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Le pauvre, je ne suis pas sympa avec lui, je le force à m'en parler alors que j'entends bien à sa voix que c'est dur pour lui. Mais pour ma défense, j'avais besoin de comprendre et maintenant au moins, je comprends beaucoup mieux, parce qu'il faut avouer que le changement n'est pas tout à fait logique lorsqu'on ne connaît pas le contexte.
— Du coup, tu as changé de fac et bien sûr, tu as choisi Berkeley, la suite de l'histoire, je la connais. Autre question, pourquoi exactement t'es-tu intéressé à moi ? Surtout dès le premier jour, tu n'es pas arrivé dans l'état depuis deux mois et tu as tout de suite agressé la seule fille qu'il ne fallait pas.
— Je ne t'ai pas agressé ! conteste-t-il sans même réfléchir.
— Un peu quand même. Et quoi qu'il en soit, tu as tout de suite décidé de venir me parler et tu n'as même pas demandé de l'aide à qui que ce soit d'autre dans notre promo.
— As-tu rien qu'un peu conscience que tu es vachement intrigante ? Même quand on ne te connaît pas ? Je peux aussi te demander pourquoi tu as agressé ce pauvre prof dès le premier jour ! Si tu ne veux pas être remarqué, fais-toi beaucoup plus discrète.
— Moi, pas discrète ? Jamais de la vie, absolument jamais. Même en y repensant, je ne peux pas y croire, je ne suis pas du tout la seule élève de la classe à s'être fait interroger dès le premier jour.
— Justement, c'est bien ce que je dis, comment voulais-tu que je ne te remarque pas, en plus, tu es quand même vraiment original.
— Je te l'accorde. Mais pourquoi n'as-tu demandé à personne d'autre de te faire visiter le campus ?
— Tu es la seule dont j'ai retenu le prénom, je ne sais pas si tu as remarqué, mais peu d'élèves ont été interpellés par le prof à cause d'une faute de frappe imaginaire dans leur prénom.
— C'est vrai que pour un premier jour, j'ai fait très fort, peut-être même trop fort, remarqué-je en rigolant, je suis définitivement de plus en plus détendue avec lui, c'est presque perturbant. Et qu'est-ce qui t'a fait penser que je n'étais pas normale, voire inhumaine ?
— J'ai le droit à un interrogatoire en bonne et due forme ?
— Parce que toi, tu ne m'as pas du tout fait subir la même chose ?
J'avoue que je n'ai pas répondu à toutes ses questions, mais c'est certain qu'il m'en a posé beaucoup. Et je ne veux pas dire, aucune de ses réponses n'a de raison d'être confidentielle contrairement aux miennes.
— Oui, mais toi... hésite-t-il comme s'il était en train de réagir que sa réponse n'est peut-être pas idéale.
Je ne suis pas gentille, mais il ne va sûrement pas s'en tirer ainsi, il n'avait qu'à pas se plaindre de mes questions.
— Mais moi quoi ? Moi ce n'est pas pareil ? Méfie-toi de ta réponse.
— J'allais dire que ce n'est pas pareil, mais non enfaîte, c'est exactement la même chose... Désolé.
Il est bien dressé ce gars-là, c'est bien, on progresse de plus en plus.
— Du coup, à partir de quand exactement as-tu commencé à me trouver étrange ? insisté-je tenant particulièrement à ma réponse.
— Honnêtement, je n'en ai pas la moindre idée, je t'ai trouvé particulièrement intelligente quand tu as répondu au prof par rapport à cette histoire de soleil. Tu étais en train de faire quoi d'ailleurs avant qu'il t'interroge ? Parce qu'honnêtement, ton attitude n'était sûrement pas normale, on aurait presque pu croire que tu dormais.
Wow, wow, wow, un instant, d'où il m'a vue en fait. Il est sérieusement en train de me dire qu'il m'a regardée avant que monsieur Metoyer m'interroge ? Mais c'est une blague ? Depuis le début, il ne fait que de se foutre de ma gueule, c'est complètement inconsciemment, mais il se fout royalement de moi.
— Mais à quel moment tu m'as regardé ? demandé-je encore étonnée, ne comprenant pas comment j'ai pu être assez stupide pour ne pas repasser tout le cours pour voir s'il avait tourné la tête vers moi.
J'étais à deux doigts de vérifier par moi-même avec les images de « surveillance » que j'ai toujours en mémoire, mais un peu d'honnêteté dans ce bas monde, il devrait quand même être capable de me répondre sans que je revoie les vidéos auxquelles je n'avais absolument pas prêté attention.
— Franchement, je crois que toute la classe t'a regardé à un moment ou un autre, c'est pour ça que le prof t'a interrogé, tout le monde était obnubilé, fasciné même, les autres n'écoutaient même plus vraiment le prof. Je ne sais pas si tu en as conscience, mais tu as un drôle d'effet sur les personnes, tout le monde a tendance à te regarder, je suis juste le seul con qui ose venir te parler, parce que sérieusement, tu fais presque peur, même les profs ont un certain respect pour toi.
OK, je veux bien avouer que tout le monde a tendance à me regarder, c'est aussi quelque chose que j'ai remarqué, mais ça m'étonnerait que ce soit beaucoup plus que la moyenne. Sinon j'ai vraiment raté quelque chose, ce qui, en soi, ne serait pas si surprenant vu ce qu'il est en train de me raconter. J'ai presque l'impression que j'ai loupé toute une partie du cours de monsieur Metoyer le premier jour, à croire que je n'étais pas vraiment sur place, alors que si.
Je n'aurai jamais cru que je puisse être assez occupée pour paraître absente aux yeux des personnes alentour. J'ai même du mal à le comprendre, comment un robot aussi sophistiqué que moi peut aussi s'avérer très peu attentif ? Pourtant, je dois bien avouer qu'il a raison, je suis en train de revoir, ou plutôt de regarder, en accélérer ce que mes yeux voyaient le 22 août de dix heures à midi et tous les élèves se sont tourné vers moi un à un. Je n'ai strictement rien capté avant, ça commence presque à être effrayant. Surtout que je fais ça très régulièrement, à presque tous les cours académiques, si tout le monde me regarde autant à chaque fois, je comprends beaucoup mieux ce qu'Elijah dit en prétendant que tout le monde me regarde.
— Et ça arrive souvent ce genre de chose ?
— Je ne dirai pas souvent, mais de temps à autre, là, c'était particulièrement fort, normalement, tu sembles seulement dans la lune, mais je crois que là, tu n'avais vraiment pas envie de faire semblant d'écouter le cours.
Je crois que maintenant je vais faire plus attention, parce que là, ça, ce n'est pas possible que je me fasse autant remarquer à l'avenir. La preuve, le résultat est devant moi, ce n'est pas tolérable qu'une telle situation se réitère, j'ai déjà eu de la chance qu'Elijah soit assez intelligent pour ne parler à personne de ce que je suis, je doute fortement d'avoir une chance pareille une deuxième fois.
— Tu es certain ? Je ne me suis jamais fait remarquer autant à un autre moment ? insisté-je sachant bien que quoi qu'il me réponde, je vais passer mes prochaines nuits à vérifier par moi-même tous les enregistrements de cours.
— Absolument, je t'ai regardé de temps en temps et ça ne l'a jamais fait aussi fort, aussi, il faut avouer que les élèves n'avaient pas grand-chose à faire d'autre que de te regarder vu l'intérêt de ce cours. Du coup, tu ne m'as toujours pas dit ce que tu faisais pour être aussi hors de la réalité.
— Je regardais un match de basket et j'écoutais une conférence de presse.
Il essaye de se retenir de rire quelques instants, mais ça ne tient pas longtemps, il finit par exploser de rire.
— Un match entre les Chicago Bulls et les Celtiques de Boston et une conférence de presse du Premier ministre britannique, insisté-je juste pour le faire rire un peu plus, ce qui réussit même très bien.
— Je comprends tout de suite beaucoup mieux pourquoi tu étais si peu attentive, le mystère est enfin résolu ! s'amuse-t-il tout naturellement. Tu as vraiment un problème avec le basket !
C'est vrai que ce jour-là, j'avais fait particulièrement fort, mais c'est entièrement sa faute, s'il existait un peu plus virtuellement, je n'aurai pas été autant frustrer. Du coup, c'est sa faute s'il m'a remarquée aussi vite, je suis vraiment à deux doigts de l'accuser complètement sur ce point.
— Pas forcément, mais j'aime bien, c'est plutôt agréable comme sport, ma sœur en fait beaucoup et moi aussi par la même occasion.
— Ça aussi c'était dans tes instructions ?
Normalement, c'est moi qui pose les questions, pas lui, mais je suis vraiment en train de perdre petit à petit mon temps de paroles.
— Tu as beaucoup vu de peinture de la révolution italienne représentant un match de basket ? Bien sûr que ce n'était pas dans mes instructions, mais je te répète que j'ai assez de pouvoir sur mes pensées pour avoir l'opportunité d'évoluer. Sinon, à quel moment, tu as commencé à penser que je ne suis pas humaine ? ajouté-je en revenant au sujet de base.
J'insiste peut-être beaucoup sur ce point, mais c'est vraiment important que je sache mes erreurs pour éviter de les reproduire.
— Alors là... C'est beaucoup plus difficile comme questions, je ne sais pas trop quand j'ai commencé à te soupçonner de ne pas être humaine... Tu m'as intrigué dès le début, mais j'ai commencé à trouver qu'il y avait quelque chose d'étrange quand tu m'as appelé Phœnix, ici, je ne suis censé connaître personne et je ne t'ai jamais vu de ma vie, pourtant tu connais mon Death name. Enfin, c'est vraiment un tout enfaîte. Ta sœur aussi, elle n'est pas adoptée, mais elle est à peine plus jeune que toi, c'est étrange. Et la haine que tu me portais sans raison, enfin c'est vraiment un tout, je n'ai pas d'explications plus précises, c'est vraiment, plus je te portais de l'attention, moins j'étais certain que tu sois humaine, je suis désolé si cette réponse ce ne convient pas.
— Tu as quand même vraiment un problème avec moi, pourtant il n'y a pas de vraie raison, je suis peut-être particulière, mais pas à ce point, si ? À t'entendre, j'ai presque l'impression que je t'obsède.
Je reconnais que je devine la raison de cette obsession, mais je ne veux ni la reconnaître, ni lui faire croire qu'il y a peut-être moyen. J'en viens même à espérer que je n'interprète pas correctement les signes et que je fasse complètement fausse route, n'importe quelle autre raison serait beaucoup plus simple à gérer.
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