Chapitre 50 : Le bonheur qu'ils méritaient

Naples, Italie. 20 juillet 2001.

— Gwen..

Elle s'extirpa de sa torpeur avec un grognement qui ressemblait très vaguement à une plainte de protestation. Il faisait doux, pour un jour d'été, et pas tellement chaud. Étalée dans l'herbe du jardin, elle profitait de la sensation extraordinaire des rayons du soleil sur la peau de son visage. 

Mais voilà, il avait fallu que Jean-Pierre, en l'appelant, vienne troubler sa sérénité. 

— Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? 

La française rouvrit les yeux sur le champ. 

Deux jours depuis leur réconciliation et ils ne s'étaient presque pas quittés. Ils avaient célébré leur amour à n'en plus finir et renouvelé leur promesses de mariages au fois dix fois en quelques heures. Alors, cette question sérieuse venait d'attirer l'attention de la manieuse d'Armonia. 

Elle se redressa, s'appuyant sur son coude et effleurant du bout des doigts le gazon qui sentait la fraîcheur à plein nez. 

Elle ne dit rien, et pourtant, Jean-Pierre lut l'interrogation dans ses yeux. 

— Je veux dire, s'expliqua-t-il, on ne peut pas vivre éternellement dans la demeure du Parrain. Qu'est-ce que tu veux faire maintenant ?

La brune regarda avec sérieux son mari, en entortillant une de ses mèches autour de son index droit. 

— Tu voudrais retourner en France ? demanda-t-elle avec un soupçon d'appréhension. 

— Pas si ce n'est pas ce que tu veux..

Gwen se mordit légèrement la lèvre inférieure, choisissant ses mots avec soin. 

— Je ne veux pas y retourner. Pas pour le moment. Je.. 

Elle laissa planer un silence. 

— C'est au-dessus de mes forces, je ne peux pas retourner dans notre maison. 

Jean-Pierre acquiesça doucement assurant : 

— Tu n'auras pas à le faire. J'aimerais retrouver certaines affaires, je pense y faire un voyage et rapporter deux-trois trucs. 

Elle acquiesça silencieusement, glissant ses doigts dans la main de Jean-Pierre qui regarda devant eux les longues feuilles du saule pleureur s'agiter dans le vent. 

Ils observèrent un silence recueilli quelques secondes avant que le français ne reprenne : 

— Tu voudrais que je te rapporte quelque chose de là-bas ? 

La femme mit une seconde avant de dire :

— La photo de notre mariage, celle.. de Raphaël le jour de sa rentrée.. Et le bracelet que tu m'avais offert à Vérone. 

Il sourit furtivement, venant embrasser le front de son épouse avec un sourire triste. 

— D'accord. 

Ils ne dirent plus rien, les mots semblaient bien inutiles et finalement, elle dit : 

— J'aimerais que nous habitions ici, en Italie. Une maison au bord de la mer. Tu veux bien ? 

L'homme esquissa un sourire radieux, enchanté de l'entendre se prononcer sur le sujet de leur avenir. 

— Ce serait parfait, répondit-il.

La discussion close, dès le lendemain, Jean-Pierre réserva des billets d'avion et embarqua pour la France le surlendemain. 

Gwen était restée là, sur le quai d'embarquement, le coeur douloureusement serré dans sa poitrine. Elle ne pouvait s'empêcher de songer à la dernière fois qu'ils avaient été séparés. Il leur avait fallu quatre longues années pour se retrouver enfin. Et pour rien au monde elle ne voulait revivre le même cauchemar. 

Jean-Pierre, dans l'avion pour la France, avait le cœur partagé entre l'excitation et l'appréhension. Revenir à Poitiers, leur maison, leur vie passée... tout cela semblait à la fois familier et étrangement lointain. Une fois arrivé, il se dirigea rapidement vers leur maison, espérant retrouver un peu de leur ancienne vie. Cependant, il fut surpris de trouver la maison habitée par une vieille dame entourée d'une ribambelle d'enfants.

— Excusez-moi, dit-il, légèrement déconcerté, je crois m'être trompé d'adresse...

La vieille dame le regarda avec curiosité avant de lui répondre avec un sourire doux.

— Vous cherchez quelque chose, monsieur ? 

— Savez-vous qui étaient les propriétaires avant vous ?

La vieille dame parut soudain plus sombre. 

— Oh oui, je sais.. on dit qu'un heureux couple vivait là, avec leur enfant mais on dit qu'ils sont tous morts brutalement. 

Puis, elle esquissa un sourire ridé mais sincère. 

— Allons parlons d'autre chose, je ne voudrais pas que mes petit-enfants se mettent à clamer partout que la maison est hantée !

— Mamie !!

Jean-Pierre reprit pied dans la réalité et salua discrètement l'aïeule et déclara : 

— Merci, bonne journée Madame. 

— Oh vous voulez entrer boire quelque chose ?

 — Non, je ne préfère pas, merci !

Il tourna le dos à sa maison, la maison qui avait abrité les rires et les pleurs de Sherry et les siens, les éclats de rire de Gwen et les premiers mots de Raphaël.. Il se sentait ému. Mais, d'un certain côté, il était soulagé que cette maison soit aujourd'hui un foyer de joie et non plus de drame. 

Où étaient leurs anciennes affaires ? Avaient-elles été brûlées, jetées ?

Il réfléchit un instant, et, plutôt que revenir bredouille en Italie, il préféra tenter une autre solution. 

Jean-Pierre, sentant le poids des souvenirs et l'incongruité de la situation, balbutia quelques excuses avant de s'effacer, ne demandant pas son reste. Il se détourna et, l'air perdu, décida de contacter la Fondation Speedwagon.

Il trouva une cabine téléphonique et composa le numéro. Après quelques instants d'attente, une voix lui répondit :

— Fondation Speedwagon, bonjour.

Jean-Pierre expliqua brièvement sa situation, signalant sa survie et demandant s'il pouvait savoir si quelqu'un avait récupéré leurs effets personnels. L'opératrice lui demanda d'attendre un moment, et après quelques minutes, une voix familière se fit entendre à l'autre bout du fil.

— Jean-Pierre... C'est Jotaro.

Jean-Pierre ne put cacher sa surprise.

— Jotaro ! C'est bon de t'entendre.

— Pour moi aussi, répondit Jotaro succinctement. J'ai fait transporter vos affaires dans un box à San Francisco. Tout est en sécurité. Tu peux m'y rejoindre si tu veux, je te fais parvenir un jet. 

— Merci, Jotaro. Merci infiniment.

Après avoir terminé le coup de fil, Jean-Pierre attendit l'appareil de la Fondation Speedwagon. Lorsqu'il arriva, il grimpa à bord, direction les États-Unis et son ami Jotaro.

 Le voyage ne prit pas plus de deux heures durant lesquelles Jean-Pierre tenta de se remémorer la dernière fois qu'il avait vu Jotaro. Cela devait être en Italie, en janvier 1997, quand il s'étaient séparés. Jotaro était resté quelques semaines encore sur place et Jean-Pierre était rentré quelques temps en France pour revoir son épouse et son fils avant de repartir, cette fois, pour de bon, semblait-il. 

Quatre ans et demi donc. 

Quand l'avion se posa sur le sol californien, Jean-Pierre en descendit, avant de voir, droit et debout en face de lui, à quelques mètres, la silhouette de Jotaro, vêtu de blanc. Une couleur qui lui allait bien, même si cela était surprenant lui qui portait habituellement du noir. 

Jotaro l'attendait, les mains dans les poches, le visage impassible, mais ses yeux trahissaient une profonde émotion. En voyant Jean-Pierre, il s'avança rapidement et, contre toute attente, le serra furtivement dans ses bras.

— Jean-Pierre, c'est un miracle que toi et Gwen soyez en vie, murmura-t-il, la voix rauque d'émotion.

Jean-Pierre, surpris par cette étreinte inhabituelle de la part de Jotaro, sourit en retour.

— C'est bon de te revoir, Jotaro.

Les deux hommes s'écartèrent légèrement, et Jotaro prit un moment pour observer son vieil ami. Il avait tant de questions, tant de choses à dire, mais il commença par l'essentiel.

— Je suis soulagé de savoir que vous êtes sains et saufs. Quand la Fondation a perdu contact avec toi, j'ai cru le pire. Et quand je suis arrivé à Poitiers ce matin-là.. Et puis... avec tout ce qui s'est passé avec Elisabeth et Jolyne... C'est comme si j'avais perdu tout ce qui comptait pour moi.

Jean-Pierre hocha la tête, comprenant la profondeur de la douleur de Jotaro. Cette perte avait laissé une cicatrice indélébile dans le cœur de Jotaro. Il avait choisi de partir, certes, sûrement pour les protéger mais il comprenait ce qu'il devait ressentir.

— Je suis désolé, Jotaro, répondit Jean-Pierre avec sincérité.

Jotaro serra les dents, tentant de maintenir son calme. Il changea de sujet pour éviter de se laisser submerger par la tristesse.

— Comment avez-vous survécu tout ce temps ? La dernière fois que j'ai eu des nouvelles, Tu étais en Italie... puis plus rien.

Jean-Pierre inspira profondément avant de répondre.

— J'ai été sévèrement blessé par l'ex boss de la mafia italienne, Passionne. J'ai perdu mes jambes et mon œil et après, je me suis terré dans ma cachette, en protégeant la flèche jusqu'à ce que quelqu'un se décide à défier ce sale type pour que je puisse l'aider. 

— Mais.. tu es.. guéri. 

Le français sourit avant de dire :

— Un manieur de stand.. qui fait des merveilles. 

— Et Gwen alors ?

— Elle.. a survécu à l'attaque grâce à son stand. Et elle a exterminé pas loin de 200 mafieux avant de retrouver ma trace et maintenant.. tout va bien, nous sommes enfin ensemble. 

Jotaro était choqué. Il connaissait la force et la détermination de Jean-Pierre et de Gwen, mais il n'avait pas imaginé à quel point leur vie avait pu être difficile.

— Je suis désolé de l'apprendre. Vous avez traversé l'enfer.

— Oui, mais nous sommes ici maintenant, répondit Jean-Pierre avec un léger sourire. Et nous sommes prêts à commencer une nouvelle vie.

Ils se dirigèrent vers le box où étaient entreposées les affaires de Jean-Pierre et Gwen. En ouvrant la porte, Jean-Pierre fut submergé par un flot de souvenirs en voyant leurs biens soigneusement emballés. Jotaro resta silencieux, observant son ami.

— Tu n'imagines pas combien cela signifie pour nous, dit Jean-Pierre avec émotion. Grâce à toi, nous pouvons vraiment tourner la page et commencer un nouveau chapitre de notre vie.

Jotaro posa une main sur l'épaule de Jean-Pierre.

— Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, la Fondation Speedwagon est là pour vous.

Jean-Pierre hocha la tête, reconnaissant mais déterminé. Il avait pris sa décision et il savait que Gwen dirait la même chose. 

— Merci, Jotaro. Mais c'est la dernière fois que je sollicite l'aide de la Fondation. Gwen et moi avons assez donné pour la cause. Je ne veux plus être impliqué dans les affaires de la famille Joestar.

Jotaro le regarda, comprenant la décision de son ami. Il serra les dents et acquiesça.

— Vous avez fait plus que votre part. Prenez soin de vous, c'est ce qui compte.

Jean-Pierre sourit, touché par la compréhension de Jotaro.

— Merci, Jotaro. Tu as le droit de rester notre ami, hein. Juste plus d'histoire de stand. 

Le brun sourit, rassuré et tendit la main vers le français.

Ils se serrèrent la main, une promesse silencieuse de paix et de respect entre eux.

Jean-Pierre passa une bonne heure et demie à dénicher ce qu'il cherchait et remplit le sac qu'il avait emporté avec lui. 

Quand il eut fini, il hocha la tête et dit à Jotaro : 

— Merci encore pour.. tout ça. Nous n'en aurons plus besoin. Si tu veux, tu peux t'en débarrasser.

Le père de Jolyne acquiesça et murmura à l'attention de son ami : 

— Je te laisse y aller alors. Prenez soin de vous. 

Alors que Jean-Pierre lui tournait le dos pour embarquer dans l'avion, il sentit la main de son ami se poser sur son épaule. 

— Une dernière chose.. Dis-moi. Est-ce qu'elles vont bien ?

Le français se projeta un instant à la place de son ami et sentit son coeur se serrer dans son torse. Que devait-il ressentir, loin de sa femme et de sa fille ?

— Elle vont toutes les deux très bien. 

Il perçut le soupir soulagé du japonais et murmura tout de même : 

— Parfois, mieux vaut une lourde vérité qu'un doux mensonge, Jotaro. 

Ce dernier fixa ses yeux bleus sur le visage scarifié du manieur de Chariot. 

— Je le sais. Maintenant, je sais. 

Ils se quittèrent ainsi, dans cette atmosphère lourde de regrets inavoués.

Dans l'avion qui s'éloignait du sol, Jean-Pierre regardait la silhouette blanche de Jotaro devenir de plus en plus minuscule tandis qu'il se rapprochait de plus en plus vite de l'Italie où il avait déjà hâte de revoir son épouse.

*** 

Dans le jardin ensoleillé de la demeure, les quatre femmes étaient assises autour d'une table, dégustant des pâtisseries et sirotant du thé. Gwen, Elisabeth, Trish et Anastasia profitaient de ce moment rare de tranquillité, loin des tumultes habituels de leurs vies respectives. Le murmure apaisant des feuilles et le doux clapotis de l'eau dans la fontaine créaient une ambiance propice aux confidences et aux rires.

— Ça fait du bien de se retrouver entre filles, dit Trish en croquant dans un biscuit, un sourire en coin aux lèvres. On en a bien besoin, n'est-ce pas ?

— Absolument, répondit Elisabeth avec un petit rire. On est souvent tellement pris dans nos histoires que l'on oublie de prendre du temps pour nous.

Gwen hocha la tête, les yeux brillants de reconnaissance, amusée, elle fixa la rousse qui paraissait pensive. 

— Tout va bien, Anastasia ? demanda-t-elle finalement. 

Anastasia, enroulant une mèche de cheveux autour de son doigt, demanda avec curiosité :

— Dites, comment vous êtes-vous toutes rencontrées ? J'aimerais en savoir plus sur vos histoires. Pardon.. je débarque un peu comme un cheveu sur la soupe. 

Trish, pleine d'entrain, commença :

— Pas de souci ! Moi, c'est avec Bucciarati et son équipe en Italie. J'étais à la recherche de mon père, et c'est là que j'ai rencontré toute l'équipe, et Gwen aussi, plus tard. On a traversé beaucoup de choses ensemble.

Un éclat de rire retentit non loin de là, attirant l'attention des femmes. Narancia et Mista étaient en train de faire les idiots, mimant une scène de combat exagérée pour faire rire aux éclats une Jolyne qui se prenait au jeu avec joie.

— Ils ne changeront jamais, commenta Trish en riant doucement. Toujours prêts à faire des âneries.

Elisabeth reprit :

— Pour ma part, je connais Gwen depuis l'enfance.. Et je ne l'avais pas vue depuis très longtemps, avant de venir passer quelques jours ici.

Elle se tut ensuite, occultant sûrement délibérément son mariage avec Jotaro et sa récente séparation. 

Gwen sourit en écoutant les récits de ses amies avant de partager la sienne.

— Jean-Pierre et moi, c'est une longue histoire. Nous nous sommes rencontrés à l'époque où il rentrait d'une quête en Égypte. On s'est mariés et.. Il y a quatre ans, le boss de Passionne a détruit nos vies. J'ai fini par rejoindre le groupe de Bucciarati il y a trois mois..

Anastasia, touchée par leurs récits, ajouta :

— C'est incroyable de voir comment nos vies se sont entrelacées.. Qui eut cru qu'un jour nous serions où nous sommes ?

Un autre éclat de rire retentit, plus fort cette fois, alors que Narancia essayait de convaincre Mista de faire une danse ridicule. Les femmes ne purent s'empêcher de rire à leur tour, la scène était trop drôle pour y résister.

— Ils sont vraiment adorables, dit Trish en secouant la tête avec amusement. Parfois, on a l'impression qu'ils sont de grands enfants.

— C'est ce qui rend la vie plus légère, ajouta Elisabeth en souriant.

Leurs rires se mêlèrent à ceux des hommes, et pendant un instant, le jardin devint le théâtre d'une joyeuse cacophonie. Jolyne paraissait aux anges et la brune observa le sourire songeur sur le visage de son amie. 

— À nous, dit Trish avec un sourire éclatant, levant sa tasse de thé. 

Gwen ricana, se moquant gentiment :

— Je ne savais pas que ça se faisait en Italie de porter un toast avec du thé. 

Elles rirent et Trish se justifia : 

— Tant que c'est une boisson, je pense que ça marche. Alors.. on trinque ? 

— À nous, répétèrent les autres en chœur.

Leurs rires et leurs conversations se poursuivirent tard dans l'après-midi, sous le soleil bienveillant de l'Italie, tandis que Narancia et Mista continuaient leurs pitreries, rappelant à toutes que malgré les épreuves, il y avait toujours une place pour la joie et l'insouciance.

***

La soirée était déjà bien avancée lorsque tout le monde se retrouva autour de la grande table dressée dans la salle à manger. Des rires et des éclats de voix résonnaient dans la pièce, créant une ambiance chaleureuse et conviviale. Jolyne, Mista, Fugo, Narancia, Bruno, Leone, Giorno, Gwen, Elisabeth, Trish et Anastasia étaient tous là, partageant anecdotes et plaisanteries.

La table était garnie de mets appétissants : pâtes, viandes grillées, et un assortiment de desserts italiens. Les conversations joyeuses et animées allaient bon train.

— Tu ne devineras jamais ce que Narancia a fait aujourd'hui, commença Fugo avec un sourire en coin. Il a réussi à se coincer dans un arbre en essayant d'attraper un chaton.

Narancia protesta, rougissant légèrement :

— Hé, ce n'est pas comme si c'était ma faute ! Le chat était vraiment haut, d'accord ?

Les rires fusèrent autour de la table, et Trish ajouta en riant :

— Narancia et les animaux, c'est toute une histoire !

Soudain, la porte s'ouvrit doucement, interrompant les discussions. Tous les regards se tournèrent vers l'entrée, et un silence surpris se fit dans la pièce. Jean-Pierre se tenait là, à l'entrée, un sourire fatigué mais heureux sur les lèvres. Il était de retour, deux jours après son départ pour la France.

Gwen ne put s'empêcher de sentir un immense soulagement s'emparer de son être. Son cœur battait la chamade, et un sourire chaleureux illumina son visage. 

— Jean-Pierre... murmura-t-elle.

Il sourit en retour et s'approcha doucement, le temps de l'embrasser furtivement à de s'asseoir à côté d'elle. La salle resta silencieuse, le temps d'un instant suspendu.

— Je suis rentré, répondit-il, ses yeux brillants d'émotion. Tout s'est bien passé.

Les conversations reprirent, toujours drôles et loufoques, comme si de rien n'était.

— Alors, qu'est-ce que j'ai manqué ? demanda-t-il en s'installant.

Bruno se pencha en avant, un sourire en coin.

— Oh, juste Narancia qui joue les héros et sauve des chatons, et Mista qui essaie de prouver qu'il peut jongler avec des oranges, sans aucun succès, je précise !

— Même moi je jongle mieux ! clama Jolyne, sa fourchette levée avec emphase, la bouche pleine.  

Jean-Pierre rit, se détendant enfin.

— Vous ne changez pas, hein ?

***

La tension entre Jean-Pierre et Gwen atteignait son paroxysme ce matin-là. Les éclats de voix résonnaient dans le couloir, chaque mot échangé semblant amplifier leur colère et leur frustration.

Dans la salle à manger, en-dessous, Trish soupira, regardant furtivement Bruno

— Ne me dis pas qu'il sont en train de se disputer..

Le consigliere haussa les épaules, arguant finalement : 

— Hm, ça faisait longtemps.

Quelques mètres plus haut, la française faisait face à son époux, les bras croisés, les sourcils froncés, vraiment en colère. 

— Gwen, je t'ai demandé de faire ce fichu test ! Pourquoi tu refuses toujours ? lança Jean-Pierre, sa voix tremblant d'exaspération.

Elle souffla fort, agacée.

— Parce que c'est inutile, Jean-Pierre ! s'écria Gwen, le visage rouge de fureur. Pourquoi tu ne me crois jamais ?

Leurs disputes étaient devenues rares, mais lorsqu'elles éclataient, elles étaient violentes. reliques de ces quatre ans perdus loin de l'autre ? Sûrement. Jean-Pierre serra les poings, cherchant à contenir son agitation.

— Écoute, je sais que tu ne veux pas y croire mais enfin ! Tu es malade depuis trois jours, Gwen. Tu vomis chaque matin. Ça ne peut pas être une simple coïncidence.

— Et alors ? Tu penses que je ne sais pas ce qui m'arrive ? répliqua Gwen, les yeux étincelant de rage. Mais je te l'ai déjà dit, c'est impossible !

Jean-Pierre se rapprocha, son ton se faisant plus doux malgré la tension palpable.

— Gwen, je m'inquiète pour toi. On doit en être sûr. Et si ce n'est pas ça.. tu dois aller voir un docteur.

Gwen détourna le regard, les larmes aux yeux, la voix tremblant de colère et de douleur. Elle explosa : 

— Bordel Jean-Pierre ! ... Mon utérus a été coupé il y a quatre ans. Tranché en deux ! Qu'est-ce que tu comprends pas ?! Je ne peux pas être enceinte. C'est... c'est au-delà du possible !

Jean-Pierre, refusant de se laisser abattre par les mots acerbes de sa femme, sortit le test de grossesse de la poche de la pharmacie et le glissa dans la main de Gwen avec force.

— S'il te plaît, murmura-t-il avec une douceur désespérée, fais-le. Juste pour être sûr.

Gwen le regarda, ses yeux remplis de larmes et de confusion, son visage marqué par la douleur.

Elle avait la gorge serrée et envie de pleurer. Il fallait que la première cochonnerie qu'elle attrape lui donne les même putains de symptômes qu'une grossesse !

À contrecœur, elle prit le test, se dirigeant vers la salle de bain avec des pas lourds d'appréhension et de frustration.

Jean-Pierre attendit, le cœur battant à tout rompre, priant silencieusement pour un miracle. Le temps semblait s'étirer à l'infini. Les minutes passèrent, chacune semblant durer une éternité. Finalement, la porte de la salle de bain s'ouvrit lentement. Elle en sortit, interdite, étrangement calme.

— Jean-Pierre... murmura-t-elle, les larmes finissant par couler abondamment sur ses joues. Je.. tu as raison.

Jean-Pierre resta bouche bée, incapable de croire ce qu'il entendait. Gwen, elle, vacilla sous le choc, ses jambes menaçant de céder sous son poids.

— Mais.. ça ne peut pas être le cas.. Ce n'est pas possible, balbutia-t-elle, secouant la tête en signe de dénégation. C'est une erreur, un faux positif !

Jean-Pierre, encore sous le choc, s'approcha d'elle lentement, comme s'il craignait que tout cela ne soit qu'un rêve. Elle paniquait, pour quelle raison, il l'ignorait mais en cet instant, la seule chose qu'il ressentait c'était une joie immense et une gratitude infinie. 

— Gwen, regarde-moi, dit-il doucement, posant ses mains sur ses épaules. C'est réel. Nous allons avoir un enfant.

Les mots semblaient irréels, et pourtant, le test dans sa main le prouvait. Gwen se laissa tomber dans ses bras, ses sanglots déchirants secouant son corps.

— Je ne comprends pas, pleura-t-elle. Comment cela peut-il arriver ? C'était.. censé être impossible !

Jean-Pierre la serra contre lui, ses propres larmes menaçant de couler librement. Il tenta de trouver les mots pour expliquer l'inexplicable, caressant tendrement les cheveux ondulés de son épouse.

— Peut-être que le pouvoir de Giorno y est pour quelque chose, murmura-t-il. Quand il t'a guérie au Colisée de Rome... Peut-être a-t-il aussi réparé les dégâts que tu avais subis il y a quatre ans.

Gwen releva la tête, ses yeux rougis par les larmes mais brillants d'espoir et de confusion.

— Tu crois ?

Jean-Pierre, toujours ébahi par la nouvelle, hocha la tête.

— Giorno a des pouvoirs incroyables. Rien n'est impossible avec lui, je crois. Mais la question la plus maintenant, Gwen, c'est est-ce que ça te rend heureuse ?

Elle prit un moment pour réfléchir, ses émotions tourbillonnant en elle. Puis, un sourire tremblant apparut sur ses lèvres.

— Oui, Jean-Pierre. Je pense.. Je me sens terrifiée, honnêtement.. mais heureuse.

Jean-Pierre l'embrassa doucement, leurs larmes se mêlant. L'émotion était si intense qu'ils en tremblaient tous les deux.

— Alors, c'est tout ce qui compte. Nous avons déjà surmonté tant d'épreuves. Nous pouvons y arriver ensemble..

Ils restèrent enlacés, savourant ce moment de pure émotion, sachant que peu importe ce que l'avenir leur réservait, ils seraient prêts à l'affronter ensemble.

— Parle pour toi Monsieur c'est pas moi qui accouche. 

Il rit doucement et la sentit soudain gigoter contre lui, cherchant à se défaire de son étreinte. 

— Qu'est-ce que.. ? interrogea-t-il. 

— Bouge pas, je dois aller voir Giorno. 

Gwen, les émotions encore vives, se détacha de Jean-Pierre et sortit précipitamment de la pièce, le test de grossesse toujours dans sa main tremblante. Jean-Pierre, un mélange de joie et d'inquiétude dans les yeux, la suivit de près.

En bas, dans la salle à manger, l'atmosphère était légère, les rires de Narancia et Mista résonnant dans l'air. Bruno, Trish, Fugo, et les autres étaient attablés, discutant joyeusement. Leurs conversations s'interrompirent brusquement en voyant Gwen entrer en trombe, le visage marqué par l'émotion.

Giorno, qui se tenait assis près de la fenêtre, se retourna, intrigué par l'agitation.

— Giorno, j'ai besoin de te parler, dit Gwen, sa voix encore tremblante.

Giorno hocha la tête, son expression sérieuse et attentive. Il fit un signe de la main vers une pièce adjacente, invitant Gwen à le suivre. Une fois à l'intérieur, il referma doucement la porte derrière eux.

— Qu'est-ce qui se passe, Gwen ? Tout va bien ? demanda-t-il calmement.

Gwen tendit le test de grossesse à Giorno, ses mains tremblant légèrement. Il le prit et l'examina, Il haussa un sourcil, comme s'il se demandait pourquoi la française lui donnait un bâtonnet en plastique. Son visage était impassible mais ses yeux montrèrent une lueur de compréhension. 

— C'est... positif, dit-elle d'une voix cassée. Mais c'est impossible, Giorno. Mon utérus a été tranché en deux il y a quatre ans. Je ne devrais pas pouvoir tomber enceinte.

Giorno resta silencieux un moment, réfléchissant profondément. Puis, il posa doucement le test sur la table et regarda Gwen dans les yeux.

— Quand je t'ai guérie au Colisée, j'ai utilisé mon Stand, Gold Experience, pour réparer les dommages que tu avais subis. Je n'étais pas conscient de l'étendue exacte de la guérison, mais il est possible que mon pouvoir ait restauré ton utérus sans que je le sache. D'autant plus qu'avec les pouvoirs conférés par la flèche, mon stand est devenu plus puissant..

Gwen, les yeux écarquillés, laissa échapper un souffle qu'elle ne savait pas retenir.

— Donc... tu veux dire que... c'est vraiment.. possible ?

Giorno hocha lentement la tête.

— C'est ce que je crois, oui. Mon pouvoir est conçu pour redonner vie et guérir. Il se peut que cela ait inclus la restauration de ta fertilité.

Gwen sentit une vague d'émotions l'envahir : soulagement, gratitude, et une peur persistante de l'inconnu, bien qu'il ne fut pas tellement inconnu. 

Contre toute attente, le blond sentit soudain les bras de Gwen s'enrouler autour de son cou et la voix de la femme murmurer un remerciement sincère. 

Quand ils rejoignirent la salle à manger, Jean-Pierre était là et les époux échangèrent un regard apaisé qui suffit à rassurer les convives. Tout allait bien, pour l'instant. Les rires et les conversations reprirent, plus forts et plus joyeux qu'avant, alors que la nouvelle de leur bonheur se répandait doucement parmi leurs amis.

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