Chapitre 12
Mama
Mama, I hope you're proud of me.
I took all the awful things they did,
And turned them into empathy.
Mama, I hope you're proud of me,
I may have let their poison under my skin,
But I let it drip out of my fingers as poetry.
-Nikita Gill
J'avalais ma dernière bouchée de fondant au chocolat en observant les étoiles, assise au rebord de la fenêtre de ma chambre. Le ciel était extraordinaire, je n'avais jamais vu autant d'étoiles réunies, et elles brillaient de mille feux, et il y avait de magnifiques aurores boréales de couleur différentes encore plus fabuleuses que celle que j'avais vu en photos.
J'étais ici depuis une semaine maintenant, et depuis la visite au Tartare je n'avais plus revu Kairos. Seul Stefanos venait me rendre visite au moins une fois par jour, et Hypnôs venait régulièrement en me demandant constamment si j'avais besoin de quelque chose. Je lui avais dit, à plusieurs reprises que je voulais quitter cet endroit, mais il me rappelait constamment que ma famille adoptive n'attendait que ça pour mettre la main sur moi et m'utiliser à leur guise.
Je voulais également trouver un moyen de m'échapper moi-même, mais je n'étais même pas sur la Terre, et une voix dans ma tête me rappelait en boucle à quel point Kairos était terrifiant lorsqu'il était énervé. Je ne pouvais m'enlever de la tête l'image de l'aura noir qui émanait de lui, et comment il avait détruit ces hommes en un clin d'oeil. Je ne voulais pas être une cause de sa rage, car je n'étais pas sûre de survivre aux foudres du dieu des Enfers.
Quelqu'un toqua à ma porte et je sortis de mes songes. Je détournais mon regard vers la porte et je me levais en enfilais ma robe de chambre en satin avant d'ouvrir la porte.
Hypnôs se tenait face à moi, accompagné de Thanatos, que je n'avais plus revu depuis mon arrivée ici. Je remarquais que, malgré plusieurs différences, il était plus qu'évident qu'ils étaient frères.
-Oui ? demandais-je surprise.
Hypnôs me scrutait de haut en bas et son regard revint à mes yeux.
-Tu devrais te changer, Hadès va t'emmener faire une petite balade, lâcha-t-il, quelque chose qui tient chaud peut-être, ton corps d'humaine n'a pas l'air très résistant au froid, se moqua-t-il.
-Et toi tu devrais la vouvoyer idiot, brailla Thanatos irrité.
-Oh, ce n'est pas un problème pour moi, répliquais-je, il n'est pas trop tard pour une balade ?
-Vous êtes une princesse, et une déesse, on doit vous montrer du respect, répliqua-t-il. Et il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour quoique ce soit en Enfer.
-Vous êtes aussi des dieux pourtant, dois-je aussi vous vouvoyez dans ce cas ?
-Nous sommes des dieux mineurs, et vous êtes la future reine des Enfers, nous ne sommes absolument pas au même étage hiérarchique princesse, dit Hypnôs et je pouvais encore entendre la malice dans sa voix.
-Vous devriez vous changer, Hadès n'est pas très patient, ajouta Thanatos.
Je lançais un dernier regard sceptique avant d'hocher de la tête et je refermais la porte.
Qu'ils étaient drôles, il n'y avait aucun vêtement qui pouvait tenir chaud ici, mon armoire était remplie d'une centaine de robes et toutes étaient de tissus fins et fluides. Je pris une robe longue, bleue nuit en dentelles à manche longue et enfilais une cape de la même couleur par-dessus. Je disciplinais mes grosses boucles rapidement et sortis de la chambre voyant que les deux dieux étaient toujours là.
Ils m'indiquèrent de les suivre et je le fis. Un silence gênant pris place et je tentais de casser cela.
-Vous n'êtes que deux frères ?
-Oui, répondu Hypnôs, je pense qu'une paire de jumeaux était suffisant pour l'Enfer.
-Quoi ? Vous êtes jumeaux ? demandais-je surprise.
Ils se ressemblaient énormément, mais pas à ce point-là tout de même !
-Je suis le dieu de la mort, il est celui des songes, n'est-ce pas évident ? dit Thanatos qui semblait de plus en plus irrité.
-Mais... Dans la mythologie grecque... Enfin, je veux dire, il me semble que l'on raconte que vous avez un troisième frère ? Morpheus ?
-Les humains mélangent tout, ils ne possèdent pas l'intelligence de comprendre nos récits, Morpheus est un de mes autres noms en réalité, répliqua Hypnôs.
-Ô, je vois, dis-je. Donc toutes ces histoires où vous avez un peu prêt tous des relations familiales et que vous baignez dans l'inceste sont fausses ?
-Absolument, mais il existe tout de même certaines relations entre certains d'entre nous. Nous les divinités, avons une âme crée par nos parents, mais une autre divinité peut ajouter une partie de nos âmes, il existe des divinités qui existaient bien avant d'autres.
Notre conversation finit rapidement car nous arrivâmes dans le jardin où Kairos attendait, les yeux rivés sur moi. Les jumeaux nous saluèrent et partirent aussitôt.
Je restais de marbre, ne sachant pas vraiment quoi faire. Je perdais mes moyens face à cet homme, devrais-je m'avancer vers lui ? Ou dire quelque chose ? Devais-je le saluer d'une manière polie comme le reste du palais ? Mince, en tout cas je ne devais passer pour une imbécile à ne rien faire !
-Bonsoir Lydia, finit-il par dire d'une voix suave.
-Ô, oui, bonsoir, répondis-je les yeux rivés dans les siens.
Il me tendit sa main et je la regardais surprise.
-Je ne vais pas attendre éternellement gamine, brailla-t-il.
Je posais réticente ma main sur la sienne, et le jardin baignant dans la nuit disparue petit à petit et pris place un autre jardin, entouré de roses blanc brillant sous les rayons de la lune. Je regardais derrière moi, et je vis une petite maison décorée de pierres sur sa façade, et je fus subjuguée par des lucioles dansant tout autour du jardin.
-C'est tellement beau... murmurais-je.
-Nous sommes à Oneiroi, dit-il doucement, chez tes parents.
Je me figeais instantanément et braquais mon regard sur lui, avais-je bien entendu ?
-Tu veux dire... Nyx et ...Endymion ?
-Qui d'autres Lydia ?
-Ça explique les roses blanches...C'est donc leurs visions du paradis ?
-Oui.
Il m'entraînait plus près de la maison et j'essayais de le stopper, en vain. Je commençais à paniquer, je n'étais pas prête. Pas encore. Voir mes parents biologiques ne ferait qu'accentuer la réalité de ces derniers jours, cela prouverait que ma vie n'était qu'un mensonge pendant tout ce temps. Là, à l'heure actuelle, je pouvais encore avoir l'espoir que tout cela était faux, mais une fois que je les verrais... Je savais que tout allait se mettre en place.
-Non, attends ! Je... Je ne peux pas, je.... bégayais-je.
-Tu le peux, répliqua-t-il sans s'arrêter.
-Non, je ne suis pas prête. Kairos, implorais-je, je t'en prie, pas maintenant, je dois m'y préparer, c'est trop tôt ! Kairos !
Il s'arrêta enfin juste devant une fenêtre et mon cœur s'arrêta.
Face à moi se trouvait la femme qui hantait mes nuits depuis mon enfance et l'homme que j'avais découvert récemment. Nyx et Endymion, mes parents.
La femme aux longs cheveux bouclés châtains clair aux reflets dorés avait à la main, un plateau de biscuits et elle le posait sur la table alors que l'homme l'observait de ses yeux verts forêt emplis d'amour, il se pencha vers elle et déposa un baiser à son front. Puis, une petite fille vint en courant dans la cuisine et l'homme la prit dans ses bras, il lui murmurait quelque chose et ils rirent tous les trois. Il déposa un baiser sur le front de l'enfant comme il l'avait fait à sa femme avant avec le même regard attendri et la déposa sur une chaise.
Puis nos regards se croisèrent, l'enfant et moi. Nous nous regardâmes et ma poitrine se contracta, ces yeux, ces cheveux... Cette petite fille c'était moi. J'eus l'impression de tomber dans le vide. Sous le choc, je reculais d'un pas, mais Kairos me retint, les larmes me montèrent aux yeux alors que la petite fille me montrait du doigt.
La magie s'interrompu et les parents-mes parents me regardèrent aussitôt, leurs yeux s'écarquillèrent alors et la femme partie en courant de la cuisine dans laquelle elle se trouvait. Je n'osais pas détourner mon regard de l'enfant alors que la porte d'entrée s'ouvrit. Mais Kairos m'attira avec lui là-haut.
-Votre altesse, dit la femme d'une voix mélodieuse.
-Hadès, mon roi, dit l'homme en inclinant légèrement sa tête en signe de respect.
Je les observais sous le choc, le corps tendu, je ne me souvenais de rien, mais je me souvenais d'émotions, des émotions que j'avais ressenti un jour en leurs présence...
Puis leurs regards se détournèrent vers moi, je me concentrais sur ma respiration pour ne pas suffoquer tout en les regardants alors que les lucioles virevoltaient autour de nous. J'avais l'impression d'être sur le point de perdre connaissance et ces lucioles coloraient les points noirs tâchant ma vue.
-Nyx, Endymion, salua Kairos, votre future reine, Lydia, dit-il en m'attrapant par la taille.
-Entrez, il fait frais ce soir, finit par dire Nyx sans me lâcher du regard.
Je tremblais de tout mon corps et ce n'était pas la fraîcheur de la nuit mais ce tourbillon d'émotions qui me donnait le tournis. Je n'avais jamais ressenti tant de choses en même temps. Kairos me poussa par le bas du dos et j'entrais dans leur maison, à contrecœur.
Une odeur de vanille et d'orange m'emplit aussitôt les narines et l'odeur me sembla extrêmement familière, je fermais les yeux en essayant de me rappeler de quelque chose mais en vain.
Lorsque j'ouvris les yeux, Nyx et Endymion me regardaient et ils m'offrirent un sourire chaleureux, que je ne pus leur retourner. La mine de Nyx se décomposa et Endymion lui attrapa la main, puis ils nous invitèrent à nous assoir au salon. Le style de leur maison était très conviviale, très humaine, très chaleureuse... Rien à voir avec ce que j'avais vu avec les Lykaios, ni cette dernière semaine au palais d'Hadès.
-Je vais vous ramener des biscuits, je viens de les faire cuir, dit Nyx enthousiaste en se dirigeant vers la cuisine.
Un silence s'installa rapidement dans la pièce et je regardais tout sauf Endymion, qui pourtant, me fixait, j'en étais sûr. Mais je sentis une main se posé sur la mienne et je vis face à moi, une autre moi, mais plus petite. Elle me regardait suspicieuse et finit par lâcher un énorme sourire.
-Tu es moi n'est-ce pas ? murmura-t-elle d'une voix mielleuse.
-Euh... Oui, il semblerait, répondis-je.
-Tu es très jolie, dit-elle.
-Ô merci... Toi aussi, dis-je. Cela sonne prétentieux de dire ça non, dis-je un riant nerveusement, tu... Toi et moi sommes les mêmes après tout.
La petite moi me sourit et dirigea son regard vers Kairos, elle frissonna et rougit et couru s'asseoir à côté de son père. Et je finis par croiser le regard d'Endymion, ses yeux vert sombre étaient chaleureux, ses cheveux bruns semblaient extrêmement soyeux, et son sourire nerveux me réchauffa le cœur.
-C'est très étrange comme situation, dit-il en se grattant l'arrière de la nuque.
-Oui, très, répondis-je.
-Et nous allons détendre cette atmosphère avec ces biscuits pommes cannelles et du chocolat chaud, dit Nyx en revenant avec un plateau.
Elle déposa des verres de chocolats chauds devant tout le monde et déposa l'assiette de biscuits sur la table.
-Hadès, je t'ai mis un café, vu que tu n'aimes pas beaucoup le chocolat, ajouta-t-elle en lui déposant sa tasse devant lui.
Comment pouvait-on ne pas aimer le chocolat ? Je la remerciais et bu une gorgée de chocolat chaud avant de tremper le biscuit dedans, j'entendis le rire mélodieux de Nyx et vis que la petite moi faisait exactement la même chose.
-Le temps ne change pas certaines habitudes il semblerait, dit Endymion en souriant.
Kairos bu son café et discuta un peu avec Nyx et Endymion, ils discutèrent du royaume pendant son absence, qu'ils étaient heureux de le revoir à nouveau, et ils évoquèrent rapidement le sujet de Zeus mais Kairos se leva et me regarda.
-Je vous laisse un peu seul, je vais aller régler quelques petites choses, dit-il, et ne fais pas de bêtise, ajouta-t-il à mon égard.
Je paniquais intérieurement, je n'appréciais pas forcement la compagnie de Kairos, mais je ne voulais pas rester seule ici. Mais il disparut aussitôt ne me laissant pas le temps de répliquer.
Nyx se leva et vint s'asseoir à côté de moi, là où se trouvait Kairos auparavant, elle me prit les mains puis finit par m'enlacer. Je me crispais sous le choc et je sentis les larmes couler à nouveau, je lui retournais son étreinte et elle me caressa les cheveux. Puis je sentis les bras musclés d'Endymion nous enlacer et quelque chose se brisa en moi. Pour la première fois, je ressentais un geste maternel et paternel, et ils m'étaient familiers, je le sentais mais n'arrivais toujours pas à me remémorer de quoi que ce soit. Je sanglotais pendant un long moment puis mes parents s'écartèrent et Endymion me déposa un baiser au front comme il l'avait fait tout à l'heure à sa femme et sa fille-à moi. Et ce simple geste était tellement réconfortant et empli d'amour... Un amour auquel je n'avais pas eu le droit depuis trop longtemps.
-Tu es devenue une merveilleuse femme, dit Nyx-ma mère en essuyant ses propres larmes.
Et je vis qu'Aphrodite avait raison, j'avais les yeux de ma mère, et ses cheveux mais plus bouclés.
-Absolument, approuva Endymion-mon père.
-Je n'arrive pas à me souvenir, dis-je d'une voix tremblante, toute ces émotions-tout me semble familier mais je n'arrive pas à.... m'en souvenir.
-Je crois bien qu'il va falloir plus pour raviver les souvenirs, dit ma mère.
-Pourquoi êtes-vous si aimable avec lui, dis-je, il vous a tué en quelque sorte. Hadès.
-Oh chérie, dit mon père, à la mort de ta mère, Hadès m'a offert le plus beau cadeau qu'il pouvait, puis seuls nos corps sont morts, nos âmes... appartiennent à Hadès, mais sont là, face à toi.
-Mais... Tu étais encore vivant, tu as demandé à Hadès de prendre vos âmes, dis-je, tu... m'as abandonné.
Ma poitrine se serra, je ne contrôlais plus mes paroles, plus mes sentiments, tout s'embrouillait dans ma tête et je savais plus quoi penser, tout était faux, tout, et mon propre père m'avait abandonné non ? Il avait choisi la mort, pour rester avec sa femme- son âme-sœur et avait laissé sa fille de cinq ans orpheline, sans aucun autre parent. Tout ce qui arrivait était au final de sa faute.
Endymion se crispa face à mes paroles et je vis une douleur poignante qui transperça son regard, il tendit la main vers moi, mais je reculais, mon attention se porta sur la petite fille qui pleurait hystériquement, comme si elle reflétait ce qu'il se passait à l'intérieur de moi. Je baissais les yeux ne pouvant plus soutenir leurs regards et je courais vers la porte d'entrée. J'entendis Nyx m'appeler mais je ne m'arrêtais pas, je continuais à courir, je dépassais le jardin de roses blanches-que je détestais tant car elles me rappelaient la mort d'une mère. Mais maintenant elles me rappelaient autre chose, l'odeur de l'abandon.
Une fois essoufflée je m'écroulais à terre, et regardais autour de moi, il n'y avait plus de roses, mais l'abandon semblait s'être encré sur moi. C'était trop-beaucoup trop pour que je ne le supporte d'un coup.
Je lui avais dit que je n'étais pas prête.
Je n'étais pas prête de voir que depuis le début, tout le monde m'avait abandonné.
Hiii!
J'espère que ça vous a plu !
N'hésitez pas à donner votre avis et à lâcher une petite étoile filante 🌟
Xoxo-🦋E.H
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