Chapitre 17 - Confessions (part 2/2)
Comme si je me trouvais dans un avion à plusieurs kilomètres d'altitude, incertain du bon fonctionnement de mon parachute, je me jette dans le vide :
- Tu as du talent, Gemma. Bien plus que tu ne le penses. Si je suis dur avec toi, c'est parce que je connais ton potentiel. Dès ton premier jour ici, j'ai vu cette flamme en toi. En réalité... je l'avais déjà remarquée lors des sélections. Je n'étais pas opposé à ton admission, bien au contraire. Ta détermination, ta soif de réussite m'ont frappé immédiatement. C'est ce qui fait de toi l'une des plus prometteuses de la promotion.
Elle ouvre la bouche pour répondre, mais je la devance, relâchant doucement ses poignets.
- Ce que tu m'as entendu dire à Lavergne, c'était pour te protéger. Je n'en pensais pas un mot. Cet homme est un vautour, à l'affût des talents naissants pour les exploiter, les broyer. Il t'aurait brisée si je t'avais mise en avant. Je devais... je devais lui faire croire que tu n'étais pas prête, que tu n'étais pas une menace. C'était la seule façon de te préserver.
Ses yeux s'écarquillent légèrement, mais elle ne dit rien, alors j'ajoute rapidement, avant de me dégonfler :
- Je n'étais pas censé en parler avant le cours de lundi, mais la pièce que tu as créé cette semaine était tout simplement bluffante, vraiment... époustouflante. Il n'y avait pas match avec les autres étudiants, tu as gagné le concours haut la main, même si tu étais seule et...
- Je n'ai pas créé la robe noire dont vous parlez, m'arrête-t-elle.
Cette fois, ce sont ses petits doigts qui encerclent mes poignets. Sa prise est ferme, comme si elle avait besoin de s'ancrer quelque part pour ne pas s'effondrer. Son parfum floral effleure mes narines, et je lutte contre l'envie de plonger mon visage dans ses cheveux épais et brillants.
- Il y a eu... un malentendu, bafouille-t-elle. C'est Max et Manel qui ont créé cette pièce, je n'ai pas gagné le concours et...
- Gemma, la coupé-je. Je sais que ce n'est pas ta pièce.
Un voile d'incompréhension passe sur ton visage. Ses sourcils se froncent, formant une adorable ride d'expression entre ses yeux que j'aimerais pincer du bout des doigts.
- Je n'ai jamais cru que la robe noire était ta création. J'ai vu plusieurs de tes croquis, j'ai vu certaines de tes pièces lors du processus d'admission, je connais ton style, ta technique... Je sais que c'est toi qui as réalisé le top avec les fleurs en 3D.
- Oh...
Ce n'est qu'un souffle qui s'échappe de ses lèvres, mais il contient un tel soulagement que je sens un poids se retirer de mes épaules. Elle me croit enfin.
- Donc oui, tu as gagné le concours. Et je suis convaincu que si nous travaillons ensemble, si tu choisis de me faire confiance malgré tout ce que j'ai pu dire, tu as toutes les chances de décrocher ta place chez Guenièvre. Tu es bien plus talentueuse que tu ne le penses... Mon rôle est de t'aider à aller au-delà de tes limites, même si cela implique de te mettre à l'épreuve. C'est pour cela que j'ai été aussi exigeant avec toi.
Un long silence s'installe. Je regarde Gemma, pour qui tout vient de changer. J'attends une réaction de sa part, une réponse, quelque chose. Mais elle reste là, immobile, comme si elle essayait de digérer mes paroles.
Lentement, je remarque que son expression se radoucit. Ce n'est plus la colère qui domine, mais quelque chose de plus subtil. Du soulagement, peut-être ? Ou de la surprise ? De l'espoir, même ? Je ne peux pas le dire avec certitude.
Mais une chose est sûre, c'est que quelque chose vient de basculer entre nous...
- J'ai... gagné le cours particulier, alors, souffle finalement Gemma, sa voix à peine plus qu'un murmure, comme si elle peinait à y croire.
Elle lève vers moi des yeux brillants.
- Oui, tu l'as gagné, confirmé-je doucement. Et si tu es d'accord, j'aimerais te guider sur la collection que tu présenteras à la fin de l'année. Je pourrais... te donner plusieurs cours particuliers.
Incrédules, ses lèvres s'entrouvrent tandis qu'une lueur de confusion et de surprise éclot dans ses yeux. Pendant une fraction de seconde, je me demande si elle va éclater de rire devant l'ironie de la situation ou rejeter ma proposition en bloc. Après tout, il y a quelques minutes à peine, elle déchirait sa robe comme si elle avait perdu tout espoir de réussir un jour à créer une pièce mémorable.
Mais Gemma reste muette, comme si les mots ne lui venaient pas et que le sol s'était dérobé sous ses pieds. Tout ce qu'elle croyait savoir sur moi, sur elle, sur cette dynamique étrange entre nous... Tout vient d'être renversé.
- Tu veux dire...
Pour la première fois, Gemma me tutoie, elle aussi, et cette proximité soudaine me frappe plus profondément que je ne l'aurais imaginé.
- ... Que tu veux m'accompagner tout au long de ce projet ? En plus des cours avec les autres ? demande-t-elle finalement, sa voix tremblante, mais teintée d'un enthousiasme qu'elle ne peut plus dissimuler.
Je hoche la tête, un sourire timide se dessinant sur mes lèvres.
- Si tu le veux bien, oui. Je pense que tu as un potentiel incroyable, Gemma. Et j'aimerais t'aider à l'exprimer pleinement.
Je crois chaque mot que je lui dis. Mais pour être totalement honnête, ce n'est pas uniquement par altruisme que je lui fais cette proposition. J'ai également beaucoup à gagner de cette collaboration. Travailler avec Gemma, c'est peut-être exactement ce dont j'ai besoin pour me sortir de ma situation chaotique...
Simplement, elle n'en saura jamais rien, chuchote ma petite voix.
- Je... je ne sais pas quoi dire, finit par avouer Gemma, son regard fuyant un instant le mien avant de se raccrocher à mes yeux. Il y a encore quelques instants, j'étais persuadée que tu me considérais comme une ratée...
Je fronce les sourcils, surpris par la dureté de ses mots.
- Je ne te considère pas comme tel, dis-je calmement. Comme un Casse-tête, oui, mais jamais comme une ratée.
Un petit sourire étire ses belles lèvres roses. Elle commence à se détendre, à relâcher la pression qu'elle s'imposait, et pour la première fois depuis que je la connais, elle semble envisager qu'il y ait une autre version de cette histoire et que je ne sois pas juste un connard sans cœur.
- Si tu as besoin de réfléchir à ma proposition, je le comprends, la rassuré-je. Nous commencerons par le cours particulier que tu as gagné, dans tous les cas. Puis, nous aviserons. Qu'en dis-tu ?
Elle hésite encore, comme si elle avait peur de s'autoriser cet élan de confiance. Comme si elle avait du mal à croire tout ce que je lui ai confessé.
- Je crois que j'ai besoin de réfléchir, oui, finit-elle par dire. Mais... je veux dire, ça me tente. C'est une opportunité que je ne peux pas laisser passer. Alors... pourquoi pas.
Je sens un soulagement m'envahir, bien que mes propres doutes ne se soient pas complètement dissipés. Travailler avec Gemma pourrait être aussi risqué qu'enrichissant, pour nous deux.
Peut-être plus encore pour moi que je ne suis prêt à l'admettre...
- Alors, c'est décidé, dis-je doucement, laissant un sourire plus assuré éclairer mon visage. Nous verrons jusqu'où cela nous mènera.
Gemma hoche timidement la tête, puis serre ses bras autour d'elle, comme pour se protéger du froid. Elle a l'air si fragile, comme si tout ce qui venait de se passer ici l'avait vidé de son énergie. Mon regard glisse vers sa robe déchirée, sur les lambeaux de voile qui gisent à ses pieds et je suis frappé par une évidence :
- Tu as froid.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre. D'un geste, je retire ma veste et la pose sur ses épaules. Sa peau est glacée, et je sens un léger frisson la parcourir lorsque je l'effleure de la pulpe de mes doigts. Gemma me jette un regard surpris, mais finit par attraper la veste pour la serrer contre elle, tirant le col vers son visage comme pour s'y blottir.
Le fait qu'elle accepte ma veste sans pester ne lui ressemble pas, me faisant réaliser à quel point elle en avait besoin.
- Tu devrais aller retrouver Lily avant qu'elle ne s'inquiète, murmuré-je.
Gemma hoche la tête, presque machinalement. Elle semble encore absorbée par tout ce qui vient de se passer. Je pose délicatement mes doigts sur le haut de son dos, la guidant doucement vers la sortie des toilettes.
Mais à l'instant où nous nous apprêtons à franchir la porte, celle-ci s'ouvre brusquement, et nous nous retrouvons face à face avec Blanche.
Merde. Il fallait que ça soit elle.
- Oh !
Un petit cri de surprise franchit ses lèvres, mais ce sont ses yeux qui parlent vraiment. Son regard va de Gemma à moi, puis se fige sur ma veste, posée sur ses épaules.
Un silence pesant s'installe. Blanche ne dit rien, mais toutes les réponses se trouvent dans ses iris bleus traversés par une lueur froide, méprisante. Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine, mais je comprends tout de suite que cela pourrait me causer de graves problèmes.
Son attention s'attarde une seconde de trop sur ma veste que Gemma tient toujours aussi fort contre elle. Puis, son regard remonte lentement vers moi, chargé de reproches que je ne peux ignorer.
Mon cœur se serre. Je sais exactement ce qu'elle imagine, et même si elle n'a rien dit, je comprends que ce moment entre Gemma et moi ne restera pas secret bien longtemps.
À côté de moi, je sens Gemma se raidir. Elle aussi sent que le piège pourrait se refermer sur nous d'un instant à l'autre. Soudain, elle lâche d'une voix tendue :
- Excusez-moi, on m'attend
Sans attendre de réponse, elle se glisse avec agilité entre le corps de Blanche et le cadre de la porte des toilettes. En moins d'une seconde, elle a quitté mon champ de vision.
Blanche, elle, ne dit rien et ne bouge pas. Ses yeux me fixent toujours. Merde, je viens de te placer auprès de Lavergne pour que tu me foutes la paix, qu'est-ce que tu veux de plus ?
La blonde aux airs angéliques, mais dont l'âme est bien plus proche de celle d'un démon, incline légèrement la tête. Un sourire subtil, presque imperceptible, s'étire sur ses lèvres. Puis, sans un mot, elle tourne les talons et s'éloigne lentement.
La porte claque, m'arrachant un sursaut.
Pas un mot n'a été échangé, mais tout est parfaitement clair.
Je reste là, seul dans les toilettes des femmes, réalisant à quel point ce moment pourrait me compliquer encore plus la vie...
Un chapitre plein de confessions... Mais de nouveaux mystères sont en route. Qu'avez-vous pensé de la proposition de Gabriel à Gemma ? Et que pensez-vous que Blanche pourrait faire ? 👀
La suite sera postée quand le chapitre aura atteint les 115 likes ! Alors, à vos votes les Roomers 🙈💕
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Love,
Morgane 💖
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