Chapitre 22 - Proximité indécente


 Après vingt minutes passées dans les entrailles du métro, j'arrive enfin au 23 rue des Trois-Frères, le cœur battant, et les bras chargés de mon sac rempli de croquis soigneusement sélectionnés. Je m'arrête un instant devant l'immeuble niché dans les ruelles sinueuses et verdoyantes de Montmartre, commençant d'ores-et-déjà mon analyse des lieux.

Quatre étages se dressent devant moi, d'une sobriété et d'une classe que je qualifierais de parisienne. La façade, d'un blanc défraîchi, raconte l'histoire du temps qui a laissé son empreinte sans effacer pour autant le charme des lieux. L'entrée, elle, est marquée par une porte rouge un peu austère, tranchant avec la façade claire. À côté, une petite plaque dorée où le numéro 23 scintille faiblement sous la lumière de fin d'après-midi, confirme que je suis au bon endroit.

Un instant, je retiens ma respiration, mon regard glissant une dernière fois sur la façade avant d'oser me présenter à la porte. Cet immeuble, somme toute ordinaire, ne colle en rien avec l'image que je me faisais de l'antre créatif de Gabriel Luccini. Comment cet endroit si anonyme, presque banal, pourrait-il abriter l'univers bouillonnant d'un homme aussi énigmatique que lui ?

Je secoue la tête, chassant mes pensées, et inspire profondément avant de m'avancer finalement vers la porte. Mon regard tombe rapidement sur le nom de Luccini, gravé en lettres sobres sur le digicode. D'un geste hésitant, je presse le bouton et, presque immédiatement, un grésillement retentit, m'indiquant que la porte est déverrouillée. Le cœur battant à tout rompre, je pousse la porte et m'engouffre dans l'immeuble, mes pas résonnant dans le couloir faiblement éclairé.

L'intérieur est à l'image de la façade : simple, sans fioritures, mais imprégné de cette élégance discrète, typique des vieux immeubles parisiens. L'air y est légèrement poussiéreux, chargé d'une odeur d'ancien, de bois et de pierre.

Alors que je m'engage dans les escaliers, je ne peux réfréner la tension qui grandit en moi. Mon cœur s'alourdit, et un million de questions se pressent dans mon esprit. Et si Luccini se braquait une nouvelle fois ? Et si il m'avait fait venir ici pour d'autres raisons que ce cours particulier ? Après tout, je ne sais toujours pas pourquoi il m'a fait venir ici plutôt qu'en salle 424...

Mes doigts serrent instinctivement la bandoulière de mon sac, comme pour m'ancrer quelque part et m'empêcher de faire demi-tour maintenant. Je ne sais pas comment je réagirais si, une fois de plus, il mettait un terme à ce cours de façon précipitée. Je nourris tellement d'espoirs quant à ce que ce moment peut m'apporter — aussi bien pour progresser que pour en apprendre plus sur Gabriel...

Soudain, alors que j'atteins le dernier palier, la silhouette de Luccini se découpe dans mon champ de vision. Il est là, appuyé négligemment contre le cadre de la porte, ses cheveux légèrement en bataille, une mèche tombant sur son front. Son visage est difficile à lire, d'autant plus que le reflet des lumières du couloir dans ses lunettes de vue me cache son regard.

Fidèle à son style habituel, il porte une chemise en lin gris clair, légèrement froissée, avec les manches retroussées et un pantalon en toile anthracite qui est parfaitement ajusté. Ses chaussures, en cuir patiné, ajoutent une touche élégante à son allure décontractée.

- Bonsoir, Gemma, dit-il enfin, d'une voix posée. Merci d'être venue jusqu'ici.

Il a l'air décontracté et m'offre même un léger sourire qui a le pouvoir d'alléger momentanément mon cœur.

- Pas de quoi, je réponds simplement.

Son sourire s'étend un peu plus, creusant ses joues de deux petites fossettes que je n'avais pas eu la chance de voir depuis longtemps. Il s'écarte alors de la porte et m'invite à entrer d'un geste de la main. Je ne me fais pas attendre et m'empresse de franchir le seuil de ce lieu qui a habité chacune de mes pensées depuis la veille au soir.

Mais, à peine entrée, je me fige, stupéfaite par ce qui s'offre à moi. Je m'attendais à une vaste pièce sous les combles, les murs tapissés de croquis, des rouleaux de tissus en pagaille, et des mannequins parés des créations de Luccini. Mais non. Face à moi, c'est un appartement qui m'accueille. Certes, l'endroit est chaleureux, décoré avec goût, mais je veux dire... Pardon ? Ce n'est pas un atelier.

Luccini me passe devant, entrant dans mon champ de vision et me dit alors, le plus naturellement du monde :

- Bienvenue chez moi.

Je cligne des yeux, essayant d'assimiler ce que je viens d'entendre. "Chez moi" ? Mon cerveau peine à faire le lien entre ce que j'avais imaginé et la réalité qui se déploie sous mes yeux. Gabriel Luccini, le professeur insaisissable et parfois peau de vache, m'a invitée... chez lui, dans son espace intime ? Alors qu'il a refusé de répondre aux questions que j'ai posées à son sujet il y a deux jours à peine ? J'avoue que je peine à comprendre sa logique...

Incapable de répondre, je me contente de regarder Luccini évoluer dans la pièce d'un pas léger, avançant avec assurance dans son salon, comme si cette révélation n'avait rien d'étonnant. Mon regard se perd un instant dans les détails de la pièce : des étagères remplies de livres de mode, des objets design soigneusement disposés, une grande table de bois clair sur laquelle traînent des feuilles éparses et quelques croquis à peine entamés. Rien ici ne correspond à l'image de l'atelier bruyant et effervescent que j'avais en tête. Et pourtant, je ne suis pas étonnée de le voir vivre dans un environnement comme celui-ci : chic, décoré avec goût, parfaitement ordonné. Malgré la surprise, je frémis d'excitation à l'idée de me retrouver chez lui.

- Je pensais que tu voulais faire cours dans ton atelier, finis-je par avouer, espérant qu'il m'aidera à comprendre pourquoi il m'a fait venir ici.

Luccini se retourne, ses lunettes reflétant la lumière tamisée des lampes, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres.

- C'est aussi mon atelier, dit-il doucement. Quand je crée, j'aime être dans ma bulle, chez moi. L'inspiration peut arriver à n'importe quel moment du jour ou de la nuit, je trouve qu'il est plus pratique d'avoir tout sur place. Et non, je n'ai pas de pièces spécifiques pour créer, mon appartement entier est mon atelier.

Je hoche la tête, comprenant parfaitement ce qu'il veut dire. Après tout, moi aussi, j'ai passé d'innombrables nuits à peaufiner un croquis ou à ajuster un patron, bien heureuse de n'avoir que quelques pas à faire pour tomber dans mon lit, épuisée...

Mais tout de même, pourquoi m'a-t-il présenté cet endroit en disant "mon atelier" ? N'aurait-il pas été plus naturel qu'il dise "chez moi" ?

Je reste silencieuse, alors qu'une question me frappe de plein fouet : s'il m'avait proposé de faire ce cours chez lui, aurais-je accepté de venir ? Je ne pense pas. En réalité, je suis même sûre que non. Je veux dire... Luccini est mon professeur et je n'ai rien à faire chez lui. L'idée de franchir cette frontière, de pénétrer dans son intimité, m'aurait fait reculer immédiatement. J'aurais trouvé une excuse pour ne pas venir. Mais quand il a dit "mon atelier", c'était différent. C'était pro, cadré, rassurant...

Pourtant, maintenant que je suis ici, dans cet espace à la fois privé et mystérieux, je sens mes sens en éveil, mon cœur battre plus fort. Et contre toute attente, une excitation dévorante me traverse.

Il m'a fait entrer dans son monde.

- Je comprends, finis-je par répondre, ne voulant pas le froisser en l'accablant de questions.

Et puis... L'atmosphère qui nous enveloppe est agréable, peut-être trop. Pour une raison que j'ignore, je me sens à l'aise ici, seule avec lui dans cet appartement. C'est d'autant plus fou à avouer qu'il y a quelques jours à peine, Gabriel Luccini m'horripilait au plus haut point...

Même si je meurs d'envie de décortiquer la moindre de ses expressions, je m'efforce de ne pas trop le fixer, me focalisant autant que possible sur les œuvres d'art accrochées aux murs, les petits objets soigneusement disposés qui témoignent de ses goûts. Chaque élément est un indice sur la personnalité de mon professeur particulier et pourrait m'aider à comprendre ce qu'il cache.

Ce que je remarque, c'est que Luccini a l'air parfaitement à l'aise, comme si ma présence ici était naturelle. Il attrape une des chaises autour de la grande table en bois de pin, la tourne vers moi et me la présente d'un geste courtois.

- Installe-toi. On peut commencer quand tu veux.

Je hoche la tête et mes pieds me guident d'eux-même jusqu'à la chaise proposée, où je m'assois doucement, avant de poser mon sac à côté de moi, les yeux toujours rivés sur Luccini. Mon esprit est brumeux, embrouillé par cette ambiance à la fois chaleureuse et déroutante. Un cours, vraiment ? Cette situation semble bien trop intime et bien trop personnelle pour que j'arrive à envisager un cadre de travail. Pourtant... il le faut.

Contrairement à ce que j'avais imaginé, Luccini ne s'assoit pas à côté de moi. Il reste debout, se penchant légèrement en avant, les avant-bras appuyés sur le dossier de sa propre chaise, me scrutant avec une intensité déconcertante.

- Tu as bien apporté tes croquis ? demande-t-il d'une voix douce.

- Je... Oui bien sûr, ils sont là, répondis-je en attrapant mon sac.

Mes doigts effleurent le bord des mes feuilles tandis que je les sors, tentant de ne pas laisser transparaître mon excitation. Mes mains tremblent, malgré mes efforts pour les maîtriser. J'empile les feuilles devant moi, un peu maladroitement, puis je me recule dans ma chaise.

Luccini tend la main vers la première feuille sans un mot, ses yeux suivant les lignes de mes dessins avec une attention soutenue. Le silence qui s'installe me paraît presque assourdissant, chaque seconde s'étire, comme une attente interminable avant un verdict. Il passe au deuxième croquis, puis au troisième, prenant plusieurs longues secondes à analyser chacun d'eux. Mon cœur s'emballe à mesure que son regard parcourt les détails de mes dessins sans faire le moindre commentaire.

Je m'efforce de ne pas trop me torturer mais, quand il passe à l'examen du quatrième croquis sans avoir prononcé le moindre mot, je ne peux m'empêcher de briser le silence :

- C'est une série sur laquelle je travaille en ce moment, pour une collection sur le cycle de la nature, dis-je, un peu précipitamment.

Ce que j'omets volontairement de dire, c'est que j'ai initialement réalisé ces croquis pour Valéry Taylor, dans le cadre de ma nouvelle collaboration avec The Originals. À l'origine, je n'avais pas envisagé de les proposer pour le concours. Ces esquisses étaient destinées à un autre projet, un autre public. Mais l'enthousiasme de Gabriel pour ma pièce Jardin de Nacre m'a fait réfléchir. Si cette création l'a touchée au point de lui donner un nom, peut-être que cette série pourrait éveiller quelque chose en lui.

- Intéressant, finit par murmurer Luccini, en gardant toujours les yeux rivés sur les feuilles noircies par mes dessins. Ils ont beaucoup de potentiel. On ressent ton univers, c'est bien.

Ses mots me parviennent comme une bouffée d'air frais. Je sens mon cœur s'alléger, même si je garde le visage neutre, tentant de ne pas trop laisser transparaître l'apaisement qui s'empare de moi.

- Mais, ajoute-t-il en redressant légèrement la tête, je pense qu'on peut encore les peaufiner. Les textures, le croisement des lignes... c'est intéressant, mais on peut aller plus loin. En ajoutant plus de fluidité, peut-être ? Ou peut-être un peu plus de contraste.

Je le regarde, alors que l'incertitude s'insinue en moi. Mon cerveau se met à tourner à toute allure, tentant de saisir ce qu'il veut dire, de comprendre comment je pourrais mettre à exécution ses conseils. Mais avant que je ne puisse poser de questions, Luccini dégaine un crayon à papier de sa poche et fait glisser un de mes croquis devant moi. Il prend soudain appui sur le dos de ma chaise avec une de ses mains, se penche au dessus de moi, son ombre recouvrant mon espace de travail.

- Tu vois la ligne du col sur ta robe ? Il faudrait qu'elle soit un peu plus marquée, suggère-t-il en traçant une courbe rapide sur le papier. Essaye de suivre cette idée, mais à ta manière.

Je m'exécute, attrapant le crayon qu'il laisse rouler devant moi. Mes doigts tremblent légèrement alors que je tente d'imiter son geste, tout en y apportant ma propre touche. Mais ce n'est pas aussi simple que je l'aurais pensé. Devrais-je opter pour un col plus décolleté ? Plus droit ? Plus souple ?

Mes traits manquent de la fluidité qu'il a évoquée, et malgré mes efforts, je sens bien que quelque chose cloche. Je n'arrive pas réellement à saisir ce qu'il aimerait que j'ajoute à mon croquis.

Et je dois avouer que la proximité de Luccini et son regard constamment braqué sur mes gestes ne m'aident pas à me concentrer. La chaleur de sa présence brûle ma peau... Il est si près que je peux sentir son souffle dans mes cheveux.

- Attends, laisse-moi te montrer, murmure-t-il soudain.

Avant que je ne puisse réagir, il se penche un petit peu plus, si bien que son corps se colle à mon dos. Il passe ses bras de chaque côté de moi et attrape ma main droite.

Que fait-il ?

Mes yeux écarquillés fixent sa grande main qui recouvre la mienne, beaucoup plus petite, refermée autour du crayon. Son contact est doux, presque hésitant, mais il suffit pour faire monter en moi une vague de chaleur inattendue.

Mon cœur se met à battre plus vite, trop vite, alors qu'il se met à guider mes mouvements sur le papier. Je me transforme en poupée de chiffon, le laissant manipuler mes gestes à sa guise. Je suis incapable de me concentrer sur autre chose que sur la sensation de sa peau contre la mienne. Je veux dire... whaou. Elle est chaude et onctueuse, si bien que des picotements traversent ma main là où ses doigts sont posés. Son odeur corporelle me monte à la tête et j'ai l'impression que tout tourne autour de moi.

- Tu vois ? Comme ça, souffle Gabriel d'une voix grave, presque rauque, tout en continuant de faire danser le crayon sur mon croquis.

Je hoche lentement la tête, incapable de formuler la moindre réponse. Mon esprit est ailleurs, noyé dans cette bulle intime qu'il a créé sans vraiment le vouloir. Le monde extérieur s'est effacé, et il ne reste plus que nous, seuls dans cette pièce.

Je tente de me concentrer sur ses instructions, sur le mouvement précis qu'il cherche à m'enseigner, mais c'est comme si mon corps refusait de coopérer.

- Voilà, continue-t-il, c'est mieux comme ça. Plus fluide, plus naturel.

Sa voix est si proche de mon oreille que je sens chaque vibration de ses mots. Une chaleur diffuse envahit mes joues, et je prends conscience que notre proximité est tout sauf appropriée. Et ce que je ressens l'est encore moins...

Je veux dire... Est-il conscient d'à quel point nos corps sont proches ? Que ses doigts enlacent les miens avec force, comme si sa vie en dépendait ? Que sa façon d'enseigner est tout sauf conventionnelle ?

Je déglutis difficilement, mon regard fixé sur le croquis devant moi, mais en réalité, je ne vois rien. Tout mon être est focalisé sur Gabriel, sur sa présence qui devient de plus en plus obsédante. Malgré tout, je suis incapable de m'éloigner ou de mettre fin à la situation. Au contraire, pour une raison que j'ignore, une partie de moi souhaite que ce moment dure un peu plus longtemps, que cette connexion silencieuse ne se brise pas. C'est la deuxième fois que je ressens ça, ces étranges frissons qui deviennent omniprésents quand la peau de Gabriel rencontre la mienne...

Je veux comprendre à quoi cela est dû. Est-ce parce qu'il m'impressionne ? Ou parce que j'ai conscience que nous ne devrions pas nous retrouver dans ce genre de situation ? Je refuse de croire que mon trouble puisse être lié à autre chose...

Je tourne doucement la tête dans sa direction pour voir si je suis la seule à être troublée, mais ce simple mouvement sort Luccini de son tourbillon créatif. Il arrête soudain de faire bouger nos mains et son regard rencontre le mien.

À présent, nos visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, si bien que je n'ose plus respirer. À cette distance, son beau visage n'a plus le moindre secret pour moi. Je suis capable de voir le grain de sa peau, l'inattendu halo vert qui entoure le brun de ses iris, les petites fissures de ses lèvres charnues... Et je réalise qu'il est lui aussi capable de découvrir chaque irrégularité de ma peau, chaque petite ridule, chaque petite tâche. Je suis tentée de tourner la tête, de me cacher derrière mes cheveux mais j'en suis incapable. En réalité, l'idée complètement saugrenue de m'approcher encore plus fait irruption dans mon esprit...

Gabriel a l'air remué, lui aussi. Une petite ride se forme entre ses sourcils alors qu'il détaille mon visage sans la moindre gêne. Prend-t-il enfin conscience de la situation ? Si c'est le cas, cela n'a pas pour effet de le faire reculer. Au contraire, il a l'air hypnotisé, comme moi. Son regard magnétique glisse le long de mon visage avant de s'accrocher à mes lèvres. Ses yeux s'attardent dessus pendant d'indécentes secondes et une nouvelle pensée irrationnelle fait irruption dans ma tête : il ne lui faudrait qu'une demi-seconde pour cueillir mes lèvres. Il n'aurait qu'à pencher la tête un petit peu plus pour que nos bouches se rencontrent...

Mais soudain, Gabriel se redresse et secoue la tête, comme pour s'extraire de la bulle de laquelle nous étions prisonniers. Je reste hébétée, les lèvres closes et froides, alors que j'avais l'envie inavouable que la langue de Luccini s'y fraie un passage...

- Voilà qui est mieux, assure-t-il, tentant d'ancrer à nouveau le moment dans un cadre professionnel. Il faudra voir ce que cela donne une fois le patron réalisé, mais je pense qu'on tient quelque chose.

Je hoche la tête, tentant de reprendre mes esprits, mais je sens encore son souffle s'échouer sur mon visage. Je me force à respirer calmement, à me concentrer sur ce qui est censé être un simple cours de dessin, mais la frontière entre le professionnel et le personnel semble de plus en plus floue. Et je ne sais plus comment me positionner face à ça.

D'un côté, je suis effrayée par l'idée que ce moment puisse être mal interprété, que je m'engage sur un terrain glissant. De l'autre, je ne peux nier l'attraction grandissante que je ressens pour lui. Une attraction qui, je le devine, n'est peut-être pas à sens unique...

Gabriel passe une main nerveuse dans ses cheveux, un geste inhabituel chez lui, avant de dire, d'une voix peu assurée que je ne lui connais pas :

- En fait, je te propose de vérifier tout ça dès maintenant. Je vais chercher de quoi réaliser le patron.

Je ne réponds rien, encore trop ébranlée par la proximité qui nous liait quelques secondes auparavant. Gabriel fait plusieurs pas en arrière, comme s'il avait brusquement besoin d'établir de la distance entre nous. Ses épaules et son dos sont crispés sous sa chemise. Il semble... dérangé par ce qui vient de se passer entre nous. Et moi, je ne sais pas comment interpréter ce trouble. Est-ce un signe que je devrais prendre mes distances ? Ou au contraire, que quelque chose d'inattendu est en train de naître entre nous ?

Les pas de Gabriel résonnent sur le parquet tandis qu'il se dirige vers une porte que je n'avais pas encore remarquée, située à l'extrémité de la pièce, juste avant le salon.

Je le vois poser la main sur la poignée, hésiter quelques secondes avant d'ouvrir la porte. Il ne la pousse qu'à moitié, comme s'il ne voulait pas que j'aie une vue complète sur ce qu'elle dissimule. Pourtant, un fragment de la pièce m'est révélé. Et ce que j'aperçois me fait hausser les sourcils. À travers l'entrebâillement, je devine des étagères surchargées de tissus, des rouleaux soigneusement empilés, des outils de couture, et... ce qui semble être un mannequin.

Je reste figée et mon cœur rate un battement. Je prends plusieurs secondes avant d'admettre l'évidence : derrière cette porte se cache un atelier.

Gabriel a un atelier chez lui.

Une vague de surprise m'envahit, repensant aux mots qu'il m'a dit il y a une poignée de minutes : "je n'ai pas de pièces spécifiques pour créer, mon appartement entier est mon atelier."

Pourquoi m'a-t-il dit cela ? Je sais reconnaître un atelier de couture quand j'en vois un, même si ce n'est qu'à travers l'entrebâillement d'une porte.

Gabriel se faufile dans la pièce, prenant soin de refermer derrière lui, comme s'il craignait que je puisse en voir davantage. Ce geste me laisse une impression amère. Pourquoi me garder à distance de son véritable univers créatif ? Pourquoi me faire croire qu'il n'a pas d'atelier ? La réponse me semble échapper à toute logique. Mes yeux restent fixés sur la porte close qui s'est refermée derrière Gabriel. Et plus je la regarde, plus une question s'impose dans mon esprit, percutante et tenace : Qu'est-ce qu'il cache là-dedans ? 

Hello mes Amours ! Aloooors que pensez-vous de ce nouveau chapitre ?? De cette proximité entre nos deux personnages ? Je veux vos retours !!! 👀

La suite sera postée quand le chapitre aura atteint les 120 likes et 50 commentaires ! Alors, à vos votes les Roomers 🙈💕

Si vous aimez Room 424, n'oubliez pas de LIKER ce chapitre, de le COMMENTER et de le PARTAGER à vos amis ! Ça m'aiderait énormément et ça me ferait vraiment super plaisir ! 💕 Merci d'ores-et-déjà pour tous vos retours adorables.

Si tu as lu cette note jusqu'au bout, tu serais vraiment un petit sushi (car je suis au Japon actuellement ahah) ! Commente 🍣 pour que je sache que tu as tout lu 👀

Love,

Morgane 💖


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