11011 (27.2)
Malgré tout, je tape quand même les dix chiffres suivants et les balles viennent se placer dans la réserve... maintenant, il ne manque plus que dix nombres et je pourrais tirer d'une simple pensée. Je compose les neuf numéros suivants, mais je garde le dernier en réserve et je ne le tape pas... Juste au cas où encore une fois, parce que normalement je tire avec la pensée, mais je ne préfère pas dégoupiller une arme chargée, simple mesure de précaution, si jamais j'ai des dysfonctionnements par rapport à ça, je ne préfère pas prendre le moindre risque.
Après une toute dernière inspiration, presque par réflexe, je me gare et sors de la voiture, avant de me frayer un chemin à travers la foule dans la rue et accéder à l'entrée de l'immeuble. J'hésite encore quelques instants avant de rentrer, ayant très bien conscience qu'une fois à l'intérieur, je n'aurais peut-être plus le moyen de faire demi-tour. Par sécurité, je plie légèrement le coude avec le poignet perpendiculaire au sol, ce n'est pas naturel, mais au moins c'est la position parfaite pour tirer et si jamais quelqu'un surveille les caméras de surveillances, il ne manquera pas d'être alerté. Je ne sais pas ce qu'ils interpréteront, mais j'espère qu'ils comprendront que je suis prête à tuer au besoin et que je n'hésiterais sans doute pas. Je considère presque ça comme un avertissement, peut-être mué et inutile, mais un avertissement quand même.
Si Cali a pris le risque de placer quelqu'un en surveillance des caméras, même si ça me fournirait un moyen d'avoir accès aux images. Soit, la personne n'a pas été débriefée complètement sur la situation et n'a donc pas conscience de l'importance de mon geste. Soit, elle n'a pas de moyens d'avertir les gardes et peut seulement prévenir le reste des personnes dans le bâtiment du danger, ce qui serait quand même un peu idiot. Ce qui est sûr, c'est que les vigiles postés près des ascenseurs et des escaliers sont surpris de me voir entrer et ne paraisse pas savoir quoi faire. Ils ne sont apparemment pas bien préparés et s'attendaient sans doute à me voir arriver un peu plus tard vu que je suis en avance par rapport à l'heure du rendez-vous.
Et en toute logique, ils ne sont pas non plus censés être ici, parce que là, question effet de surprise, c'est un peu nul et je pourrais très bien fuir en les voyant, ils ne pourraient alors rien faire. Enfin si c'était prévu comme ça, leur plan contre moi est légèrement foireux et clairement mal préparé, ce qui serait rassurant, même si ce serait aussi très étonnant. Sauf s'ils voulaient justement que je sois informée de tous en prévoyant ma ferme intention d'atteindre les bureaux... au fond, c'est possible aussi...
C'est compliqué de prédire leur véritable plan, ça me laisse complètement dans le flou du coup, c'est assez énervant. Je n'arrive même pas à savoir si je suis en train de me faire manipuler en suivant inconsciemment leur plan à la lettre ou si je suis en train de les prendre aux dépourvues en ne faisant rien ou presque comme ils l'avaient prévu...
Dans le doute, par sécurité, j'appuie sur le dernier chiffre, retirant ainsi la détente de mon arme, après tout, je ne compte pas fuir en faisant demi-tour, mais plutôt foncer dans le tas. Je ne veux pas la bagarre ni tuer qui que ce soit, mais s'il faut en arriver jusque-là pour atteindre mes objectifs, je le ferais sans hésiter, surtout si ça m'évite de me faire pirater. Malgré tout, avant de foncer tête baissée, j'analyse quand même rapidement la situation et les gardes du corps pour tenter de trouver des failles exploitables sans pour autant gaspiller des balles et des vies.
Comme je le savais déjà, il y a douze gardes, qui avancent d'un mouvement commun vers moi après s'être mis d'accord d'un coup d'œil. Ils sont presque en demi-cercle, protégeant ainsi les ascenseurs même s'ils n'ont pas trop l'air de savoir ce qu'ils doivent faire exactement. Et a priori, ils portent tous un gilet pare-balles, au moins Cali a eu la générosité de les protéger rien qu'un peu, c'est déjà ça. Mais, elle n'a pas dû les débriefer complètement puisque l'un d'entre eux sort son arme par peur quand il doit commencer à me trouver beaucoup trop proche de lui. Surtout que malgré le « mur » face à moi, je continue d'avancer sans même laisser paraître la moindre hésitation.
N'ayant pas du tout peur, je continue ma progression, sachant d'avance que je ne risque rien. Même si certains métaux peuvent me blesser, Cali n'aurait pas pris le risque d'en fournir aux gardes juste pour protéger une simple entrée. Leur but n'est sûrement pas de me détruire, ça leur coûterait beaucoup trop cher de devoir me réparer. En plus, j'ai beaucoup trop de produit chimique et de composant électrique pour que l'équipe du projet RONII ose gâcher le travail d'une vie pour uniquement me retenir quelques secondes, sans parler des risques qu'ils courent tous si jamais une des munitions atteint un point critique.
Par contre, en ne craignant pas d'avancer, je fous la frousse à tous les gardes qui sortent à leur tour leur arme. Je soupire, je ne comprends même pas pourquoi Cali leur a laissé en avoir une, c'est complètement idiot et risqué, c'est un coup à ce qu'ils se blessent tout seuls comme des grands avec un ricochet de balle. Je fais à peine quelques pas de plus et l'un d'eux me tire dessus. En plus du manque complet de sang-froid dont il fait preuve, c'est le parfait abruti. Parce que là, avec son angle de tir et ma position, la balle a toutes ces chances de finir dans la tête de la pauvre secrétaire qui n'a rien demandé à personne même si dans les faits, elle ne devrait pas être encore ici, ce n'est pas une raison pour mourir bêtement.
Je vais vraiment finir par me lasser de ce petit jeu idiot et mal organiser, il n'y a définitivement rien qui va, je vais même croire que c'est volontairement grossier pour abaisser ma garde.
Ayant sans doute un peu trop de pitié, j'attrape la balle en vol avant même qu'elle ne me touche, je n'ai pas le cœur de laisser mourir une innocente. Mais maintenant que j'ai la balle en main, autant finir d'effrayer les pauvres gardes, histoire de les dissuader de tirer de nouveau, je peux sans doute intersecter plusieurs balles, mais ça m'étonnerait que j'arrive à en attraper douze à la suite.
— Je tiens à dire que ça, c'est vraiment inutile, remarqué-je en mettant bien en évidence la munition.
Ils me regardent tous un peu paniquer en comprenant que je tiens la balle entre mes doigts. Aussi, c'est compréhensible, rattraper une balle en vol, c'est impossible pour un être humain et en plus, ça me rend intouchable, n'importe qui aurait peur face à ça. Juste par pur plaisir et pour rajouter encore un peu plus de peur avec un côté un peu mélodramatique qui peut faire un peu d'effet supplémentaire, je broie la balle d'une main et laisse tomber les fragments de métal et de poudre sur le sol.
Cette fois, ils n'ont même pas l'air de s'en remettre ou même de comprendre, ils regardent tous les éclats sur le sol sans vraiment faire attention à moi. Maintenant que la diversion imprévue est créée, autant en profiter pour passer, je me mets alors à courir aussi vite que possible, fonçant à la fois sur la rangée de gardes et sur les escaliers, étant prête à bousculer un ou deux hommes au besoin, ce qui compte, c'est de passer sans tuer qui que ce soit.
Je passe sans problème et je monte les escaliers quatre à quatre pour rejoindre Cali directement dans son bureau. Même si très vite, je ne peux plus surveiller les agissements des hommes, je ne m'inquiète pas vraiment, je serai avec Cali avant qu'ils ne m'aient rattrapée, je suis beaucoup trop rapide pour eux de toute façon.
En quelques secondes à peine, je suis arrivée dans le bureau de Cali, tout au fond du couloir du huitième étage, prête à entendre la vérité, quelle qu'elle soit, même si je ne peux pas me cacher que j'ai un peu peur de l'entendre. Une fois rentrée, le bruit de la porte qui claque derrière moi la fait sursauter, mais elle ne paraît pas vraiment étonnée ni même légèrement surprise, elle semble plutôt heureuse de me voir. Par contre, je ne peux pas savoir si elle est heureuse de me voir parce qu'elle a réussi à m'attirer ici ou si elle fait semblant d'être heureuse pour conserver son masque de mensonge. Je ne peux même pas faire confiance à mon instinct parce que je ne suis même pas sûre qu'il soit valable...
— Le D35V est activé, vous pouvez demander confirmation à vos larbins. Alors maintenant, vous allez gentiment rétablir la vidéo de surveillance. Et tant que vous y êtes, demander à vos gardes de poser leurs armes avant de faire du mal à qui que ce soit, ça serait quand même bien malheureux que leur arme se retourne malencontreusement contre eux, après tout, une fois mort, ils ne seront plus d'aucune utilité. Dites-leur également de retourner dans le hall d'entrée, ça nous fera peut-être gagner un peu de temps étant donné que je les verrais forcément arriver et puis comme ça, nous serons certaines de ne pas les avoir dans les pattes. J'espère que c'est clair, je serais légèrement énervé si jamais par malheur j'étais amené à me répéter, demandé-je en n'ayant jamais autant apprécié le fait d'avoir la capacité de mentir sans que qui que ce soit puisse le détecter, à l'heure actuelle, ça m'est plus qu'utile.
Je sais très bien que je pourrai pirater l'interphone pour demander moi-même, avec la voix de Cali, à Bill Gates de faire tout ça, ça passerait inaperçu aux yeux de tous, même de Cali. Mais je dois avouer que c'est bien plus marrant de lui demander de le faire. En plus comme ça, avec un peu de chance, je lui fais peur et je reprends les cartes en main, ce qui ne pourra que m'avantager par la suite. Et si jamais mon intimidation ne lui fait rien et qu'elle était préparée à ce que je fasse ça, j'aurais juste perdu un peu de temps, mais rien d'autre. Mais dans le cas contraire, je me rapproche un peu plus de la vérité vu qu'il est prouvé que la crainte aide à faire passer l'envie de garder le silence.
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