, il n'est pas trop d'humeur à attendre aujourd'hui, comme à son habitude.
-Je ne t'ai pas demandé ton avis, ni le sien, je ne prendrais pas le petit-déjeuner avec lui, répétais-je déterminée en croisant mes bras. Je ne veux plus être dans la même pièce avec un fou, ni lui, ni toi, ni aucun autre.
-Dans ce cas j'ai bien peur que vous n'allez pas pouvoir prendre votre petit-déjeuner princesse, vous devriez vraiment... commença la bonne, mais je l'interrompis.
-Alors, je ne mangerais pas, dis-je en fermant la porte de ma chambre.
Sérieusement ? Je n'allais pas accepter tout ce que le "roi" demandait comme un toutou. Je détestais les ordres, et je n'allais pas me soumettre à cet homme. Qui plus est, j'étais énervée. Je me fis alors couler un bain chaud et me détendis dedans pendant une bonne demi-heure. J'enfilais ensuite une robe en velours à manches longues bordeaux et sorti de ma chambre.
-Princesse ? demanda un des deux gardes, Julio, c'était son nom je crois. Désirez-vous quelque chose ?
-Sortir de cette foutue chambre, ce n'est pas très compliqué, non ?
-Nous devons d'abord prévenir....
-Juste une bibliothèque ? Un salon ? Le jardin ? N'importe où, mais pas cette chambre. Je vais commencer à développer une claustrophobie si je reste plus longtemps enfermée là- dedans. Vous ne voudriez pas que je fasse une crise de panique n'est-ce pas ?
-Nous pouvons vous arranger une chambre plus grande si vous le souhaitez, dit l'autre.
-Donnez- moi n'importe quelle chambre, rester enfermer dedans rendrait malade, vous savez, rien que... Bon sang, je veux juste, marcher un peu, prendre l'air, ce n'est pas trop demander non ? dis-je ma voix se cassant à mes dernières paroles.
Je mourrais de fatigue, je ne dormais pas correctement depuis trois semaines, et mes nerfs étaient complètement à vifs après tous ces évènements. Merde alors, j'allais sûrement être indisposée aussi. La totale. Je sentais mes yeux s'embuées de larmes et je voulais me frapper pour cet acte pitoyable. Cependant, les deux gardes semblèrent paniquer en remarquant cela.
-Je... Veuillez nous excusez, je peux vous emmener aux côtés du roi ? Il a dû finir de manger mais, vous pourriez rester avec lui ? proposa l'autre garde-Adam.
Je voulais refuser, je ne voulais pas le voir, mais je ne voulais pas rester ici, seule, à ne rien faire avec le souvenir de l'horrible illusion d'Hypnôs. Alors j'acceptais et le suivit.
Il m'emmena devant la porte de la bibliothèque et me laissa là pour la suite, il se positionna à nouveau face à cette porte cette fois, je le remerciais et toquais avant d'entrer. Je refermais la porte derrière moi et relevais les yeux vers Kairos qui était en train d'ouvrir une lettre.
-J'avais cru comprendre que tu ne voulais pas me voir, dit-il calmement, je suis quelque peu surpris de te voir ici, tu venue à moi de toi-même.
-Je ne voulais pas te voir, mais je ne voulais pas rester encore à m'ennuyer dans ma chambre, répondis-je.
-Tu as eu une soirée mouvementée, et une nuit encore plus mouvementée, tu devrais vouloir te reposer pourtant.
-Donc tu es au courant ? Pour le parc d'attraction ?
-Je suis au courant de tout ce qu'il se passe dans mon royaume Lydia.
-Donc, il n'y a aucun problème à ce qu'il s'est passé pour toi ? Car je vois un énorme problème moi, Kairos.
-Je pensais que tu m'appelais Hadès maintenant ? dit-il d'une voix moqueuse.
-Hadès si tu préfères, peu importe, est-ce important ?
Il se leva et s'approcha de moi à pas sûr, m'attrapa par le menton et riva son regard émeraude dans le mien.
-Tu n'es pas idée du pouvoir qu'ont les noms Lydia. Tu n'as pas dormi, remarqua-t-il.
-Je n'en ai pas vraiment eu le temps, et je n'ai pas pu, tu sais, après une petite tournée dans une vraie maison de l'horreur. Ah non ! Excuse-moi, une illusion d'une maison de l'horreur !
-Hypnôs aime jouer, mais je ne pensais pas que cela t'affecterait autant, dit-il en me caressant la joue de son pouce en perturbant mes pensées par ce simple geste.
Je frissonnais et fis un pas en arrière mais il avança d'un pas sans me lâcher et dirigea sa tête à mon cou. Il inspira et souffla.
-Tu es fatiguée, tu n'as pas mangé, tu es en train de produire un sang fade. Tu as besoin d'être saine, comment vais-je faire pour mes desserts sinon ?
-Quoi ? m'indignais-je. C'est tout ce à quoi tu...
-Ssht... dit-il en posant un doigt sur mes lèvres. Tu devrais rester silencieuse parfois. Voilà ce que l'on va faire, je vais te faire ramener un plateau, tu vas manger, et tu vas faire une sieste ensuite, ici si tu veux, mais tu feras cette sieste.
-Je n'arrive pas à dormir le jour, répliquais-je.
-Je te ferais dormir alors Lydia, mais tu te reposeras, ton corps est bien trop fragile pour ce genre d'insouciance stupide. Ton corps mène déjà une bataille pour s'adapter à vie monde, à ce nouvel environnement, ne le fatigue pas encore plus.
-Qu'est-ce que ça change ? dis-je agacée.
-Ma fiancée prendra soin d'elle, pour se préparer à sa vie de reine, et si elle ne le fait pas, je ferais en sorte qu'elle le fasse. Mon âme-sœur, continua-t-il, sera saine, je prendrais soin qu'elle soit en sécurité, en bonne santé, et que tous ses besoins soient accomplis.
Je frissonnais à ses paroles, à sa voix, à son toucher... À tout. Tout, tout simplement, chez lui tout était de trop, trop, je ressentais tout, de trop.
-Je veux partir d'ici, pourtant tu ne me laisses pas partir, dis-je en chuchotant.
-J'accomplirais les désirs qui sont bons pour toi, celui-ci ne l'est pas Lydia. Ce désir, tu ne devrais même pas en rêver. Ta place est ici, avec moi, à mes côtés.
J'allais répliquer, mais on toqua à la porte et une bonne entra avec un plateau à la main et Kairos m'assis sur le sofa en déposant le plateau sur la table devant moi pendant que la bonne sorti.
-Manges, puis dors, dit-il en me caressant la joue du pouce une dernière fois.
-Arrête de me donner des ordres, je ne suis pas une de tes bonnes, dis-je de plus en plus irritée.
-Ô que non, je le sais bien cela, dit-il en esquissant un sourire, mange, dors, et je répondrais peut-être à quelques-unes de tes questions après cela. Une fois que tu n'aurais pas d'énormes cernes sous tes beaux yeux, et que tu reprendras des couleurs.
Mon ventre gargouilla comme pour approuver ses paroles, mon propre corps me trahissait ! Je soupirais et pris une bouchée de croissant et bu mon jus d'orange. Kairos retourna s'asseoir à son bureau et repris sa paperasse.
Je ne mangeais pas beaucoup et repoussais le plateau avant de m'allonger sur le sofa, je fermais les yeux et mon corps semblait se détendre entourer de l'odeur de Kairos, mais en même temps, être dans la même pièce que lui, me perturbait au plus haut point. Je ne lui faisais pas confiance, ça c'était une chose, qui sait ce qu'il pourrait me faire lorsque j'étais endormie...
Cependant, même en oubliant cela, il m'enivrait totalement, je n'avais pas vraiment eu de relation amoureuse jusqu'à aujourd'hui, je n'en avais toujours pas mais, Kairos était un homme, d'une beauté que je n'avais jamais vue auparavant, et il me faisait ressentir des choses que je n'avais jamais ressenties.
Je n'avais jamais entendu les battements de mon cœur à cause de qui que ce soit jusqu'à que je découvre ce qu'était être dans la même pièce que lui, et puis ces frissons lorsqu'il me touchait, comme cette sensation sous un soleil brûlant. Votre corps est pris d'un frisson apaisant puis tout votre corps semble s'engourdir. Et son regard était juste beaucoup trop perturbant, beaucoup trop magnifique. D'ailleurs, avais-je rêvée où avait-il dit que j'avais de "beaux yeux" ? Si les miens étaient beaux, alors je ne savais pas quoi dire des siens...
Bon sang, à quoi est-ce que je pensais ?! Je me relevais en position assise et me claqua les joues, avais-je perdue la tête ? Cet homme m'avait en quelque sorte kidnappé, et il me retenait ici contre mon gré, bien que je n'avais peut-être pas fait tout en mon pouvoir pour partir, ce serait donc totalement hypocrite de ma part de le blâmer lui seulement, n'est-ce pas ?
Et puis... Mes parents biologiques étaient ici, Stefanos aussi, et je n'appartenais pas au monde humain de toute manière... Et tout ce que je ressentais envers Kairos, était probablement ce "lien" d'âme-sœur qui nous unissait. Jamais je n'aurais ressenti tout ça aussi rapidement sinon, c'était illogique. Bien que rien n'était logique dans cette histoire de toute manière.
-Tu es sensée dormir maintenant, entendis-je sa voix masculine, au cas où tu l'aurais oublié.
Je me tournais vers lui et observais son visage. Il était bien trop parfait, mais un voile semblait caché toute réaction, tout affects, il avait un regard d'acier, des traits figés, je me demandais bien à quoi il pouvait ressembler extrêmement énerver, ou extrêmement heureux, ou confus. Il m'avait cependant semblé quelque peu plus calme lorsque nous avions été chez mes parents.
Mince, mes parents ! Je leurs devais des excuses après ce que j'avais balancé à Endymion-à mon père.
-Pourrions-nous aller revoir... Mes parents ? Je devrais m'excuser pour ce que j'ai dit, j'ai balancé ces mots sans réfléchir, sans rien savoir...
-Tu n'as pas dormi, dit-il simplement.
-Je n'arrive pas à dormir avec toutes ces pensées qui se bousculent dans ma tête Kairos.
-Je pourrais t'aider.
-Mes parents, tu sais Nyx et Endymion, je veux les voir, répétais-je agacée.
Il ignorait ce que je disais ? Très bien je pouvais en faire de même.
-Mais tu n'as pas rempli la seconde part de notre marché, j'avais dit que je...
-Je n'arriverais pas à dormir alors que tu es là dans la même pièce que moi, d'accord ? Tu me perturbes !
-Oh... Et bien, dit-il en un sourire moqueur, puisque tu es aussi honnête, on pourrait faire une exception peut-être... Cependant, je connais quelqu'un d'autre qui doit faire quelques excuses, il leva sa tête vers la porte puis continua, Hypnôs, entre.
Hypnôs entra en me regardant, puis en fis de même pour Kairos et mis sa main sur son torse, là où se trouvait son cœur et s'inclina légèrement.
Il n'avait pas l'air aussi amusé que d'habitude et je sentais une boule d'angoisse se former dans ma gorge.
-Mon roi, princesse, vous m'avez demandé ? demanda-t-il en se relevant.
-Je ne me souviens pas de t'avoir autorisé à utiliser ta future reine dans tes illusions, dis-moi si je me trompe Hypnôs ?
Kairos ne semblait pas du tout content, je compris alors que finalement je pouvais qualifier sa manière d'être avec moi de "douce", car l'aura sombre qui le surplombait actuellement était la même que celle qu'il avait lors de notre visite dans le Tartare. Pouvait-on empoisonner quelqu'un avec son aura ? J'étais pratiquement persuadée que l'aura de Kairos en était capable...
-Non, mon roi, toutes mes excuses, dit Hypnôs en déglutissant.
-C'est surtout auprès de Lydia que tu dois t'excuser, dit-il en se levant.
Hypnôs se tourna vers moi, mais il ne paraissait pas pour le moins du monde regretter ses actes. Il avait seulement l'air anxieux, très anxieux, mais il contrôlait plutôt bien ses émotions face au regard perçant de Kairos.
-Veuillez m'excuser pour cette nuit votre grâce, dit-il en s'inclinant, nulle n'était mon intention de vous effrayez.
Je voulais exploser de rire, sérieusement ? Ô que si, son intention était absolument de me foutre les boules, mais je ne dis rien, j'hochais seulement de la tête. Kairos n'avait déjà pas l'air de très bonne humeur, et je ne voulais pas en subir les conséquences.
Kairos s'avança encore plus vers Hypnôs et s'arrêta à quelques centimètres de lui, et ses yeux émeraudes brillaient tel un félin.
Je commençais à redouter ce qui allait suivre.
-Vois-tu Hypnôs, bien que ma fiancée semble te pardonner sans remords, je ne pourrais pas en dire de même pour moi. Je pense que je dois, à toi aussi, rappeler certaines règles, tu n'as pas encore l'air bien réveiller de ton sommeil, dit-il d'une voix glaciale qui hérissèrent mes poils.
J'aurais dû me douter que quelque chose allait se passer dès lors que j'avais vu les muscles d'Hypnôs se crisper à ce point, mais je ne m'étais pas attendue à ce que les ongles de Kairos percent la peau de l'abdomen d'Hypnôs aussi rapidement. Je n'avais même pas eu le temps de comprendre si cela était réellement arrivé, car Hypnôs ne cilla même pas, aucun son n'échappa de ses lèvres. Cependant, moi, je ne pus retenir mon cri d'horreur et je me relavais rapidement la main devant la bouche.
Le regard d'Hypnôs s'ancra dans le mien empli d'horreur et je me tournais vers Kairos qui retira ses doigts, qui étaient maintenant ensanglantés et il me sourit. Je ne le trouvais plus aussi beau maintenant, il avait l'air d'un énorme psychopathe, non il l'était !
-Merde... lâchais-je.
-Voyons pas d'injure, dit-il simplement, je suis sûr qu'Hypnôs n'y voit aucun problème, il mordra dans le cou d'une petite humaine et il sera guérit en un rien de temps, n'est-ce pas Hypnôs ?
-Oui, votre altesse, dit-il calmement.
-Tu peux raccompagner Lydia dans sa chambre maintenant, elle doit se préparer, nous allons retourner chez ses parents. À plus tard chérie, dit-il en me déposant un baiser sur la joue et il s'assit à nouveau à son bureau, sortit un chiffon de son tiroir et s'essuya la main sous mon regard ahurie.
Je le regardais stupéfaite alors qu'Hypnôs, appuyant sur sa blessure d'une main, me poussa gentiment vers la sortie de l'autre, il referma la porte et m'emmena dans ma chambre en me tenant de la main.
Une fois devant la porte de ma chambre je revins à moi-même et je paniquais.
-Tu es blessé ! Tu dois...
-Je vais bien princesse, dit-il en souriant.
-Mais je... Il... Il a... Ô mon dieu, je suis désolée ! Je te jure j'aurais fait quelque chose si j'avais su qu'il allait... J'étais énervée mais jamais je n'aurais pensé à...
-Lydia, je vais bien. Je l'ai mérité, je n'aurais pas dû, j'ai été irresponsable. J'ai oublié ma place et qui tu étais pendant quelques instants.
-Il faut te soigner, dis-je d'une voix tremblante.
-Je vais le faire, une fois que tu rentreras dans cette chambre.
-N'êtes-vous pas sensé guérir rapidement ? Dans les livres...
-Je vais guérir, après m'être nourri, Hadès m'a frappé avec sa magie, donc j'ai besoin de sang pour guérir, je n'aurais rien senti si le coup ne venait pas de lui. Merci de ton inquiétude, maintenant part pitié entre, je ne t'en veux pas, allez, dit-il en ouvrant la porte.
J'entrais à contre cœur alors qu'il dit quelque chose à Julio et Adam qui hochèrent, puis ils refermèrent la porte. Je me dirigeais droit vers la fenêtre, l'ouvrit entièrement et respirais un grand coup.
De l'air.
J'avais besoin d'air.
Car j'avais du mal à respirer. Une maison de l'horreur dont le propriétaire était un énorme psychopathe, voilà où j'étais.
Et je ressentais des choses que je ne devrais pas envers ce psychopathe.
Bonsoir ! :D
Nouveau chapitre, qui j'espère vous a plu !
N'hésitez pas à commenter et lâcher une petite étoile filante hehe 💫
-xoxo-EH ❤️🦋
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top