Mes derniers instants
Je viens de là où on souffre,
Ou on hurle,
Ou on chiale,
De là ou tout est bien trop original.
J'viens d'là où si tu crèves,
C'qu'on te donneras au pire,
C'est des fleurs et une pierre,
On en bâtirait des empires.
De la ou une gravure,
Avec ton nom dessus,
Ça sert à rien de toute façon,
Les gosses pique-niqu'rons d'ssus.
Par chez moi quand t'as mal,
Tu mets d'l'alcool à 90.
Parce que les Doliprane,
Ça en ressort des abysses.
Oui en effet,
Ça coûte peut-être trois fois rien,
Mais par chez moi, c'est un luxe,
Pas une dépense de chemin.
J'viens d'là où on la ferme,
Parce que c'est la routine,
Mais dans la cours d'école,
On met les hurlements en sourdine.
Je viens de là ou l'argent,
Est considéré comme une drogue,
Dont tu sentiras pas l'odeur,
Parce que trop de patrons se dérobent.
Je viens de là ou bien trop souvent,
Un billet de 20 €,
Finira fumé avec de la coc' ,
Ou bien de l'hero'.
Je viens de là où on souffre,
Ou on hurle,
Ou on chiale,
De là ou tout est bien trop original.
J'viens d'là où on s'aime,
Et ou en s'en fout,
Parce qu'on souffre trop,
Parce qu'on a rien du tout.
Parce que là-bas,
Quand t'as + de 50 € dans la poche,
Bah, tu finis lynché,
Et personne trouve sa moche.
Parce qu'on souffre tellement,
Qu'on trouve ça agréable,
Parce que c'est comme le chaud,
Qu'est bien trop froid pour être normal.
Parce que quand j'ai mal,
Juste là dans la poitrine,
Je te regarde et je t'aime,
Avec tes yeux couleur praline.
Parce qu'on va plus à l'école,
Depuis bien trop longtemps,
Parce que c'est la ou les profs,
Nous insultent impunément.
Parce que c'est là qu'on a mal,
Mais on l'aime notre école,
Parce que c'est juste ici,
Qu'on ramène nos casseroles.
On manifeste, on s'exprime,
Et personne n'y peut rien,
Parce que là-bas pour manger,
Pas b'soin d'fouiller les sacs à main.
Oui, j'suis une racaille,
Et oui, je m'en fous,
Parce que malheureusement,
J'vaux bien mieux que vous.
Pardonne-moi cette violence,
Pardonne-moi l'honnêteté,
À l'école, on m'apprend,
Qu'il faut jamais juger.
On m'a dit « mon enfant,
Les mensonges c'est pas beau »,
J'ai répondu « mon grand,
Ils sont tous morts les "héros" ».
La guerre de 14-18,
Peut-être que personne s'en souvient,
Mais à Hiroshima,
Plus personne ne meurt de faim.
Parce que vous pauvres cons,
Que vous êtes les adultes,
Vous détruisez des vies,
Vous voulez qu'on vous adule.
Les parents qui hurlent dans la cuisine,
On les connaît bien trop.
C'est pour ça que les assiettes,
Il y en a plus qu'il en faut.
Parce que la vaisselle,
Écrasée sur le carrelage.
Les portes qui claquent,
Et tous les désassemblages.
Bah, chez moi, tu vois,
C'est une routine bien familière,
Elle a remplacé le sommeil,
Depuis que j'ai arrêté de faire confiance à ma mère.
J'ai peur, j'ai froid,
J'ai parfois faim,
Mais ma chanson,
Elle connaîtra pas de fin.
Parce que chaque jour,
J'rajoute un vers,
Une souffrance de plus,
Une nouvelle vipère.
Pour que tu comprennes,
Que le monde n'est pas juste.
Qu'on a trop de chaînes,
Pour des p'tites insultes.
Tu m'offres un mouchoir,
Je t'offre cette chanson.
Et vu ce que ça m'a coûté,
Tu ne devrais pas dire non.
Chaque mot, chaque ver,
Chaque petite lettre,
C'est une part de moi,
De ce que je sais être.
Oui, j'assume,
Je suis foutue en l'air,
La vie m'a fichée des coups durs,
Même si j'en ai pas l'air.
Sourire, c'est bien joli,
Quand on a le temps.
Mais je me souviens même plus,
De mes rêves d'enfant.
J'ai essayé de transcrire,
Dans ces dernières paroles.
Une partie de moi,
Pour qu'jamais elle s'étiole.
J'ai essayé d'tout écrire,
Dans mes derniers instants,
Pour pas qu'ils s'en sortent,
Encore impunément.
***
Corrigée le 19 Janv. 2024
Corrigée le 25 Juin 2024
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