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 Elle me regarde une nouvelle fois, mais presque avec de la peur dans son regard, enfin elle a compris que mes menaces ne sont pas en l'air, c'est une bonne nouvelle.

— Prépare donc ce fichu contrat, je vais le signer aussi.

— Sage décision.

Faisant comme si j'étais dans mon bureau, je lâche Bill Gates, décidant de lui accorder un peu de ma confiance. Ce dernier se masse le bras, qui après tout ce temps, il doit être très sérieusement ankylosé et il aura sûrement de la chance de s'en tirer sans bleue. Je récupère alors le porte bloc que Cali a encore dans les mains, elle me le donne d'ailleurs sens résistance et je découvre alors qu'elle n'a pas vraiment pris de note, elle a surtout recopié les questions qu'ils m'ont posées. C'était vraiment juste pour faire sérieuse quoi, peut-être aussi pour justifier sa présence, vraiment, intérêt zéro, dire que je me suis posé des questions sur ses notes... Heureusement, elle avait trop de feuilles, il reste donc plusieurs pages blanches, ce qui me suffira largement, il m'en suffit que de deux.

— Je tiens juste à préciser, au cas où, que je peux vous surveiller sans problème en écrivant. D'ailleurs, en parlant de surveillance, Mary, n'oubliez surtout pas d'envoyer RAS aux trois gardes à l'extérieur, merci d'avance.

Je ne tire même pas la moindre satisfaction de cette petite piqûre de rappel, alors qu'ils me regardent tous stupéfait. Au contraire, ça m'énerve de constater à quel point ils m'ont tous sous-estimée, ça retire presque tout le mérite de ma victoire... J'aurai presque trouvé ça beaucoup plus amusant qu'ils me surestiment au point que ça en devienne complexe. Alors que là, tout est un véritable jeu d'enfant, à croire qu'ils ne connaissent pas les véritables capacités du robot qu'ils ont créé, même si c'est totalement impossible.

Je commence à écrire sur la feuille une sorte de contrat minimalisme m'accordant la direction du projet RONII, sans aucune condition et interdisant à Cali et à Bill d'avoir à nouveau quelque chose à voir avec le projet. Je fais un texte très succinct, ne tenant pas à perdre du temps inutilement, mais je n'oublie absolument rien et ça ne le rend pas moins valable. En plus, j'ai suffisamment de connaissances en droit pour ne pas laisser la moindre faille et rendre le contrat incassable. Surtout qu'il faut que je fasse attention, ils vont sans aucun doute le faire vérifier à des équipes de brillants avocats pour trouver quelque chose d'exploitable à mon encontre, mais je peux déjà assurer qu'ils ne trouveront absolument rien malgré l'absence de belle formulation.

Une fois que c'est prêt, j'y rajoute nos noms et un espace pour signer, réglant ainsi la majorité de mes problèmes et je leur confie la feuille et le stylo pour qu'ils officialisent ce beau petit contrat.

— Voilà, il ne reste plus que vos signatures et nous pourrons reprendre nos vies, chacun de notre côté, libre et vivant. Sauf si bien sûr vous contestez, mais à ce moment-là, on appliquera le plan B. Ah et ne comptez surtout pas sur les images des vidéos de surveillance, elles ne prouveront absolument rien, juste au cas où l'idée vous aurez traversé l'esprit.

Autant qu'ils économisent leur argent et le mien en évitant de faire un procès qui ne mènera nulle part et ça aurait vraiment tendance à m'énerver plus que nécessaire.

— Maintenant Mary, si vous auriez l'amabilité de prévenir les gardes que je sors et que c'est tout à fait normal. Quant à vous Cali et Bill, je vous laisse vingt-quatre heures pour récupérer toutes vos affaires, je n'aurai pas plus de patience. Et s'il vous plaît, ne prenait pas la peine de contacter le reste des équipes du projet RONII, quelle que soit la manière, ça n'aboutira à rien. Au plaisir de ne plus vous revoir et à bientôt pour les autres, j'espère que les conditions seront bien plus favorables la prochaine fois.

Sur ce, j'ouvre la porte derrière laquelle se trouve le couloir, sachant depuis longtemps qu'elle n'est pas verrouillée, ça aurait de toute manière été inutile pour me retenir. Par contre, c'est plus surprenant qu'aucune des personnes présentes dans la pièce n'ait tentée de fuir, apparemment, ils étaient tous assez intelligents pour savoir que ça ne servait à rien.

Dehors, les trois gardes ne sont ni surpris ni agressifs, ce qui est plutôt bon signe. Puis je descends les escaliers, fière de ma réussite, n'en revenant pas vraiment de tout ce que j'ai accompli en si peu de temps et surtout de ce sentiment de liberté incomparable. Cette fois, j'ai l'impression de me sentir comblée, comme si ça y est, pour la première fois de mon existence, j'étais entière.

À l'extérieur, j'accueille l'air libre comme si je le découvrais pour la toute première fois, ce qui est presque vrai, c'est la première fois que je sors en étant la nouvelle moi.

C'est sûr que tout n'est pas encore parfait, il manque encore quelques détails à régler, mais ce ne sont que ça : des détails. Ils ne m'empêcheront pas d'être heureuse, de vivre et ils se résoudront facilement étant donné que maintenant, j'ai toutes les cartes en main. Je suis presque impatiente de commencer ma nouvelle vie et je ferai en sorte qu'elle soit parfaite.

Par sécurité, une fois dans la rue de San José, au pied de l'immeuble du projet RONII, comme je l'avais bien deviné, je désactive l'arme que j'ai mise en route, persuadée que je n'en aurai plus besoin. Puis tout de suite après, je me renseigne sur l'une des pièces les plus importantes de ma nouvelle vie, de ma vraie vie : Elijah. Jusqu'ici, je l'ai mis légèrement de côté, orchestrant plutôt ma fuite, mais maintenant, je peux partir à sa recherche.

Mais j'ai beau tenter de trouver des renseignements, je ne trouve rien, il s'est comme volatilisé. C'est assez rassurant de constater qu'il n'y a plus aucune poursuite à son encontre, mais j'aimerais bien savoir pourquoi et surtout comment, il n'est pas question que je l'abandonne où que ce soit, même si a priori, il ne risque rien. Je voudrais surtout savoir aussi à qui je dois une fière chandelle d'avoir levé les accusations qui pesait sur lui, mais il ne faudrait pas que cette personne s'en serve pour me faire chanter.

internet n'omet rien, mais pour le coup, il a clairement tout oublié. Ce qui est d'autant plus suspect, la police n'arrête pas les poursuites de fugitifs sans raison, il y a forcément eu un énorme pot au vin de verser pour que toute cette histoire soit oubliée, surtout vu tout ce que j'ai fait. Il faut absolument que je comprenne ce qu'il s'est passé, impossible autrement, sinon je vais me mettre inutilement en danger, ce dont il n'est pas question, tout particulièrement si je mets au passage Elijah en position de risque, j'ai déjà assez mis sa vie en péril comme ça.

Soudain, je me sens honteuse de ne pas m'être inquiétée pour lui avant... Mais aussi, je ne m'attendais pas à ce qu'ils l'aient fait disparaître intégralement, je pensais que j'aurais juste à le sortir de prison, ce qui aurait été facile... Surtout que je ne vois même pas de raison valable de l'avoir complètement fait disparaître ainsi. Enfin si, j'en trouve, mais je ne préfère pas y penser, ce seraient les pires scénarios possibles et imaginables.

Peut-être aussi que je m'inquiète pour rien, après tout c'est mon rôle. Les membres du projet RONII ont peut-être décidé d'effacer toute cette histoire pour couvrir leurs arrières. Après tout, même sans souvenir, j'aurais été suffisamment intelligente pour me relier à toute cette course poursuite. Surtout avec mon nom et ma photo, j'aurai alors commencé à fouiller et eux, ce serait retrouvé à la case départ puisque j'aurai repris ma quête. J'espère sincèrement que c'est ça et pas autre chose, je ne le supporterai pas sinon.

Quand j'aurai retrouvé Elijah, j'aurai déjà un peu plus de réponses, ça m'aidera forcément à y voir plus clair. Je tente alors de pister son téléphone pour savoir où il se trouve, avec un peu de chance, il sera de retour en Californie. Malheureusement, j'ai oublié que mon copain était un psychosé... Pourtant il aurait pu s'améliorer maintenant qu'il a une copine robot... ou pas en fait, au contraire. Mais quand même, c'est insupportable cette histoire de VPN sur tous ses appareils, en plus il en a des super puissants qui m'empêchent de les remonter facilement. Après peut-être que son lieu n'est pas un mensonge, mais a priori, ça m'étonnerait fortement s'il est au Brésil, surtout que ça fait presque un an qu'il devrait être là-bas d'après son historique.

N'ayant vraiment pas la patience pour remonter sa piste, je lui envoie un message lui demandant où il est exactement, espérant au très fond du cœur qu'il est joignable, sinon je sens que ma patience va être mise à rude épreuve. En attendant, ne sachant pas trop quoi faire d'autre, je rejoins ma voiture, qui est toujours garée à l'endroit qu'ils ont choisi lorsqu'ils ont accusé Elijah de mon enlèvement. Ne sachant pas exactement où aller, je décide de prendre la route jusqu'à Berkeley, ça fait plusieurs heures que j'ai repris conscience, s'il est rentré aux États-Unis, il a sûrement dû retourner chez lui depuis le temps. Et malgré l'heure tardive, Elijah me confirme ma théorie, et tant mieux, ça m'évite de faire le tour du pays à sa recherche.

Apparemment, il veut me parler et ça m'arrange parce que moi aussi. Il me donne donc rendez-vous dans un bar près de l'université dans une demi-heure. Ça va être juste pour être là à l'heure, mais en roulant bien, ça devrait le faire.

Quand je me gare devant notre point de rendez-vous, il n'y a pas sa voiture, ce qui m'inquiète passablement, surtout que je suis un peu en retard et qu'il n'a pas dû venir jusqu'ici à pied, c'est un peu loin depuis chez lui, mais pourquoi pas après tout. Je rentre dans le bâtiment où il n'y a pas grand monde, mais pas Elijah non plus. Je commence à le sentir remarquablement mal et à sentir un piège de dernière minute. Je lui renvoie un message, à deux doigts de paniquer.

— Là, affirme une voix dans mon dos.

Je me retourne pour le découvrir. Je n'ai pas la moindre idée de là où il était, il vient peut-être même tout juste de rentrer. Dans la précipitation de le revoir, je ne me suis même pas doutée qu'il m'attende dehors, je me sens si stupide.

— Tu sais que tu es incroyable comme mec ? demandé-je en souriant beaucoup trop.

— Comment tu t'en es sorti ?

— C'est une longue histoire, mais maintenant, tout est réglé.

— Alors tu es libre ? rigole-t-il ne le pensant pas très sérieusement alors que c'est clairement comme ça que je le ressens.

— On va dire ça. Et je peux te dire officiellement que toute cette histoire est finie et plus importante encore, que je t'aime vraiment, ce n'est pas que mes bugs.

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