Prologue
À ma grand-mère,
Car ce livre, il est pour toi,
Tu resteras toujours dans mon cœur.
J'avais seulement quatre ans lorsque j'ai déménagé à la campagne près de Londres avec ma famille pour habiter chez ma grand-mère alors atteinte d'un cancer. Je ne me souviens pas très bien des États-Unis. Je sais juste que j'habitais dans le Colorado.
Je n'étais qu'une fillette, mais j'avais très bien compris ce qu'il se passait. Ma grand-mère était malade et mes parents prenaient soin d'elle. À l'époque, je croyais qu'elle avait simplement la grippe ou quelque chose dans ce genre-là, mais j'ai vite compris qu'il ne s'agissait pas de cela.
En effet, le jour de mes sept ans, ma grand-mère est décédée subitement. Je n'avais même pas eu le temps de lui faire mes adieux qu'elle s'était envolée. Mes parents, les yeux emplis de larmes prêtes à couler, m'avait dit :
— Elle est au ciel ma chérie. Maintenant, lorsque tu regarderas les étoiles, tu la verras.
J'avais alors acquiescé en déglutissant et un silence pesant s'était abattu sur la maison désormais dénuée de sens. J'étais triste, vraiment triste. Comme si quelque chose me rongeait de l'intérieur. J'avais l'impression d'avoir été inutile.
Les premiers mois après sa mort, je me languissais d'elle. Elle me manquait. Les histoires qu'elle me contait le soir pour que je m'endorme me manquaient. Nos virées secrètes dans son grand jardin fleuri me manquaient. Tout me manquait. J'avais le sentiment d'être dénuée de toute émotion, comme une coquille vide.
Ma grand-mère me répétait souvent "Never Mind". J'ai appris ce que ça signifiait bien plus tard, après son décès.
Peu importe.
Ma grand-mère se fichait bien du regard des autres sur elle. Elle s'habillait de robes colorées et teignait ses cheveux de toutes les couleurs. Elle portait toujours de grosses lunettes à fleurs roses sur le nez et cela lui faisait des grands yeux. Elle aimait aussi beaucoup le shopping.
Tous les samedis, nous sortions de la maison, main dans la main et prenions sa voiture direction la grande ville. J'étais fière, non seulement parce que je m'installais sur le siège passager comme une grande, mais aussi parce que nous arpentions les boutiques telles de vraies ladies.
Elle me gâtait. Elle m'offrait toutes sortes d'objets extravagants, des colliers de perles, des chapeaux de paille et me faisait rire. Elle avait beaucoup d'humour. Même lorsqu'elle séjournait à l'hôpital à cause de son cancer, elle trouvait un moyen de nous faire rire. Je sais pourquoi elle le faisait. Elle ne voulait pas inquiéter papa et maman. Je la trouvais forte.
Elle ne se plaignait jamais. Elle vivait chaque jour passionnément et j'ai appris à en faire de même.
—Profite de la vie ma chérie, m'a-t-elle dit un jour que nous nous prélassions au soleil sur sa grande terrasse de bois. Profites-en, car la vie est courte.
—Promis mamy, avais-je répondu en souriant, mes lunettes de soleil sur le nez.
Être excentrique ne veut pas dire que l'on est bizarre. Ça signifie simplement que l'on sort de l'ordinaire et j'aimais ça. Ressembler aux autres, je n'en avais pas envie. Je voulais juste vivre ma vie comme je l'entendais.
Après le décès de ma grand-mère, c'est comme si mon monde coloré s'est effacé pour laisser place à l'ennui et à une ambiance morne. Mes parents ont vendu la maison de ma grand-mère, j'avais le sentiment que mon cœur était resté dans cette demeure de brique et de pierre. Lors de notre départ, j'avais jeté un dernier coup d'œil par la vitre de la voiture et la maison a disparu derrière les grands pins de la forêt.
Mes parents avaient trouvé une maison à Denver. La campagne me manquait et il me semblait que l'air de la ville était suffocant, comme lorsqu'on se retient de respirer sous l'eau.
—Tu t'y habitueras, m'avait rassurée mon père en me passant un bras autour des épaules.
— Il te faut juste un peu de temps, avait renchéri ma mère avec un sourire.
J'avais alors soupiré et m'était contentée de fuir la réalité pour monter dans ma nouvelle chambre. Je ne voulais pas vivre ici, ce n'était pas mon monde. Mon monde était dans la campagne du Colorado, avec ma grand-mère et le soleil. J'aurais voulu y retourner, mais c'était impossible. Car je savais que, lorsque je passerai le pas de la porte d'entrée, ma grand-mère ne serait pas là. Et ça, je ne pouvais le supporter.
Mon cœur semblait lourd. Je n'avais que sept ans et pourtant, de ma famille, j'étais la plus affectée par son décès. Peut-être était-ce parce que j'étais très proche d'elle ? Néanmoins, j'avais fait une promesse à ma grand-mère. Vivre mes journées comme si c'étaient les dernières. Profiter de la vie.
Car la vie est un cadeau.
Allongée sur mon lit froid, je m'étais alors souvenue de la devise de ma grand-mère.
Never Mind.
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