Cher journal, aujourd'hui, nous fêtons les un an de mon incroyable transformation. Et cette année, j'ai bien décidé d'être encore plus extravagante et visible que jamais. C'est ma dernière année de lycée, il faut bien en profiter !
Pour cette première journée, je dois déterminer le pauvre petit à qui je briser le cœur en premier. C'est incroyable, même après toutes les mauvaises expériences de leurs amis, ils continuent de se presser à la porte pour sortir avec moi.
Les garçons sont tellement... stupides.
Hier, nous avons eu accès aux listes. Je suis dans la classe de Camille. Heureusement car, comme je te l'ai déjà dis un million de fois, c'est vraiment la seule personne sur laquelle je peux vraiment compter. Les autres ne sont que des pimbêches.
J'aurais bien voulu être amie avec des garçons. Malheureusement, la relation qu'il souhaite est... différente.
Peut-être en trouverai-je un différent cette année.
Bon, je te laisse, il est temps pour moi d'y aller !

Je referme mon journal et vérifie une dernière fois que je n'ai laissée aucun détail aléatoire. Tout doit être calculé, maîtrisé. Je ne supporte pas les surprises. Mon maquillage présent mais discret, mon look calculé à la chaussette près. Tout. Est. Prévu.
Parce que la Rosalie craintive est enterrée au plus profond de moi. Je ne suis plus cette personne que j'étais au paravent. Celle qui avait peur de tout, et surtout d'elle même. D'elle même parce qu'elle laissait trop d'imprévus justement, parce qu'elle se laissait porter par la vie et laisser la vie s'occuper des gens "importants". Mais surtout d'elle même à cause de cette colère qui la ronge.
Aujourd'hui, cette colère est tapie au fond de moi. Mais je sais que le jour où je ne parviendrais plus à tout maîtriser, où quelqu'un franchira la barrière, dira le mot de trop, elle explosera.
Alors je maîtrise les éléments de la journée. Désormais, la personne importante, c'est moi.
J'attrape mon sac et ferme la porte de chez moi. Mes talons claquent sur le trottoir. Mon ombre se dessine sur le mur ensoleillé. Ce sera une belle journée. Ennuyante, comme chaque journée de cours, mais belle. En plus, la directrice du lycée s'est montrée clémente : nous sommes un vendredi, les cours ne commenceront donc réellement que lundi. Ce qui signifie que, entre temps, Emma aura organisé sa fête de rentrée habituelle à laquelle je suis évidemment invitée et je compte bien forcer sur mon taux d'alcoolémie, pourtant bien élevé !
Quelle utilité à être jeune si l'on ne peut pas profiter de la vie ?