111 (7.1)
Je me retrouve donc ce soir à de nouveau attendre devant la porte de chez les Stone en sonnant. Cette fois, ce n'est pas Charlotte qui m'ouvre, mais la cadette, Madison, dont je ne connaissais pas l'existence, ne m'étant pas renseignée du tout sur la famille. C'est d'ailleurs assez étonnant qu'elle soit là avec son frère et sa sœur et qu'elle ne soit pas avec leurs parents, après tout, elle n'a que seize ans et elle est encore au lycée. Il faut absolument que je me renseigne sur la famille pour mieux comprendre, mais pas tout de suite, je le ferai en rentrant. J'ai déjà été assez stupide de ne pas le faire trois fois plus tôt, maintenant, nous ne sommes plus à deux heures près.
— Tu viens voir Elijah ? demande la jeune fille, étonnement venimeuse pour son âge, j'espère que c'est son frère qui l'a briffé et non son vrai tempérament.
— C'est ça.
— Il t'attend dans le salon, première à gauche.
Je vais dans la pièce qu'elle m'a dit où se trouve bel et bien Elijah et son ordinateur, à côté duquel est posée une clef USB.
S'il n'est rien qu'un peu intelligent, c'est sur cette clef que se trouvent ses plans terroristes, c'est l'endroit le plus malin pour les mettre et ça ne laisse presque aucune trace. Ça expliquerait peut-être pourquoi je n'ai rien trouvé, alors qu'il n'a pas non plus de carnet de notes. Par contre, hier, je n'ai vu aucune clef USB en fouillant sa chambre, c'est très mauvais signe. Pourtant, je suis formelle, il me faut absolument cette clef et je dois savoir s'il y en a d'autres.
— On se met au travail ? l'interrogé-je directement, ne voulant surtout pas perdre de temps.
Je m'installe à côté de lui, sur le canapé, le plus proche possible de la clef USB, peut-être que je pourrais récupérer l'objet discrètement, au moins quelques secondes. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour découvrir son secret ?
— Alors... Les intégrales... On fait le plan aujourd'hui, c'est ça ? vérifie-t-il. Et après on rédige... Je t'ai déjà dit que j'étais nul pour les thèses ? Ce n'est pas mon truc.
Ton truc, ce sont plutôt les attentats à la bombe ou au fusil ? Simple curiosité bien sûr, c'est qu'il me semble que ça n'a aucun rapport avec les cours. À moins que justement si et que ton truc, c'est de te rapprocher discrètement d'une fille, avec en plus des fausses excuses et que par le plus grand des hasards, cette personne soit le robot le plus puissant au monde et qu'il soit tenu secret défense ? Ça peut être pas mal aussi comme plan, après tout, tu es bon en informatique et nécessairement en programme et en virus. Pas assez malheureusement, sinon je ne prendrai pas le risque d'être là actuellement.
Mais n'étant pas certaine que ce soit ça ses véritables intentions, je ne lui jette pas à la figure, je le découvrirai bien assez tôt et surtout sans dévoiler mes propres secrets.
— Pas grave, si tu bosses assez pour le reste, j'accepte de faire la rédaction, accepté-je de bon cœur, la bonne blague, évidemment, j'ai une idée en tête.
Je sors les feuilles de notes que j'ai prises la fois d'avant où j'ai eu l'intelligence d'écrire parfaitement bien et lisiblement, comme ça, je peux lui montrer pour lui rafraîchir la mémoire.
— Tiens, si tu veux voir ce que j'ai noté la fois d'avant.
Je ne le prends pas pour un idiot, pas tout à faire, mais au moins, ça à l'avantage de l'occuper et de focaliser son attention sur autre chose. Du coup, pendant qu'il est occupé à lire l'une de mes pages, je peux prendre discrètement la clef USB, que je positionne dans ma pomme de main de manière à ce qu'elle soit connectée à moi, mais invisible. Comme ça, je peux faire le transfert tranquillement et ça ne devrait pas être long. Bien que... Vu la taille, je n'irai pas jusqu'à le parier, il a une clef USB de deux tétras octets ! Je ne sais même pas d'où il la sort, il y a pourtant très peu de modèles qui peuvent avoir une telle mémoire.
En plus, elle est quasiment pleine, ce n'est même pas étonnant qu'il n'ait besoin que d'une seule et unique clef, rien que celle-ci suffit à loger tout ce que contient son ordinateur sans se restreindre et en rajoutant encore des choses ! Là, cette fois, je suis certaine d'avoir trouvé le filon, il va juste me falloir cinq ou six minutes pour tout récupérer, ce qui peut s'avérer embêtant. Reste plus qu'à espérer qu'il ne se rende pas compte de la disparition trop vite, histoire que j'ai le temps de tout prendre, sinon je ne sais pas comment je vais bien pouvoir gagner du temps.
— Alors... Du coup, là, on a presque le plan alors on va pouvoir passer à la rédaction, à ton avis, il vaut mieux qu'on écrive à deux, genre tu me dictes et j'écris ou qu'on écrive chacun de notre côté une partie de la thèse.
— Chacun de son côté, ce sera plus simple, j'ai pris mon ordi en plus, comme ça, on pourra mettre en commun les documents de texte.
Maintenant, il faut que je me débrouille pour installer mon ordinateur sans qu'il n'ait l'occasion de voir la clef, ça va être marrant, je le sens bien... Heureusement, que je suis assez habille, mais quand même... Franchement, avec n'importe qui d'autre, j'aurai dicté, mais là, vraiment, c'est au-delà de mes forces.
— OK, alors il me faut ma clef...
Sérieusement ? Ça ne fait même pas une minute et il s'en est déjà rendu compte... Je ne suis pas dans la merde, je n'en suis même pas encore à vingt pour cent...
— Où est-ce que je l'ai foutu encore ? J'étais persuadé de l'avoir descendu pourtant... Je te laisse deux secondes, j'ai laissé ma clef USB là-haut, je reviens tout de suite.
Oh yes, j'avais oublié ce détail, il est complètement bordélique ! Avec un peu de chance, il va prendre deux/trois minutes à chercher avant de conclure qu'il l'a pommé et je n'aurai qu'à la mettre un à endroit improbable du salon, ça devrait passer. En attendant, pour avoir une excuse de ne pas déjà commencer à bosser, je fais faire cinq mises à jour à mon ordinateur, ça devrait l'occuper quatre minutes au moins, il a beau être rapide, pas assez pour être une couverture pourrie. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour récupérer des informations ? Apparemment en ce moment, je suis prête à tout ou presque. Finalement, ce n'est pas plus mal d'avoir ce fichu travail à faire avec lui, au moins c'est l'occasion de savoir ce qu'il a comme problème.
J'ai une sacrée vaine, il est vraiment définitivement bordélique, il passe largement trois minutes dans sa chambre à fouiller avant de redescendre, ne semblant pas comprendre ce qu'il en a fait. Je n'aurai jamais cru qu'être désorganisé au possible puisse être une qualité, mais vraiment dans ma situation, c'est la plus grande qualité au monde.
— Bon, je ne sais pas ce que j'ai foutu de ma clef USB, je la chercherai plus tard, parce que sinon, on ne va jamais se mettre au travail.
Le pauvre quand même, il avait anticipé et tout et je lui pique sa clef, j'aurai presque pitié pour lui... Non, quand même pas, il ne faut pas déconner non plus. Je suis même à deux doigts de me foutre de lui.
— Tu préfères faire quoi comme partie plutôt l'invention ou la résolution ? demande-t-il en s'installant devant son ordinateur.
— C'est très raccourci ça, tu sais
— Propose de meilleures appellations alors, parce que moi, je n'en ai pas de mieux en stock.
C'est vraiment étonnant que je ne l'aie pas déjà tué depuis longtemps. Il a de la chance, il faudrait qu'il en ait conscience. Là, tout de suite, maintenant, malheureusement, il y a des témoins, j'entends deux cœurs battre à l'étage, ce serait con de fait une grosse série de meurtres alors qu'il n'y a qu'un seul coupable.
— Je m'occupe des démonstrations et tu parles de l'histoire, pour le reste, on verra, de toute manière, on n'aura pas le temps de tout faire aujourd'hui. Et il faudra forcément y revenir, alors on le fait comme on le sent et on reviendra dessus plus tard.
— Moi qui croyais que tu étais pointeuse et organisée, voilà que je me fourre le doigt dans l'œil, rigole-t-il définitivement trop horripilant pour moi.
— C'est une thèse, ça se fait en trois fois avec deux brouillons, pour l'instant, nous n'en sommes qu'au début.
Il me regarde comme pour vérifier que je suis sérieuse et semble conclure que oui, vu comme ses yeux retranscrivent très clairement le regret de ses paroles. Dans les faits, je n'ai pas besoin de plusieurs étapes comme ça, mais si j'étais humaine, sûrement que si. En attendant, de manière remarquablement calculée, mon ordinateur s'allume et le transfert de la clef USB se finit, seul l'un des deux n'était pas de mon ressort. Dans l'absence d'une meilleure idée, je sors ma souris de mon sac et je pose l'objet du crime sous la table de salon, il la retrouvera bien assez tôt.
Je me mets alors au travail, motiver à avancer sur ce fichu projet, plus vite il sera fini, mieux ce sera. Malheureusement, je n'avais jamais remarqué à quel point c'est long comme connerie ! Aussi, je n'ai jamais besoin de taper au clavier, mais quand même, nous travaillions trois putains d'heures et nous n'avons même pas encore fini le premier brouillon... Ma patience va avoir d'énormes limites. Et en plus, il va quand même falloir que nous nous voyions régulièrement, peut-être même le week-end pour être dans les temps.
— On se revoit demain ? me demande-t-il au moment où j'allais partir.
— Il faut bien, on se retrouve après les cours de toute manière ?
— Euh oui... pas de problème, par contre, est-ce qu'on pourrait aller chez toi plutôt ? Ma sœur fête son anniversaire et je ne veux pas être dans ses pâtes...
Bah non enfaîte, je dois déjà te supporter, je ne vais pas en plus t'inviter chez moi.
Malheureusement, je n'ai pas vraiment le choix, je suis presque obligée d'accepter. Horreur, malheur. Tant pis pour moi.
— S'il faut, on peut, ça ne change pas grand-chose après tout.
Juste, je n'ai pas envie que tu saches où j'habite, mais à part ça, ça ne change rien. Je me demande presque si je pourrai louer une maison fictive, ça pourrait être pas mal après tout. Mais je ne vais quand même pas dépenser de l'argent pour lui et le temps que je trouve quelque chose de convenable, je ne pourrai pas lui donner l'adresse, ce qui serait carrément étrange vu comme il s'y prend en avance pour me prévenir. Résignée, je sors donc une feuille et je lui écris la mienne, tant pis, il saura où j'habite...
— Tiens, ce sera plus simple avec ça.
— Merci bien, à demain alors.
— Ouais, c'est ça, à demain.
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