Chapitre 84 : Yoongi - 75%
Yoongi venait d'entrer dans la salle de bains. Jimin en avait passé la porte quelques instants plus tôt à peine et se nettoyait le visage après avoir longuement transpiré en salle de danse. Il ne prévoyait pas de prendre sa douche dans l'immédiat, il s'accordait une simple pause. Il avait encore beaucoup à faire aujourd'hui : après une petite heure de répétitions supplémentaires, il comptait réaliser un cover pour ses fans qui aimaient l'entendre chanter.
« Toujours aussi têtu, hein ? lança Yoongi. Tu comptes te reposer quand ?
— Pas avant cette nuit.
— Tu comptes manger quand ?
— Quand j'aurai faim.
— T'as pas faim, peut-être ?
— Non.
— Tu devrais manger.
— Tu devrais me laisser choisir de manger ou non.
— T'as perdu combien depuis ton arrivée ici ?
— Environ six kilos. Je stagne parce que tu me forces à manger.
— Tu stagnes parce qu'après avoir perdu de l'eau et des muscles, la perte de poids est forcément plus lente. Sur tes six kilos, je parie que t'as même pas perdu cinq cents grammes de graisse.
— Ferme-la.
— La vérité fait mal ?
— Non, j'en ai rien à foutre, j'ai juste pas envie d'en parler. Laisse-moi gérer mon corps comme je l'entends. »
Yoongi jeta un regard à leurs deux bracelets : éteints. Jusque-là adossé à la porte close de la pièce, il approcha de son cadet qui demeura immobile, debout face au miroir. Le torse de Yoongi finit par se coller à son dos, et il appuya les mains sur ses flancs amaigris.
« Si tu continues de perdre du poids, y aura plus rien à toucher, Jimin-ah. Et moi j'aime balader les mains sur ton corps quand je t'embrasse. T'étais bien plus musclé, il y a juste trois semaines, tu te rends compte ?
— Hyung... continue... »
Jimin renversa la tête en arrière, la posant sur l'épaule de Yoongi dans un geignement tandis que l'autre lui caressait avec tendresse les hanches par-dessus son t-shirt qu'il n'osait pas soulever – il craignait d'y sentir des os saillants et anguleux. Jimin soupirait, bientôt il haleta, et son amant s'amusait à effleurer tantôt son bas-ventre, tantôt ses côtes, surveillant pour lui les trackers qu'ils portaient. Il profita de leur intimité pour lui embrasser la nuque et les omoplates, frôlant de ses lèvres son épiderme velouté. Jimin frémit.
« Hyung, je veux te toucher aussi. Je veux que tu m'embrasses. »
Yoongi n'hésita pas un instant, il attrapa son cadet par les épaules, le tourna face à lui et plaqua sa bouche sur la sienne. Le danseur, d'abord surpris, se laissa bien vite aller et passa avec audace les mains sous le haut de son aîné qui se crispa au contact de sa peau.
« J-Jimin, haleta-t-il en s'écartant, tu.
— Laisse-moi te toucher, pitié...
— Merde... »
Incapable de résister à son amant, Yoongi l'empoigna par le col et l'embrassa de plus belle, preuve de son consentement. Jimin, ravi sans le montrer, lui caressa le ventre, les hanches, les côtes, le torse et le dos. Yoongi en éprouva une excitation indescriptible, si puissante malgré de si chastes gestes... Jimin agissait de façon fiévreuse, comme pressé par le temps – ce si court laps de temps pendant lequel ils pouvaient s'autoriser n'importe quoi, quel régal !
Yoongi frissonnait, et chaque frisson lui paraissait se répercuter dans son bas-ventre dans un écho dévastateur.
« Mon amour, stop, ordonna-t-il finalement alors que Jimin lui dévorait la bouche en glissant les mains le long de ses reins – et s'il les descendait de cinq centimètres supplémentaires, le rappeur était convaincu de ne plus pouvoir répondre de ses actes, lui qui pourtant désirait y aller en douceur.
— Hyung, je t'en prie, je veux te toucher, supplia son cadet en lui butinant la gorge, j'ai besoin de toi, de ton contact, de ta peau contre la mienne.
— Stop, Jimin, j'ai dit non. »
Son cadet, heurté par ces mots durs et ce ton tranchant, recula. Son visage neutre n'empêcha pas Yoongi de lire dans son regard autant de surprise que de peine.
« J-Je suis désolé, balbutia-t-il donc, je voulais pas être aussi sec. »
Jimin entrouvrit les lèvres, les referma, et décida plutôt de tourner le dos à son amant de quitter la pièce.
« Jimin-ah...
— J'ai compris. T'as dit non. T'as pas à t'excuser, hyung, c'est moi qui suis allé trop loin. C'est moi qui m'excuse. Je suis désolé.
— Jimin, non, t'as mal compris. Je... j'aurais risqué de déraper. Tu m'attires, mais... je peux pas aller plus loin. »
Jimin, qui venait d'ouvrir la porte de la pièce, s'arrêta. Il tourna la tête vers son aîné, le toisa.
« Moi j'aurais voulu que ça aille plus loin. Pourquoi pas toi ?
— Les bracelets.
— Suffit d'aller dans une cabine. On aurait pu en profiter pour prendre un bain ensemble. J'aurais beaucoup aimé.
— Je peux pas... comprends-moi, s'il te plaît.
— Je t'ai dit que j'avais compris. Y a aucun souci.
— Tu m'en veux.
— Pas particulièrement, répliqua Jimin dans un haussement d'épaules. T'as pas envie, je vais pas insister.
— Alors pourquoi tu t'en vas ?
— Parce que j'avais fini de me laver le visage. Il faut que j'aille m'entraîner.
— Ah...
— Pourquoi je serais resté ?
— Je sais pas. Comme tu partais, j'ai cru que c'était à cause de moi.
— Non. Je m'apprêtais déjà à partir quand t'es arrivé.
— D'accord.
— Donc je peux y aller ? »
Yoongi ne répondit pas. Son côté bourru avait envie d'acquiescer avec un air détaché, mais son cœur... son cœur suppliait Jimin de rester avec lui et de lui prouver qu'il n'était pas fâché contre lui. Jimin se montrait toujours si... insondable. Seul son regard le trahissait, mais de là où il se trouvait, Yoongi n'y distinguait rien – pas la moindre émotion.
« Tu veux partir ? demanda-t-il donc.
— Tu veux que je reste ?
— Peut-être, admit-il à voix basse.
— Pourquoi ?
— Tu m'aimes ?
— Oui. Et toi ?
— Moi aussi je t'aime. »
Et tandis qu'il susurrait ces mots, Yoongi afficha un sourire soulagé en lui tendant la main. Jimin y posa les yeux avant de rebrousser chemin pour accepter son geste. Leurs doigts se nouèrent, Yoongi l'attira à lui avec douceur et lui embrassa de façon furtive la joue puis les lèvres. Jimin lui rendit ce bref baiser et ils s'écartèrent l'un de l'autre.
« À plus, murmura Yoongi en le relâchant.
— Ouais. »
Jimin quitta la pièce. Yoongi resta encore un instant sur son nuage. Aucun doute : à des actes sauvages et emplis de désir, il préférait largement ces petits bisous innocents. Eux lui retournaient le cœur comme jamais rien n'avait été capable de le faire auparavant. Il n'avait jamais éprouvé pareil bonheur.
Sa gorge se serra en songeant qu'il mourrait si tôt alors qu'enfin il avait trouvé celui qu'il pouvait considérer comme son âme sœur.
Yoongi sortit à son tour, le pas lent, le dos voûté, le regard perdu sur ses pensées emmêlées.
Lorsqu'il arriva devant les studios, il remarqua que celui à côté du sien était encore allumé. Namjoon... Yoongi n'était même pas convaincu qu'il ait dormi cette nuit. Ou peut-être une petite demi-heure, sans plus. Il n'arrêtait plus – et d'après ce que Yoongi savait de sa popularité descendante, rien de surprenant à le voir s'acharner.
Ils étaient tous venus là pour mettre un terme magistral à leur vie, quoi d'étonnant, donc, à ce qu'ils tentent de mettre un point final à leur œuvre avant que les haters ne s'en chargent à leur place ? Yoongi hésita, peu enclin à le déranger, puis songea qu'il pourrait lui proposer son aide. Il frappa à la porte puis entra. Namjoon se tourna pour jeter un coup d'œil et lui adressa un sourire poli et se focalisa de nouveau sur son écran.
« Combien ? s'enquit simplement Yoongi.
— Cinquante-trois.
— Plus la limite approche, plus ils sont nombreux à voter. À croire qu'ils deviennent dingues.
— Ouais...
— Bientôt fini ?
— Presque.
— Je peux aider ? »
Namjoon garda le silence, concentré sur son travail, mais finit par acquiescer.
« Tu pourrais envoyer un message pour moi ?
— Un message ?
— Sur le forum du jeu. Un dernier adieu à mes fans.
— Euh... ouais. Je dois écrire quoi ?
— Prends mon portable, tout est déjà rédigé dans les notes. T'as juste à copier-coller. »
Yoongi obéit. Il prit le smartphone de son ami, ouvrit les notes, et lut le mot en même temps qu'il le copiait. C'était court, concis, et le rappeur grimaça devant la construction surprenante de certains passages. Ça sonnait faux, comme si ce n'était pas lui qui l'avait écrite, comme si... comme si le message contenait quelque chose de plus que ce qui y figurait.
« Nam... dis-moi. »
Son cadet, toujours dos à lui, se contenta de se frotter l'arrière du crâne dans un geste banal. Yoongi néanmoins comprit, et son regard perça le silence pour en saisir le sens. Il tourna les yeux sur ce que semblait lui indiquer Namjoon, et aussitôt ses pupilles s'écarquillèrent quand il repéra cet enchevêtrement de mauve et de bleu.
Dissimulé par ses cheveux bruns, à peine visible... le petit tatouage d'une fleur de smeraldo.
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