Сђลρأŧг๛2| Le traitre - Partie 2
N/A
Enjoy.
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02.2
L E T R A I T R E
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C'était fini.
Mereen avait pu entendre les derniers battements du coeur affolé de Sardone avant qu'il n'explose en une nuée de chair déchirée.
Ce qui restait de son corps blême gisait à terre.
Le tableau sanglant qui s'offrait à elle ne fit que renforcer l'atmosphère oppressante maintenue par les quatre murs du cachot.
Dégoutée, elle passa la main sur son visage et essuya les gouttes de sang qu'elle sentait sur sa joue.
- Bien, déclara Torkan après avoir observé son oeuvre, le visage n'arborant aucune émotions.
Mereen se mit instinctivement à fixer le sol. Il ne se faisait pas de dévisager le roi.
Mais ce dernier sentit son geste hâtif.
- Approche.
Hésitante, elle releva d'abord la tête pour découvrir son expression sévère mais s'obtempéra.
Quand elle fut à moins d'un mètre de lui, Torkan réduit presque entièrement l'espace les séparant pour poser ses longs doigts sur sa peau poisseuse d'eau et de sueur.
Sa main était de la froideur de la glace. Elle eut un frisson qui se traduisit par un léger sursaut.
La soudaine proximité de leur corps la fit rougir.
- ஸεℓsĸα, souffla Torkan, détaillant chaque syllabe de sa langue.
Il avait plongé son regard orangé dans le sien. Ses yeux brillaient tant qu'elle pouvait y voir son propre reflet aussi nettement qu'à la surface d'un lac.
Elle y vu son angoisse naissante, la forme semi-arquée de ses sourcils – signe du mélange de méfiance et d'intrigue habitant ses pensées - et les boucles noires de ses cheveux, dont certaines mèches humides lui barraient le visage.
- Majesté, lui répondit-elle, sentant malgré elle sa voix trembler.
Il fit lentement glisser ses doigts sur sa gorge. Le pouce en son creux, il dût sentir le sang pulser brusquement dans ses veines dès l'instant où ses longues mèches blanches l'effleurèrent.
Quand son expression calme se changea en un air hautain et amusé, elle en fut certaine.
Gênée, elle détourna les yeux.
- Je t'en prie, susurra-t-il à son oreille de sa voix rauque, ne m'inflige pas cette mine désapprobatrice.
Il s'était encore rapproché.
A la sensation de son souffle brûlant sur sa peau, le long de son oreille, elle sentit une vague de chaleur assaillir son bas-ventre.
- Les lâches doivent être traités comme tels, ajouta-t-il. Je te l'ai enseigné. Il leva un sourcil. N'est-ce pas ?
Il fit un signe de tête vers le corps disloqué et dit d'une voix franche:
- Le voilà ainsi purifié de ses péchés.
Mais à quoi jouez-vous ? voulut-elle lui répondre farouchement. Pourquoi faisait-il comme s'il ne voyait pas la vérité, prétendant que le sort de du lâche l'intéressait, elle ? Comme si elle s'en préoccupait... Il aurait pu mourir cent fois à ses pieds, elle n'en avait que faire !
La seule cause de son malaise - et elle aurait juré qu'il en avait pleinement conscience - était l'effet provoqué par la caresse sournoise de ses doigts sur son cou.
Elle releva les yeux vers lui avec le désir de répondre quelque chose d'amer, mais sa volonté fut réduite à néant dès l'instant où elle se confronta de nouveau à son visage séduisant.
Il était magnifique. Cétait indéniable. Magnifique et terrifiant.
Elle détailla ses traits, passant de son regard hypnotisant jusqu'à ses lèvres ardentes. Elle entendit les battements de son coeur. Un coeur fort, de combattant.
Elle hochât la tête, avalant difficilement sa salive.
Il est d'une perfection sans égale, songea Mereen en s'enivrant de l'odeur de sa peau.
Elle voulait le toucher, comme il la touchait elle, avec tant de liberté. Elle voulait embrasser sa peau lisse et le voir faiblir. Mais il ne lui avait jamais témoigné le moindre désir charnel. En sa présence, il restait aussi froid que le marbre.
Il la fit sortir de sa rêverie lorsqu'il déclara d'une voix profonde et presque théâtrale:
- Tout porte à croire que je ne suis entouré que d'incapables...
Ne puis-je me reposer que sur moi-même ?
Il avait le regard lointain, perdu dans ses pensées, mais ses doigts parcouraient toujours la nuque de Mereen.
- Vous pouvez vous reposer sur moi, votre Altesse.
Il la dévisagea un instant, surpris d'être interrompu.
- Évidemment, très chère Mereen, lui répondit-il, placide.
Il vint se placer derrière elle, plaquant son dos fragile contre son buste proéminent.
Son rythme cardiaque s'était accéléré.
- Trois de mes meilleurs guerriers envoyés avec une simple et unique mission, reprit-il. Deux ne reviennent pas, le dernier les mains vides et affirmant que le traitre serait en possession des...
Il laissa sa phrase en suspens.
Sσcrαчαs, s'entendit penser Mereen, la terminant à sa place. Les Dons.
- Cette...souillure, membre de ma lignée, dit-il avec aversion. Lequel de mes simplets de frères aurait pu engendrer un rejeton batard ?
Mereen écarquilla les yeux de surprise.
Lorsque Sardone, déshonoré, était tombé à genoux devant son souverain sans la tête du traitre, il avait assuré que ce dernier possédait les Dons.
Torkan l'avait toisé en silence avant de mutiler sévèrement son corps une première fois. Ce fut pour Mereen un signe évident qu'il n'en croyait pas un mot.
Plus tard, le roi avait même utiliser le terme " imprévu" pour qualifier cette information ne pouvant être une qu'une hérésie.
Pourtant, il était maintenant entrain de considérer pleinement cette possibilité.
- Je voudrais pouvoir déterrer leurs cadavres puants et leur arracher la vérité, cracha-t-il.
- Ne me dites tout de même pas que vous le croyez ! s'insurgea Mereen. Elle se dégagea de son emprise pour lui faire face. Il ment !
Il ment forcément... insista-t'elle pour elle-même. Mais sa conviction fut tout à coup ébranlée. Après tout, elle n'avait décelé aucune trace de mensonge dans les paroles de Sardone et les textes sacrés d'Avlia le disaient formellement :
"Seuls ceux dont le sang royale coule dans les veines détiennent les Dons."
Pourquoi Sardone aurait-il fait une assertion d'une telle ampleur ? Seulement pour rendre son échec moins humiliant ? Cet argument ne lui sembla pas solide car il savait pertinemment que rien n'aurait pu lui éviter un châtiment. Le roi ne se serait jamais privé de ce plaisir. Et elle comprit vite que Torkan était arrivé à cette même conclusion dès l'instant où son vassal avait parlé.
Mereen ne put donc pas le contredire davantage.
- Ce que je crois Mereen, c'est que Sardone a vu cela car on a souhaité qu'il le voit. Il détourna le regard. Pour que je le sache.
Il fit silence pendant un instant.
- Il me menace, grogna-t-il la mâchoire serrée.
Mereen se retint de rouler des yeux.
Torkan avait déjà pris soin d'éliminer tous les héritiers potentiels à la couronne. Quand bien-même un jeune bâtard inconnu du peuple respirait toujours, il ne constituait point un danger pour le roi, qui lui faisait partie à part entière de la famille royale et dont la puissance magique n'avait rencontré jusqu'alors aucun égal.
C'est un traitre et sa trahison est sans nom. Mais sa capture est loin d'être une priorité. Quelle perte de temps de le chasser avec autant de véhémence !
De plus, Mereen voulait l'attention du roi. Et sa soudaine obsession pour un autre l'ennuyait. Ils étaient alors si proches, mais sa colère l'avait fait suspendre sa caresse sur sa peau - un geste d'une douceur à laquelle elle avait rarement droit.
- Il est trop tard pour continuer à le chercher. Le temps nous est compté. Notre peuple s'éteint et nos ressources s'amoindrissent au moment même où nous parlons, tenta-t'elle.
- Le peuple attendra ! cracha-t-il comme un juron avant de s'éloigner d'elle d'un pas lent, la laissant désireuse et impuissante.
Mereen lâcha un râle furtif de contrariété. Bien consciente qu'elle était davantage frustrée par cette perte de proximité que par ce qu'elle venait d'ouïr, elle n'en éprouva pour autant pas une once de culpabilité.
Elle s'orienta vers son sillage.
- Pourquoi lui accorder autant de considération ? se languit-elle.
Comme toutes les fois où elle l'avait questionné à ce sujet, il l'ignora.
- Vous seul comptez, murmura-t-elle après un instant.
Tout cela n'a aucune importance. Il n'a rien à craindre, personne à envier. Elle voulait le lui dire, le lui crier. Mais il ne l'écoutait pas. Il ne la voyait même pas. Elle pouvait pénétrer n'importe quel esprit, ou presque. Mais il gardait le sien parfaitement inaccessible.
Torkan inspira profondément. Songeur, son regard orangé se perdit de nouveau dans les méandres de ses pensées ténébreuses.
- Que cherches-tu, Dren... finit-il par dire avec méfiance, ignorant sa subordonnée.
Mereen perdit patience.
- Peu importe ! s'écria t-elle d'une voix suraiguë. Il n'a aucun droit sur le Royaume. Il n'est rien. Rien qu'un exilé. Un bâtard tout au mieux ! conclut-elle en s'approchant à nouveau de lui.
Avant même qu'elle termine sa phrase, elle sentit qu'elle avait été trop loin. Elle perçut instantanément l'épine d'agacement qui s'enfonçait profondément et inopinément dans la nuque de Torkan.
Il se tourna vers elle et empoigna sa gorge dans un claquement sec avant de la pousser contre le mur imbibé de sang. Un bruit sourd retentit lorsque son corps frappa la pierre. Mereen gémit de douleur. La pointe d'une roche s'enfonçait cruellement dans sa chair.
- Quand comprendras-tu ! lui hurla-t-il au visage.
Il resserra sa poigne sur sa gorge.
Incapable de bouger, elle suffoquait mais n'essaya pas de résister. A quoi bon, il l'écrasait littéralement de sa force colossale.
Il passa son autre main dans ses cheveux et les tira fermement vers l'arrière, l'obligeant à relever le menton.
Il approcha ses lèvres des siennes et prit le temps d'inspirer ses souffles courts. Il se délecta de leur chaleur quelques instants, avec une fascination malsaine, avant de lui dire d'une voix radoucie mais acerbe:
- Idiote. Ne t'avise plus de le sous-estimer. Dren ne réclame pas. ll prend.
Il la relâcha pour la regarder tomber à genoux.
Le dos de son corps frêle était souillé de sang. Prostrée, ses cheveux ondulés lui tombaient devant le visage. Elle lutta bruyamment pour respirer, tentant de récupérer le plus d'air possible, sa poitrine s'élevant et s'abaissant avec frénésie.
- Mais tu as tout de même raison sur un point, ajouta-t'il sans lui porter attention. Je peux me reposer sur toi.
Il traversa le cachôt pour s'arrêter en son centre puis se tourna vers Mereen qui levait maintenant les yeux vers lui, le souffle encore irrégulier.
- Ramène-le moi.
Il lui assenât un regard noir et cette fois-ci, c'est son propre coeur qu'elle entendit battre à tout rompre.
Troublée par ses paroles, l'esprit confus, elle se contenta de le regarder, le corps tétanisé.
- Vivant, cette fois, prit-il soin de préciser. J'ai changé d'avis.
- Votre grâce, je ne suis pas un soldat... Je ne le suis plus, réussit-elle à articuler.
Le roi sourit aux paroles de sa subordonnée et une sage lueur éclaira ses yeux orangés.
- Peut-être. Mais tu as de grands pouvoirs, ஸεℓsĸα. Adonne-toi à cette tache et de mon coté je m'assurerai de réussir là où le Seigneur bleu à échoué. Pour ce peuple que tu chéris tant.
Son sourire s'intensifiât. Un sourire qui lui sembla terriblement vrai et honnête.
- Ne fait pas l'erreur de revenir sans lui. Sauf si bien-sûr, tu tiens à connaitre le même sort que les autres.
Il fit mine de s'éloigner mais s'arrêta quelques pas plus loin.
- Oh, et... tu auras probablement encore besoin de cet incapable, dit-il en désignant le corps de Sardone. Après tout, ne fut-il pas un temps où ils étaient partenaires ? questionna-t'il au moment où il disparaissait dans une brume épaisse et grisâtre.
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Voilà pour la partie 2 du chapitre 2 !
J'espère que cette fiction vous plait et vous intrigue !
Pour info :
Torkan, se lit " Torkane "
Mereen, se lit " Mérine "
Dren, se lit " Dreine"
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