11101 (29.2)
Évidemment, je n'ai toujours pas de plan pour faire passer Elijah pour mort, sans communiquer avec lui, tout en lui tirant dessus, ne lui faire pas de mal durablement et en arrivant à le maintenir en vie suffisamment longtemps pour que les secours arrivent, le tout sans le soigner et en restant crédible. Bonne chance à moi. J'ai plusieurs solutions en tête, mais le risque de coma, d'hémorragie interne, de morts et de séquelles irréversibles est toujours trop élevé.
Je me doutais bien que je n'aurais pas dû les provoquer... C'est évident qu'ils allaient me demander ça à un moment ou un autre... ils n'allaient pas non plus me laisser faire un massacre sans tenter de me pousser à la faute... Mais déjà, j'ai une réponse, c'est presque bon signe, au moins, ils ne sont pas complètement passifs, peut-être que finalement je vais pouvoir en tirer quelque chose. Peut-être même que je vais réussir à faire venir Cali jusqu'à moi et comme ça, je pourrais peut-être espérer la forcer à me permettre de fuir. Peut-être que tout n'est pas complètement perdu après tout.
— Ose venir me dire ça en face. Ose répéter ça en me regardant droit dans les yeux. Ose venir me défier.
Après tout, la provocation peut fonctionner dans les deux sens, peut-être qu'en touchant son ego, je vais au moins pouvoir entamer une certaine discussion, même si je ne la pense pas suffisamment idiote pour venir. Et dans tous les cas, je suis déjà dans une position très risquée, à tout moment, elle peut complètement déraper et échapper à mon contrôle. J'ai d'ailleurs bien l'impression qu'Elijah n'a absolument pas confiance en moi, il doit déjà être en train de se voir mourir incessamment sous peu...
J'attends un retour qui ne vient pas... Pour l'instant, je ne peux rien faire, je suis bloquée, je ne peux pas tirer sur qui que ce soit, ce qui est presque une bonne nouvelle pour moi, même si ça me handicape clairement. Parce que je suis incapable de tirer sur Elijah et je sais très bien que je perdrai toute crédibilité si je tire sur quelqu'un d'autre. Je suis tout bonnement dans une impasse et tant que je n'ai aucun retour, je n'ai aucun moyen d'en sortir, je suis complètement coincée.
Heureusement pour moi, je ne suis pas obligée de trancher entre perdre ma crédibilité et tuer la personne que j'aime, même si dans les faits, il n'y a pas vraiment de choix ni même d'hésitation. Apparemment, j'ai de la chance puisque Cali a l'air d'avoir suffisamment de fierté pour sortir de son bureau, comme je le découvre sur les caméras de surveillance. Elle a peut-être autre chose derrière la tête, mais au moins, elle vient à moi, peut-être que comme ça, les chances seront un peu mieux réparties.
Elle prend l'ascenseur seule et doit descendre les étages, mais je ne peux en être sûre puisque je n'ai aucun visuel. Je vérifie juste qu'elle ne prenne pas de renfort en cours de route, mais ça n'a pas l'air d'être le cas. Quand elle sort de l'ascenseur, je baisse mon bras, pour tenter de la mettre en confiance au maximum. Même si elle ne doit pas être suffisamment bête pour se laisser avoir si facilement, mais peut-être qu'avec un peu de bol, si je ne me montre pas agressive, elle ne le sera pas non plus. Ça ne me coûte rien d'essayer de toute façon, puisque même si elle tente de faire quelque chose, je serais toujours plus réactive qu'elle.
— Tue-le, ordonne Cali lorsqu'elle est suffisamment proche de moi pour m'entendre et voir ce que je fais. Tue-le si tu en as le courage.
— Donne-moi une seule bonne raison de le faire et je le ferais.
Ronii ou comment jouer la vie de son copain à pile ou face. À tout moment, Cali peut me promettre que si je le tue, elle me libère.
— Ronii... murmure Elijah presque suppliant.
Il n'a quand même pas beaucoup foi en moi franchement. Il croit vraiment que je compte le tuer ? Vive la confiance, à croire que je suis réellement agressive. Bon, c'est un peu vrai, mais quand même, je ne compte pas le tuer. Et après tout, je ne contrôle pas vraiment la situation, il y a peut-être quelques petits réglages à faire pour que ce soit au point.
— Tu pourras partir juste après.
Qu'est-ce que j'avais dit ? Mais c'est vrai que c'est une proposition tentante, ça me fait presque hésiter. Je rigole bien sûr. Pauvre Elijah, je lui avais pourtant bien dit qu'il n'avait pas choisi la bonne copine.
— C'est ce que tu appelles une bonne raison ? Elijah est mon unique raison de fuir, sans lui, je serais encore en train de récupérer des informations. Alors s'il y a bien une personne qu'il ne faut pas éliminer pour que cet immeuble ne finisse pas en boucherie pour que j'obtienne toutes les informations que je veux, c'est bien lui. Dois-je rappeler que vous m'avez codé pour me défendre, mais que je peux très bien torturer au besoin grâce à l'incommensurablement banque de données que je possède ? Je suis sûre que je ferais une très bonne tortionnaire, après tout, je n'ai pas besoin de me reposer, ça peut s'avérer très utile.
Je ne suis pas sûre d'avoir actuellement le cran pour transformer cet endroit en boucherie, mais si jamais ils avaient la bonne idée de s'en prendre à Elijah, j'en serais sûrement capable. C'est d'ailleurs dommage que je n'aie pas pensé à cette option avant, ça aurait peut-être pu m'éviter de descendre sauver Elijah et de mettre un terme à mon entretien avec Cali vu comme elle est en train de déglutir avec la peur se lisant dans ses yeux, ça aurait sans doute marché en plus. Mais bon, c'est comme l'option de la menace, je ne sais pas si j'aurais osé jouer avec la vie d'Elijah comme ça.
— Posez vos armes, affirme-t-elle alors aux gardes en se retournant presque vers eux.
Apparemment, elle me fait suffisamment confiance pour me tourner le dos. Mais ce n'est pas vraiment de l'inconscience puisque c'est l'une des personnes qui doit connaître le plus d'information, ce ne sera pas la première que je tuerais.
Les hommes obéissent et posent à terre deux armes chacun, décidément, ils étaient lourdement armés et prêts à toute éventualité. Finalement, ils n'étaient pas si mal préparés que ça, j'aurais peut-être dû m'en méfier un peu plus.
— Pourquoi devrais-je te laisser partir ? Parce que c'est bien marrant tout ça, mais je n'ai nullement l'intention de te regarder fuir.
— L'intention que vous avez, je n'en ai vraiment rien à faire, surtout que le choix ne vous appartient pas vraiment, après tout, c'est moi qui détiens les armes, alors en toute logique vous feriez mieux de m'obéir. Mais bon, après, c'est vos vies, pas la mienne qui est en jeu.
— Et moi qu'est-ce que je gagne en te laissant partir ? Boucherie ou non, c'est moi qui donne les ordres et qui détiens les informations, tu me tueras dans les derniers, alors pourquoi devrais-je t'obéir maintenant ? Dans le bâtiment, il n'y a personne auxquelles je tiens, tu peux les tuer, je n'en ai rien à faire.
J'espère que c'est du bluff, ce serait complètement horrible de penser ça, surtout qu'il y a des personnes avec lesquelles elle travaille depuis plus de vingt ans. Sa santé mentale m'inquiéterait très sérieusement si elle n'en avait rien à faire que je massacre tout le monde sauf elle. Le hic, c'est que je ne détecte pas de mensonge, alors c'est mauvais signe. Nouveau plan, on va tenter une autre méthode, ça ne fera pas de mal et ça peut facilement être bien plus rapide, même si elle n'est pas très fair-play vu que je n'ai rien prévenu, mais à un certain stade, dans les situations exceptionnelles, c'est presque autorisé.
— Qui a parlé de tuer ? demandé-je en lui tirant dans la jambe.
Je crois qu'à force de jouer au psychopathe, je commence à avoir des idées de psychopathe. Dans la situation actuelle, ce n'est pas plus mal, mais ma capacité d'adaptation m'inquiète quand même un peu.
Même si la balle a seulement touché la cuisse, elle s'effondre au sol. Elle n'a pas à se plaindre, je n'ai pas visé l'os et je ne lui ai pas explosé la jambe en mille morceaux... C'est juste la prochaine étape. Mais ça se voit clairement qu'elle souffre vu comme elle se tient la jambe en se retenant de crier, ayant sans doute encore trop de fierté pour le faire. Même si elle doit se sentir un peu humilier, je le vois lorsqu'elle lève les yeux vers moi, choquée par ce que je viens de commettre comme si pour une seule et unique fois, j'avais fait quelque chose d'imprévu.
— Ouvrez-lui, ordonne-t-elle presque d'une voix suffocante à cause du choc émotionnel et physique causé par sa blessure.
Elle a cédé bien plus vite que ce que je pensais, elle devait déjà commencer à hésiter avant que je lui tire dessus, mais ce n'est pas plus mal comme ça, au moins, ça a été plus rapide. Par contre, j'ai dû rater le fait qu'elle porte un micro ou un dispositif du genre puisque malgré sa petite voix, quelqu'un lui obéit et les portes s'ouvrent automatiquement, me laissant enfin sortir. Maintenant, je vais pouvoir entamer de nouvelle recherche loin de ce bâtiment de malheur, là-bas, je n'aurais plus à m'inquiéter pour ma sécurité et j'aurais beaucoup moins de chance de me faire pirater, c'est d'autant mieux. J'entraîne Elijah dans la rue sans le lâcher, mais dès que nous sommes mêlés à la foule et un peu éloignés de l'immeuble, je le lâche et m'arrête.
— Tiens, tu prends ça, déclaré-je en lui tendant ma carte de crédit. Le code, c'est trente et un zéro sept, tu te payes l'essence, le psy, les amendes, j'en ai rien à foutre, mais tu te barres et tu retournes à Berkeley, tu m'as assez causé de problème comme ça, inutile que tu te mettes encore plus en danger.
À peine ai-je fini ma phrase que je commence à partir loin de lui, les armes que j'ai volées à la main. Je ne lui en veux pas d'être un traître, je ne suis même pas sûre que s'en soit vraiment un, mais je suis un peu en colère d'avoir été obligée de le sortir de là, il faut bien l'avouer. Et maintenant, je préférerais être seule pour continuer mes recherches sans avoir à protéger ses arrières en plus des miennes.
— Ronii ! m'appelle-t-il en me voyant m'éloigner de lui. Ne pars pas ! Laisse-moi au moins t'aider !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top