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 — Et comment as-tu découvert le projet RONII ? l'interrogé-je pour changer de sujet face à son silence, sentant bien que les raisons de son intérêt pour moi sont un thème beaucoup trop glissant.

— Je me doutais que tu allais me poser cette question à un moment ou un autre. Enfaîte, je faisais des recherches sur toi pour tenter de te trouver, mais tu peux bien me reprocher de ne pas exister sur internet, mais toi, ce n'est pas mieux. Enfin bref du coup, j'ai rien trouvé, alors j'ai cherché ton nom dans le dark Web, j'ai déjà vu des personnes y être, alors que sur internet, il n'y avait pas de traces d'eux. Et j'ai rien trouvé non plus, je finis par entre-trouver quelque chose à propos d'un projet scientifique, mais guère plus, ça faisait vraiment projet secret, ça m'a intrigué, j'ai approfondi mes recherches.

— Et comment tu as su que ça avait un rapport avec moi ? Parce que là, a priori, tu n'avais absolument aucune idée de ce que tu cherchais.

— Par hasard. J'avoue que je n'avais pas trouvé grand-chose de plus, quand je t'en ai parlé, je ne sais même pas vraiment ce qui m'a poussé à t'interroger à ce sujet. Et indirectement, ton inintérêt de comprendre et ton refus de répondre à mes questions m'ont fait penser que tu avais quelque chose d'étrange. Parce que, soyons honnêtes, quelqu'un me parle d'un projet scientifique qui porte mon nom et dont je n'ai jamais entendu parler, je pose des questions, toi, tu as simplement nié.

Je le répète pour la millième fois, mais pourquoi ce mec est-il un fouineur de première catégorie doublé d'une intelligence et d'un sens de l'observation hors norme. Parce que sans ça, il n'aurait absolument jamais rien trouvé. Faut aussi lui enlever ses compétences en informatique, parce que ça, c'est un sacré handicape.

— Et comment tu as su où c'était ? Tu n'as toujours pas expliqué comment tu avais trouvé le lieu, la Silicon Valley est immense, ça ne peut pas être uniquement par hasard quand même. Et je ne te parle même pas de la Californie ou des États-Unis, là, c'est carrément hors catégorie.

— En insistant sur mes recherches, j'ai vraiment cherché partout niveau de l'informatique, un projet scientifique, aussi petit soit-il à forcément une micro empreinte numérique, impossible autrement, surtout s'ils ont un siège. Et j'ai fini par trouver un réseau internet portant le nom de projet RONII, je ne savais absolument pas si j'étais sur la bonne piste, mais je me suis rendu sur les lieux, juste pour voir, en plus, je devais passer à San José et c'est là que j'ai vu Craig Venter, par hasard en plus. J'ai tout de suite su que c'était beaucoup plus qu'un petit projet scientifique.

Dit comme ça, ça paraît super simple, mais je connais parfaitement tous les chemins par lesquels il faut passer pour parvenir à trouver les réseaux internet du projet RONII et sa localisation, c'est même étonnant qu'il ait mis que deux semaines a trouvé l'adresse. Mais il est vraiment têtu comme une mule et prêt à tout, c'est juste ahurissant. Effrayant, mais impressionnant. Honnêtement, si je n'étais rien qu'un petit peu moins en colère contre lui, je le féliciterais, sincèrement, parce que c'est presque un exploit, même de sa part.

— Et après ça, tu en as tiré les conclusions que je connais, affirmé-je pour vérifier que j'ai bien tout compris.

— Pas exactement, ça a surtout confirmé l'une des théories que j'avais déjà en tête et ça m'a poussé à aller t'en parler pour vérifier mon raisonnement.

— Parce que tu en avais d'autres ? remarqué-je étonnée, déjà que j'ai trouvé celle du vampirisme clairement incongrue, mais alors les autres, je n'ose même pas imaginer.

— Oui, quelques-unes, mais je t'ai uniquement parlé de celle qui était la plus probable au vu de toutes les informations que j'avais, remarque-t-il en se défilant très clairement.

— Et quelles étaient tes théories ? l'interrogé-je intriguée, je serais curieuse de savoir avec quoi il m'a confondu, juste pour voir s'il y en avait une assez intéressante.

— Tu as eu le droit de passer certaines de mes questions, alors je demande le même droit, au moins uniquement pour celle-ci.

Qu'il fasse très attention, là, il a dit une connerie, si à un autre moment, il compte se défiler face à une de mes questions, je réutiliserai très précisément ses mots pour l'en empêcher. Là, ça passe, parce que c'est vraiment que par curiosité, je m'en fous un peu de le savoir.

— Aucun problème. Sinon, simplement par curiosité, tu n'as absolument jamais répété la moindre information que je t'ai dit à qui que ce soit ? demandé-je en décidant que je lui ai déjà posé assez de questions pour aujourd'hui.

— Absolument jamais, je te le promets, je ne sais même pas à qui je pourrais le dire sans qu'il me prenne pour un fou. Et pourquoi cette question ? Tu ne me fais donc pas confiance.

— Si, je te fais très légèrement confiance, mais je dois reconnaître que je préfère avoir la confirmation que j'ai de vraies bonnes raisons de te l'accorder, cette confiance.

— Tu as du mal à croire que je sois retournée à Washington complètement par hasard juste après notre discussion, c'est ça ?

Aussi, vu comme tu le dis, le hasard semble encore plus invraisemblable qu'il ne l'est déjà, alors permets-moi d'avoir des doutes.

— Exactement, déjà que je ne crois pas au hasard, mais ne t'en fais pas, tu n'as pas besoin de me faire tout un discours explicatif, je détecte les mensonges.

— Tu détectes les... Attends ! Tu ne crois pas au hasard ?! s'exclame-t-il en réagissant.

Apparemment, c'est plus choquant à ses yeux que je ne crois pas au hasard que le fait que je détecte les mensonges, pourquoi pas après tout. Et je ne veux pas dire, mais rien n'arrive par hasard, c'est un simple enchaînement de décisions et d'événements qui nous mène d'un point A à un point B. Mais à partir de là, on ne peut pas mourir par hasard, alors qu'il y a toujours beaucoup plus de circonstances qui nous y mènent et surtout une cause finale et définissable.

— Le hasard n'existe pas, remarqué-je simplement, je ne vais pas non plus lui expliquer les mille et une informations qui conduisent à une seule et même conclusion : le hasard est inventé par les hommes eux-mêmes quand ils perdent le contrôle d'une situation ou, qu'au contraire, ils le regagnent.

— Mais si tu ne crois pas au hasard, tu ne crois en rien ! signale-t-il comme si c'était vraiment la pire chose au monde.

Je ne suis pas sûre de bien comprendre, mais il pensait très sérieusement que je croyais en Dieu ou en des foutaises pareilles ? Déjà que mes pères n'y ont presque jamais cru, mais alors moi, leur propre fille ? Surtout que je suis désolée, mais ce serait très clairement contradictoire qu'une robot ultraperfectionnée, créer par des scientifiques à partir de plans, crois en une force supérieure qui créer la vie. Enfin si, ça pourrait être possible, mais à ce moment-là, je peux citer les noms de cette force supérieur – ou plutôt de ces forces supérieures – ainsi que leur métier. Le concept même de Dieu est bon à jeter, du moins de mon point de vue.

— Si, en la science.

Au moins, la science a l'avantage d'être réaliste et de ne pas être fondée sur des textes écrits par des personnes ayant soit un trop plein d'imagination, soit des délires psychotiques.

— Il n'y a pas que la science dans la vie, je ne sais pas si tu avais remarqué.

— Accessoirement, j'ai été créé par la science, alors si.

— Non, mais tu m'as mal compris, il n'existe pas que la science dans la vie, il y a des centaines d'autres choses passionnantes.

— Peut-être, mais concrètement, en quoi veux-tu croire à part la science quand tu ne crois pas en l'existence de Dieu ?

— Il y a forcément plein d'autres choses. Et arrête de parler de Dieu comme si tu étais convaincu que je suis croyant, ce n'est pas le cas.

— Alors toi, tu crois en quoi à part aux sciences ? me moqué-je, je suis désolée de le dire, mais cette conversation a perdu tout son sens depuis un joli moment déjà.

— En l'imagination et l'a... la créativité.

Vu l'air surpris qu'il a en disant créativité, il n'en revient pas lui-même d'avoir répondu ça. Aussi, je suis à peu près prête à parier qu'il allait dire quelque chose que n'a rien à voir avec l'inspiration. Mais je n'ai pas envie d'entendre ce qu'il s'est retenu de dire, très peu pour moi, j'ai déjà l'idée générale, ça me suffit largement, inutile de l'encourager.

— Tu es conscient que l'imagination et la créativité ne sont pas des croyances ? Je ne suis même pas sûre que ce soit un mode de vie, c'est simplement des pensées, rien de plus.

Vu la tête qu'il tire, il n'est pas du tout, mais alors pas du tout, d'accord avec moi, ce qui ne m'étonne même pas enfaîte. J'avoue que ce sont des courants de pensée que j'affectionne tout particulièrement, mais pas au point de les transformer en croyance.

— Alors qu'est-ce que tu aimes qui ne concerne pas les sciences alors si tu préfères cette formulation !

— De base, ce n'était pas à moi de poser les questions ?

— On discute, c'est interdit ?

Je ne sais pas bien si c'est vraiment autorisé.

— Soit. Hormis la science, j'aime les arts, mais je n'irai jamais dire que je crois aux arts contrairement à toi.

— Forcément, avec programmation créative dans tes options.

— Et avec des parents comme les miens aussi accessoirement, je te rappelle au cas où tu l'aurais oublié que mon père s'appelle Léonard De Vinci, je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler.

— Fous-toi de ma gueule, va.

— Je n'oserai jamais, absolument jamais, je ne sais même pas si ça m'a effleuré l'esprit un jour.

— Et tu dessines ? s'intéresse-t-il en ne prêtant plus attention à moi.

— Toi, quand on te dit art, tu ne penses qu'au dessin ? Il va falloir élargir tes horizons ma parole. Je te signale que même l'écriture est un art, le cinquième pour être plus précise. Et si tu penses au dessin et à la peinture uniquement à cause de De Vinci, il va falloir revoir ta culture générale.

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