Chapitre 10 - Malentendu

Gemma

J'arrive à l'IELC déterminée, ma pièce cachée dans une housse protectrice. Je n'ai pas dormi de la nuit, mais je suis parvenue à réaliser l'impossible. Produire une pièce de À à Z, dont je suis fière.

Comme je m'y attendais, elle n'est pas parfaite. J'aurais aimé qu'elle le soit, mais les miracles n'existent pas. Si j'avais pu y passer plus de temps, j'aurais peaufiné certains détails : les coutures intérieures qui auraient mérité d'être invisibles, les finitions de l'ourlet qui, sous une certaine lumière, laissent entrevoir une légère irrégularité. Mais dans de telles conditions, c'était tout ce que je pouvais offrir. Et je crois que je n'ai pas à rougir de mon travail.

En traversant le hall de l'institut, je sens l'excitation courir dans mes veines. L'adrénaline mêlée à la nervosité me donne l'impression de flotter. Je meurs d'impatience de voir la tête de Luccini lorsque je lui démontrerai, véritablement pour la première fois, qu'il m'a sous-estimée.

Jusque-là, ce n'était que ma parole contre la sienne. Mais aujourd'hui, dans la housse que je tiens délicatement contre mon cœur, j'ai enfin une preuve concrète à lui apporter.

Les mots de Luccini ont été comme un remède à tous mes doutes : "Avant de vouloir présenter une pièce ne serait-ce que satisfaisante, vous feriez mieux de chercher à présenter une pièce tout court." Ils ont tourné en boucle dans ma tête toute la nuit et m'ont servi de carburant pour continuer, chaque fois que la fatigue se faisait ressentir.

Je marche d'un pas rapide jusqu'à la 424, me concentrant sur ce que je m'apprête à faire : défendre ma pièce, et attendre de voir l'étonnement éclore dans le regard de Luccini.

En entrant dans la salle, je suis surprise par tout le remue-ménage que j'y trouve. Les binômes d'étudiants s'affairent, parlent fort et vite. Ils ont tous l'air ultra stressés, tandis qu'ils sortent leur création de leurs housses protectrices, en s'engueulant pour la plupart.

Le spectacle qui se déroule devant moi me stupéfait. Face à ce tumulte, je me surprends à ressentir une étrange satisfaction d'être le vilain petit canard. Même si travailler seule était à la fois contraignant et stressant, cela avait aussi ses avantages. Je n'ai eu à affronter ni désaccords ni conflits avec un partenaire et je suis toujours d'accord avec moi-même... Du moins, je crois.

Un peu perdue face au chaos ambiant mais surtout étonnée de remarquer que Luccini n'est pas arrivé alors qu'il ne reste que cinq minutes avant le début du cours, je me dirige telle une fusée vers Max, dont le binôme ne semble pas là, lui non plus.

Il est en train de se battre avec sa pièce — une robe noire bicolore sobre — les sourcils froncés, concentré, une aiguille coincée entre ses dents alors qu'il essaye de fixer une fermeture éclair.

Tiens, je ne suis pas la seule à avoir galéré sur les finitions, apparemment.

- Salut, Max. Ça va ? je demande en arrivant à sa table. Qu'est-ce qui se passe ici ?

- Il se passe que Manel ne s'est pas réveillée, alors que c'était elle qui était censée coudre cette fermeture ! Je l'ai prévenu que ce n'était pas mon fort ! On aurait dû opter pour des boutons, c'est ce que je lui avais dit !

- Ah oui, je comprends. Ce n'est pas très cool de sa part... Mais, je voulais dire... Qu'est-ce qui se passe dans cette salle ? Où est Luccini ?

- Luccini ? Pas encore vu, fait Max en relevant les yeux une demie-seconde. Et tout ce bordel, c'est parce qu'il veut qu'on installe nos pièces sur les mannequins avant son arrivée.

Je remarque seulement à ce moment-là les mannequins blancs qui attendent sagement d'être habillés, au fond de la salle. Les premiers groupes commencent tout juste à s'en approcher pour présenter leur pièce.

Sur le tableau, les consignes écrites de la main de Luccini, sont en effet très claires : "Veuillez présenter vos créations sur les mannequins mis à disposition."

- Mais sans cette foutue fermeture, impossible de faire tenir cette satanée robe sur un mannequin, bougonne Max, ses mains crispées sur le tissu.

Son visage est déformé par l'inquiétude et je devine qu'il est à deux doigts de tout abandonner. Je jette un coup d'oeil à l'horloge qui nous nargue au-dessus du tableau blanc, égreinant les secondes qu'il nous reste avant l'arrivée de Luccini. Plus que trois minutes.

Cela me paraît compliqué de résoudre ce problème de fermeture éclair en si peu de temps, mais contrairement à Max, c'est quelque chose que j'ai l'habitude de coudre. Valery me demande presque à chaque fois d'opter pour ce système de fermeture pour les vêtements qu'elle commande pour The Originals ; j'ai donc acquis une certaine dextérité dans cet exercice.

Je m'en sortirais forcément mieux que Max, qui n'a pas avancé d'un pouce depuis mon arrivée, ses doigts tremblant à chaque tentative.

- Écoute, Max, pourquoi tu n'irais pas installer ma pièce sur un des mannequins pendant que je m'occupe de cette fermeture éclair ? proposé-je en me penchant légèrement vers lui, ma voix se voulant rassurante.

Max me dévisage, surpris par ma proposition. Je capte dans son regard bleu océan un soulagement immédiat, comme si un poids venait de s'envoler de ses épaules.

- Tu ferais ça pour moi ? s'étonne-t-il.

- Oui, on est tous dans la même galère, après tout. Je te promets de faire de mon mieux. Fais juste attention en sortant ma pièce de la housse, elle est très fragile.

Max hésite encore un instant, son regard passant de sa robe à moi, puis il acquiesce.

- Compte sur moi, je ferai attention à ta création comme à la prunelle de mes yeux. Merci infiniment Gemma, tu es ma sauveuse.

Avec un sourire reconnaissant, Max se lève pour récupérer avec grande précaution ma pièce en échange de l'aiguille avec laquelle il bataillait quelques secondes plus tôt.

Alors qu'il s'éloigne vers les mannequins au fond de la salle, je me remets au travail. Mes yeux brûlent de fatigue et mes mains sont couvertes de petites piqûres, souvenirs de ma nuit blanche passée à coudre sans relâche, mais cela ne m'arrête pas.

Au contraire, la pression me pousse à me surpasser. Je suis concentrée, mes gestes sont précis et rapides malgré le stress ambiant. Chacun de mes mouvements est guidé par la détermination de boucler cette fermeture éclair avant que Luccini ne fasse son entrée dans la salle.

L'aiguille glisse à travers le tissu de la robe avec une fluidité que j'ai rarement ressentie, comme si mon corps, malgré la fatigue, avait atteint un état de concentration parfait. Le monde autour de moi s'efface, ne laissant place qu'à mes mains sur ce tissu, et à l'urgence de la situation.

Mais soudain, ma bulle de concentration explose, lorsque la porte de la 424 se referme en un claquement assourdissant. Je relève la tête et mon cœur rate un battement. Luccini, habillé d'un costume camel splendide, vient d'arriver. Et à en juger par son visage fermé et par les cernes violacées qui noircissent son regard, il n'a pas l'air de bonne humeur. L'agitation qui régnait jusque-là se fige dans l'air et le silence s'abat sur les étudiants.

Son regard brun survole déjà la 424 de part en part, comme à la recherche de sa prochaine victime. Je n'ai pas le moindre doute sur le fait que ce sera moi, une fois de plus.

Luccini avance d'un pas assuré dans la salle, et son attention s'arrête sur moi. Forcément, je suis la première personne qui croise son regard car tous les autres étudiants sont au fond de la salle à côté de leur mannequin, comme protégés par la distance qui les séparent de Luccini.

Les lèvres de ce dernier se pincent, jusqu'à former une ligne droite, montrant son mécontentement évident. Je me fige soudain, comme si j'avais été prise en flagrant délit.

Merde.

Luccini continue à avancer, mais c'est comme si le temps s'était arrêté. Dans la salle, le seul bruit qui perce le silence tendu est le claquement régulier de ses semelles sur le sol, un son froid, métallique, qui résonne à l'unisson avec les battements affolés de mon cœur. Je sens une vague de panique grimper en moi, érodant la mince barrière de calme que j'essayais de maintenir.

Lorsque Luccini arrive à ma hauteur, il s'arrête brusquement, et l'air autour de moi se glace. Avec une lenteur insupportable, je sens son regard lourd de reproches glisser sur mes mains, encore crispées sur la robe de Max. C'est comme si le mépris émanait de lui en vagues glaciales, menaçant de me noyer à chaque instant. Les efforts que je dois fournir pour ne pas laisser transparaître le malaise qui me ronge sont immenses.

Luccini ne dit rien pendant ce qui me semble être une éternité, mais je comprends immédiatement ce qu'il pense. Le jugement dans ses yeux est clair comme du cristal : il est persuadé que je suis en retard. Que je suis à la traîne, une fois de plus. Qu'une grande gueule incapable de respecter ce qu'elle dit.

L'envie de me justifier, de crier que ce n'est pas ce qu'il croit, me brûle la gorge, mais les mots se meurent sur mes lèvres.

Après quelques secondes de silence supplémentaires, Luccini reprend finalement sa route vers le fond de la salle avant de me lancer, tranchant :

- Le temps est écoulé, Mademoiselle Hayes. Les règles sont les mêmes pour tout le monde. Allez installer votre pièce tout de suite, s'il vous plaît.

Je ferme les yeux un instant, me maudissant de ne pas avoir réussi à lui dire que j'aidais simplement un camarade. Mais d'un autre côté, je ne pouvais pas jeter Max sous les feux de Luccini. Je préfère encore prendre à sa place plutôt que d'en faire sa nouvelle proie.

Je prends une grande inspiration et réalise en trois secondes chrono les deux derniers points nécessaires pour que la fermeture éclair soit solidement attachée à la robe.

Je coupe le fil et me redresse aussitôt, ramassant le peu de dignité qu'il me reste, avant de me diriger vers le fond de la salle avec la robe, maintenant prête. Tous les regards sont encore une fois concentrés sur moi. Les autres étudiants sont murés dans un silence de plomb qui en dit long sur ce que leur inspire Luccini : un mélange palpable de crainte et d'admiration.

La plupart de mes camarades m'adressent des regards remplis d'empathie, mais certains semblent bien contents que j'endosse ce rôle à leur place. À commencer par Blanche, qui me fixe de ses yeux parfaitement maquillés, les bras croisés sous sa poitrine et un rictus sur les lèvres. Mes dents se serrent. Je ne sais pas ce que cette fille me veut, mais j'irai éclaircir la situation dès que l'occasion se présentera.

Queen B* (NDLR : surnom donné à Blair Waldorf dans Gossip Girl), est en binôme avec Illona, qu'elle considère probablement comme sa dame de compagnie. Elles ont réalisé un veston en tweed gris rehaussé par un passepoil vert vif, un modèle classique qui s'inscrit parfaitement dans le style preppy de notre chère Blanche. Cette pièce respire l'élégance sobre, et ne semble présenter aucun faux pas.

Pourtant, malgré une exécution irréprochable, il y a quelque chose qui fait défaut. Le veston, aussi joli soit-il, manque d'audace. Il ne reflète rien de leur personnalité créatrice. Il n'y a aucune prise de risque, aucun élan d'originalité. C'est un vêtement que n'importe qui ici aurait pu confectionner.

Comme je m'y attendais, Blanche et Illona, au même titre que les autres étudiants, ont joué la carte de la sécurité, mettant de côté leur expression artistique. Cette fois, c'est moi qui la regarde avec un petit sourire moqueur.

Je ne m'attarde pas plus longtemps sur Blanche et reporte mon attention sur Max, posté à côté du mannequin portant ma propre création. Il me regarde paniqué, me questionnant en silence sur ce qu'il est censé faire. D'un hochement de tête calme, je lui fais comprendre qu'il n'a pas à s'inquiéter, que j'ai la situation en main.

Je me dépêche de m'approcher du dernier mannequin disponible et d'y installer la robe.

À peine ai-je terminé que Luccini, posté face à nous, prend la parole :

- Bien, maintenant que tout le monde est prêt, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses.

Son regard perçant balaie la salle, s'attardant sur chaque étudiant un par un.

- Je vais prendre le temps d'examiner en détails chacune de vos pièces, les analyser, et vous faire des retours écrits dessus. L'objectif est de vous aider à identifier vos points forts et vos axes d'amélioration.

Il marque une pause, comme pour laisser peser ses mots dans l'air.

- Mais tout d'abord, je tenais à vous féliciter. Cet exercice n'était pas facile mais vous êtes tous parvenus à avoir une pièce à présenter aujourd'hui.

Luccini plante son regard dans le mien en disant ces mots. Je tente de rester impassible, mais mon cœur bat plus vite.

Ai-je pris trop de risques ? Est-ce que ma pièce, audacieuse dans sa conception, sera à la hauteur de ses attentes ou me mettra-t-elle en difficulté ? Même s'il croit pour l'instant que je suis l'autrice de la création à côté de laquelle je me tiens, je ne peux pas m'empêcher de me poser toutes ces questions...

- Il y a une chose que je ne vous ai pas dite hier, déclare Luccini en détournant enfin le regard de moi. Le binôme qui aura réussi à m'impressionner le plus avec sa création aura le droit à un cours particulier.

Des murmures d'étonnement raisonnent dans la pièce. Un cours particulier ? Je peine à croire à cette récompense aussi inattendue qu'excitante. J'ai été témoin du talent fou de Luccini en tombant sur ses croquis hier soir, et je dois bien avouer que cela a complètement changé la vision que je me faisais de lui.

Jusque-là, j'étais aveuglée par ma déception de ne pas avoir Guenièvre de Beaumont en professeur pour ne serait-ce qu'envisager que Luccini puisse être à la hauteur de ce cours. En réalité, cela me paraissait tout bonnement impossible.

Mais je crois que je me suis trompée. Même si cela me fait du mal de l'avouer parce qu'il est bourru et piquant, Luccini est aussi bourré de talent. Avoir un cours particulier avec lui serait donc une opportunité unique de m'améliorer, de franchir un cap décisif dans ma formation et surtout de prendre une longueur d'avance sur les autres.

- Lors de ce cours particulier, nous aborderons les thématiques de votre choix, poursuit-il. J'aurai l'occasion de vous offrir un retour encore plus précis sur votre première création, et nous pourrons peaufiner ensemble ce qui doit l'être.

L'idée de pouvoir tout personnaliser selon mes besoins me donne encore plus envie de décrocher cette récompense. Je pense immédiatement à tous les domaines où je pourrais m'améliorer : le mariage des différentes matières, l'innovation dans les coupes, l'équilibre entre audace et élégance...

Le stylisme est un domaine où il est toujours possible de progresser. C'est une des raisons pour lesquelles cela me passionne depuis des années, et que cela continuera à le faire encore longtemps.

Alors oui, il faut absolument que ma pièce le convainque.

- Bien, dit Luccini en claquant des mains, pour nous sortir de nos pensées. Comme je vous ai fait travailler comme des fous au cours des vingt-quatre dernières heures, je vais vous libérer pour aujourd'hui. C'est à moi de me mettre au travail. Je vous ferai un retour lundi. Bonne journée.

Des murmures de frustration s'élèvent. Attendre jusqu'à lundi pour avoir une réponse nous paraît insupportable, mais la pression retombe légèrement dans la salle : au moins nos pièces ne seront pas jugées devant tout le monde.

Luccini repart d'un pas décidé vers son bureau, tandis que les étudiants commencent à remballer leurs affaires.

Max, l'air complètement abattu, se précipite vers moi :

- Merde, Gemma, je suis tellement désolé. Je vais aller dire à Luccini que tu ne faisais que m'aider, que cette robe n'est pas la tienne, que tu avais fini ta pièce à temps et que...

Je pose doucement ma main sur son avant-bras pour l'arrêter.

- Tout va bien, ne t'inquiète pas, lui dis-je en le regardant droit dans les yeux. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'en parler à Luccini, car...

Je marque une pause, cherchant les mots justes. Comment expliquer à Max que je refuse qu'il devienne le bouc émissaire de la classe ? C'est peut-être insensé, mais même si je le connais à peine et que je désire plus que tout montrer à Luccini de quoi je suis capable, je ne veux pas risquer de le jeter dans la gueule du loup. Ma réputation est déjà faite, de toute façon, une erreur de plus ou de moins ne changera pas grand-chose. Alors autant le protéger.

Sans compter que Luccini pourrait nous disqualifier d'emblée de la course au cours particulier s'il découvrait notre petit arrangement...

- On ne devrait rien lui dire pour ne pas attirer l'attention, repris-je, avec plus de calme. Je ne veux pas que Luccini pense qu'on essaie de se justifier ou de se trouver des excuses. Il évaluera ta pièce, la mienne, et les jugera au même titre que celles des autres. Mais s'il apprend que nous n'avons pas respecté les règles de l'exercice, il pourrait nous éliminer sans hésitation. On verra bien ce qu'il décide, mais en attendant, il mieux vaut rester discrets.

Max hoche la tête, les lèvres pincées, comprenant les enjeux.

- Tu as raison, murmure-t-il. Je ne veux pas empirer les choses...

-Exactement. Fais-moi confiance, on avisera le moment venu. Contente-toi de mettre Manel au courant.

- Bien sûr. Je ne sais pas comment te remercier.

Je lui offre un petit sourire.

- Disons que tu m'en dois une.

Il me rend mon sourire et me touche l'épaule amicalement pour me remercier à nouveau.

Soudain, une sensation étrange me traverse, comme si quelqu'un nous observait. Je tourne la tête vers le tableau et mon regard rencontre celui de Luccini, assis à son bureau. Un frisson glacé me traverse. Qu'a-t-il pu comprendre de notre échange ? Ou pire encore, a-t-il pu entendre ce que nous disions ?

Je reste figée, tentant de décrypter son expression. Mais comme d'habitude, elle est insondable. Est-ce de la suspicion que je lis sur son visage ? Ou simplement de la concentration alors qu'il s'apprête à se plonger dans son travail ?

Mon cœur bat un peu plus vite, et l'air se charge d'une tension palpable. Je ressens le besoin de quitter la salle au plus vite.

- Je... Je crois que je vais profiter de cette heure pour aller me reposer un peu, la nuit a été courte, dis-je à Max en forçant un sourire, pour ne pas l'alarmer.

- Oh oui, tu as raison, je vais faire pareil.

- Ok, on se voit plus tard, alors ?

- Oui, à plus tard, Gemma.

Je m'empresse de récupérer mon sac et me dirige vers la sortie, tentant de feindre une assurance que je suis loin de ressentir. Mon regard reste fixé sur le sol, pour éviter de croiser les yeux perçants de Luccini. Je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il continue à me regarder.

Décidément, j'ai le chic pour me mettre dans la merde.

Alors que je m'apprête enfin à franchir la porte de la salle 424, la voix de Luccini s'élève, comme je le redoutais, coupant net ma tentative de fuite :

- Mademoiselle Hayes, attendez.

Je ferme les paupières un instant, comme si ce simple geste pouvait me soustraire à la réalité. Évidemment, Luccini n'allait pas me laisser partir si facilement. Il a sûrement compris quelque chose. Que vais-je bien pouvoir dire pour me sortir de cette situation ?

Je prends une grande inspiration, luttant pour retrouver un semblant de calme, avant de pivoter sur mes pieds pour lui faire face :

- Oui ? dis-je, feignant une fois de plus que tout va bien.

- Vous n'avez pas oublié quelque chose ?

Je reste figée, un instant suspendu dans le silence, craignant le pire. Qu'aurais-je pu oublier ? La vérité, c'est qu'il pourrait s'agir de n'importe quoi. Avec Luccini, tout est possible, et vu ma série de maladresses ces derniers jours, je ne suis plus certaine de rien. Je multiplie les boulettes sans parvenir à briser cette spirale.

Mais lorsqu'il reprend la parole, son ton est étonnamment calme, presque détaché.

- La fiche de renseignement, explique-t-il.

Le soulagement me submerge immédiatement. Ce n'est que ça... La bouffée d'angoisse qui m'avait envahie s'évapore presque instantanément. Mes épaules se détendent et mon rythme cardiaque ralentit soudain, mais je m'efforce de ne pas laisser transparaître à quel point cette simple demande me soulage.

- Je vous prie de m'excuser, je n'ai pas eu le temps de la remplir, répondis-je.

- Évidemment que vous n'avez pas eu le temps.

Sa remarque est pleine de sarcasme mais à ce stade, je m'en fiche.

- Eh bien, tâchez de prendre le temps de la remplir pour le prochain cours. J'en ai besoin.

Je hoche la tête et lui offre un sourire exagéré :

- C'est comme si c'était fait.

Et avant qu'il n'ait le temps d'enchainer sur autre chose, je m'échappe, cette fois pour de bon, de la 424... 

Hello les Amours ! Alors, que pensez-vous de cette histoire de cours particulier ? De la décision de Gemma de ne rien dire ? J'attends vos retours avec tellement d'impatience !!

La suite sera postée quand le chapitre aura atteint les 90 likes ! Alors, à vos votes les Roomers 🙈💕

Si vous aimez Room 424, n'oubliez pas de LIKER ce chapitre, de le COMMENTER et de le PARTAGER à vos amis ! Ça m'aiderait énormément et ça me ferait vraiment super plaisir ! 💕 Merci d'ores-et-déjà pour tous vos retours adorables.

Si tu as lu cette note jusqu'au bout, tu es ma bestie ! Commente 👯‍♀️ pour que je sache que tu as tout lu 👀

Morgane 🧡

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