100010 (34.1)
— Viens, on va essayer de trouver les lettres, affirmé-je.
— Tu penses qu'elles sont où ?
Il espère une illumination en trois heures ou c'est une simple impression ?
— Je ne pense rien du tout, je n'en sais toujours pas plus que tout à l'heure, remarqué-je en sortant de la salle. Alors, si elles sont quelque part, elles sont à un endroit qui n'a pas subi de modifications depuis cinq cents ans.
— Il y en a vraiment beaucoup dans ce cas-là ?
Je me retourne vers lui et avoue :
— Je n'en sais trop rien, j'ai les plans de base du bâtiment et j'ai ceux de maintenant. Mais je n'en ai pas suffisamment entre les deux pour être sûre des pièces qu'il y avait lorsque Salaï a vécu ici tout seul. Je ne suis même pas sûre des pièces qui ont changé puisque les propriétaires actuels ont tenté de réinstaller les pièces comme à l'origine. Et les plans de base sont peut-être faux, il y a encore une fois beaucoup d'incertitude. Mais on va chercher un peu partout, on a toute la nuit pour ça, il ne nous reste plus qu'à espérer que ce serait suffisant.
— Qu'est-ce que je disais, ra-su-ran-te, murmure Elijah plus pour lui-même qu'à mon adresse en me regardant presque comme si j'étais complètement folle alliée.
Je suis presque désolée de l'entraîner dans toute cette histoire bordélique alors que nous naviguons à l'aveugle. Mais je ne lui dis pas et souris moqueuse face à son manque de confiance en moi, même s'il a bien raison dans le cas présent.
Je rentre dans l'une des pièces, où j'ai le plus de certitudes question changement, suivie d'Elijah, l'endroit où nous démarrons nos recherches n'a pas une importance monumentale, mais je préfère débuter avec l'un des lieux les plus probables que par une pièce au hasard.
Je commence alors à chercher les renforcements au niveau des murs, tentant d'entendre une résonance ou quelque chose qui pourrait indiquer qu'une boîte s'y trouve. Pendant ce temps-là, je conseille à Elijah de fouiller les meubles à la recherche de faux fonds, me disant que peut-être que les « normalement, rien n'a été changé depuis la mort de Salaï » soit vrais et que les rénovations des meubles n'ont été que superficielles, sinon nous ne trouverons rien de ce côté-là. Et, tout en cherchant de mon propre côté, je suis tout de même attentive à ce qu'il fait pour être sûre et certaine qu'il ne laisse pas passer un bruit suspect qui pourrait indiquer une double paroi, ce serait bête de rater quelque chose pour un si petit détail.
Mais nous ne trouvons rien, même lorsque je regarde au cas où le plafond. Alors nous passons à une autre pièce où il n'y a toujours rien. Et c'est la même chose dans la suivante et celle d'après. Quand nous commençons à fouiller dans la sixième pièce, il est déjà presque une heure du matin et nous n'avons toujours rien repéré, ce qui commence à réduire mon espoir en miettes, ça va quand même faire quatre heures que nous y sommes. Même si nous avons encore du temps, ce n'est pas infini et de toute manière, nous commençons à avoir fait le tour des pièces les moins transformées de la propriété. Et lorsque nous aurons fini de fouiller le bâtiment, il n'y aura définitivement plus aucune chance de trouver quelque chose ici, ça serait beaucoup trop long de retourner entièrement les vignes et le jardin, bien que l'idée soit tentante vu notre situation.
C'est l'une des plus belles salles, mais il n'y a que de très rares meubles, dont aucun d'époque, nous ne pourrons donc rien y fouiller. Nous inspectons ainsi les murs en priorité, j'aimerais bien également vérifier le plafond, mais les voûtes de la salle du Zodiaque sont beaucoup trop hautes pour être une cachette appropriée. Une fois que nous avons fait tous les tours de la pièce, je teste le sol, un peu désespérée, sachant qu'avec les rénovations de la mosaïque, il y a peu de chance que j'y trouve quoi que ce soit. Pourtant, il y a tout de même un son qui me chiffonne au niveau du soleil en céramique au centre de la pièce.
Ce n'est peut-être rien, surtout que ça me semble lointain et c'est peut-être tout simplement un conduit d'égout, mais c'est le son le plus probant que j'ai entendu ces dernières heures. Impossible d'en être certaine, mais j'ai peut-être enfin trouvé quelque chose d'intéressant et même si c'est sûrement une fausse piste, ça suffit pour me rendre le sourire, peut-être qu'après tout, notre quête n'est pas complètement perdue. Reste à déterminer comment y avoir accès. Je m'accroupis au sol pour chercher, à tâtons, comment avoir accès au « creux » sans tout détruire, ce qui n'est pas garanti. Elijah arrête d'inspecter les colonnes de la pièce et me regarde intriguer avant de me demander plein d'espoir :
— Tu as trouvé un truc ?
Rien qu'à sa voix, je sens qu'il est complètement épuisé, découragé et résigné. Il n'a pas mon énergie, il commence à être trop fatigué pour continuer comme ça longtemps, mentalement, je me dis que si je ne trouve rien dans cette pièce, nous laisserons tomber et nous reviendrons demain. Ça vaudra mieux, pour lui et mes nerfs, parce que moi aussi je vais finir par craquer à forcer d'essuyer défaite sur défaite.
— Je ne sais pas, on va voir, affirmé-je en tempérant un peu plus ma parole que ma pensée, j'ai déjà beaucoup trop d'espoir, inutile de lui en donner aussi, c'est peut-être une fausse piste après tout.
Je tâte alors toutes les rainures des mosaïques autour du soleil, à la recherche d'une irrégularité ou quelque chose du type. Je veux juste un signe que je peux soulever uniquement le soleil sans avoir à retourner tous les petits carreaux pour avoir accès au fond. Et apparemment, je dois avoir de la chance, lors des dernières rénovations, ils ont dû faire les dessins à part pour plus de précisions, je suis prête à parier qu'il est entièrement collé sur une planche de la même forme. Il ne me reste plus qu'à décoller tout le tour au niveau des joints. Prochaine fois que je suis en cavale, j'achète une trousse à outils contenant le nécessaire de bricolage pour tout type de travaux, parce qu'actuellement, j'en aurai bien besoin au lieu d'utiliser encore une fois mes ongles.
Une fois que c'est fait, je soulève délicatement cette partie... et révèle un plancher... Je pose le soleil sur le côté et je vérifie les lattes de bois, mon intuition était bonne, il y a bien quelque chose là-dessous et je suis prête à parier que c'est métallique, je l'entends beaucoup mieux avec une couche en moins. Par contre, on commence à se rapprocher d'un délire de sous-couche en série assez agaçant. Une fois de plus, je tâte le fond, mais pour le coup, c'est très bien fixé et il n'y a même pas la fin d'une planche sur laquelle je pourrai tirer. Et franchement, je ne suis pas convaincue que ce soit une bonne idée d'y mettre un grand coup pour détruire les planches, surtout si ce qu'il y a en dessous est fragile. Cette fois-ci, j'ai vraiment besoin d'outil, mais je n'en ai toujours pas... Tant pis, je vais m'arranger avec les moyens du bord.
— Elijah ? Tu peux t'éloigner un tout petit peu, s'il te plaît ? lui demandé-je, il est juste à côté de moi et même si j'ai des réflexes excellents, ce n'est pas très prudent vu l'idée que j'ai eue.
— Qu'est-ce tu vas faire ? s'étonne-t-il en obéissant.
— Je me procure une scie à bois.
Il me regarde, attendant clairement d'autres détails, mais il le comprendra bien assez tôt. Je déverrouille alors l'un de mes fusils et après m'être bien concentrée, je tire et je rattrape la balle au passage. C'est bien, je n'ai rien perdu de mes réflexes. Maintenant, je vais pouvoir créer un passage plus délicatement qu'à la main. Enfin, ça, ça reste à prouver, mais je suis à peu près certaine que je ne vais pas tout détruire. Après avoir vidé la poudre contenue dans la munition, je m'en serre pour faire une série de trous sur la planche du milieu, avant de faire de même de l'autre côté, ce qui me permet de retirer complètement le morceau de bois.
Visuellement, la planche cachait un sol de terre, tout ce qu'il y a de plus banale, mais j'ai bien entendu à l'oreille, que ce n'était pas ça, il y a juste une couche monumentale de poussière accumuler depuis des dizaines d'années qui recouvrent une plaque de fer. Je crois que je tiens le bon bout, il faut juste que je dégage une plus grande surface parce que là, je ne peux pas soulever la trappe, mais si elle est carrée, je devrai pouvoir dégager un espace suffisant sans avoir à virer des mosaïques supplémentaires. Je découpe alors les autres planches du sol et une fois que c'est fait, je peux révéler la plaque métallique en enlevant une grande partie de la poussière.
Cette fois, je n'ai pas besoin de mettre en place d'autres subterfuges, il y a un anneau pour soulever la trappe, voilà au moins une chose qui est simple. Mais au moins, ce qui est plutôt réconfortant, c'est que vu la manière dont elle est cachée, ça m'étonnerait que quelqu'un ait eu conscience de son existence depuis plusieurs centaines d'années. Je la soulève et révèle un coffre métallique dans le sol, suffisamment profond pour cacher beaucoup de lettres, ça ne fait aucun doute, au-delà de ça, il pourrait y avoir plein d'objets précieux là-dedans, mais il est presque vide, il y a seulement une feuille de papier.
Je commence à penser assez sérieusement que mes pères étaient les rois des énigmes et qu'ils ne se faisaient passer des messages que par ce biais, parce que ça commence à être réellement incroyable, j'aimerais beaucoup, pour une fois, trouver plus que des indices, des lettres par exemple. À force, je vais me croire dans un jeu de piste grandeur nature et dont je ne connais pas les règles, ça va finir par être effrayant, je ne sais pas à qui était destiné ce micmac, mais une chose est sûre, la personne avait intérêt à être très intelligente.
Je récupère tout de même la lettre et je m'aperçois qu'elle est à moitié collée au fond par du sang. Mais entre les taches d'hémoglobine, je peux quand même lire quelques mots : « Symbola Pythgorae moraliter explicata », mais c'est tout, il n'y a que ça, aucune explication, rien... Et il n'y a jamais rien eu, le temps n'a pas effacé l'encre, l'eau ne l'a pas étalé et le sang ne l'a pas dissous. Il n'y a que l'écriture de Salaï et il ne voulait pas transmettre un autre message. Pourtant, même sans avoir de date, je peux presque supposer que si le sang lui appartient, ils ont été écrits juste avant sa mort, ici même.
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