Chapitre 8 : Elisabeth Calvert et Gueule de Bois
Poitiers, France. 12 mars 1993.
— Bonjour tout le monde ! clama Gwen à la cantonade en arrivant en furie dans la cuisine.
Joseph, mal réveillé laissa échapper un salut qui ressemblait davantage à un grognement qu'à un "Bonjour". Puis il enfouit à nouveau son nez dans sa tasse de café.
Jotaro haussa un sourcil en regarda la brunette s'attacher les cheveux en un chignon lâche.
— Vous allez pouvoir profiter d'une journée entre hommes, je m'en vais, je ne reviendrais que ce soir.
Polnareff, qui surgit tout à coup dans la cuisine eut un regard soucieux pour elle.
— En espérant que tu reviennes saine et sauve.
Gwen sourit, lui murmurant :
— Je serais sur mes gardes aujourd'hui, ne t'en fais pas.
Après avoir bu en un temps record sa tasse de café, elle se précipita dans l'entrée et enfila son manteau.
— Soyez prudents vous aussi, je dois y aller où je vais être en retard !
La porte claqua alors que Falco se mettait à gémir, assis dans l'entrée.
Jean-Pierre vint le chercher, lui caressa le dessus du crâne en disant, plus pour lui-même que pour son chien :
— T'en fais pas, elle va revenir.
***
Adossée sur le capot de la voiture, Gwen attendait patiemment devant la gare de Poitiers.
Quand elle vit apparaître celle qu'elle attendait, elle sourit. Elisabeth Calvert était une femme élégante à la longue chevelure blonde et aux yeux bleus vifs. Elle portait une robe bleue légère, en dessous d'un manteau de lin blanc.
— Elisabeth !
Cette dernière releva les yeux, traîna sa valise à toute allure pour venir sauter dans les bras de Gwen.
— Je suis tellement contente de te voir ! T'imagine pas à quel point j'avais hâte de te rejoindre !
La brune sourit, attrapant la valise dans les mains de son amie pour la mettre dans le coffre.
S'asseyant dans la voiture, elle regarda Elisabeth.
— Alors.. Qu'est-ce que tu deviens depuis la dernière fois ?
— Tu te souviens que je t'avais parlé de ce rendez-vous avec Frédérik Hossman ?
— Oui, tu m'avais appelé pour me demander des conseils..
— Et bien, sa maison d'art m'a proposé un contrat. Et cela fait maintenant deux mois que je dirige des évènements durant lesquels je peux exposer mes propres toiles !
— Et ça marche bien ?
— Oui, assez, je commence à avoir quelques commandes de clients.
— Je suis contente pour toi, depuis le temps que tu galérais..
— Je ne te le fais pas dire !
La blonde souriait largement et regarda avec douceur son amie.
— Sinon, comment va ce cher Jean-Pierre ?
Elisabeth avait été invité par Gwen un an plus tôt, à Poitiers où elle avait fait la connaissance du petit-ami de la brune.
Elle avait immédiatement apprécié la gentillesse et la délicatesse du traducteur, et surtout, elle avait vite remarqué à quel point ils étaient fusionnels.
— Il va à merveille. Nous avons invité chez nous deux de ses amis, qui resteront jusqu'au mariage.. Ils sont très sympas aussi, je te les présenterais !
Elisabeth esquissa un sourire radieux.
— Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
— La visite de l'aquarium de Pescalis, ça te branche ?
— Carrément !
— On irait manger dans un restaurant avant de faire un peu de shopping ?
— Et ce soir, on picore dans un bar et on boit !
Gwen esquissa un sourire amusé.
— Oui.. Il faut bien célébrer mes derniers instants avant que je ne sois mariée.. Mais je te préviens, je ne veux pas finir minable !
Elisabeth ricana, envoyant un clin d'œil à la fiancée de Polnareff.
— T'inquiète pas !
***
Le bâtiment de l'aquarium était impressionnant, avec une façade en verre qui laissait entrevoir l'intérieur. En entrant, elles furent immédiatement frappées par le grand bassin central qui semblait contenir une variété étonnante de créatures marines. Après l'achat des billets, un guide les accueillit chaleureusement et leur expliqua brièvement ce qu'elles allaient découvrir au cours de leur visite.
— Bonjour, mesdames ! Bienvenue à l'aquarium de Pescalis. Nous sommes ravis de vous accueillir ici. Commençons par le bassin central, où vous pourrez admirer une grande variété de poissons de différentes espèces, provenant de différents écosystèmes marins.
— C'est impressionnant ! s'exclama Elisabeth avec un enthousiasme délirant. On dirait qu'il y a des centaines de poissons là-dedans.
— Regarde, Elisabeth, ces poissons colorés et ces coraux !
Gwen pointait du doigt un poisson aux délicates nageoires si fines qu'elles paraissaient translucides, projetant dans l'eau une délicate lueur orangée.
— Exactement ! déclara le guide en relevant sur son nez ses lunettes qui glissaient. Ce bassin abrite des poissons tropicaux, des poissons de récif, ainsi que des coraux et des anémones de mer. Vous pourrez observer la beauté de ces écosystèmes marins sans même avoir besoin de plonger.
Elles se promenèrent le long du bassin, observant les poissons aux couleurs vives qui nageaient gracieusement entre les coraux. Le guide leur montra également des panneaux explicatifs qui donnaient des informations sur les différentes espèces présentes dans le bassin.
Après s'être longuement émerveillés de ce bassin, le guide reprit la parole :
— Nous avons également un tunnel sous-marin qui vous permettra de vous sentir comme si vous étiez au cœur de l'océan. Suivez-moi, mesdames.
Gwen et Elisabeth suivirent le guide jusqu'au tunnel sous-marin. Là, elles se trouvèrent entourées par une immense étendue d'eau bleue. Des poissons de toutes tailles nageaient autour d'elles, créant une atmosphère magique.
— C'est incroyable ! On se croirait vraiment sous l'eau, murmura Gwen.
— J'ai l'impression d'être une sirène ! rit doucement Elisabeth.
— Oh regarde ! Un requin !
— Il est très petit.. c'est normal ?
— Il en existe de toutes les tailles, mademoiselle. Cela varie beaucoup en fonction de l'espèce. Le plus grand requin du monde est le requin baleine, qui peut atteindre vingt mètres de long !
Il sourit en entendant l'exclamation stupéfaite des deux jeunes femmes.
— Mais je vous rassure, il est complètement inoffensif.
Le guide leur donna quelques informations sur les différentes espèces qu'elles pouvaient voir à travers le tunnel. Elles observèrent des raies majestueuses glisser gracieusement, des requins aux formes impressionnantes et même des tortues de mer qui semblaient naviguer paisiblement.
Après avoir passé du temps dans le tunnel, elles se dirigèrent vers d'autres sections de l'aquarium. Ils découvrirent des bassins interactifs où elles pouvaient toucher certains spécimens marins, des espaces dédiés aux méduses aux formes étranges et des expositions sur la conservation des océans.
— C'est incroyable à quel point elles semblent presque irréelles, chuchota Elisabeth, laissa traîner sa main sur la vitre de l'aquarium.
— Les méduses sont des créatures fascinantes. Leurs formes et leurs mouvements gracieux ont inspiré de nombreux artistes et scientifiques, ajouta le guide, amusé.
— C'est vraiment merveilleux de pouvoir en apprendre davantage sur ces créatures et sur la nécessité de protéger nos océans.
— Exactement !
Après une visite enrichissante, Gwen et Elisabeth quittèrent l'aquarium, des étoiles dans les yeux.
— Maintenant allons manger ! cria presque Elisabeth en dévalant les marches de l'aquarium.
Gwen explosa de rire, regardant son amie :
— On dirait que tu n'as pas mangé depuis trois jours..
— Trois semaines tu veux dire ! Je crève la dalle !
Elles rirent, et, bras-dessus, bras dessous, se dirigèrent vers un restaurant non loin de là.
***
— T'es sûre de toi ?
— Si, je te dis ! Cette robe te va à merveille, d'accord ?! Je suis persuadée que quand Jean-Pierre te verras avec, il ne pourra pas résister à l'envie de te sauter dessus.
Gwen rougit légèrement, avant de dire :
— Ah.. je sais pas.. Elle est un peu chère.. et le mariage a déjà demandé tant de frais.
Elisabeth se releva, faussement agacée, attrapa le sac contenant la robe et déclara tout bas, comme s'il s'agissait d'une menace :
— Dans ce cas, je te l'offre. Et pas de négociations possibles.
La jeune brune voulut protester mais la blonde se dirigea déjà vers les caisses, les deux robes avec elle.
***
— Alors.. comment je suis ? demanda Gwen.
Elle venait de passer par les cabines d'essayages pour se changer.
La brune était ravissante. Une jolie robe rouge carmin s'ouvrait en un décolleté marqué, et présentait des volants légers un peu plus courts devant que derrière. Des manches bouffantes, rattachées un peu plus serrée au poignets, lui donnait vraiment de l'allure.
— Tu es magnifique ! Je ne regrette pas t'avoir forcé à la prendre. À mon tour !
Elisabeth s'enfuit derrière le rideau et en ressortit, portant une robe bleu nuit, au dos nu et à la jupe légère.
— Wow.. Zab'.. tu es vraiment sublime.
La blonde sourit, prenant une pose délibérément aguicheuse.
— Qui sait, avec un peu de chance, peut-être que je vais me trouver quelqu'un ce soir ?
Gwen pouffa.
— Mais arrête un peu.. Si tu te trouves quelqu'un, je te connais, tu disparaîtras et je te retrouverai seulement au matin.
Elisabeth partit d'un éclat de rire.
— Hmm. T'as pas tort. Ok alors je m'amuserais à draguer un ou deux mecs.
— T'es irrécupérable.. Pourquoi tu fais ça ? dit-elle en rigolant.
— Parce que c'est la chose la plus jouissive que je connaisse. Tu devrais essayer. Enfin.. plus maintenant mais je t'assure, c'est très agréable de perturber ton interlocuteur. Mais bon, t'es trop timide pour ça !
— Oh, Zab, je t'en prie. Déjà, une fois j'ai accosté quelqu'un.
— Ah ouais, c'était qui ?
— Ben.. Jean-Pierre.
Elisabeth lui ficha un coup de coude dans les côtes.
— Ben tu vois que t'arrives à tes fins avec un peu de détermination !
La brune lui tira la langue, avant d'admettre :
— Ouais t'as raison.
***
La nuit était tombée sur Poitiers, enveloppant la ville d'une douce obscurité. Gwen et Elisabeth revenaient d'une soirée bien arrosée, et il était évident que l'alcool avait eu un effet marqué sur la brune. Elle riait aux éclats, appuyée sur le bras d'Elisabeth pour maintenir son équilibre. Leurs pas résonnaient dans les rues calmes, et elles se dirigeaient vers la maison de Gwen, où la blonde avait décidé de raccompagner Gwen pour éviter tout accident de voiture.
En entrant dans la maison, Gwen trébucha légèrement et éclata de rire, comme si la simple idée de perdre son équilibre était la chose la plus amusante au monde. Elisabeth la suivit en riant doucement, clairement consciente de l'état dans lequel son amie se trouvait.
Joseph et Jotaro étaient assis dans le salon, en train de discuter tranquillement, lorsque les deux jeunes femmes firent leur entrée. Ils tournèrent tous les deux la tête vers elles, curieux de voir dans quel état elles étaient.
— Regardez qui voilà, les gars ! s'exclama Elisabeth avec un large sourire, largement désinhibée elle aussi -mais bon ça changeait pas trop de son caractère habituel ça-. C'est Gwen, la star de la soirée !
Gwen fit un geste exagéré en agitant sa main devant elle.
— Salut tout le monde ! Vous êtes prêts pour une soirée... euh... délirante ?!
Son rire éclatant accompagna sa déclaration, et les deux hommes échangèrent un regard amusé. Jotaro haussa un sourcil, presque surpris de voir Gwen dans un tel état.
— T'as l'air bien joyeuse ce soir, Gwen, remarqua Joseph avec un sourire.
Gwen se dirigea vers eux en titubant légèrement, s'appuyant sur le dossier du canapé pour ne pas perdre l'équilibre.
— Oh, je le suis, Joseph ! Tu sais, la vie est trop courte pour être sérieuse tout le temps. Tu devrais essayer de lâcher prise de temps en temps, comme moué !
Jotaro, qui était plutôt habitué au sérieux de Gwen, ne put s'empêcher de sourire légèrement devant cette version plus enjouée de la jeune femme, et cet accent.. auquel il ne s'attendait certes pas. Gwen pencha la tête sur le côté, un grand sourire sur les lèvres.
— Tu sais, Jotaro, tu devrais sourire plus souvent. T'as un sourire super mignon !
Joseph éclata de rire devant l'audace de Gwen, et Jotaro ne put s'empêcher de rougir légèrement, embarrassé par le compliment inattendu, tout en camouflant sa gêne sous un air légèrement -car l'on a jamais vu Jotaro être dans l'excès- offusqué.
— Gwen, gronda une voix derrière son dos. Nan mais t'as vu dans quel état t'es ? Et en plus tu dragues mon ami maintenant ?
La jeune fiancée poussa un cri ravi avant de venir s'enfouir dans les bras de Polnareff en disant :
— Wahh ! C'est mon JPP le meilleur ! C'est toua le plus beau ! argua-t-elle en tapota du doigt le bout de son nez.
— JPP ?
— Bah oui quoi ! Jean-Pierre Polnareff ! En en plus ça fait jpp en mode j'en peux plus c'est drôle non ?!
Elle tituba avant de poursuivre, pointant son index vers le haut avec sérieux.
— Sauf que c'est pas vrai hein, mon fiancé j'en aurais jamais marre de lui ! Parce que je l'aime.
Polnareff ne savait pas trop s'il devait se sentir touché par cette déclaration impromptue ou s'il devait rester consterné par son état évident d'ébriété. Elisabeth rit doucement, en regardant le vieil homme et le brun.
— Je suppose que vous êtes Jotaro et Joseph ? Gwen m'avait dit qu'elle vous présenterait mais je crains que dans son état elle n'en soit plus capable..
Jotaro laissa glisser son regard sur la blonde, la trouvant vraiment attirante. Il secoua la tête, essayant de mettre de l'ordre dans ses pensées. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait ?
— Oui, c'est cela, répondit Joseph en souriant. Et à qui avons-nous l'honneur ?
— Elisabeth Calvert, je suis une amie de Gwen.
Elle tendit la main pour serrer celle de Joseph et ensuite la tendre vers Jotaro.
Brun qui resta parfaitement immobile, regardant avec un air surpris la main tendue vers lui.
— Gwen n'avait pas exagéré en disant que tu étais un peu.. timide.
Jotaro sentit sa paupière tressauter. Lui ? Timide, jamais de la vie. Gwen avait dit ça ? Elle était gonflée quand même.. Et puis cette femme là. Il ne la connaissait pas et elle débarquait pour lui asséner des vérités qu'il n'avait pas envie d'entendre. Et elle était si familière avec lui ! Elle le regardait, sourire en coin fiché sur les lèvres, les yeux brillants de défi et il n'eut alors qu'une envie, remplacer sur son visage le défi par la surprise. Joueur, il sourit intérieurement de son idée avant de saisir avec rapidité la main tendue pour la serrer légèrement.
— Et bien.. Il semblerait que Gwen se soit trompé sur mon compte.
Il caressait subtilement la peau du poignet de la jeune femme du bout des doigts et son sourire s'affaiblit alors qu'il jubilait.
Joseph assistait à la scène, proprement surpris mais il ne put parler que Gwen les interrompit.
— Vous savez quoi les gars ? annonça Gwen, un air conspirateur sur le visage. J'ai découvert un secret vraiment super cool !
Ils échangèrent un regard perplexe, se demandant quel secret Gwen pouvait bien vouloir partager dans son état actuel. Jean-Pierre, lassé autant qu'amusé de voir sa fiancée aussi décomplexée, la regarda. Elisabeth, elle, avait pris le parti de regarder du coin de l'œil Jotaro, évaluant ses chances de réussite avec lui.
— Ah bon ? Et quel secret est-ce que tu as découvert ? demanda Joseph en jouant le jeu.
Gwen se pencha légèrement en avant, comme si elle allait partager une information extrêmement confidentielle.
— Le chocolat, mes amis. C'est le secret du bonheur. Le chocolat, c'est la clé pour rendre tout le monde heureux, même Jotaro ! Non parce qu'on va pas se mentir, votre pote là, il a souvent l'air de faire la gueule...
Jotaro plissa les yeux, un peu perdu par cette attaque de Gwen et par son enthousiasme soudain pour le chocolat. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire face à son énergie contagieuse. On aurait dit une enfant, sans le côté criant, râleur et capricieux.
— T'as peut-être raison, Gwen. Le chocolat, c'est plutôt bon, admit-il avec un léger sourire. Et non je fais pas toujours la gueule.
Gwen éclata de rire comme s'il venait de raconter la meilleure blague du monde, ce qui eut pour effet de le rendre encore plus perplexe. Il se sentit d'autant plus troublé qu'il sentait sur lui le regard bleu perçant d'Elisabeth et tourna la tête pour la fixer. Bleu dans le bleu, ils semblaient se défier du regard mais l'un comme l'autre ne dit rien.
— Alors, les gars, vous venez manger du chocolat avec moi ?
Elle se leva, vacilla et tomba à moitié sur Jotaro qui la repoussa immédiatement dans les bras de Polnareff en soupirant intérieurement. Elisabeth ricana, s'attirant un regard noir de la part du brun.
Jean-Pierre se leva avec un sourire amusé et dit :
— Allez, je vais chercher du chocolat.
La jeune brune acquiesça vigoureusement, proprement ravie.
Alors que Gwen et les autres étaient en train de chercher du chocolat dans la cuisine, elle se tourna soudainement vers Polnareff avec un grand sourire et déclara d'un air très sérieux :
— Tu sais, Jean-Pierre, j'ai découvert quelque chose d'incroyable. Les chats sont en fait des espions extraterrestres qui essaient de collecter des informations sur nous pour leur plan de conquête mondiale !
Polnareff éclata de rire, amusé par l'absurdité totale de la déclaration de Gwen. mais il entra dans son jeu.
— Vraiment ? Et tu as des preuves pour étayer cette théorie ?
Gwen agita les bras de manière exagérée, mimant un on-ne-savait-quoi.
— Écoute-moi bien, Jean-Pierre. Ils sont partout, dans nos maisons, nos rues, nos parcs. Ils prétendent être mignons et innocents, mais en réalité, ils sont en train de tout observer et de préparer leur attaque secrète !
Polnareff rit aux éclats, secouant la tête devant l'enthousiasme de Gwen.
— Eh bien, je dois avouer que c'est la théorie la plus farfelue que j'ai entendue depuis longtemps. Mais tu sais quoi ? Ça m'a fait rire, et c'est tout ce qui compte.
Il posa doucement sa main sur la tête de sa fiancée alors qu'elle ajoutait :
— Exactement ! Mais fais attention aux chats, Jean-Pierre. Ils pourraient bien être en train de nous espionner en ce moment même.
— Tiens, ton chocolat !
Elle eut un cri d'enfant à qui on avait annoncé que c'était Noël et enfourna entre ses lèvres trois carreaux de chocolat.
Les trois hommes présents sourirent alors qu'elle manqua de se casser la figure en essayant de monter sur le tabouret haut du bar.
— Et bien.. Elle est dans un bel état ta fiancée.. dit avec amusement Jotaro.
Polnareff sourit et admit :
— C'est la première fois que je la vois comme ça.. Heureusement que le mariage n'est qu'après demain..
Joseph ricana en voyant l'air dépité de Gwen qui n'arrivait décidemment pas à monter sur ce fichu tabouret.
— Tu ne comptes pas l'aider ? demanda Jotaro à Elisabeth pour la provoquer.
Cette dernière, accoudée à la table, pas le moins du monde impressionnée, avala son chocolat avant de rire tout bas :
— Oh non, c'est bien plus de drôle de la voir galérer.
Joseph écarquilla les yeux, stupéfait.
— Par hasard, c'est pas toi qui l'a fait boire ? Tu me parais bien lucide comparée à elle, demanda le vieillard.
Elle rit encore et Jotaro se perdit dans son regard amusé.
— Cela ne peut pas être ma faute si dix malheureux verres viennent à bout de sa lucidité.
Polnareff leva les yeux au ciel.
— Dix verres.. Non mais ça va pas ?!
— Hmm.. Est-ce que les shots ça compte ?! ajouta t-elle en glissant entre ses lèvres un autre carreau de chocolat alors que Jotaro essayait de ne pas montrer qu'il trouvait ce spectacle fascinant.
— Elisabeth ! T'es vraiment impossible ! râla le français en finissant par aider Gwen à grimper sur son tabouret.
Elle rit doucement et le son de son amusement troubla encore Jotaro qui décida de camoufler sa réaction en se servant de chocolat à son tour.
— C'était l'occasion ou jamais, Jean-Pierre, au moins tu peux constater que même bourrée elle te resteras fidèle.
Le manieur de Silver Chariot leva les yeux au ciel.
— Enfin.. si on exclue sa tendance à complimenter Jotaro, ajouta-t-elle.
— Oui, mais c'est pas pareil que Jean-Pierre ! déclara une voix un peu sourde.
Ils tournèrent leur attention vers la jeune femme qui descendait de son tabouret pour perdre l'équilibre et heurter le torse de son fiancé.
— Jotaro il est sympa.. mais il a aucune chance... contre mon JPP.
Elle explosa de rire, manqua de se casser la gueule et ne vit pas le regard estomaqué du français.
— Bon.. Je vais aller la coucher avant qu'elle ne casse quelque chose.
Elle râla en sentant les bras de Jean-Pierre l'entourer.
— Lâche moi, il faut faire partir ce chat !
— Mais quel chat ?! demanda Jean-Pierre.
— Mais lui là ! Il nous regarde avec des jumelles bizarres, dit-elle en pointant du doigt un point derrière la vitre de la cuisine.
Elle ajouta, plus bas :
— Je crois qu'il est pas seul.. Méfiez vous.
Polnareff rit cette fois, regardant Elisabeth.
— Bon. La chambre d'ami est prise mais le canapé est libre, il y a des couverture en dessous.
Elle sourit, disant avec un sourire franc :
— Merci Jean-Pi.
Il souffla, s'enfuyant de la pièce en tirant Gwen qui marmonnait encore quelque chose à propos d'un vaisseau spatial.
— Faudrait arrêter avec tes surnoms à la noix, l'artiste !
***
Polnareff guida sa fiancée jusqu'à leur chambre devant laquelle Falco dormait déjà.
— Bon, je vais t'enlever cette robe et après tu passeras aux toilettes pour le brossage des dents.
Il la déshabilla doucement et lui enfila un t-shirt trop grand en guise de pyjama. Après un rapide passage à la salle de bain, il l'allongea dans le lit et fit le tour pour se glisser sous les draps.
Mais alors qu'il fermait les yeux pour s'endormir, il sentit soudain Gwen gigoter à côté de lui.
— Mais qu'est-ce que tu..
Il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle venait de lui grimper dessus, glissant lascivement ses mains sur son torse musclé.
— Hé ! se plaignit Jean-Pierre, attrapant vivement les poignets de la française pour l'arrêter.
— Jean-Pierre.. sembla t-elle râler.
— Gwen.. T'es complètement ivre.
— Peut-être mais je sais ce que je veux !
Elle dégagea ses poignets des mains de Polnareff et commença à les descendre doucement vers son sexe.
Dire que cela ne lui faisait pas de l'effet serait un mensonge et le manieur de Chariot sentait déjà le désir commencer à envahir ses sens.
— Je te veux toi, déclara t-elle avec une assurance sans faille.
Le jeune homme serra les dents, disant tout bas :
— Bon.. ça suffit.
Il se redressa, ne tardant pas à surmonter Gwen de tout son poids pour la regarder dans les yeux et lui dire :
— Alors.. écoute. C'est pas que j'en ai pas envie hein mais là, t'es clairement pas dans ton état normal. Alors c'est niet. Pas ce soir.
— Mais.. commença t-elle à chouiner.
— Chut ! Maintenant ça suffit, tu dors.
Et il se fit intransigeant. Il se rallongea, dans son dos et la serra contre lui de manière à l'empêcher de bouger.
— Pff.. t'es méchant.
Jean-Pierre se retint de toute ses forces de ne pas rire et répondit :
— Oui c'est ça. Je suis très méchant.
— T'as vu ma jolie robe ? C'est Zab qui me l'a offerte !
Le français resserra encore ses bras autour d'elle, la sentant heureusement se calmer un peu.
— Oui je l'ai vue. Mais je voudrais bien que tu la remettes un autre jour, j'ai pas eu le temps de t'admirer avec.
Elle rit doucement, avant de dire :
— Même si t'es méchant, je t'aime.
Polnareff sourit encore, embrassant le front de sa fiancée qui, enfin, commençait à avoir les paupières lourdes.
— Je t'aime aussi, ma chérie..
***
La maison était désormais calme, avec Joseph en train de prendre sa douche et les deux fiancés se préparant à aller se coucher. Jotaro, assis sur le canapé, feuilletait distraitement un magazine. C'est à ce moment-là qu'Elisabeth décida de mettre son plan en action.
Elle s'approcha de Jotaro avec un sourire charmeur, ses yeux pétillants de malice. Elle savait qu'elle avait attiré son regard depuis qu'elle était arrivée. Il ne pouvait pas nier qu'elle était attirante, avec sa confiance en elle et son charme provocateur.
— Hey, Jotaro, tu veux bien me passer la télécommande ? demanda-t-elle d'une voix suave, le regardant droit dans les yeux.
Jotaro leva un sourcil, légèrement surpris par cette approche directe. Il lui tendit la télécommande sans un mot. Elisabeth s'assit alors à côté de lui, leurs épaules presque en contact.
— Merci, Jotaro. Tu es vraiment sympa, tu sais ? Je te trouve vraiment.. intéressant.
Elle laissa traîner sa voix d'une manière sensuelle qui fit réagir le brun.
Jotaro la regarda avec méfiance, habitué à être plutôt introverti et réservé. Il avait l'impression qu'Elisabeth ne faisait que jouer avec lui, comme beaucoup de filles qu'il avait rencontrées par le passé.
— Ouais, ouais. Te fatigues pas, j'suis pas intéressé, j'ai déjà quelqu'un en tête, lui lança-t-il d'un ton sec, essayant de la détourner.
Elle rit doucement, penchant la tête sur le côté.
— Je suis sûre que je pourrais être bien plus amusante.
Elle glissa sa main sur le bras de Jotaro de manière suggestive. Il fronça les sourcils, clairement mal à l'aise avec cette situation.
— T'as pas fini de jouer à ce jeu-là ?
Elisabeth se rapprocha un peu plus, son sourire aguicheur ne la quittant pas.
— Oh, Jotaro, je ne joue jamais. Je sais ce que je veux, et je n'ai pas peur de le prendre.
Jotaro se leva brusquement, décidant qu'il en avait assez entendu.
— Écoute, Elisabeth, je ne suis pas intéressé par ce genre de trucs. Laisse-moi tranquille.
Il se dirigea vers les escaliers, ignorant totalement l'air dépité d'Elisabeth derrière lui. Mais elle sourit. Elle avait encore deux jours pour obtenir ce qu'elle voulait et elle sentait bien que le brun finirait par céder.
Jotaro monta les escaliers, une étrange confusion planant dans son esprit. Il avait repoussé Elisabeth avec fermeté, mais une petite voix intérieure lui murmurait qu'elle l'attirait, malgré lui. Il ne pouvait pas nier qu'elle avait quelque chose de captivant, un mélange de confiance en soi et d'audace qui contrastait avec son propre caractère plutôt réservé.
En atteignant sa chambre, il soupira et passa une main dans ses cheveux brun ébouriffés. Pourquoi est-ce qu'il se sentait ainsi ? Il secoua la tête, essayant de chasser ces pensées de son esprit. Il se déshabilla rapidement et enfila un t-shirt pour dormir, puis s'assit sur le bord de son lit, perdu dans ses réflexions.
Ses souvenirs dérivèrent vers Maria, la fille dans sa promotion qu'il avait évoqué à Elisabeth. Elle était douce, gentille et intelligente, et il appréciait sincèrement sa compagnie. Mais il devait admettre que la personnalité audacieuse d'Elisabeth le troublait d'une manière différente. Elle le poussait hors de sa zone de confort, ce qui était à la fois irritant et... intrigant.
Il ferma les yeux, essayant de se concentrer sur autre chose, mais l'image d'Elisabeth ne cessait de revenir. Son visage souriant, ses yeux pétillants, son rire enjoué... Jotaro secoua la tête à nouveau, agacé par ses propres pensées. Il n'était pas du genre à être distrait par ce genre de choses. Il avait toujours été concentré sur ses objectifs.
Pourtant, malgré sa résistance, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce que serait d'explorer cette attirance étrange envers Elisabeth. Mais il savait aussi que cela pourrait compliquer les choses, surtout avec son amitié avec Gwen et Polnareff. Il soupira une fois de plus, se laissant tomber sur son lit, les bras derrière la tête.
La nuit était tombée, et dans la pièce sombre, Jotaro resta perdu dans ses pensées tumultueuses.
Dans le salon, Elisabeth, sous sa couverture, explorait déjà toutes ses idées pour le faire tomber sous sa coupe.
***
Le lendemain matin, quand elle se réveilla, elle fut assaillie par un mal de crâne affreux. Se traînant jusqu'à la cuisine, elle enfila sur la route une robe de chambre avant d'aller prendre dans le tiroir une aspirine.
— Alors, on a la gueule de bois ? ricana Jotaro en juste vengeance de ce qu'elle lui avait fait subir la veille.
— Huh, répondit-elle en s'asseyant sur le tabouret.
— Au moins, tu te souviens de comment on s'assoit maintenant.
La jeune femme releva un regard vert tout endormi vers Jotaro et haussa les épaules.
— Chais pas ce qu'tu racontes.
Le brun resserra ses doigts autour de la anse de sa tasse de café en disant :
— Tu demanderas à Joseph et Jean-Pierre, il te raconteront.
La jeune femme plaqua ses mains des deux côtés de sa tête, gémissant :
— C'que j'ai mal ! L'alcool plus jamais !
— Alors ça, ça m'étonnerait ! clama la voix amusée d'Elisabeth qui venait d'entrer dans la cuisine, vêtue d'un simple haut et d'un pantalon noir.
Jotaro se fit la réflexion qu'on aurait dit un félin agile et silencieux. Il se reprit, décidemment, cela ne suffisait pas qu'elle lui ait gâché la nuit, il fallait aussi qu'elle continue le jour !
— La prochaine fois, je te surveillerais davantage pour t'éviter de boire autant, murmura-t-elle à Gwen en passant une main sur son épaule.
La jeune femme soupira lourdement.
— C'est ça.. je te crois.
Polnareff, qui venait d'entrer dans la cuisine sourit.
— Est-ce que ça va, chérie ?
Elle soupira.
— Non.. Je me souviens plus comment je suis rentrée hier soir.
Le français ricana.
— Elisabeth t'a ramenée. D'ailleurs, je pense qu'elle n'est pas étrangère à ton excès d'alcool.
La concernée eut un sourire de vainqueur.
— Je sais plus.. Elle m'a dit qu'on allait rentrer. Et après, c'est flou. Je me rappelle avoir demandé du chocolat mais je sais plus à qui.
Joseph rit en entrant.
— Tu étais déjà ici quand t'as réclamé du chocolat.
Le médicament commençait à faire effet et elle regarda le vieil homme.
— Ah.. J'espère que j'ai pas trop été pénible ?
— Non, dirent Joseph, Elisabeth et Jean-Pierre au moment où Jotaro disait :
— Si.
Elle enfouit son visage dans ses mains en murmurant :
— Je suis désolée..
Elisabeth répondit en riant :
— En fait, c'était carrément hilarant de te voir comme ça !
Gwen la foudroya du regard, ce qui l'amusa.
Jean-Pierre lui caressa le dos doucement, et la chaleur de sa paume sembla enlever toute sa fatigue de ses muscles.
— Ne t'en fais pas, c'était plus drôle que pénible.
Elle releva les yeux vers son fiancé et sourit, se perdant dans la lueur azurée de son regard bienveillant. C'était fou ce qu'elle pouvait l'aimer. Est-ce qu'elle lui avait dit déjà aujourd'hui ?
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