18 - Dabi : Les origines

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Point de vue Dabi

<< Touya... >>

J'ouvre brutalement les yeux après un rêve. J'étais seul dans le noir avant de voir une lueur au loin, et l'instant d'après ma mère m'appelait en me tendant la main... Je tousse un peu, comme si je respirais pour la première fois après un long moment d'apnée, et me redresse en me tenant les côtes. Je regarde le bandage qui entoure ma taille puis autour de moi. Je suis à l'agence ? L'orage tombe encore dehors. Je soupire avant d'entendre la porte s'ouvrir.

<< Dabi ! >>

Je lève la tête pour voir Toga se jeter sur moi et m'enlacer en éclatant en larmes. Ca me surprends je l'ai jamais vu comme ça.

- Ah Toga doucement tu me fais mal...!

<< Idiot ! Tu as failli mourir, espèce d'imbécile ! >>

<< Elle se faisait un sang d'encre pour toi, balance Compress, adossé contre la porte. Comme nous tous... >>

Je regarde Toga pleurer contre ma poitrine avant de lui caresser la tête. Et dire que je pouvais pas la sentir au départ... Elle était le fameux pot de colle que je voulais toujours éviter.

NEUF ANS PLUS TÔT...
[Un an après la séparation]

Un an après avoir tout plaqué je survivais comme je pouvais. Je volais, je tuais, je squattais... Je pensais qu'à ma gueule. J'ai connu la fameuse loi de la jungle, à savoir celle de tuer ou être tué. Je ne faisais confiance à personne, même pas en ceux qui vivaient la même situation que moi. Chacun ses problèmes.

J'ai fini par squatter une vieille cabane de pêche sur une plage très peu fréquentée, à la sortie de la ville. Je pouvais pas aller plus loin à pied, alors je vivais avec les moyens du bord. Je parlais plus, à tel point que j'en perdais presque l'usage de ma voix, et m'entrainais sans relâche pour me renforcer. Plus j'utilisais mes flammes, plus mes brûlures se répandaient sur mon corps, mais je ne ressentais plus aucune douleur. Durant plusieurs mois je pensais à Riku pour tenir le coup...

Jusqu'à complètement l'oublier avec le temps, ainsi que nos moments ensemble...

J'ai voulu un soir me débarrasser du collier qu'elle m'a offert autrefois. Le jeter à l'eau pour ne plus jamais le retrouver.

Mais je l'ai pas fais... Je m'en sens pas capable...

Je voulais oublier pour éviter de souffrir encore plus, et j'ai réussi. Mais à la place j'ai fini par vriller... Je ne vivais plus que pour la vengeance. Au début je ne tuais que par légitime défense, mais à force j'ai fini par prendre goût à voir mes ennemis cramer sous mes yeux. J'adorais les voir me supplier de les épargner, voir la peur dans leurs yeux, et je ne rêvais que d'une seule chose, c'était de voir cette même peur se refléter dans le regard d'Enji... Lui montrer ce que son fils est devenu par sa faute...

Un jour j'ai fais une étrange rencontre. Un gars un peu plus âgé que moi, d'environ dix-sept ans, m'a abordé avec un beignet encore chaud. Je crevais de faim ce jour-là... Je pensais à un mirage, mais la bonne odeur de la bouffe me réveillait peu à peu.

<< Hey, t'es mort petit ? demande ce même gars. >>

Je voulais le tuer pour le dépouiller, mais j'étais trop faible pour faire le moindre mouvement. Mes bras ne voulaient plus bouger, enroulés dans mes bandages usés par le temps. Le gars me redresse doucement en me calant contre un mur, mais je le repousse avec le peu de forces qu'il me restait.

<< Oya, je veux seulement t'aider. >>

- Je te connais pas...

<< Ah oui c'est vrai, rit-il. Je m'appelle Sen, et toi ? >>

Je ne relève pas et tourne la tête. "Sen" me tend le beignet avec insistance.

<< Tu n'es pas du genre causant... Manges, tu te sentiras mieux. >>

Je tourne les yeux vers ce casse pied avant de prendre la nourriture. Je remarque qu'il regarde l'état de mes bras. Je lui balance son beignet à la gueule et me relève en trainant la jambe.

- J'ai pas besoin de ton aide...

<< Hey calme toi. >>

- Qu'est-ce que--?? Lâche moi !

Sans mon consentement il me hisse sur son dos et emboite le pas hors de la ruelle dans laquelle je suis tombé. Je m'apprête à le cramer quand il me lance un grand sourire qui me surprend.

<< Tu es hyper léger ! Un vrai poids plume ! >>

- Je t'ai dis de me laisser !

<< Tu ne veux toujours pas me dire ton nom ? demande-t-il en ignorant mes ordres. >>

Je peste avant de tourner la tête. Je savais que j'aurais dû le tuer à la première occasion...

- J'en ai pas.

<< Eh bien je vais t'en donner un. >>

- Eh ?

Il continue de marcher en me portant sur son dos, réfléchissant à un nom. Je souffle avant laisser tomber ma tête sur son épaule, épuisé. Il me fatigue déjà ce Sen... N'empêche, c'est le seul à me tendre la main. Il n'a même pas peur de mes flammes alors qu'il sait que j'aurais aucun scrupule à le tuer. Il est bizarre... J'espère que c'est pas contagieux.

<< On va soigner tes plaies pour commencer. >>

- J'ai pas besoin de toi.

<< Oh la ferme. >>

Il m'emmène dans un appartement miteux qui je pense lui appartient, dans un quartier défavorisé. C'est vachement petit comme endroit... 

<< Tadaima ! salut-il en claquant la porte à coup de talon. >>

<< Tu rentres bien tard Sen, reproche une petite voix endormie. >>

Je lève la tête et vois une fille aux cheveux en bataille arriver en se frottant les yeux. Elle a l'air plus jeune que moi... Ils vivaient donc à deux dans ce taudis ? Sen me pose enfin au sol et va lui caresser la tête en souriant comme un grand frère. La blonde relève la tête en souriant.

<< Désolé Toga, mais j'ai tenu ma promesse, dit-il en lui offrant un paquet de bonbons. Tiens. >>

<< C'est qui lui ? demande "Toga" en penchant la tête pour me regarder. >>

- Pers--

<< Il s'appelle "Dabi". >>

- Huh ?

<< Ca te plait "Dabi" ? sourit Sen en me regardant du coin de l'oeil. >>

Je reste un moment interloqué avant de tourner la tête en pestant.

- Appelles moi comme tu veux ça m'est égal...

Finalement j'ai gardé "Dabi" comme pseudo, j'avoue que j'aime assez ce nom. Ca ne se rapproche pas du tout de mon vrai nom, ça me va.

<< Je l'ai récupéré juste avant de rentrer, informe Sen. Sois gentille avec lui d'accord ? Regardes dans quel état il est. Tu veux bien t'en occuper ? >>

Toga hoche la tête et part dans la pièce que j'en vois être la salle de bain. Je tourne les talons vers la sortie, je compte pas rester ici. Mais Sen me tire par le col et me ramène dans la pièce principale.

- Lâches moi putain !

<< Oya, je vais quand même pas te laisser partir dans cet état. Laisses Toga te soigner, tu verras elle n'est pas brute. >>

- Rien à foutre de ta frangine, tu me lâches ou je te crame !!

<< Ce n'est pas ma soeur. >>

- Espèce de pédophile !

Il prends une pose dramatique exagérée en faisant semblant de pleurer.

<< Pourquoi tant de haine ?? J'offre un toit aux jeunes rescapés et voilà comment on me remercie... Quel monde cruel ! >>

<< T'as fini de faire ta princesse dramatique ? clash Toga, blasée. Tu saoules. >>

<< Méchante ! >>

Elle s'assoit à côté de moi et commence à me soigner, mais je la laisse pas faire. J'ai jamais demandé de l'aide bordel ! Et là pour le coup je m'y attendais pas, elle sort un scalpel de la trousse de soin et me menace avec.

<< Arrêtes de bouger ou je te plante. >>

- J'ai mieux, ne me touches pas ou je te crame.

Je la fusille du regard. Si elle croit que j'ai peur de mourir... Elle a sûrement compris, puisqu'elle me sourit en posant le scalpel avant de reprendre ses soins l'air de rien.

<< J'aime tes yeux, soyons amis. >>

- ... Hein ?

Je regarde Sen qui s'est assis en face de nous en triant les courses qu'il venait sûrement de faire avant de me rencontrer. Je soupire et me résigne en regardant Toga à l'oeuvre.

<< Tout comme toi Toga est une rescapée que j'ai recueilli il y a trois ans, commence Sen en griffonnant des calculs sur un papier. >>

- Et alors ?

<< Tu sais, chacun d'entre nous a une histoire. Tu as sans doute tes raisons de vouloir rester seul, mais je préfère te prévenir que tu ne survivras pas longtemps en vivant solo. >>

- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?

<< Ca fait un moment que je t'observe, et je trouverai ça dommage que tu meurs aussi jeune. Tu as du répondant, mais j'avoue avoir eu un peu la peine en voyant tes marques. Tu veux connaitre mes motivations ? C'est très simple, j'en ai aucune. >>

- Hein ?

<< Vois tu, je suis un Sans Alter, alors j'aide les jeunes comme vous deux qui sont dans le besoin par mes propres moyens. Vois ça un peu comme Noé avec son arche. >>

Et il en rit de sa connerie. Ok je suis tombé chez un Illuminati sans aucun pouvoir... Il me tend une barquette de nuggets que je fixe longuement, avant de la prendre et manger son contenu.

Le gars ne me connait même pas et m'invite sous son toit à dormir pour la nuit. J'ai manqué de l'étouffer avec un oreiller en l'entendant ronfler à côté de moi. Comme l'appartement n'a que trois pièces, cuisine, salle de bain et salle de séjour, le salon fait aussi chambre. Dans le futon je dors entre Toga à ma gauche et Sen à ma droite.

Je vais le tuer...

Il a le sommeil hyper agité en plus, ça m'empêche de dormir. Je plains Toga qui doit le supporter H24. Quoiqu'elle non plus je peux pas la sentir. Beaucoup trop collante à mon goût. Elle dort contre mon bras, accrochée comme un koala.

Les jours ont passé, Sen m'a carrément accueilli sous son toit définitivement. Mais alors qu'il s'absentait, moi aussi. Je partais toute la journée pour m'entrainer au calme, j'avais pas non plus envie de rester seul avec Toga. Pour qu'elle me colle sans arrêt non merci ! Elle est pire que Fuyumi...

Puis un jour j'ai cru mourir pour de bon...

J'ai peut être failli perdre l'usage de tout mon côté gauche à cause de mes flammes, mais je n'ai jamais relâché et un soir j'ai enfin réussi à atteindre la perfection. Mes flammes ont changé de couleur pour prendre une teinte plus froide. Un bleu si magnifique, je le préférais au bleu du ciel.

- Regardes moi Enji... J'ai réussi ! Je ne suis pas aussi fragile que tu le dis !

Je riais comme un fou en admirant mes flammes qui finalement dévoraient ma chair. J'étais en train de perdre le contrôle de moi même... Je me souviens de cette souffrance et je me demande encore comment j'ai pu survivre à ça...

<< DABI !! entendais-je crier Toga. >>

- T'approches pas idiote !

Elle m'avait suivi jusque dans ma planque... Puis au moment où la douleur m'achevait Sen jette un seau d'eau sur moi et m'enveloppe dans une grosse couverture en m'enlaçant dans ses bras. Je tousse mes tripes, encore fumant.

<< Ca va aller c'est fini... chuchote-t-il. >>

- Je vois plus rien...

J'ai failli finir aveugle... Sen m'a ensuite emmené chez une connaissance à lui pour me sauver, j'étais encore en train de brûler de l'intérieur. Une ex médecin militaire m'a prise en charge d'urgence. Je me rappellerai toujours de son nom, Rosa. Elle avait la quarantaine, célibataire, pas d'enfant, avec un fort caractère.

Cette femme m'a sauvé la vie...

Quelques années plus tard j'ai totalement changé. D'identité, comme de physique. Je me suis teins les cheveux en noir pour ne plus voir l'horrible couleur qui reflétait mon passé. Je ressemblait beaucoup trop à mon père en grandissant, et d'ailleurs j'en suis le seul de la fratrie à avoir ses traits... Ca me donne la gerbe...

Au final j'ai su trouver mon style, moi même je ne me suis pas reconnu. Sen a quitté la maison pour suivre ses rêves de gosse et nous a légué l'appartement. Total, c'est moi qui ai repris le flambeau et me suis occupé de Toga comme ma propre soeur. Puis on a changé d'endroit pour un peu plus grand, histoire d'avoir une chambre chacun pour plus d'intimité. Je suis maintenant adulte, elle est encore mineure. Mais je suis pas le seul à avoir vrillé... Toga aussi a libéré son côté sombre, je me sens moins seul. N'empêche elle est aussi tarée que moi et garde toujours son fameux sourire de Yandere...

Je souris devant le miroir en regardant mes marques qui finalement sont restées. J'enfile ma veste alors que Toga ouvre la porte derrière moi.

<< Tu viens Dabi ? Shigaraki Tomura nous attend pour nous rencontrer... >>

- J'arrive.

Je m'apprête à la suivre avant de m'arrêter près de l'étagère où je remarque un rubis briller au soleil. Je prends le bijou entre mes doigts et l'observe. Depuis quand j'ai ça moi ? Je me rappelle pas l'avoir volé. Peu importe... Je le repose négligemment à sa place et sors en fourrant mes mains dans mes poches. Le moment que j'attends depuis des années approche à grand pas...

Crématorium est né...

RETOUR AU PRESENT

Je ne remercierai jamais assez Sen... Je souris en serrant Toga dans mes bras avant de regarder autour de nous. Si je suis à l'agence, où est Riku ?? Je me souviens qu'elle était avec moi.

<< Dabi ! se réjouit Twice en se jetant sur moi à son tour. >>

- Ah putain mais doucement !

Je serre les dents en me tenant la plaie avant qu'il ne m'étrangle dans ses bras. Je roule des yeux, agacé.

<< On a cru te perdre ! >>

- Ouais ça va ça va, lâches moi maintenant.

<< T'es notre pote non ?! Normal qu'on s'inquiète ! >>

- Ouais c'est bon j'ai compris. Dis moi plutôt où est Riku.

Toga se redresse en séchant ses larmes avant de baisser la tête. J'aime pas du tout son changement de tête...

- Toga. Où est Riku ?

<< Dans la chambre d'à côté... Elle est très mal en point... >>

Je sens que je vais péter un plomb... Mon sang ne fait qu'un tour, je me lève d'un bond avant de sortir la chercher.

<< Dabi ! >>

Je rentre dans l'autre chambre et retrouve Riku plus tremblante qu'une feuille, inconsciente. Elle est pâle avec les lèvres presque violacées. Je passe ma main sur son front, elle est complètement gelée... Elle fait de l'hypothermie.

<< Je ne sais pas durant combien de temps elle est restée sous la pluie pour garder ton corps chaud... J'ai essayé de la réchauffer du mieux que je pouvais. >>

- Merci Toga... Je prends le relai.

<< Dabi tu es encore-- >>

- J'ai dis, je prends le relai.

À suivre...

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