June

Je suis réveillée par le doux son d'une dispute à environ trente centimètres de mes oreilles. Elros et Talia semblent en plein débat sur la qualité de l'organisation du rangement du camp. Je garde les yeux fermés, comme si j'étais encore endormie pour qu'il ne remarque pas que je les écoutent attentivement.

— Nous aurions pu partir depuis une heure déjà ! s'énerve Talia, je croyais que tu voulais que nous soyons partis dès l'aube.

— Talia, je me répète encore et encore, mais tu as toi-même dit que June avait besoin de sommeil, et tout le monde sur le camp en avait besoin. L'arrivée de la Rose a soulevé tellement de questions au sein du campement que lorsque elle est partie se coucher littéralement tout le monde m'a sauté dessus pour me les poser et j'ai dû essayer d'y répondre du mieux que je pouvais pendant plus d'une heure.

Ah, donc malgré les regards mauvais que l'on m'a lancé toute la soirée de la veille, les gens étaient tout de même curieux d'en apprendre plus sur moi.

Talia grogne :

— Et alors ? Ce n'est pas une raison pour se lever aussi tard ! J'ai tourné en rond pendant des heures en attendant que tu daignes te lever. Qui a déjà vu le chef des armées se lever alors que le soleil était presque à son point culminant ?

— N'exagère pas Talia, il était à peine dix heures.

— En attendant tu as retardé notre arrivée à Efyrane alors que tu disais toi-même que le temps presse ! s'exclame la jeune femme à son frère.

— Tu as entendu Rian comme moi non ? Nous avons encore quelques mois devant nous, lui répond Elros d'un ton calme.

— Dis donc tu changes d'avis très rapidement toi maintenant ! Je croyais que June devait s'entraîner le plus vite possible ? ironise Talia.

Elros souffle et je décide qu'il est temps pour moi d'intervenir. Même si la situation est très comique je sens qu'ils risquent de réellement s'énerver et je viens à peine d'ouvrir les yeux, je n'ai pas besoin qu'on hurle dans mes oreilles aussi tôt. Je mime un énorme bâillement et m'étire exagérément dans mon petit lit de camp.

— Ah quelle belle matinée, n'est-ce pas ? m'exclamé-je en pouffant de rire sans pouvoir m'en empêcher.

Tout à coup, Talia et Elros se taisent et m'observent d'un air gêné. Ils se lancent un regard noir avant de faire comme si rien ne s'était passé et qu'ils ne venaient pas de me réveiller avec des cris digne d'un champ de bataille. J'espère ne jamais assister à une dispute entre ces deux-là sur un sujet vraiment important. Dans ce genre de moment, je pense que la meilleure solution est de se faire tout petit et de tenter de se cacher dans un trou de souris à moins de vouloir se faire trucider aussi sec.

Personne ne répond à ma question, étonnant, pensé-je ironiquement.

Je me lève tranquillement de mon lit, me met debout, pose les mains sur mes hanches et plante accidentellement mes yeux dans ceux d'Elros. Son regard profond me déstabilise et je détourne rapidement le mien et il en fait de même. Je sens mes joues s'empourprer et me dépêche de parler pour oublier cette petite gêne. Pourquoi me déstabilise-t-il autant ?

— Alors ? Quel est le programme ? On part pour Efyrane ? questionné-je d'un ton enjoué.

Talia secoue la tête d'un air excédé, répond un simple et bref « oui » avant de tourner les talons et de sortir de la tente à grands pas.

— Ne t'en fais pas pour elle, je crois que je l'ai mise de mauvaise humeur, grimace Elros en m'observant.

— Pas de problème, je crois que je commence à comprendre son fonctionnement, elle parle, elle s'emporte, elle boude, et rebelote.

— Exactement ! Belle description de ma très chère sœur, June.

Mon prénom prononcé par Elros semble harmonieux, il me donne presque l'impression que je l'ai toujours porté. Il le dit d'une manière douce et claire qui me donne des frissons dans le dos. Je ris pour détourner ces émotions de moi et demande à Elros ce que je dois faire et comment je peux me rendre utile.

— Honnêtement, j'aimerais te dire d'aller proposer ton aide aux autres personnes qui rangent leurs tentes mais j'ai peur que tu ne sois pas bien accueillie, m'explique-t-il d'un air désolé.

— Visiblement, ils ne semblent pas m'aimer. Je ne comprends pas, ils sont tous passés par là non ? Tout le monde doit apprendre un jour à maîtriser ses pouvoirs n'est-ce pas ? Enfin j'imagine...

— En général, ils apprennent à canaliser leur magie dès l'âge de dix ans, à leur entrée à Efyrane. Les professeurs leur enseignent l'art de la magie et la manière de les contrôler. Toi, tu n'as jamais reçu cet enseignement et, plus on grandit, moins il est simple de se canaliser.

Je réalise tout à coup que c'est également ce que je vais devoir faire, une fois arrivée à Efyrane.

— Donc... Si je comprends bien, je vais aller à Efyrane, entrer en huitième année car je vais avoir dix-huit ans, et suivre les même cours que les premières années de dix ans ? je questionne, inquiète.

— Qui t'as dit que tu suivrais les cours des premières années ? s'étonne-t-il.

— Personne. Mais tu viens de dire que vous apprenez à maîtriser vos pouvoirs dès l'âge de dix ans, en première année. Je ne les maîtrise pas.

— June, ne t'inquiète pas pour ça, s'amuse-t-il, tu suivras exactement les mêmes cours que tous les huitièmes années, simplement tu disposeras également de cours supplémentaires qui te permettront d'apprendre à te servir de ton don sans danger.

— Oh ! je fais, un peu gênée par mon innocence.

— J'espère simplement que tu es bonne élève car tu auras deux fois plus d'heures que les autres à suivre. Et d'ici la fin de l'année scolaire tu devras sans doute être prête pour la lourde tâche qui t'attend...

Aïe. J'en avais presque oublié ce petit détail. Il est vrai que je suis censée sauver le monde, enfin retrouver la Boussole qui le sauvera avec mon aide. J'ignore totalement comment m'y prendre, est-ce que je dois chercher quelqu'un ? Ou un objet ? Étrangement, je ne suis pas trop effrayée par cette pensée, pourtant je vais devoir me battre non ?

Devant mon air perplexe Elros me rassure.

— Ne te prends pas la tête avec ça pour le moment June. Rian, enfin, pardon, ta grand-mère nous a bien expliqué que nous avions le temps, tu réussiras.

— Tu ne semblais pas d'accord avec ça, pourtant.

— Oui, j'ai tendance à vouloir anticiper les choses, j'ai du mal à croire que nous ayons réellement plusieurs mois devant nous.

— Tu penses que ça arrivera plus vite ?

— Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que j'ai appris à faire confiance à Rian ces dernières années. Et, en général, elle ne se trompe jamais. Si elle dit que nous avons plusieurs moi devant nous, je la crois.

— C'est vrai qu'elle est très douée pour ça, je ris en pensant à ma grand-mère.

— Elle semble placer beaucoup d'espoirs en toi tu sais.

Je l'observe en haussant les épaules.

— Oui, j'ai cru comprendre. J'avoue avancer un peu dans l'inconnu ces derniers jours et ne pas trop comprendre ce que je dois réellement faire, avoué-je.

— Pour le moment, concentre-toi sur le présent, tu dois déjà accepter ce qui t'arrives et t'y habituer. Les réponses viendront ensuite.

— Facile à dire ! m'exclamé-je.

Elros rit et m'adresse un petit clin d'œil qui fait chauffer mes joues de bonheur, encore une fois. Je réprime cette sensation dans mon cœur, je ne l'ai rencontré qu'hier et mon esprit fait déjà des siennes. Super, si en plus je commence à m'enticher du prince de Kastel, nous ne sommes pas rendus. D'ailleurs une question me cherche depuis que Talia m'a présenté à lui.

— Au fait, Elros, commencé-je, Talia m'a expliqué qu'elle est une Hydrokinésiste et que je suis une Pyrokinésiste, ainsi que nous sommes tous des Manieurs. Quel est ton pouvoir à toi ? je lui demande en souriant, intéressée par la réponse qu'il va me donner.

A peine ai-je terminé ma phrase qu'Elros se rembrunit immédiatement et que son visage se ferme. Ses beaux yeux bleus deviennent indéchiffrable et je ne parviens pas à y décerner d'émotions claires. En voyant son attitude défensive, je regrette aussitôt ma question.

— Pardon, je...je ne voulais pas, je m'excuse, penaude.

Elros relève la tête, le regard fuyant et hoche la tête pour me montrer qu'il entend et accepte mes excuses.

— Je ne souhaite pas en parler, explique-t-il d'un ton un peu sec qui se veut pourtant poli et gentil.

Je n'insiste pas, honteuse d'avoir gâché ce petit moment joyeux. J'ignore le passif qu'il détiens avec son pouvoir mais il n'a visiblement pas envie d'en parler aujourd'hui. Après m'avoir adressé un petit signe de la main, il s'éloigne et sort de la tente.

Je m'en veux d'avoir plombé l'ambiance et j'espère qu'il n'est pas trop blessé. Malgré tout, je ne pouvais pas savoir, les enfants avaient l'air fiers de me montrer leurs pouvoirs, Talia n'a pas eu de réticence non plus à m'expliquer la nature du sien. Je ne comprends pas ce qui vient de se passer mais je pense que je ne dois pas me prendre la tête. Je tenterais de régler ce malentendu en allant m'excuser auprès d'Elros. Pour me changer les idées, je décide tout de même de sortir et de voir où l'on pourrait avoir besoin de mon aide. Je ne peux pas rester à rien faire alors que tout le monde s'active pour ranger autour de moi.

Quand je passe l'ouverture de la tente je suis étonnée de voir que pratiquement toutes les petites habitations sont déjà démontées et entassées dans de grands chariots. Chacun s'attelle à sa tâche, plusieurs personnes rangent le coin cuisine, amassant les casseroles et les couverts dans de grands sacs en toile qu'ils déposent ensuite sur l'un des chariots. Je m'approche d'eux d'un air que j'espère avenant.

— Bonjour, lancé-je.

Tout le monde se fige et m'observe. Une femme fait un pas en arrière et serre la cuillère en bois qu'elle tient dans sa main. Ils semblent tous apeurés et je m'empresse de les rassurer.

— Je voulais vous proposer mon aide pour le rangement, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Les six personnes présentes s'observent, comme s'ils échangeaient par la force de l'esprit, d'ailleurs c'est peut-être même le cas, pour ce que j'en sais. Est-ce que les télépathes existent ? Je garde cette question pour plus tard, je demanderais à Elros ou Talia.

— N'approche pas, fille de prophétie, siffle un homme barbu d'un air menaçant.

Je recule, un peu choquée par la violence de sa voix. Je m'apprête à repartir aussitôt, ayant compris la leçon, mais un homme souffle bruyamment en s'approchant de moi.

— Non mais vous vous êtes vus ? tonne-t-il à l'adresse de ses compagnons, depuis quand est-ce que l'on rejette une jeune Fae parmi les siens ?

— Elle ne maîtrise pas ses pouvoirs ! crie une adolescente qui semble plus jeune que moi.

— Et alors ? Elle ne va pas tous vous cramer tout de même ! Pourquoi êtes-vous aussi désagréable avec quelqu'un qui veut juste vous apporter de l'aide ?

Personne ne lui réponds et je m'apprête à ouvrir la bouche pour lui dire que ce n'est pas la peine d'insister, je vais m'en aller.

— Je suis déçu de votre comportement, mes amis, affirme-t-il d'un air dur.

Penauds, les autres baissent la tête et se reprennent leur travail là où ils en étaient. L'homme qui a pris ma défense s'approche de moi et je le reconnais comme celui qui a osé me saluer hier soir, lorsque Rian m'a présentée au reste du campement.

— Bonjour, June. Je m'appelle Jhaan, je suis le père de Léane que tu as rencontré hier, il me semble. Une petite rousse aux yeux verts qui possède le don des Plantes, m'annonce-t-il en me tendant une main que je saisis.

En pensant à Léane je souris, cette petite est à l'image de son père. Elle n'a pas eu peur de me parler contrairement à tous les autres, craintifs.

— Elle vous ressemble, lui dis-je.

— On me le dit très souvent, ris-t-il.

— Léane est adorable, elle a l'air très courageuse.

— J'avoue avoir été étonné quand elle est rentrée en nous expliquant qu'elle vous avait parlé. Léane est une petite fille réservée, contrairement à son frère. Elle n'est pas du genre à aller vers les inconnus, encore moins vous, sans vouloir vous vexer.

Je me souviens de ce même discours qu'a tenu Elros hier et je me rappelle qu'ils semblent amis.

— Pas de soucis, je comprends, je le rassure, elle s'est avancée vers moi en me tendant une petite fleur, lui expliqué-je.

— Vous lui avez tapé dans l'œil visiblement, s'exclame-t-il en me faisant un petit sourire entendu, venez, ces malotrus ne savent pas se comporter en société, je vais vous montrer où est-ce que vous pourrez vous rendre utile. Léane sera heureuse de vous voir je pense.

Je hoche la tête, toute joyeuse de me sentir acceptée par une personne sur le camp. Je suis Jhaan jusqu'au bout du terrain où est installé le campement et en profite pour l'observer. Il semble avoir une quarantaine d'années m'indique le début de calvitie qui pointe le bout de son nez sur son crâne. Il boitille un peu de la jambe gauche mais semble en pleine forme pour autant.

Nous arrivons devant un coin où une des dernières tentes est toujours plantée. Léane est là, assise par terre, les mains dans l'herbe, face à un petit siège de bébé en bois. Elle me tourne le dos et je peux l'observer faire pousser une fleur de lys qu'elle déracine pour la poser à côté du petit garçon assis sur sa chaise.

— C'est pour toi Zaël, dit-elle.

— Regarde qui est là Léane, annonce Jhaan à sa fille.

La concernée se retourne vivement et, quand elle pose les yeux sur moi, son sourire s'agrandit.

— June ! s'écrit-elle.

— Bonjour, Léane, comment vas-tu ce matin ? je lui demande en m'accroupissant à côté d'elle et du petit.

— Je vais bien merci. Je montre mon pouvoir à Zaël, c'est mon petit frère regarde !

Elle prend le petit dans ses bras et me le montre fièrement.

— Regarde ! Il est trop mignon avec ses petites joues non ?

Je fonds de tendresse devant cette jolie scène. Léane est très fière de son petit frère et je l'imagine très bien en prendre grand soin. Il sera en sécurité avec sa sœur en grandissant et j'espère qu'ils seront proches. Voir cette belle démonstration d'amour fraternel me fait songer à ma propre sœur, Chloé. Enfin, Élyne. J'ai tellement hâte de la retrouver.

Léane repose son petit frère et continue à lui faire une démonstration de ses dons. Elle lui offre des fleurs de toutes les couleurs tandis qu'il l'observe avec admiration, les yeux grands ouverts.

— Si tu veux nous aider, j'ai besoin de démonter notre tente, m'indique Jhaan, Comme tu as pu le constater, je suis un peu handicapé par ma jambe et Léane et Zaël sont bien trop petits pour aider.

— Avec plaisir, je réponds, réellement enthousiaste à l'idée d'apporter mon aide.

Est-ce que Jhaan vit tout seul avec ses deux enfants ? Il ne semble attendre personne, peut-être vivent-ils tous les trois.

Comprenant ma question muette, Jhaan m'explique que sa femme est décédée il y a quelques mois, d'une maladie rare qui a touché son cœur. Je lui présente mes condoléances, touchée, et il les acceptent d'un signe de tête triste.

Nous commençons à démonter la tente pendant que Léane poursuit son spectacle, nous offrant un beau bruit de fond joyeux. Nous commençons par retirer la toile humidifiée par la rosée qui était étendue sur des piquets. Ensuite nous ôtons les piquets de la terre et défaisons les cordages qui les maintenaient avec de tout déposer dans le chariot attribué à la famille de Jhaan. Lorsque nous avons terminé notre travail, nous rangeons les dernières affaires qui traînent auprès de leur emplacement et je ris avec ce père de famille joyeux qui me raconte des anecdotes amusantes de sa vie.

Quand tout est terminé, je sens mon ventre qui gronde et je grimace, un peu gênée.

— Ne t'inquiète pas, m'assure Jhaan, juste avant de prendre la route on nous offrira un dernier repas.

Nous terminons de ranger leur coin avant d'aller chercher le cheval de Jhaan, qui tirera le chariot pour la durée du trajet.

Je suis étonnée de voir ce mode de fonctionnement encore utilisé, j'ignore où est-ce qu'Esnia se situe en terme de modernité, voir des carioles tirées par de chevaux, cela change de l'ordinaire. D'habitude, je peux en apercevoir en ville pour le folklore mais ce n'est plus un mode de transport utilisé. Il me faudra demander à Grand-mère comment est-ce que cela fonctionne à Esnia.

Pour l'instant, il est l'heure du rassemblement. Je n'ai pas d'affaire à préparer, ayant perdu mon sac. Je rejoins donc le reste du campement au centre de la prairie avec Jhaan, Léane et Zaël. Celui-ci est dans mes bras et observe attentivement autour de lui et je vois ses petits yeux se remplirent d'images. J'ai proposé à Jhaan de porter Zaël pour lui éviter des douleurs avec sa jambe, et puis il faut dire que le petit est à croquer.

Tout le camp est rangé et plié et tous sont près à partir. Elros remercie tout le monde d'avoir mis la main à la pâte et lorsque il a terminé de parler chacun va atteler son cheval pour le départ. Le prince s'approche de nous.

— Bonjour Jhaan ! Heureux de voir que tu as rencontré June, nous souris-t-il.

— Les autres sont des enflures, pardon pour l'expression, ils sont peureux et lâches. June nous a aidé à ranger notre tente et je crois que Léane et Zaël l'ont déjà adoptée.

— Parfait ! Merci Jhaan. Nous allons pouvoir y aller, June, je te propose de monter sur l'une des places libres de notre chariot, à Talia et moi. Solal t'accompagnera pour commencer son service.

J'acquiesce toute heureuse, j'avais peur de devoir demander à rester auprès d'eux, gênée. Je salue la petite famille d'un geste de la main qu'ils me rendent avant de suivre Elros jusqu'à leur attelage. J'ai l'impression que le malaise de tout à l'heure s'est dissipé alors je préfère ne pas lancer la discussion à ce sujet pour ne pas le braquer.

Le jeune homme me tend un bras galant pour m'aider à monter mais je l'ignore, m'agrippe au bois et me hisse d'une main sur le siège. Je l'observe fièrement et il souris d'un air malicieux.

— Si je me retrouve avec deux Talia, j'ignore comment je vais m'en sortir, grommelle-t-il faussement d'un air rieur.

— Eh ! Tu sais ce qu'elle te dit Talia ? crie celle-ci, hissée sur Gaïa attelée à l'avant.

— Je sais très bien ce qu'elle me dit, merci, réponds-t-il sur le même ton.

J'éclate de rire, Elros fait exprès de faire enrager sa sœur et elle tombe constamment dans le piège.

Je m'installe à l'arrière tandis que Elros me jette un dernier coup d'œil qui me déstabilise. Il se positionne sur Orion et lorsque Talia et lui sont prêts, il observe le convoi qui se met en place derrière nous. Nous allons visiblement rester en tête du cortège. Tout le monde est prêt, les enfants sont installés dans les chariots tandis que un ou plusieurs adultes montent leurs chevaux pour diriger. Une femme, à pied, s'approche de nous et me tend quatre sacs en papier d'où émane une odeur alléchante. J'en déduis qu'ils s'agit de notre repas et je la remercie chaleureusement. Elle me souris à son tour et j'en suis même étonnée.

Je sursaute lorsque j'entends une voix derrière moi.

— On va se régaler n'est-ce pas ? annonce Solal en passant sa langue sur ses lèvres d'un air goulu.

— Tu m'as fait une de ces peurs, je m'exclame.

— Oh pardon, s'excuse-t-il sans le penser le moins du monde. Alors ? Prête pour le grand départ ?

— Oui ? Je crois.

— Tu verras, Efyrane c'est G-É-N-I-A-L ! s'écrie-t-il en détachant toutes les lettres du mot comme si c'était l'endroit le plus excitant au monde.

— J'ai hâte de voir ça, alors. En attendant, moi j'ai faim.

— Je sens qu'on va bien s'entendre toi et moi, remarque-t-il.

Je lui tends l'un des sacs qu'il s'empresse d'ouvrir aussitôt.

— Talia ? je demande, Tu en veux ?

— Oui, s'il te plaît, me réponds-t-elle d'un air joyeux.

Je lui donne les deux derniers sacs pour qu'elle en passe un à son frère avant que nous démarrions.

— Solal, j'ai besoin que tu me dises s'il reste des gens à terre, ordonne Elros à son ami.

— Chef oui chef ! crie celui-ci en plaquant une main sur le côté de son crâne. Non chef Non, tout le monde est à bord, larguez les amarres !

Le prince le rouspète en riant face à son imitation mixée entre un soldat des films et un matelot. J'imagine que ces deux-là sont particulièrement proches pour que Solal se permettre d'agir de cette manière.

— C'est parti ! lance Elros en levant très haut son épée pour annoncer à tout le monde le départ.

Gaïa et Orion débutent leur marche et tous les autres chevaux suivent le mouvement dans un grand brouhaha. Les conversations reprennent petit à petit tandis que le convoi démarre.

— Bon appétit ! me dit Solal en faisant mine de trinquer avec le morceau de pain fumant qu'il tient entre ses doigts.

Je l'imite et commence à manger. J'enfourne un bout de fromage dans ma bouche et observe Solal dévorer l'intégralité de ce qui se trouve dans son sac à une vitesse fulgurante. Je manque de m'étouffer de rire en le voyant littéralement gober tout ce qui lui passe sous la main.

— On dirait que tu n'as pas mangé depuis trois jours ! je m'exclame.

— Chi ! Mais tu verras que chai touchours faim, réponds-t-il en mâchant.

Je secoue la tête en gloussant et me délecte de ma nourriture tranquillement en observant la forêt qui défile doucement à côté de moi. Il fait un temps magnifique et la lumière éclaire tous les arbres majestueux qui se dressent devant nous.

Assise confortablement, je termine de manger et me tourne ensuite vers Solal qui a réussi a récupérer le bout de pain de Talia.

— Alors. Dis m'en plus sur toi Solal. On risque de passer beaucoup de temps ensemble de ce que j'ai compris, donc autant apprendre à se connaître.

Surpris, il hausse les sourcils et me souris. Il avale sa dernière bouchée, s'essuie le coin de la bouche et redresse fièrement le torse.

— Alors, par où commencer ? Je m'appelle Solal Elaris, je suis le second chef des armées, après le prince de Kastel et je suis aussi le plus rigolo de la bande, explique-t-il modestement.

— Tu as de la famille ? le questionné-je.

— Et non ! Je suis un pauvre petit orphelin abandonné à la naissance..., fait-il d'un air triste.

— Oh pardon, je ne voulais pas, m'empourpré-je aussitôt.

Quand je vois son sourire s'agrandir je comprends qu'il s'est bien fichu de moi.

— Je suis bien orphelin, mais ne t'inquiète pas je ne connais pas ma famille biologique. Ma famille à moi, c'est Kastel ! ris Solal. Je suis né au Palais, ma mère était l'une des Conseillères de la Reine et mon père était cuisinier de la Couronne, mais ma mère est morte en me donnant la vie et mon père a péri, emporté par une maladie. Le roi et la reine m'ont déposé aux soins des nourrices du Palais et j'ai grandis avec Elros.

Solal continue à m'en apprendre plus sur sa vie et je l'écoute avec intérêt. Il a donc vécu toute sa vie à Kastel et comme Elros, s'est engagé dans l'armée dès qu'il a pu. Ils se sont toujours très bien entendus, presque comme deux frères, très complices. Lorsque Elros est devenu chef des armées de par son statut, Solal était ravi pour son meilleur ami. Il a passé les tests pour monter en grade et c'est comme ça qu'il a réussi à obtenir le grade de lieutenant. Beaucoup plus simples que chez les humains, les grades militaires se comptent sur les doigts d'une main. On retrouve en premier lieu, le Le Général, c'est Elros. Pour les hommes et femmes de l'armée, Elros n'est pas le prince lorsqu'il les dirigent, il est leur général.

Solal semble très fier de son grade et il m'explique qu'il n'y a que trois lieutenants à Kastel, je comprends en effet qu'il a de quoi être heureux. Évidemment, Elros l'a choisi comme second du fait de leur connaissance mutuelle, ils savent par cœur les différentes réactions de l'autre en fonction des situations et sont donc capable de s'adapter très facilement. Mais il a également été choisi avant tout pour ses compétences. Comme il était le meilleur ami d'Elros et le protégé de la couronne, il lui a fallu faire encore plus ses preuves par rapport aux autres.

Ravie d'avoir appris tout cela, j'ose poser une question à Solal.

— Solal ? je l'interrompt.

Il arrête de parler des charges qu'il porte sur ses épaules en tant que lieutenant pour m'observer, le sourire aux lèvres. Je viens de l'interrompre et il souris quand même ! Comment peut-il dégager autant de joie de vivre ?

— Oui ? m'incite-t-il à continuer.

— Je me demandais, tout à l'heure j'ai demandé à Elros quelle était la nature de son pouvoir, mais je crois l'avoir braquer. Sais-tu quelque chose ?

Solal grimace en me répondant.

— Aïe, en effet ce n'est pas la meilleure question à poser à Elros...

— Oui ça je me doutais, je lève les yeux au ciel.

— Elros n'a pas de pouvoirs, m'annonce Solal.

— Et sérieusement ? je demande en observant mon protecteur dans les yeux, J'ai bien compris que tout le monde a un pouvoir ici.

— Elros n'en a pas, répète-t-il avec un air sérieux.

Est-ce qu'il me fait marcher ? Je m'attends à tout moment à ce qu'il éclate de rire, mais il n'en fait rien.

— Oh...

—Ne t'inquiète pas, tu ne pouvais pas savoir. J'imagine qu'il s'est fermé et qu'il est parti directement ?

— Oui en effet, j'acquiesce, c'est exactement ce qu'il s'est passé ce matin.

— Ne t'en fais pas, il se braque au départ, mais il suffit de ne pas lui en parler et tout va bien. Évite juste le sujet avec lui.

— Est-ce qu'il y a une raison ? je demande, intriguée.

— Je l'ignore. Nous l'ignorons tous d'ailleurs. Elros n'a jamais développé de don. Il est né comme ça. Il peut tout juste déplacer une feuille sur une table grâce à son don de Manieur sans doute ancré dans ses veines mais sinon il n'a pas de pouvoir.

— On vit très bien sans, je relativise, Regarde-moi, j'ai vécu pendant presque dix-huit ans sans une once de pouvoir qui ne se soit déclenché et je m'en suis très bien sortie.

— Bien sûr. Dans le monde humain, réplique Solal, Tu n'imagines pas comment cela a été dur pour lui de voir tous ses amis, sa famille, ses citoyens venir au monde avec des pouvoirs tandis que lui en est dépourvu.

— En effet, je ne peux pas imaginer... je comprends.

J'essaye de me mettre à la place d'Elros, de voir tous mes amis grandir avec une magie qui leur permet des exploits impressionnants alors que je n'en possède pas. Je comprends que cela doit être dur pour un enfant, et pour l'adulte qu'il est devenu.

Mais, tout à coup, je pense à mon propre cas.

— Peut-être ne s'est-il tout simplement pas déclenché ? Ou que quelqu'un, comme moi, les lui a bloqué pour une durée indéterminée ?

— Non June, c'est adorable d'essayer de trouver une réponse mais, ne crois-tu pas que nous y avons déjà pensé ?

— Si, j'avoue.

— Des Sondeurs ont tenté de découvrir ou de déclencher un quelconque don chez lui mais en vain. Il n'a pas une once de magie en lui qui lui permette de faire bouger autre chose qu'une feuille.

Je ne réponds rien. J'observe Elros, monté sur Orion. Il est concentré sur la route devant lui et n'entend pas notre conversation. J'éprouve de la peine pour lui, cela doit être difficile.

— Ne t'inquiète pas pour Elros, il vit avec cette sorte de handicap depuis toujours et cela ne l'a jamais empêché de tous nous dépasser à l'armée. Je ne risque rien à dire que c'est le plus puissant d'entre nous. Il a majoré tous les examens, qu'ils soient pratiques ou théoriques, alors que nous avions le droit d'utiliser nos dons contre lui.

Cela ne m'étonne pas d'apprendre ces informations, il me paraît posséder une force mentale hors du commun..

Pour passer sur un sujet plus joyeux, je relance la conversation avec Solal.

— Et toi alors ? Tu possèdes un don ?

— Oui, il bombe le torse.

Visiblement, il semble être fier de son pouvoir.

— Et donc ? Tu comptes me faire deviner ou me donner la réponse ? Qu'est-ce que c'est ? je le taquine.

— Tiens, excellente idée !

— Oh non, je grogne.

— Si, si ! Allez, devine !

Je souffle, mais cherche tout de même dans mon esprit ce qui lui correspond le mieux.

— La modestie ? me moqué-je.

— Gnagnagna, me réponds-t-il en me tirant la langue comme un enfant.

— Bon, alors euh... Mais je ne sais pas moi ! Comment suis-je censée savoir ? Tu n'as pas une liste de tous les dons existants sur Esnia ?

— Fais fonctionner ton cerveau. C'est donc ça la fille qui doit tous nous sauver ? Eh bien ! Même pas capable de résoudre un mystère, se moque Solal.

Son stratagème fonctionne car je suis vexée. Alors je triture mes méninges pour essayer de trouver un don qui lui corresponde. D'ailleurs, j'ignore si réellement notre don nous correspond mais je n'ai que cette piste.

— Euh... Donne-moi un indice !

—D'accord, d'accord. C'est pas un pouvoir élémentaire.

— Donc, tu ne peux pas contrôler la nature, le feu, l'eau ou ce genre de trucs ?

— Exactement, réponds-t-il, heureux de son petit jeu.

Je réfléchis à toute vitesse pour essayer de trouver la bonne réponse.

— Tu peux t'infiltrer dans l'esprit des gens ? je tente, au hasard.

— Raté ! Je laisse ces pouvoirs aux méchants, d'ailleurs je pense que des Infiltreurs tu en trouveras sûrement à la botte du Corbeau.

— Sympa...Tu me rassures... je grommelle.

— Eh ! Je te préviens juste moi ma chère.

— Bref ! Donne-moi un autre indice ! C'est un pouvoir lié aux autres ? Genre télépathe, empathe, etc. ? je continue.

— Toujours pas ! Bon je crois que tu ne trouveras pas.

— Moque toi c'est ça... le raillé-je.

— Roulement de tambours, fait-il en imitant des bruits de percussions.

— Allez ! je le presse, impatiente de découvrir son pouvoir.

La seconde d'après Solal a disparu et je me retrouve avec un bout de bois dans la main, comme s'il venait d'y apparaître. Abasourdie, je regarde autour de moi, sans comprendre. Solal est juste derrière moi et m'observe en souriant, les deux bras écartés.

— Tadam ! lance-t-il.

— Solal, gronde Elros du haut de sa monture, ne joue pas avec le temps ici, tu dois t'économiser au cas où...

— Au cas où nous croisions des ennemis, complète l'intéressé en levant les yeux au ciel, je sais, excuse-moi Elros.

— Alors le temps hein ? je lui demande.

— Et oui ! Épatant hein ? fanfaronne-t-il.

— Tu peux réellement contrôler le temps ? Du style l'arrêter ?

— Oui, je peux, c'est ce que je viens de faire. Tu ne l'as pas remarqué mais j'ai arrêté le temps pendant environ dix secondes. J'ai juste récupéré un bout de bois au sol et l'ai placé dans ta main. Pour toi, il est apparu ici, mais en réalité c'est moi qui te l'ai donné. Je peux même le remonter ou l'avancer de quelques minutes.

— Wow, je fais, épatée.

Déjà que la pyrokinésie et l'hydrokinésie ou même la création de plantes étaient compliqués à comprendre, voilà qu'il est possible de jouer avec le temps. C'est incroyable.

— Pourquoi Elros t'a-t-il dit de t'économiser ? le questionné-je. Économiser quoi ?

— Ma magie. Tu apprendras cela à Efyrane. Chaque Fae détient un potentiel magique plus ou moins fort. En fonction de ce potentiel, tu es capable d'utiliser plus ou moins tes dons dans un certain laps de temps sans épuiser ton quota. Moins tu l'utilises, plus il est fort, et inversement. Plus tu utiliseras ton don régulièrement plus il sera faible. Au fur et à mesure de leur scolarité, les Fae apprennent à contrôler leur don mais également à le maîtriser ce qui leur permet d'augmenter leur potentiel et leurs capacité d'utilisation de leur don, m'explique Solal.

— Comment sait-on quel est notre potentiel ? Comment le calcule-t-on ?

— Il faut effectuer un test, on recueille une petite goutte de sang de ton doigt, car c'est là où la concentration de magie est la plus forte, à part le cœur bien sûr. Ensuite, cette goutte est déposée sur un test, une sphère de couleur s'en échappe. En fonction de la couleur de cette auréole, tu connais ton potentiel. Il existe quatre couleurs. Si on prend une échelle de un à dix,

— Un peu barbare comme test non ? grimacé-je.

— Ce n'est pas un test douloureux, tu ne sens absolument rien ne t'inquiète pas. Tu devras le faire également à ton arrivée à Efyrane, m'annonce-t-il.

— De quelle couleur était ta sphère ?

Fièrement, Solal me tend son bras. Je le saisis sans comprendre.

— Regarde au creux de mon poignet.

J'observe à cet endroit et ce que j'y vois est tout simplement magnifique. Sous sa peau, une petite sphère dans laquelle des brumes vertes s'entrelacent, brille. Elle scintille à travers sa peau.

— C'est une puce ? demandé-je un peu inquiète à l'idée que l'on m'implante une puce dans la peau.

— Non, pas du tout, ris-t-il, lorsque le test est terminé la sphère apparaît sur ton poignet. Mais je ne vais pas tout te dévoiler du test, tu l'expérimenteras toi-même, tu verras c'est une belle expérience.

Je hausse les épaules, je lui fais confiance. De toute manière, j'ai bien compris que je n'avais pas réellement mon mot à dire sur ce genre de choses ici.

— Alors tu es plutôt puissant, le flatté-je.

— Oui, rougis-t-il de bonheur.

Je pense qu'il a dû beaucoup travailler pour parvenir à ce résultat si j'en crois la façon dont il en parle, je suis heureuse pour lui.

— Pourquoi t'économises-tu alors ? Tu as la possibilité d'utiliser plusieurs fois ton don non ?

— En théorie, oui. Mais je ne préfère pas prendre le risque. Je ne suis pas sûr que nous ayons envie que je sois fatigué si on se fait attaquer. On ne sait jamais, peut-être que les ennemis sont tellement puissants que j'aurai besoin de toute ma magie.

Nous continuons à discuter de cette manière toute l'après-midi, jusqu'à ce que le soleil se couche et que nous décidions de nous arrêter pour passer la nuit. Je me demande si nous allons devoir remonter toutes les tentes. Apparemment non. Les hommes et femmes déplient des sortes de toiles accrochées aux chariots et cela forme des mini-cabanes sur chacun d'eux.

— Pourquoi ne pas faire cela dès le début ? Pourquoi monter des tentes ? je demande à Solal, intriguée.

— Nous sommes restés plus d'une semaine au même endroit, il est plus agréable d'avoir un coin rangé. Là, c'est une solution d'appoint.

Je ne suis pas convaincue par l'intérêt mais suis le mouvement. Nous passons une agréable soirée, les gens semblent s'être détendus vis-à-vis de moi et cela me fait du bien.

Nous allons nous coucher après avoir mangé une rapide soupe cuisinée par quelques personnes. Je dors dans le même chariot que Solal, Talia et Elros, entre les deux premiers. Un peu déçue de ne pas être près d'Elros, je m'endors tout de même le sourire aux lèvres.

Le lendemain, nous avalons un petit-déjeuner et reprenons directement la route. Nous reproduisons les mêmes journées pendant toute la semaine. Tous les soirs, je m'endors près de Talia et de Solal, tous les jours je discute avec mon protecteur tandis que les autres montent leurs chevaux. Je leur ai plusieurs fois proposé de les relayer mais ils refusent à chaque fois. J'ai donc abandonné et préféré me concentrer sur Solal qui m'apprend des tas de choses sur Esnia et son fonctionnement. Les trois amis sont adorables avec moi et nous passons les soirées à discuter de leurs vies et de la mienne dans le monde des humains. Surtout de la mienne d'ailleurs. La dernière nuit, Solal s'est exclamé que je prenais trop de place et qu'il n'arrivais pas à dormir. Il est donc allé d'endormir à côté de Talia et j'ai finis la nuit à quelques centimètres d'Elros, ce qui n'était pas pour me déplaire. Nous avons ainsi pu discuter plusieurs minutes, juste tous les deux.

La semaine passe rapidement et se termine sans encombre lorsque nous arrivons à l'entrée d'un long chemin, le matin du septième jour. Nous le traversons en quelques minutes avant d'arriver entre deux belles fontaines grisâtres. Ici, Elros pose le pied à terre et s'approche d'une femme qui se tient droite, les yeux fermés.

Lorsque le prince s'approche, elle ouvre les paupières, lui tend une main qu'il saisit et hoche doucement la tête. Elle marmonne quelques mots dans une langue que j'ignore et tout à coup je vois apparaître une grande tour en cristal par-delà le sommet des arbres. Nous nous enfonçons dans le petit bois face à nous et c'est là que je découvre une merveille.

Une longue étendue d'herbe encadre des dizaines et des dizaines de bâtiments couleur cristal et violet. D'immenses baies vitrées parsèment les murs tandis que des centaines d'enfants et adolescents grouillent dans les espaces verts et entre les monuments. Car oui, ce sont presque des monuments. Et surtout, cette magnifique tour en cristal qui s'élève au centre de cet amas de beauté, grandiose.

— June, voici Efyrane, m'informent Elros et Talia à l'unisson. 

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