11000 (24.2)
Je reconnais que je pourrais lui donner un peu plus de détails, mais je ne sais pas comment lui décrire toutes les armes autrement sans qu'il n'ait beaucoup trop de détails, histoire de le protéger un minimum.
— Je suppose que je ne peux pas avoir plus de détails ? vérifie-t-il ne semblant pas convaincu par ce que je lui ai déjà annoncer.
Il est définitivement aussi entêté que curieux, une calamité, il veut toujours en savoir plus. Pourtant pour le coup, ça va devoir s'arrêter là je reste bien décidé à ne rien lui dire de plus, à un certain stade, il faut que je fixe des limites et que je ne les dépasse pas.
— Ne me force pas à te mettre encore plus en danger... essayé-je pour le dissuader de continuer de demander plus de détail, même si je me doute bien que ça ne va pas marcher.
J'ai bien remarqué avec le temps qu'il ne paraît pas avoir du tout peur du danger, de la menace ou même de la mort, ça en devient presque inhumain à ce stade.
— Pourquoi tu me mettrais en danger en me parlant de ça ?
— Mon Dieu, mais qu'est-ce que tu es crédule ! Tu crois vraiment qu'une invention comme moi n'attiserait pas la convoitise si quelqu'un apprenait mon existence ? Tu crois qu'ils ne toucheraient pas à mes proches pour en apprendre plus sur moi ? Tu crois qu'ils n'utiliseraient pas tous les moyens pour mettre la main sur moi et les armes que je possède ? Tu crois qu'ils ne vont pas mettre en œuvre tous les moyens qu'ils ont à leur disposition pour m'étudier dans les moindres détails ? Vraiment, si tu crois tout ça, c'est que tu es complètement à l'Ouest et tu vis dans un monde de Bisounours !
Je reconnais que je m'énerve un peu, mais je n'ai pas d'autre choix pour qu'il comprenne vraiment bien la situation et le risque qu'il peut courir.
— Mais je ne parlerai jamais de toi à qui que ce soit et tu le sais très bien ! s'agace-t-il n'arrivant pas à comprendre pourquoi je ne le crois toujours pas, alors qu'il a juste fait des conclusions hâtives.
— Je ne t'accuse pas le moins du monde, je suppose juste que tu as été capable de deviner mon secret, d'autres le seront également, mais je doute qu'ils soient tous aussi coopératifs et je te laisse imaginer les conséquences que ça aurait.
— Mais tu pourrais t'en débarrasser, tente-t-il en cherchant une solution rassurante.
— J'ai déjà failli le faire avec toi. Mais ce n'est pas la solution pour autant, pour peu que l'information soit arrivée sur les réseaux, je ne pourrais pas me débarrasser de la moitié du pays. Enfin si, dans un sens je pourrai, mais ce n'est pas la solution, j'en laisserai forcément échapper et ça finira par me retomber dessus quoi qu'il arrive.
— Tu es tellement rassurante, c'est impressionnant. Tu n'es pas non plus obligé de penser que quelqu'un d'autre comprendra un jour ce que tu aies.
— À ma connaissance, sans vouloir te vexer, tu n'es pas une intelligence supérieure, alors quelqu'un d'autre y arrivera forcément à un moment ou un autre.
— Sans ton aide, je ne l'aurai jamais su, affirme-t-il convaincu, sachant parfaitement que jamais il ne me viendrait à l'esprit de parler de moi à une personne qui n'est pas digne de confiance.
— En es-tu certain ? Non, alors d'autres personnes le devineront un jour ou l'autre.
— Si des personnes, comme le FBI, l'apprennent, tu penses vraiment qu'ils iraient dans des extrêmes comme ce que tu as dit ?
— Je ne peux être sûre de rien, mais étant donné que le Projet RONII ne leur révéleront jamais rien, on peut supposer qu'ils me traqueront pour savoir exactement comment je fonctionne.
— Tu es vraiment définitivement carrément flippante. J'espère au moins que tu en as conscience, remarque-t-il semblant sans doute penser que c'est beaucoup trop d'information d'un coup.
— Dis-toi que je peux être encore plus terrifiante si je le voulais, il suffirait que je te parle de mon arme nucléaire et de mes missiles à tête chercheuse qui peuvent être redoutables ou du fait que si je dysfonctionne de trop, certaines d'entre elles pourraient se déclencher.
C'est méchant et complètement gratuit, mais c'est lui qui voulait plus de détails tout à l'heure alors je lui en fournis.
— Je te déteste ! À cause de toi, je ne vais pas fermer l'œil de la nuit ! dit-il sur le ton de la rigolade, même si je sens que dans sa tête, il n'est pas tout à fait en train de rire, ça s'entend au léger tremblement de sa voix.
— Ne t'en fais pas, je resterai à côté de toi, remarqué-je. Je ne partirai pas de sitôt.
— Quand je dis que tu n'es pas rassurante, je parle de ce genre de remarque, tu en as conscience ?
— J'en ai parfaitement conscience, ne t'en fais pas, c'est juste que pour une fois que tu es effrayé par ce que je dis, j'en profite pour en rajouter plusieurs couches, histoire que tu sois un peu inquiet de temps à autre.
— Ça veut dire que tu cherches un peu à m'inquiéter ? vérifie-t-il espérant sans doute que je lui dise que c'est un gag.
— Je n'inventerais jamais des choses pareilles, affirmé-je simplement en sachant qu'il comprendra.
— Toujours aussi rassurante... Dernière question, il y a beaucoup de chance que certaines de tes armes se déclenchent par erreur ?
— Non, pas beaucoup, mais quand même un peu. Ne t'en fait pas, tout ça reste bien sécurisé par des codes et tout et il faudrait vraiment que je sois à un stade de dysfonctionnement très élevé pour qu'il y ait un véritable risque, pour l'instant, j'en suis très loin.
— Tant mieux, affirme-t-il soulagé.
Nous parlons encore un peu, mais il commence à être très tard, alors Elijah finit par s'endormir, semblant vraiment épuiser. Comme les autres fois, je reste avec lui une grande partie de la nuit à faire des dessins un peu en l'air de tout ce que je vois. Je progresse d'ailleurs de plus en plus toutes les nuits et je serais bien la dernière personne à me plaindre de ça. Mais pour une fois, je m'arrête assez tôt, réfléchissant de plus en plus. Nous n'avons rien dit de vraiment particulier la veille au soir, du moins pas en ce qui nous concerne, pourtant, le sujet revient dans mon esprit pendant que je le regarde dormir.
Et plus je passe mes nuits au côté d'Elijah, plus je découvre que l'expression « la nuit porte conseil » n'est pas associée au sommeil. En tout cas, pas pour moi, dormir est bien la dernière chose que je ferai, je n'ai même pas besoin du processus naturel de repos, et pourtant par certain côté, j'ai quand même droit à mes réflexions nocturnes. Ce n'est pas illogique après tout puisque c'est le moment où j'ai le moins d'occupation et où j'ai donc tout mon temps pour penser.
Ce n'est donc pas étonnant que je me pose des questions sur nous, sur ce que nous sommes... Jusque-là, je n'ai jamais réussi à nous définir, ça me semble tellement différent de toutes les autres relations humaines. Il m'aime, aucun doute là-dessus. Je l'aime invraisemblablement, même si je ne devrai pas, mais jusqu'à preuve du contraire, je suis amoureuse de lui. Nous le savons aussi bien l'un que l'autre. Nous nous entendons bien. Nous pouvons parler pendant des heures. Nous avons des centres d'intérêt en commun. Et pourtant, je n'arrive pas à nous considérer comme un couple. C'est peut-être aussi pour ça que je n'en ai toujours pas parlé à ma famille. Mais à un certain stade, il faut se l'avouer à soi-même, nous sommes ensemble. Vraiment. Je peux bien dire ce que je veux, ça ne changera rien au fait.
À cette conclusion s'ajoute une décision, il faut que je l'avoue à Fauve, dès demain. À ses yeux, ça ne changera strictement rien, je me doute bien qu'elle n'est pas bête et qu'elle l'a su bien avant moi, peut-être même qu'elle s'en est doutée avant Elijah. Mais j'ai besoin de le faire, pour moi, pour le reconnaître à haute voix. Au fond, il faut avouer que j'ai de vrais sentiments pour Elijah ou non, ça ne change rien au fait qu'actuellement, je suis amoureuse de lui.
Après tout, il faut aussi reconnaître que mes sentiments soient réels ou non, ça ne devrait pas avoir de l'importance, je peux très bien me les imaginer, ils sont bien là. De toute manière, je ne serai pas la première personne qui ferait inconsciemment semblant d'être amoureuse de quelqu'un, je suis presque prête à parier que des signes de mensonges seraient même détectables chez certains d'entre eux. Et peut-être même que si je n'étais pas un robot, ce genre de chose m'arriverait et ça ne m'empêcherait pas d'avouer haut et fort à ma sœur que je suis raide dingue de lui.
Une fois ma décision prise, je rentre chez moi me changer et être prête avant le réveille de Fauve. Je choisis d'attendre un peu avant de lui en parler, le fait que j'ai décidé de le faire ne m'empêche absolument pas d'être hésitante, je ne lui dis donc rien avant d'avoir fini de prendre notre petit déjeuner et d'être dans la voiture.
— Ça ne te gênerait pas si aujourd'hui, Elijah vient à notre table ? demandé-je pendant la route vers le lycée.
Bon, OK, je ne lui dis pas directement non plus, il ne faut pas déconner, j'ai encore un peu de fierté. Et je suis une poule mouillée. Mais je connais quand même ma sœur, en lâchant juste cette information, je m'oblige indirectement à tout lui dire. Et vue comme elle sourit en coin, presque espiègle, je sais que j'ai raison, je la connais par cœur, Fauve.
— Bien sûr, il n'y a pas de problème. Mais par contre, il faut que tu avoues si c'est ton petit copain ou non, parce que je veux pas paraître idiote pendant la discussion, c'est à toi d'avoir l'air con, pas à moi...
Qu'est-ce que j'avais dit ? Elle est extraordinaire, au moins maintenant, impossible de me dégonfler.
Je soupire, juste par principe :
— Oui, on sort ensemble... Et je pense que je l'aime vraiment bien... ajouté-je, décidant de faire d'une pierre de coup, autant tout avouer en une fois.
— Et vous vous êtes embrassés ? questionne-t-elle très contente de m'avoir fait cracher le morceau.
Avec elle, impossible d'omettre le moindre détail, mais c'est tant mieux, j'ai aussi besoin de parler de tout ça à quelqu'un et je ne doute pas que ma sœur est la personne idéale pour ça. Et comme ça, après cette discussion, nous n'aurons de nouveau plus aucun secret l'une pour l'autre et ça, c'est génial, je commençais à ne vraiment plus le supporter, je n'aime déjà pas lui mentir, alors en plus devoir lui cacher quelque chose...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top