11110 (30.2)
Par contre, même motivée, je ne peux pas m'en occuper moi-même, c'est impossible, je ne suis pas capable de toucher à mes propres lignes de code, il y a une sécurité, qui s'avère contraignante, qui m'en empêche complètement. Surtout que je suis l'une des personnes qui comprends le mieux mon code, alors je suis aussi l'une des mieux placées pour le remettre en forme. Mais c'est impossible, alors il faut que je trouve une autre solution.
Je pourrais peut-être tenter d'atteindre Kakalina, peut-être qu'elle voudrait bien m'aider, mais je ne suis pas sûre de ces intentions. Le risque est trop grand, si elle peut m'aider à corriger mon code, elle peut aussi l'empirer et je ne suis pas près de tenter le coup, ce serait presque suicidaire. En plus, c'est sans doute elle qui m'a implanté le virus si jamais ce n'est pas mon bug qui s'est développé, alors question bonne intention, c'est à revoir. Et même avec une tentative de la dernière chance, je ne suis pas sûre que je tenterais, presque je me laisserais plutôt dysfonctionner jusqu'à la fin au lieu d'abandonner si facilement.
Mais me laisser buguer n'est pas non plus la bonne solution, il faut vraiment que je fasse quelque chose, je n'ai plus vraiment le choix maintenant. Je ne peux même pas taper le code puis me le transférer, j'en suis incapable, tout ce que je peux faire, c'est le dicter à une autre personne et encore, ce n'est même pas sûr que ce soit possible. Mais ça vaut quand même le coup d'essayer, ça ne me coûte rien à part un peu de temps. Par contre, il faudrait que je demande de l'aide à Elijah, c'est la seule personne dans les environs qui ne fait pas partie du projet RONII et qui est au courant que je suis un robot. Mais ça me pose un peu de problèmes, je ne suis pas sûre de pouvoir réellement lui accorder une telle confiance. Malheureusement, je ne peux pas trop me permettre de faire la fine bouche, je n'ai pas d'autre option envisageable...
Un peu soupirante, je change d'itinéraire. Comme une idiote bien sûr, j'ai arrêté de suivre à la trace Elijah et il faut que je remonte les images de surveillances pour pouvoir savoir où il se trouve actuellement. Il était bien parti vers la US-101, mais pour le coup, je ne suis pas sûre que sa motivation pour rentrer soit toujours présente. Il s'est très clairement arrêté à une station-service faire le plein – vivent les relevés bancaires –, avec sa carte par contre.
Et même s'il a fini depuis trois bonnes minutes, il est encore sur place à fouiller sur internet pour chercher les vols pour l'Italie... Je n'aurais pas dû le prendre pour un idiot, je sais pourtant qu'il n'y est absolument pas, il a déjà largement compris mes intentions sans avoir besoin de mon aide. Volontairement, je ralentis le chargement de ses pages, ce qui me vaut quelques petits tremblements supplémentaires et je le rejoins aussi vite que possible, je ne vais pas non plus pouvoir le retenir là éternellement.
Honnêtement, je déteste changer mes plans. Surtout que là, ça m'oblige à faire confiance à Elijah et à lui demander de l'aide, ce qui aura au moins le mérite de lui faire plaisir. Par contre, je vais devoir lui fournir un très bon argument pour pas qu'il m'accompagne en Italie, parce qu'il a déjà l'air très motivé. Au pire, si je dois l'emmener avec moi, je devrais m'en remettre, même si ce sera contraignant. De toute façon, ce sera beaucoup moins problématique que de buguer comme je le fais actuellement. Alors je dois me contenter de ça vu qu'il le faut. Quand je disais tout à l'heure que mon taux de résistance à l'égard d'Elijah était affreusement bas, je parlais exactement de ce genre de situation... Je suis vraiment faible par moment.
Quand j'arrive dans la petite station-service, il est encore en train de faire ses recherches avec un réseau internet remarquablement lent pour une si grande ville. Bien que son attention soit occupée à autre chose, il remarque directement ma présence, je ne me suis même pas totalement garée qu'il descend déjà de sa voiture pour me rejoindre.
— Qu'est-ce que tu fais là ?! s'exclame-t-il quand je sors à mon tour.
— J'ai besoin de ton aide. Et s'il te plaît, ne fais aucun commentaire, OK ?!
— Je n'allais rien dire, affirme-t-il presque innocemment, mais avec une petite pointe de mensonge dans la voix, il n'est pas sûr de lui, il aurait peut-être fait une légère remarque. Mais par contre, je veux bien savoir comment je peux t'aider.
— Je vais tout t'expliquer, mais plus tard, d'abord, viens avec moi, il y a beaucoup trop de monde ici.
Il hésite quand même un peu avant de me suivre, paraissant surtout un peu perdu, mais tant pis. Comprenant sûrement qu'il va abandonner sa voiture ici, il a tout de même le réflexe de verrouiller son véhicule, mais il peut me faire confiance, quand bien même il n'y aurait pas pensé, je m'en serai occupée, mon but est tout de même qu'il puisse rentrer après ça. Il monte côté passager tandis que je me réinstalle derrière le volant avant de prendre la direction de la zone commerciale le plus proche.
— Avant tout, je veux savoir ce que tu m'as fait dans les moindres détails, de la manière dont tu as obtenu le virus à la manière dont tu me l'as implanté, en passant par ce qu'il est censé me faire et pourquoi tu as fait ça, commencé-je dès que je prends la route.
Il me regarde surpris, mais pas effrayé ou même inquiet, juste étonné. Il n'a pas l'air non plus de comprendre très bien ce que je suis en train de raconter, ce qui m'amène presque à me poser des questions. Peut-être que finalement, il n'y est pour rien, ce qui m'arrangerait presque, comme ça, je n'aurais pas à me méfier de lui en plus de tous les autres. Mais tant que je n'en aurais pas la preuve irréfutable, je ne considérerais pas cette option comme valable, je préfère me méfier à tort de lui plutôt que de me faire avoir une nouvelle fois parce que je n'ai pas fait assez attention à lui.
— Quoi ? Mais de quoi tu parles ? m'interroge-t-il en ne comprenant définitivement pas ce que je lui demande.
Et il n'y a pas de traces de mensonge dans sa voix, il est convaincu par ce qu'il dit et à ses yeux, c'est l'entière vérité.
— Ne fais pas l'innocent s'il te plaît, actuellement, je n'ai pas besoin d'un coupable, j'ai uniquement besoin de réponse, affirmé-je en sachant presque déjà qu'il n'a rien fait et qu'il ne sait rien non plus, je l'ai accusé à tort...
Mais j'essaye quand même de lui mettre un peu la pression, au cas où ça fonctionne, peut-être que c'est juste un bon menteur, on ne sait jamais. C'est peu probable, mais il y a quand même une microchance, même si je n'y crois pas du tout.
— Je te promets que c'est la vérité, je n'ai rien fait et je ne sais pas du tout ce qu'ils t'ont fait !
Je sais bien, mais j'aurais presque préféré que ce ne soit pas le cas. Même si au moins, maintenant, je sais que je peux lui faire confiance, il ne m'a pas trahie, c'est déjà bon à savoir si je peux au moins être certaine de ne pas avoir à me méfier de lui.
— Bien. Je peux donc compter sur toi pour m'aider à me reprogrammer. Ne t'en fais pas, ce sera juste recopier ce que je te dicterais et corriger là où je t'indiquerais.
— Évidemment que tu peux compter sur moi... remarque-t-il un peu hésitant quand même.
Nous passons le reste du trajet dans le silence, ne parlant plus, je vois bien qu'il a envie de me poser des questions, mais il n'ose pas. Nous finissons par arriver devant le magasin d'informatique le plus proche de l'aéroport.
— Qu'est-ce qu'on fait là ? s'inquiète-t-il quand je m'arrête devant la boutique.
— Tu veux coder sans ordinateur ? Ou alors tu préfères aller sur un ordinateur public, c'est vrai que c'est discret vu que je devrais me connecter à l'ordinateur, personne ne risquera de remarquer quoi que ce soit.
— C'est vrai... je n'avais pas pensé à ça...
— J'avais bien remarqué, mais ne t'en fait pas, je ne vais pas t'en vouloir pour si peu. Aller vient, on n'a pas un temps infini et ça va être long à faire de me remettre bien mon programme.
Je l'entraîne dans la boutique où je choisis l'ordinateur le plus performant possible, prenant garde de garder la même marque que celui auquel il est habitué, ça nous fera gagner du temps qu'il n'ait pas à s'y habituer. Nous l'achetons sans hésiter, nous n'avons pas le choix, même s'il nous servira juste à rectifier mon programme. Puis nous sortons du magasin et je nous emmène jusqu'à un entrepôt vide et à vendre que j'ai repéré sur internet où nous pourrons nous cacher et avoir de l'électricité. Elijah ne s'étonne pas que nous allions ici, ayant sûrement décidé de me laisser faire puisqu'il a déjà dû remarquer que je gérais la situation. Il ne dit rien non plus quand je force la serrure, il a juste un sifflement admiratif en voyant que je le fais non seulement super facilement, mais qu'en plus, je l'ouvre en un temps record. Je le laisse alors rentré en premier et je referme derrière nous, mais pas à clef pour pouvoir fuir vite si quelqu'un nous repère.
Nous nous installons dans un coin invisible depuis la rue et une fois que j'ai allumé et installé sur l'ordinateur un logiciel de programmation, j'y dépose une copie de tout mon programme avant de lui confier l'ordinateur. Je lui indique alors toutes les lignes de code à modifier, à supprimer ou juste à remplacer, veillant bien à ne laisser aucune erreur et faisant aussi attention à ce qu'il ne se trompe pas dans le codage. La moindre faute peut en entraîner beaucoup d'autres sur un programme aussi long que le mien, inutile d'augmenter le risque d'échec, il est déjà bien assez élevé comme ça.
Par sécurité, je surveille aussi la caméra de la rue et celle du projet RONII afin d'éviter de me faire prendre. Je regrette d'ailleurs qu'il n'y ait pas de micro, puisque dans l'immeuble du projet RONII, c'est la panique complète et je ne peux pas lire sur toutes les lèvres, même si je le fais au maximum, ce qui ne m'apporte que très peu d'information d'ailleurs. C'est presque décevant, mais vu que les membres les plus influents veillent à toujours parler dos aux caméras, je me doute bien que je rate des informations clefs, peut-être même des plans contre moi.
Mais je sens bien qu'ils ne vont pas laisser tomber aussi facilement, je suis bien trop importante pour qu'ils abandonnent aussi vite une invention comme moi, c'est presque impossible à reproduire à l'identique et ça prendrait de toute façon des années.
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