Chapitre 69 : Jimin - 93%

Jimin s'enferma dans sa chambre et s'assit sur son lit, en tailleur. Il fixait le mur droit devant lui. Ses efforts lui avaient permis de gagner un nouveau pour cent, il s'en réjouissait, même s'il ne parvenait pas à le montrer.

Après quelques secondes, la porte s'ouvrit de nouveau, mais Jimin ne détourna pas les yeux.

« Jimin ?

— Oui ?

— Tu m'en veux ? »

Voix neutre. Yoongi s'installa près de lui. Jimin tourna finalement la tête dans sa direction et le questionna du regard.

« Pour tout à l'heure, je veux dire.

— Oh... non, je t'en veux pas.

— Alors... pourquoi t'es parti ?

— Parce que je voulais pas manger. Donc pourquoi rester dans la cuisine ?

— Je sais pas, j'avais peur de t'avoir blessé.

— Pourquoi tu m'aurais blessé ?

— En insistant pour que tu manges.

— Oh... Bah non. T'es une des rares personnes à faire attention à moi.

— Est-ce que... »

Il marqua une hésitation, jeta un regard à son poignet et reporta les yeux sur son cadet avant de terminer sa phrase dans un murmure : « Je peux t'embrasser ? »

Jimin se contenta de hocher la tête. S'il éprouvait une quelconque joie à l'idée que son amant lui vole ses lèvres, il n'en montrait rien. Son visage neutre du moins cachait le moindre sentiment. En revanche, Yoongi savait qu'il ne devait pas se fier à ces traits doux mais insensibles. Il devait plonger son regard dans le sien, et pas besoin de s'y enfoncer profondément : à la surface de ces deux jolies prunelles obscures brillait un désir et un amour indiscutables. Jimin aimait Yoongi, et ce dernier peinait encore à y croire.

Son cadet son montrait toujours si distant, l'air détaché, presque ennuyé. Pourtant, impossible de dissimuler ses émotions les plus fortes, ses passions les plus vives. Il aimait Yoongi avec une telle ardeur...

Le rappeur donc ne se fit pas prier : appuyant sur les clavicules de Jimin, il l'incita à s'allonger tandis que d'un même mouvement il s'avançait pour prendre possession de sa bouche pulpeuse à laquelle il était accro. Il avait conscience, malheureusement, que chaque fois qu'ils échangeaient un baiser, ils prenaient le risque d'être découverts par un de leurs concurrents, ou bien d'apparaître tout à coup à l'écran, toutefois... aux yeux de Yoongi, ces palpitations folles de son cœur valaient tous les risques. Le plaisir qui déferlait dans ses veines, pareilles à des vagues ardentes, coupait court à toute pensée rationnelle, et s'éloigner de son amant lui donnait rapidement une sensation de manque qu'il lui fallait à tout prix combler. Une véritable dépendance était née. Quant à Jimin, si comme à son habitude il n'en montrait rien, il en allait pourtant de même pour lui : Yoongi lui faisait tourner la tête d'une manière exquise. Ça ressemblait un peu à ce qu'il pouvait ressentir juste avant un malaise, mais sans l'impression désagréable de perdre pied. Là, il n'était question que de vertiges délicieux.

Étendu sur le lit, les bras enroulés autour de la nuque de son aîné, le jeune danseur avait fermé les paupières et se régalait désormais de sa langue qui s'était infiltrée doucement pour rejoindre sa jumelle. Il y avait quelque chose de vital dans leurs gestes, dans les caresses qu'ils débutèrent d'un même mouvement : Jimin effleurait le haut du dos de Yoongi par-dessus son t-shirt, et Yoongi passait avec délicatesse les mais sur ses pectoraux à peine dessinés. Qu'il semblait fragile, son cadet, qu'il était gracieux !

Lorsqu'ils se séparèrent, Yoongi ne put s'empêcher de contempler son visage débordant de débauche, ses yeux qui criaient à la luxure.

« Jusqu'à ce que je n'en sois plus capable, je prendrai soin de toi, promit le rappeur en caressant du sien le bout de son nez.

— Et qu'est-ce qu'il se passera, si tu n'es plus là ?

— Je continuerai de veiller sur toi.

— Et si c'est moi qui pars le premier.

— Tu partiras pas le premier.

— Et si c'est le cas ?

— Tu vivras toujours dans mes souvenirs, ancré dans mon cœur. »

Jimin ne répondit pas. Il leva doucement la main, la posa sur le pectoral de son amant qu'il regarda comme s'il pouvait voir à travers son t-shirt. Il sentait son cœur cogner de manière régulière – régulière, certes, mais rapide. À quatre pattes au-dessus de lui, Yoongi le laissa faire sans un mot. Ses prunelles glissaient de sa main à son visage, pour ensuite revenir à sa main. Elle était petite, elle paraissait innocente, presque timide. Yoongi adorait la chaleur affectueuse qu'elle lui procurait, appuyée là, sur son cœur.

« Il est tout à toi... jusqu'à ce que la mort nous sépare, ajouta-t-il avec un sourire espiègle.

— On dirait une déclaration de mariage.

— Encore faudrait-il qu'il y ait eu une demande, et qu'en prime elle ait été acceptée.

— Tu l'accepterais ? demanda Jimin.

— Oui, et toi ?

— Je crois.

— Jimin, est-ce que tu accepterais de m'épouser, pour les semaines à venir et jusqu'à ce que les haters nous séparent ? »

La question, formulée ainsi, fit intérieurement sourire Jimin qui ne marqua pas une bien longue hésitation avait d'opiner.

« Oui, hyung. J'accepte. Et toi ? Tu accepterais d'être mien, pour les semaines à venir et jusqu'à ce que ces bracelets nous séparent ?

— Oui, mon Jimin, j'accepte.

— Donc maintenant, on est quoi ?

— Deux idiots qui se sont fait une promesse sans aucune valeur légale, répliqua Yoongi avec un rictus moqueur.

— Est-ce que c'est si grave ?

— Ça n'a strictement aucune importance. Je t'aime.

— Moi aussi, je t'aime. »

Yoongi s'abaissa et s'installa près de son amant contre lequel il se lova.

« Tu crois qu'on est fous de s'aimer dans des conditions pareilles ? demanda Jimin.

— Oui.

— Est-ce qu'on est vraiment amoureux ?

— Comment ça ?

— Tu crois qu'on vit le vrai amour ?

— Euh... bah ouais, pourquoi ? s'enquit Yoongi la mine perplexe.

— Je sais pas... on est tous les deux susceptibles de mourir d'une semaine à l'autre, on n'a jamais ni aimé ni été aimés... je me dis que peut-être notre cœur nous joue un tour : enfin on rencontre quelqu'un qui s'intéresse à nous. Alors... tu crois qu'on peut avoir la sensation d'un vrai amour alors qu'il s'agirait simplement de sentiments qu'on éprouverait l'un pour l'autre « par défaut », juste parce qu'il n'y a personne d'autre pour nous regarder ?

— Tu veux dire que... tu penses qu'on s'aime peut-être par dépit ? résuma le rappeur.

— Oui. Pas toi ? »

Yoongi s'assit. Jimin l'imita. Le visage du premier avait pris un pli peiné sans même qu'il s'en aperçoive : d'une certaine manière, ça le vexait que Jimin puisse imaginer que leurs sentiments ne soient pas complètement sincères. Il voulait croire qu'ils étaient bel et bien liés par quelque chose d'aussi fort que l'amour. C'était impossible qu'ils s'aiment si puissamment s'il ne s'agissait que de désespoir, non ?

« Je comprends pas. Tu... tu sais pas si tu m'aimes ? osa-t-il d'une voix qui parut tout à coup fragile.

— J'ai pas dit ça, répliqua Jimin dans un haussement d'épaules. Je t'aime, c'est pas la question. Je me demande juste si ces sentiments ne sont pas le résultat de notre solitude.

— T'as dit que tu te demandais si on n'éprouvait une « sensation d'un vrai amour », lui rappela Yoongi. Donc ce serait un amour feint, un mensonge.

— Si on y croit sincèrement, est-ce qu'un mensonge en est un ?

— Genre on s'est convaincus qu'on était amoureux par pur dépit ?

— Pourquoi pas ? On avait envie de connaître ça avant de mourir, et on a trouvé en l'autre le moyen idéal de réaliser ce rêve.

— Tu rêvais d'amour ? l'interrogea encore Yoongi.

— Je crois. D'affection du moins. Pas toi ?

— Si, peut-être un peu. Mais ce que je ressens pour toi, c'est réel.

— Moi aussi. Du moins j'y crois sincèrement. Donc à mes yeux c'est réel. »

Le rappeur regardait son cadet, rendu muet par les questions que Jimin se posait : il ignorait s'il fallait considérer cette réflexion comme brillante ou stupide, quoi qu'il en soit, elle était déstabilisante. Yoongi en effet ne s'était pas particulièrement interrogé sur l'origine profonde ni sur le bien-fondé de ses sentiments, surtout pas depuis qu'il avait embrassé Jimin. Ce dernier en revanche paraissait beaucoup plus distant vis-à-vis de ce qu'il éprouvait, si bien qu'il doutait de son cœur lui-même.

Et l'évidence apparut.

« T'as peur, c'est ça ? demanda Yoongi.

— Peur ? répéta Jimin sans paraître comprendre.

— T'as peur que tes sentiments et les miens soient faux, alors que t'as besoin qu'ils soient vrais, c'est devenu vital pour toi. C'est bien ça ? On se pose toujours beaucoup de questions sur ce qui nous effraie, et toi t'es terrifié à l'idée qu'on s'aime pas vraiment alors que t'avais enfin réalisé ton souhait. »

Jimin le considéra pendant quelques secondes qui parurent interminables, puis, avec son habituel ton monocorde, il opina.

« Je m'étais jamais senti aussi vivant qu'aujourd'hui. »

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