Сђลρأŧг๛8| Le mort
N/A
Heureuse de vous retrouver.
Profitez bien de vos vacs pour ceux/celles qui y ont droit !
On reprend avec un chapitre central pour l'histoire.
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08
L E M O R T
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Les sourcils froncés et le regard déterminé, Mereen cavalait avec zèle et concentration dans une nuit presque noire.
Nul besoin pour elle de voir nettement son environnement. Même rendue aveugle par l'absence de lumière, les secrets de la forêt d'Enis ne pouvaient lui échapper. Comme toutes les rares prophétesses, elle possédait la faculté de Perception. Cela lui donnait le droit d'être appelée par le nom prestigieux de ஸεℓsĸα. " Celle qui voit sans voir " .
Elle guidait sa monture avec dextérité, évitant lorsqu'il s'y prêtait les branches des arbres et sautant par dessus chaque obstacle. Elle murmurait silencieusement quelques mots, inaudibles pour tous mais parfaitement perceptible par l'animal majestueux qui la secondait. Un orisha.
Sa carrure était robuste, son poil noir et lisse. Ses yeux gris perle à la forme trigone brillaient à travers l'éternelle pénombre comme deux saphirs éclatants. Le bruit de ses sabots argents frappant le sol était le seul son résonnant aux alentours.
Mereen serrait les jambes autour de lui, dans un geste dominateur. Elle sentait ses muscles contractés heurter les siens.
Sa chevelure sombre et dense virevoltant derrière elle, elle s'abaissa un peu plus contre sa monture, limitant ainsi la friction avec le vent. Elle saisit avec détermination la crinière de la bête et donna un coup de talon.
Il fallait qu'elle aille plus vite. Chaque seconde comptait.
L'orisha continua sa course avec un nouvel entrain, filant comme si la mort le poursuivait.
Elle était partie depuis quinze jours déjà, et s'était rendue là où elle était sensée trouver des indices. L'endroit qui devait lui donner l'information cruciale pour élaborer la capture du traitre.
Le lac des Septimes de l'Aube.
Mais elle n'avait rien trouvé. Pas un seul signe sur la direction qu'il avait pu prendre. Pas une seule preuve attestant qu'il aurait fait usage des Dons. Elle n'avait même pas eu une seule vision. Avait-il le pouvoir de les brimer ? Elle ne pouvait le déterminer. La seule chose dont elle était certaine, c'est qu'elle ne savait rien.
Pourtant, c'était le dernier endroit où ce... dépravé - songea-t-elle avec dégoût - avait été vu. Elle cogna de nouveau le flan de sa monture.
C'est sûrement ce qu'il était. Après tout, en dehors de sa haute trahison et du fait qu'il ait servi le Seigneur Bleu quelques années plus tôt, elle ne connaissait pratiquement rien sur Dren.
Une seule chose à vrai dire.
La réputation qu'il avait de mener une vie privée de débauche.
Les guerriers du Royaume d'Orion avaient toujours été loquaces. Mais les rumeurs s'étendaient encore plus vite dans le cercle privé de la cour. Hors, ayant servi un seigneur puis un roi, Dren y avait été vraisemblablement exposé. Alors qu'elle ne se souvenait pas lui avoir déjà adressé le moindre mot, elle avait pourtant plusieurs fois entendu des messes basses à son sujet et même intercepté par inadvertance des pensées accusatrices de pères et de frères craignant pour la vertu de leurs filles.
Mereen serra les dents. Le froid mordant malmenait sa peau. Orion était une planète au climat froid et hostile. Certaines parties étaient épargnées, mais les conditions de vie hors du Royaume restaient difficiles.
Mereen cavalait depuis des heures et n'avait pas fait la moindre pause. Elle ne pouvait plus se le permettre. Les paroles du roi Torkan avaient été limpides. Sa vie en dépendait.
De plus, elle ne prendrait pas le risque de perdre son estime. A ses yeux, cela était pire que la mort. Elle voulait des réponses à ses questions et elle n'avait plus qu'une seule solution pour les obtenir. Faire usage d'un autre de ses talents, sa maitrise de la nécromancie.
Elle sentait qu'elle atteindrait bientôt la sortie de la forêt et par conséquent, les grandes portes de la forteresse du Royaume. Pour la première fois de sa vie, elle maudit les barrières de protection présentes sur toute sa périphérie empêchant tout cyniclon d'utiliser sa capacité de téléportation hors de ses remparts.
Lorsqu'elle s'échappa enfin de la forêt, Mereen cavala avec une hardiesse redoublée. C'est au grand galop qu'elle atteignit alors l'étroite vallée, recouverte par une végétation pourpre et donnant sur les grandes portes.
Polis et lisses comme des lames, les immenses remparts de la forteresse du Royaume d'Orion s'élevaient impérieusement devant elle. Elles cachaient complètement l'effervescence de l'univers qu'elles entouraient. Seul un halo de lumière bleutée était visible par delà leurs limites.
Tandis qu'elle en atteignait bientôt les imposantes portes, Mereen reprit une position droite et éleva avec impétuosité la main vers les cieux assombris. Elle ferma les yeux à peine une seconde, le temps de faire une impulsion brusque de la main. Un flamboyant et fulgurant torrent noir de magie s'en échappa et alla trancher le ciel avec violence.
Presque aussitôt après, Mereen entendit un bruit familier et cristallin émaner des portes.
On l'avait reconnue.
Le sol se mit à vibrer sous elle alors que les portes - jusqu'ici dures et immobiles - commençaient à se flouter. Mereen ralentit légèrement son rythme lorsqu'elle les atteignit.
Elle traversa l'immense barrière sombre, trouble et mouvante qui lui faisait maintenant face, et pénétra enfin dans l'enceinte de la forteresse du Roi.
Elle tira alors vivement sur la crinière de l'animal, faisant s'arrêter brusquement son orisha. Il frappa le sol de ses sabots puis secoua vivement la tête.
Mereen fut immédiatement plongée dans l'atmosphère douce et irréelle des lieux. La nuit était tombée sur la totalité du Royaume. Un silence mystérieux régnait sur toute la région, illuminée par de faibles lumières flottant dans les airs.
Elle leva les yeux pour observer le vaste monde qui s'étalait devant elle. Les bâtisses aux formes complexes et modernes s'étendaient à perte de vue. Certaines à même le sol, d'autres le long de falaises rocheuses recouvertes de végétation.
Et au loin, au centre de tout, elle distinguait les édifices principaux du Royaume, abritant la cour du Roi.
Un attroupement de guerriers se forma autour d'elle. Elle ne prêta pas attention aux gestes de respect qui s'enchaînèrent lorsqu'elle mit un pied à terre.
" ஸεℓsĸα" entendit-elle murmurer en échos par les soldats agenouillés devant sa silhouette. L'un des cyniclons vint à sa rencontre après s'être rapidement relevé.
- Intendante, la salua-t-il avec égard. Il passa derrière elle et lui ôta son épaisse cape noire. Devons-nous informer le Roi de votre venue ?
- Cela n'est pas nécessaire, dit-elle froidement. Je ne requière pas d'audience avec lui. Elle posa sur lui un regard intransigeant. Avez-vous fait exécuter mes ordres ?
- Oui, ஸεℓsĸα, dit-il fermement. Il est prêt.
D'un geste décidé, Mereen défit les protections en metal noir, ornées de pics acérés, qu'elle portait sur les épaules. Elle laissa également tomber sur le sol la cuirasse sombre protégeant sa poitrine. Un autre guerrier se précipita pour récupérer son équipement avec soin.
Seulement vêtue d'une ample et longue tunique noire, elle se tourna de nouveau vers son interlocuteur.
- Maintenant, Jord, se contenta-t-elle de déclarer en tendant le poing vers lui.
Jord hocha la tête et vint coller son poing serré contre le sien. A son contact, leur corps se téléportèrent à l'unisson.
L'instant d'après, ils se tenaient dans l'un des édifices principaux du royaume, au pas d'une imposante porte en métal.
Scintillant et bougeant doucement le long de la paroi, des symboles curvilignes et lumineux la recouvraient, créant une atmosphère envoûtante.
Tandis que Mereen avançait sans attendre vers la porte, Jord fit un pas en arrière avant de disparaître en silence. Sans même la toucher, elle l'ouvrit d'un geste et pénétra dans la pièce sombre et circulaire protégée par une dizaine de gardes.
- Dehors.
Les uns après les autres, ils s'éclipsèrent, ne laissant derrière eux que de légers voiles troubles dans l'air.
Mereen s'avança vers l'autel de pierre, faiblement éclairé par une lumière bleutée et trônant au centre de la salle.
Sans vie, le corps nu et inerte d'un des siens reposait.
À sa vue, elle grimaça exagérément.
Son corps, jadis athlétique et musclé, était en putréfaction, gonflé et livide. Une odeur répugnante de décomposition irradiait dans toute la pièce. Ses cheveux courts - gris foncés et aux reflets violacés - étaient quant à eux intacts et s'étalaient sur la surface dure. Une de ses mèches était entourée par un lacet marron et cachait partiellement son oreille.
Le fin tissu sombre qui recouvrait sa taille et son intimité laissait cependant parfaitement visible le trou béant dans sa poitrine, noirci par le sang séché.
Mereen vint se placer à l'extrémité de l'autel, rejoignant ainsi de sa tête.
- Sardone, souffla-t-elle d'un ton solennel en contemplant son visage inexpressif.
Avec attention, elle en disposa ses mains de part et d'autres, encerclant les joues froides du mort. Elle releva la tête vers l'arrière avant de fermer lentement ses yeux orangés. Puis elle commença son oeuvre.
Tandis que les premières sonorité du chant mortuaire s'échappaient de ses lèvres, Mereen sentait ses pouvoirs se concentrer sans ses mains. Une fine fumée occulte en jaillit lentement. Pendant de longues minutes, elle recouvra progressivement les traits du visage du cyniclon puis filèrent le long de son corps.
S'insinuant partout avec lenteur, les effluves noires semblaient danser autour de lui, semblables à des serpents ensorcelés. Bientôt, des voix lointaines et diffuses se mirent à accompagner chacun de leurs mouvements, résonnant comme des murmures.
Cela dura longuement. Mais Mereen finit par redresser la tête et ouvrit à nouveau les yeux. Elle prit une grande inspiration et lâcha un souffle sonore, proche d'un gémissement.
Elle venait de prendre possession de son corps. Tout comme un maître contrôle son esclave, elle le contrôlait.
Elle leva les mains puis longea l'autel avant de poser la paume sur son torse gonflé. Alors, elle monta d'un ton et redoubla de volonté dans son incantation. Il ne lui restait plus qu'à le ramener.
Cette fois, la magie qui l'entourait s'épaissit et les voix l'accompagnant se firent plus nombreuses et manifestes. Sous ses doigts, sous son ordre, elle sentait sa peau et ses chairs de reconsolider. Progressivement, la plaie sur sa poitrine se referma et le sang figé dans ses veines se répandit de nouveau. Son bras droit - scindé - se reforma. Lorsqu'elle pressa une dernière fois sa main contre lui, une onde de vie le traversa brutalement. L'instant suivant, sa cage thoracique s'élevait et s'abaissait avec un rythme régulier.
Mereen retira lentement sa main, un sentiment de satisfaction grandissant en elle. Elle le contempla un instant puis se pencha lentement vers l'oreille fine et allongée du guerrier.
- Réveille-toi, lui ordonna-t-elle avec rigidité.
Les voix se turent instantanément, laissant place au silence. Aussitôt, Sardone ouvrit les yeux.
Dirigés vers le plafond, ces derniers clignèrent lentement plusieurs fois. Mais soudain, Mereen vit la panique le saisir brutalement. Il s'agita vigoureusement sur l'autel en tentant de se lever.
- Je... Qu'est-ce que... ?
Mereen saisit son menton. Avec élan, elle lui donna une gifle qui résonna bruyamment dans la salle.
- Silence, gronda-t-elle.
Il se figea instantanément, les yeux exorbités. Son regard vif révélait un mélange d'émotions oscillant entre la peur et l'incompréhension.
- Soyons concis, déclara-t-elle. Tu étais mort. Je t'ai ramené à la vie. Elle ne prêta pas attention à l'air ahuri maintenant plaqué sur son visage. Cela dans un seul but, ajouta-elle sans attendre. Je veux tout connaitre du traitre. Je veux tout connaitre... de Dren, précisa-t-elle d'une voix incertaine, encore inhabituée à l'appeler par son nom.
Sardone l'observait toujours d'un air offusqué. Mais rapidement ses yeux glissèrent vers son propre corps. Avec attention, il toucha sa poitrine, fit glisser sa main sur son bras droit avec effroi... puis serra le poing. Mereen sentit la colère monter en lui.
- Torkan, dit-il d'une voix vibrante alors que ses muscles se contractaient. Ce roi perfide m'a tué !
- Mesure tes paroles ! siffla-t-elle la mâchoire serrée en faisant flamboyer vivement ses yeux orangés. Un mot de plus...
Elle ne termina pas sa phrase mais son regard en dit suffisamment pour le faire taire.
Maintenant assis sur l'autel de pierre, Sardone la fixa une seconde, assez pour qu'elle aperçoive l'éclat revanchard dans ses yeux. Puis il baissa la tête, prouvant sa soumission. Mereen savait qu'une personne censé ne se mesurerait pas à elle sans réflexion. Tous avaient conscience que ses traits délicats et déterminés n'étaient qu'une façade trompeuse, cachant son réel tempérament. Elle la première.
Elle sourit légèrement.
- Bon soldat.
Elle le détailla un instant, sondant son corps toujours nu, traversé par le léger tissu sombre. Sardone le pressait maintenant de la paume de la main, dissimulant son intimité comme il le pouvait.
Mereen leva un sourcil.
- Des vêtements, peut-être ?
Elle fit un geste distrait vers l'arrière. Il y eu un bruit de cliquetis avant qu'un coffre au fond de la salle s'ouvre largement. Quelques étoffes de couleur havane en sortirent et traversèrent rapidement la salle jusqu'à l'autel.
Sardone les saisit sans attendre avec un grognement et commença à les enfiler.
- Fais vite, ordonna Mereen en faisant quelques pas pour se détourner.
Sardone ne répondit pas. Il passa le haut du vêtement tout en prenant soin de ne pas défaire le lacet marron entourant sa mèche de cheveux.
Mereen profita de ce moment de latence pour sonder l'esprit du guerrier, pour l'instant dépourvu de barrières au vu de son état second.
Une chose était certaine. Elle avait à faire à un mâle au tempérament sanguin. Un peu bourru et dramatiquement facile à énerver. Les fragments de pensées qu'elle décela lui apprirent qu'il faisait parti de ces entêtés, ceux qui se persuadent que rien ne peux atteindre leur sensibilité et refoulant leur désir d'attachement.
- Cessez cela, cingla-t-il en lui faisant brusquement barrage.
Mereen sentit l'effort qu'il faisait pour l'empêcher de pénétrer de nouveau sa tête. Tant de détermination, songea-t-elle avec une pointe d'admiration. Si bien qu'elle n'insista pas.
Mereen sourit.
- Je ne reçois pas d'ordre d'un simple soldat, dit-elle d'un ton calme en se retournant vers lui. Elle fit quelques pas dans sa direction. Tu le connais bien, n'est-ce pas ? déclara-t-elle tout-à-coup.
Concentré, Sardone la regarda en silence.
- Parle-moi de lui, exigea-t-elle.
D'un mouvement lent, il mit les pieds à terre et se tint debout devant la prophétesse.
- Qu'espérez-vous retirer de ces informations ? finit-il par demander d'un air méfiant.
- Plus tu m'en diras sur lui, plus je serai apte à trouver comment le capturer.
Et puis, ajouta-t-elle, je suis curieuse de savoir qui peut être assez fou pour provoquer la colère d'un roi comme le nôtre.
Elle le vit froncer les sourcils.
- Sauf votre respect, ஸεℓsĸα. Pourquoi parlerais-je ? Vous n'avez pas manifesté la moindre objection lorsque notre... très chère Roi... articula-t-il, m'a ôté la vie.
Mereen sourit du coin des lèvres.
- Tu n'as aucune raison de le faire, déclara-t-elle simplement.
Devant l'air étonné de Sardone, elle émit un son hautain avant de faire quelque pas vers lui.
- À vrai dire, ta vie m'importe peu, dit-elle d'une voix amusée en le fixant avec insistance. Elle s'approcha de lui, assez pour qu'il l'entende murmurer. Mais sache que je te renverrai immédiatement d'où tu viens si tu ne m'es d'aucune utilité.
Pendant quelques secondes, elle le dévisagea de ses yeux orangés puis se détourna. Cela eut l'effet attendu. Elle perçut la vague d'adrénaline qui parcourait brutalement le corps du cyniclon. Lui donnant le dos, elle se retint de rire.
Sardone garda le silence quelques instants.
- Vous ne l'aurez pas si facilement, finit-il par déclarer sur un ton de mise en garde.
Mereen lui fit de nouveau face, le visage inexpressif. Il fixait le sol et semblait réfléchir.
- J'ai beau haïr Dren... reprit-il. Et bien qu'il soit froid et imbu de sa personne... Je dois admettre qu'il est loin d'être un simple d'esprit. Il releva les yeux. Il est même ingénieux... déclara-t-il d'une voix trahissant sa rancoeur. Il aura forcément assuré ses arrières. Où qu'il se terre, son repère doit être très bien dissimulé derrière des charmes.
Il s'agit donc d'un arrogant, songea Mereen avec sérieux. Un trait typique des guerriers de la cour. Ce trop plein d'orgueil pourrait représenter un avantage. À force d'être trop présomptueux, même le meilleur de tous finit par commettre une erreur.
- Dis m'en plus, ordonna-elle en se déplaçant dans la salle. Et parle sans détours.
Sardone acquiesça d'un signe de la tête.
- Il n'a que faire des règles et des protocoles. Il n'agit en premier lieu que pour servir ses propres intérêts, reprit-il. Je ne sais pas ce qu'il cherche, ni pourquoi. Mais je sais qu'il n'a pas l'intention de se soumettre à une quelconque autorité. Il est son propre maître.
De toute évidence, se dit-elle, agacée. Les marques des Dieux de feu apposées sur son bras en sont révélatrices.
- D'ailleurs, il n'écoute jamais ce qu'on lui dit ! rugit brusquement Sardone, si bien que Mereen s'arrêta pour le regarder. Il a ses... méthodes, maugréa-t-il. Cela nous a causé bien des tourments par le passé...
Mereen fut étonnée par la rudesse de son ton et par la tension faisant vibrer sa voix. Elle pouvait presque palper l'amertume et la colère qui irradiaient du vassal.
Elle se demanda alors ce qui avait bien pu se passer entre-eux.
Torkan l'avait mentionné lors de leur entretien : Sardone et Dren avait fait équipe par le passé, sous les ordres du Seigneur Bleu.
Après la mort de ce dernier, leur alliance avait perduré. Et ce, jusqu'à la trahison de Dren.
Un an et demi plus tôt.
Mereen ne connaissait pas vraiment les circonstances de cette traîtrise. Seulement qu'elle s'était produite lors d'une nouvelle attaque menée contre la Terre, ordonnée par le Roi.
L'offensive n'avait eu qu'un seul but : Récupérer la dernière goutte d'Eau bleue.
Une eau au pouvoir si grand, qu'elle pouvait redonner vie et puissance aussi bien à un seul être qu'à un monde entier. Une eau capable de redonner vie à Orion.
Mais d'une façon qui lui était inconnue, Dren l'avait dérobée, avant de s'évanouir dans la nature.
- Comment as-tu pu échouer dans une mission aussi aisée que celle de ramener un fragment d'Eau bleue à ton Roi ? demanda-t-elle but en blanc.
Sardone la dévisagea, visiblement surpris par sa question.
- La Terre n'est pas sans défense, contrairement à ce que vous semblez penser, expliqua Sardone d'une voix inhabituellement calme.
Mereen lui lança un regard méprisant.
- Ne t'en fais pas. J'ai eu vent de l'existence de ces humains, dotés d'étranges pouvoirs.
- De ces humaines, corrigea Sardone.
Mereen posa sur lui un regard interloqué.
- Ce sont des femmes... d'à peu près votre âge, aux pouvoirs très puissants. L'Eau bleue était sous leur protection.
- Admettons, dit-elle d'un voix dure malgré sa curiosité piquée. Mais cela ne m'intéresse point. A ce que je sais, Notre roi a déjà pris des mesures à ce sujet. La question est donc : Comment Dren est-il parvenu à l'obtenir et à s'enfuir avec ?
Un silence se fit entendre. Sardone se redressa, ses traits se plissèrent.
- Je ne me l'explique pas, dit-il d'une voix faible.
Mereen souffla d'agacement.
Quelque chose ne collait pas. Seul et dans la plus grande discrétion, Dren avait réussi à obtenir l'objet le plus convoité par les cyniclons. Soit il était exceptionnellement doué, soit il avait été aidé. Qui plus est, malgré une traque acharnée contre lui pendant plus d'un an, il avait toujours réussi à échapper aux guerriers envoyés pour le tuer.
Livré à lui-même et sous la menace régulière de soldats, un simple guerrier aurait fini par perdre pied d'une manière ou d'une autre. Alors comment a-t-il pu résister tout ce temps ?
Tandis qu'elle décortiquait ces faits dans sa tête, elle enroula une mèche de ses cheveux et la fit rouler entre ses doigts. Elle envisagea un instant la possibilité que Dren soit réellement en possession des Dons, ce qui lui aurait permis de repousser ses assaillants... Puis elle se rappela subitement qu'après tout, il détenait l'Eau bleue.
- ... et il en a probablement utilisé ses pouvoirs... murmura-t-elle. Pour se protéger. Elle fit face au guerrier et parla distinctement. Les pouvoirs de l'Eau bleue, lui dit-elle. C'est surement ce que tu as pris pour les Sσcrαчαs. Tu t'es mépris.
- Je sais ce que j'ai vu ! vociféra Sardone d'une voix tonitruante en tapant le point sur l'autel.
Mereen se figea. Elle allait lui rappeler quelle était sa place, mais il parla avant elle.
- Il possède les Sσcrαчαs, scanda-t-il d'un ton acerbe. Les dons sacrés des descendants de la couronne. Il n'a pas besoin des pouvoirs de l'Eau bleue !
- Alors pourquoi l'a-t-il volé ? argua-t-elle sèchement.
- Je ne le sais pas, s'énerva-t-il. Peut-être par jeu ! Ou bien pour gonfler encore son orgueil !
- Balivernes ! Tu prétends qu'il aurait risqué sa vie et sa place par amusement ?! Qu'il aurait trahi son peuple pour flatter son ego ?!
Sordone émit un rire mauvais.
- Vous ne le connaissez pas, dit-il d'un ton insolant. Vous ne le connaissez pas comme moi. Il prit une grande inspiration avant d'arborer un air narquois. Comme vous l'avez dit, il faut être fou pour oser défier notre roi.
Mereen lui lança un regard noir. Elle fit un geste brusque de la main et Sardone fut repoussé en arrière avec violence, si bien qu'il heurta l'autel. Son corps fut maintenu fermement contre l'obstacle par une force invisible.
Mereen prit un ton menaçant.
- Ne soit pas condescendant avec moi. Je te le ferai regretter. Elle fronça les sourcils. C'est vrai, je ne le connais pas, dit-elle en s'approchant à nouveau de lui. Et c'est pour cette raison que tu me seconderas dans sa capture.
Sardone ne pouvait plus faire le moindre mouvement.
- Bien, grogna-t-il difficilement. Je l'accepte.
Mereen gloussa.
- Croyais-tu vraiment avoir le choix ?
Après s'être détournée, Mereen défit finalement son emprise.
Sardone s'éclaircit la voix.
- Sachez toutefois qu'un soldat et une prophétesse, même aussi talentueuse que vous, ne suffiront pas pour le maîtriser.
Devant l'air septique de l'intendante, il ajouta :
- Lors de cette bataille, il y a un et demi... Il a littéralement massacré les siens. Avec les Sσcrαчαs, sa résistance n'est qu'accrue.
Elle devait bien admettre que sa capacité à rester en vie était impressionnante. Nombreux soldats chargés de le tuer n'étaient jamais revenus.
- Parle moi de ses talents de combattants.
Sardone croisa les bras autour de sa poitrine.
- Il est très bon.
- Bon à quel point ? insista-t-elle.
- Assez pour soumettre nombre de vos vaillants guerriers, assena Sardone d'un ton aigre. Ses armes de prédilection sont deux dagues longues de morzel qu'il manie à la perfection.
- A la perfection, tu dis ? demanda Mereen avec intérêt. Comment peux-tu affirmer cela ?
- J'ai grandi avec lui, cracha Sardone d'un ton morne. Durant des années, nous avons combattu ensemble. Ses lames... sont comme le prolongement de ses bras.
- Alors il est comme un frère pour toi, lâcha-t-elle avec dédain. Es-tu vraiment capable de le trahir... ?
Mereen sentit que sa remarque venait d'avoir son effet sur le guerrier. Son coeur venait de bondir dans sa poitrine et ses nerfs semblaient maintenant à vif. Voyant l'expression farouche sur son visage, elle retint un nouveau rire moqueur.
- Dren a sacrifié l'unique chance que nous avions de faire d'Orion une terre riche et prompte à assurer la survie de notre peuple, déclara-t-il d'une voix tendue. Je le hais.
- Allons... Soit honnête avec toi-même, dit-elle d'un ton malicieux, prenant plaisir à l'énerver. Tout être possède un point faible. Voici simplement le tien.
" Quel est le votre ? " entendit-elle penser Sardone qui la regardait avec hostilité.
Elle planta ses yeux dans les siens, avant de faire résonner sa propre voix dans la tête du guerrier.
" Cela ne te concerne en rien. "
Sardone sursauta. Il baissa les yeux précipitamment en prenant conscience qu'il devait apprendre à mieux dissimuler ses pensées.
- Ce qui m'intéresse, c'est le sien, lâcha-t-elle.
Sardone réfléchit un bref instant.
- Il ne supporte pas l'échec.
- Intéressant, dit-elle en levant les yeux vers lui. Mais ce n'est pas ce que j'entends par là. Je parle d'une chose capable de lui faire mettre un genou à terre.
Sardone eut tout-à-coup l'air hésitant.
- Il y a peut-être... Il y aurait peut-être...
- Une fille ? dit Mereen qui lisait encore dans ses pensées. Je doute qu'elle ait une valeur suffisante, conclut-elle rapidement en repensant à la réputation du guerrier, assez éloquente.
- Celle-ci en a une.
Mereen le remarqua : Toute trace d'hésitation avait disparu, aussi bien dans sa voix que dans son attitude. Elle comprit qu'il s'agissait probablement d'une information bien plus utile qu'elle ne le pensait.
- Qui est-elle ? demanda-t-elle avec une réelle curiosité.
Sardone avala sa salive.
- Elle est l'une des...
Quelqu'un vient, songea Mereen en se retournant brusquement. Étonné, Sardone s'arrêta au milieu de sa phrase.
En effet, quelques secondes plus tard, les portes s'ouvrirent vivement et trois soldats pénétrèrent dans la salle.
Mereen reconnu Jord, au centre.
Toujours au moment inopportun, celui-là.
- ஸεℓsĸα, dit-il en baissant brièvement la tête. J'ai des nouvelles à vous apporter. On vient de m'informer qu'il aurait été vu.
- Que dis-tu ? s'exclama Mereen.
- Le traitre aurait été vu, précisa-il d'une voix plus claire. Par des gardes. Il aurait pénétré dans l'enceinte de la Tour Noire.
Mereen soupira.
- La Tour Noire ? répéta-t-elle d'un ton incrédule en articulant chaque mot. Elle regarda Jord comme si elle s'adressait à un profond abruti. Cela n'a aucun sens ! Que diable viendrait-il faire dans une prison, bougre de sot ?
Le dos bien droit et le visage fermé, Jord tint bon.
- En libérer l'un des détenus.
Sa curiosité piquée, Mereen l'incita à continuer du regard.
L'expression trahissant une réelle attention, Sardone se rapprocha du soldat.
- Un adolescent à disparu, déclara ce dernier. Son passé commun avec le traitre et son évasion laissent penser qu'il en est potentiellement un allié.
- Un adolescent...? répéta Sardone.
Mereen lui lança un regard bref. Les vibrations qu'elle percevait lui firent comprendre qu'il savait quelque chose.
- Quel est-son nom ? articula-t-elle en reportant ses yeux sur Jord.
Avant même qu'il ne puisse répondre, la voix grave et sonore de Sardone résonna aux oreilles de tous.
- Tarb, souffla-t-il d'un ton irrité avant de fermer les yeux avec force. Il s'appelle Tarb.
❦
👁🗨 Fin du chapitre 8 !
Pwaah ! J'ai bien galéré pour la rédaction de ce chapitre ! 😅
Il est important pour l'intrigue et c'est aussi pour cela qu'il arrive avec une bonne semaine de retard: Il m'a pris 10 ans de réflexion/rédaction. Alors franchement je prie pour qu'il vous ait plu sinon je pleure 😭.
En tout cas j'espère avoir réussi à vous faire plonger dedans et surtout que vous l'avez trouvé intéressant !
Dites moi si vous avez kiffé : ) ❤️
Sardone est vivant !!! ❌☠️⚰️❌
Vous êtes contents ? 😋
(nan parce que si vous êtes pas contents que je peux le re-tuer en fait.. xD).
On en découvre un peu plus sur Mereen, vous l'aimez bien ?
Je sais que vous êtes pressé(e)s de voir Dren. 😈 Patience.
(Si quelqu'un me parle encore de courgette, je le kick à coups de chevreuil.)
Tarb va bientôt faire son retour également ! 😎
🕵🏽♀️🕵🏽 Avis aux enquêteurs & enquêtrices !
De nouvelles théories sur la bataille d'il y a un et demi ? Mais que s'est-il passé ?! 😱
#MiniMew : Après sondage... La majorité l'emporte. Bilan ? On le réintègre ! 🍾 Je le ferai apparaître dans l'histoire en temps voulu. 😏
#Sardone : Je l'écris avec un " e " à la fin parce que "sardon" ça me fait trop penser à " lardon " 🐷 ... xD . Bref.
#4000vues : merciiiiiiiiiiii à vous mes lecteurs (même les fantômes, bande de traitres) !!! 😭😘😘
Ps : Prochain chapitre :
Bridget/Kikki/Corinna
❤️
N'oubliez pas de 👉🏽 VOTER 👈🏽 et de laisser vos impressions !
Love.
❤️
|ᴆ₳ʀ؏ Ϯṍ ϣƦɨϮᶓ
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