Chapitre 48 : Le triomphe du soleil

Naples, Italie. 17 juillet 2001.

En exhalant un long soupir douloureux, Fugo se laissa tomber dans le fauteuil, laissant sa tête basculer en arrière, sur le dossier. 

Bruno, amusé, esquissa un sourire en coin, posant nonchalamment son menton sur son poing fermé.

— On dirait que tu as couru un marathon, mon pauvre Fugo..

Le blond soupira de plus belle, se pinçant l'arrête du nez. 

— T'as pas idée..

Sur ces mots, Trish entra dans la bibliothèque, l'air survoltée. Ses mèches folles s'échappaient de sa tresse et elle afficha un sourire radieux en voyant son amant.

Souriant toujours, elle s'approcha de lui et embrassa furtivement ses lèvres.

Le Consigliere sourit comme toute réponse, lui disant sur un ton faussement réprobateur : 

— Épargne un peu ce pauvre Fugo, regarde, il se liquéfie sur son fauteuil. 

La jeune femme partit d'un grand rire, caressant du bout des doigts le bras de Bucciarati qui venait de la tirer à lui pour l'asseoir sur ses genoux. Elle frissonna, sentant les mains de celui qu'elle aimait se poser sur elle. 

— Gio' a dit que ça faisait partie du test.

Le jeune homme enserrant de ses bras la taille de la jeune femme et embrassa sa nuque, sous le regard à la fois choqué et dégoûté de Fugo.

— Sois gentille avec lui, chérie. 

Trish soupira, faussement boudeuse avant de dire, en souriant en coin :

— Il n'est pas de très bonne volonté..

Le blond, avachi dans le fauteuil grommela une insulte et articula : 

— Je suis pas un putain d'employé dans l'évènementiel, merde

Bruno ne retint pas un rire, interrogeant : 

— Il reste encore beaucoup de choses à faire ? 

La jeune femme aux cheveux roses caressa la peau des bras de Bucciarati en acquiesçant doucement. 

— Oui. Le ménage est à peine commencé. Il nous reste la décoration, les tentures, les fleurs, le traiteur, la musique, les invitations..

Fugo laissa échapper un gémissement de découragement, et il souffla en ouvrant sa chemise blanche :

— On va jamais en finir.. je déteste Giorno..

Bruno embrassa encore une fois les lèvres de Trish avant que cette dernière ne se lève, déclarant avec emphase : 

— Fin de la pause Fugo ! On y retourne !

Le concerné souffla, en se laissant tomber à bas de son siège, traînant sur le sol sans la moindre énergie. 

— Allez, on se secoue, on dirait un vieux Flamby périmé ! ricana-t-elle.

Elle se précipita vers lui pour lui tirer le bras avec force et le remettre debout. 

— Au secours Bucciarati.. Sors moi de lààà..

La voix de Fugo s'étiola dans le couloir, sous le rire clair de Trish. 

Bruno resta pensif, savourant en silence les images de la nuit passée avec Trish. Sa robe blanche vaporeuse lui avait laissé entrevoir la forme de ses courbes et il sourit doucement. Il aimait bien cette tenue, un peu moins le fait qu'elle soit si jolie au milieu de tous ces hommes. Enfin.. Il avait confiance en ses amis et surtout en elle. 

Il n'avait jamais été aussi heureux, il lui semblait. Le sourire aux lèvres, il caressa la couverture de son livre. Fugo se réintégrait peu à peu à leur groupe, Mista et Narancia étaient égaux à eux-mêmes, toujours aussi déjantés. Giorno gérait Passionne beaucoup mieux qu'il n'aurait jamais pu le faire. Et Trish.. Trish était merveilleuse. Un rayon de soleil, une jeune femme passionnée et aimante et elle le comblait. La seule ombre au tableau restait l'absentéisme de Leone. 

Est-ce que l'ancien flic était furieux d'être le subordonné de Giorno ? En tous les cas, Bruno ne l'avait pas vu depuis un moment. Il sortait souvent la journée, rentrait tard, à la nuit tombé, un air indescriptible sur le visage et au fond des yeux.  

Avec un petit rire, il pensa à Fugo. 

Le pauvre.. 

Après la liquidation des dernières forces fidèles à Diavolo, les choses s'étaient vite tassées.

Quelques semaines avaient suffi pour gérer la nouvelle organisation de la famille et c'est Trish qui, un soir, au dîner avait insisté auprès de Giorno, le suppliant de bien vouloir organiser une grande fête pour célébrer leur victoire et l'ascension du blond au sommet de la famille. 

Le fils de Dio avait été facile à convaincre et un fin sourire malicieux était né sur ses lèvres quand il avait chargé Trish et Fugo de l'organisation. 

Depuis trois jours, le blond ne manquait pas une occasion de râler auprès de Trish, beaucoup trop enthousiaste à son goût. Il se traînait, effectuant diverses tâches ménagères, dans l'espoir qu'un jour prochain, tous ces préparatifs infernaux seraient enfin achevés. 

Bruno se leva, s'étirant et jeta un œil par la fenêtre. En contrebas, Jolyne jouait avec Narancia et Mista, sous le regard amusé d'Elisabeth Calvert. 

Il vit un sourire franc naître sur les lèvres de Gwen. Sans elle, Dieu seul savait s'ils auraient survécus à l'attaque de Diavolo dans l'église San Giorgio Maggiore, quelques semaines plus tôt. il était reconnaissant à cette femme d'être intervenue. La voir petit à petit abandonner sa vengeance et renaître lui réchauffait le coeur, même sil restait encore à faire en sorte que Jean-Pierre et elle finissent par se réconcilier.

Il faisait chaud, et Gwen appréciait la brise marine qui, de temps en temps, soulevait les pans de sa large chemise blanche, dont le bas était enfoui sous la ceinture d'une ample jupe rouge. 

Jolyne riait aux éclats et la française murmura :

— C'est bien vrai qu'elle a l'air heureuse, ta petite Jolyne. 

La fillette de sept ans essayait à présent d'attraper les Pistols qui tournoyaient autour d'elle. 

— Euh.. elle voit les Pistols de Mista ?

Elisabeth haussa les épaules. 

— Sûrement.. Son père est un manieur après tout.. Seulement.. moi, je ne sais pas de quoi tu parles, je ne les vois pas. 

La brune serra les lèvres en regardant son amie. 

— Attends, je vais te faire un dessin. 

Elle se lança dans une esquisse qui fut loin d'être réussie. 

Jolyne, s'approchant, rigola :

— Bahhh ! Tu sais pas dessiner, c'est tout moche ! 

Gwen, loin de prendre la mouche, tendit le carnet à la fillette qui s'empressa de faire un portrait des Pistols extrêmement ressemblant. Elle était concentrée, la langue dépassant de ses lèvres rendues roses par le grand air. 

— Tadamm ! clama-t-elle en brandissant devant les yeux de sa mère et de sa marraine le dessin des six petites créatures, numérotées dans l'ordre, à l'exception du 4. 

— Ouah ! C'est super bien dessiné ! s'exclama Narancia, admiratif. T'as du talent, petite.

— Je suis pas petite, d'abord ! répondit-elle du tac-au-tac.  

— J'avoue, on dirait presque qu'ils vont sortir du papier.. admit Mista, en un hochement de tête.  

Les Pistols eux-mêmes se mêlèrent à la conversation. 

— Les gars, regardez, on est trop beaux ! 

— Merciii Jolyne !

— T'es la plus forte ! 

Elisabeth, amusée, malgré son incapacité à voir les stands, sourit, murmurant à Gwen :

— Tout ça me donne une idée pour son cadeau d'anniversaire !

 Gwen lui répondit par un sourire qu'elle perdit aussitôt que son regard tomba sur la silhouette de Jean-Pierre, qui venait d'arriver. Leur regards se croisèrent furtivement et elle baissa les yeux, s'éloignant alors qu'Elisabeth soupirait et que Jolyne attrapait la main de sa mère. 

— Pourquoi Gwen et JP ils s'aiment plus ? 

Elisabeth, prise de court, ne sut quoi répondre et resta interdite. 

— C'est comme toi et Papa ? 

Cette fois, le coeur de la blonde se serra dans sa poitrine. Comment Jolyne pouvait-elle vivre l'absence de son père ? la question innocente de sa fille venait de faire remonter à la surface son sentiment criant de solitude. Elisabeth serra les lèvres et réprima le sanglot qui lui comprimait la gorge avant de forcer un sourire.

— Non. Moi et ton père, c'est différent, ma puce. Gwen et Jean-Pierre, ils doivent se parler mais.. ils ne veulent pas. 

— Pourquoi ?

Elle passa nerveusement un doigt sur son menton avant de répondre prudemment :

— Parce qu'ils boudent.. Tu sais, ça arrive même aux adultes.

Jolyne regarda par dessus de l'épaule de sa mère la silhouette de Gwen disparaître. 

— Ah. 

Puis, un silence passa et Elisabeth ne sut ce qu'il se passa. Si Jolyne avait senti sa tristesse où si elle avait besoin d'être consolée. Quoique ce fut, la fillette entoura le cou de la blonde de ses bras et se blottit contre elle. 

— Je t'aime Maman. 

L'américaine sentit ses yeux s'embuer et serra plus contre elle sa fille en murmurant : 

— Je t'aime aussi ma chérie.

***

 Naples, Italie. 25 juillet 2001. 

Finalement, la nuit était tombée, mettant fin à la chaleur étouffante de la journée pour laisser place à une légère brise tiède, très agréable. 

La fête en l'honneur du triomphe battait son plein. La musique envahissait les esprits et de là où elle se tenait, Gwen voyait les membres du Bucci-gang rire et profiter de l'alcool. Narancia, habillé d'un costume noir et d'une chemise verte, Mista, très élégant dans un pantalon gris assorti à une chemise rouge, Fugo, vêtu d'un complet brun. Au milieu de la salle, aussi resplendissant que le soleil, Giorno semblait à l'aise dans cette foule. Sa tenue bleu marine était recouvert d'un large manteau blanc cassé et il souriait, négociant lui seul savait quelle condition avec ses subordonnés. 

Gwen sourit. Elle avait eu du mal à le croire, cet adolescent de 15 ans et pourtant.. Il était là, dans son élément et des personnes trois à quatre fois plus âgées que lui lui témoignaient un respect sans borne. 

— Bouh ! 

Deux mains frêles se posèrent sur ses épaules et la brune sursauta, trop absorbée par sa contemplation pour la sentir arriver. 

— Je t'ai eue ! clama avec enthousiasme Elisabeth.  

La française sourit furtivement et se tourna vers sa meilleure amie. La blonde avait choisi pour l'occasion une splendide robe de soirée bleu marine, au décolleté avantageux. Elle était ravissante et Gwen se surprit à sourire. 

— Ta tenue te va à merveille, argua-t-elle.

La blonde lui sourit en retour, flattée, avant de froncer les sourcil. 

— Pourquoi tu t'obstines à garder cette écharpe ?!

Gwen ne répondit rien, et son contenta de rajuster son écharpe grise pour camoufler son immonde cicatrice. Elisabeth serra les lèvres. La brune n'arrivait pas à se faire à l'idée que cette cicatrice ne se voyait pas tant que cela, et surtout, que cela ne l'enlaidissait pas, contrairement à ce qu'elle pensait. Mais c'était comme dire "arrête de pleurer" à quelqu'un de triste. C'étaient des paroles dans le vent. 

D'autant plus que la française était sublime dans cette robe vert foncé. Le jupon accroché au corset se terminait un peu au dessus des genoux, pour laisser la place à un autre jupon décoré de motifs de lierre brodés au fil dorée.

— Où est Jolyne ?

Elisabeth sourit, devant la tentative maladroite de changement de conversation. 

— Elle est dans son lit. J'ai dû insister un peu mais à son âge, on ne peut pas passer la nuit debout. 

La brune sourit. 

— Tu es plus sévère avec elle que nous l'étions avec nous autrefois.. 

Elle échangèrent un sourire. Ces soirées cachées dans le grenier de l'orphelinat, à rire tout bas, en se racontant des histoires farfelues, en essayant de réveiller Gabriel, son petit frère, qui, quatre ans plus jeune, n'avait pas l'énergie de se relever la nuit. Et les deux femmes se souvenaient encore des punitions du lendemain quand, tombant de fatigue, elle devait rester de corvée de ménage. Mais y penser rappela à Gwen la douloureuse perte de Gabriel, son petit frère, le jour de ses onze ans. Il avait succombé à l'âge de sept ans, d'une pneumopathie aggravée. 

Des années durant, Gwen avait haï son anniversaire pour cela. Elisabeth et Jean-Pierre étaient parvenus à lui faire de beaux souvenirs à relier à cette date. 

— Gwen, Elisabeth.. je vous cherchais.

La voix un peu tremblante de Trish venait de les interrompre. 

— Vous avez vu Bruno ? demanda-t-elle, l'air anxieuse. 

Elisabeth secoua la tête et Gwen répondit : 

— Non, à vrai dire..

 — Vous pensez que ma tenue est bien ? demanda Trish, inquiète. Je ne suis pas ridicule, n'est-ce pas ?

Elle semblait sur le point d'exploser, cette jeune femme et Elisabeth posa une main apaisante sur son bras.

Gwen lui sourit, rassurante.

— Pas du tout, Trish. Tu es magnifique, vraiment.

Elisabeth hocha la tête avec conviction.

— Absolument. Bruno va être ébloui.

Trish soupira de soulagement, mais ses mains continuaient de trembler légèrement.

— Et la fête ? Vous croyez que tout est bien préparé ? J'ai peur d'avoir oublié quelque chose...

— Tout est parfait, Trish. Tu as fait un travail incroyable. Regarde autour de toi, tout le monde s'amuse.

Elisabeth ajouta avec un sourire chaleureux :

— Et Fugo a même cessé de râler, c'est un signe que tout va bien.

Trish rit nerveusement, jetant un dernier coup d'œil à la salle. Effectivement, le blond râleur sirotait un verre de vin, discutant tranquillement avec Mista, un sourire aux lèvres. 

— Ah, voilà Leone, ça fait un bout de temps que je l'avais pas vu.. chuchota Gwen. 

— Qui est la jeune femme à côté de lui ? interrogea Elisabeth, je ne crois pas la connaître. 

— Moi non plus.. répondirent en chœur Trish et Gwen.

La jeune femme en question arborait une chevelure d'un roux profond, soigneusement arrangée et portait une robe bleu ciel, assortie à ses yeux. 

— Elle est très belle en tout cas, conclut Elisabeth. 

À l'instant où elles allaient se désintéresser du sujet, elles virent Leone se pencher et embrasser furtivement les lèvres de l'inconnue avant de la laisser un moment seule pour se diriger vers le buffet, la laissant à la merci des membres de l'Unità Speciale, qui se précipitèrent pour l'interroger. 

— La pauvre.. Au moins on sait qui elle est pour Abbacchio maintenant ! 

— Hé, regarde qui voilà, Trish !

La jeune femme étouffa un cri d'admiration en voyant paraître son aimé. Il était magnifique dans son costume blanc, soigné. Elle s'écarta de la colonne et se dirigea vers lui, le coeur battant à mille à l'heure. Il tendit les bras vers elle, les yeux brillants, lui adressant un sourire franc.

— Tu es splendide, murmura Bruno en l'embrassant.

Elle sourit, aux anges. 

— Et toi donc, quelle prestance, Monsieur le Consigliere

Il rit, passant un bras dans son dos en murmurant : 

— Tu as vu la petite amie de Leone ? 

— Oui, elle est très belle, mais je ne l'ai jamais vue avant. 

— Je n'ai pas pu l'aborder, Leone grogne comme un roquet dès qu'on s'approche. Mais je crois qu'elle s'appelle Anastasia. 

Trish sourit, amusée. 

— C'est donc pour elle qu'il était si souvent absent ?

— Il semblerait.  

Bruno sourit encore, regardant intensément son amante. 

— Tu veux danser ? 

Elle rougit légèrement, hochant la tête. 

Il l'emmena danser au milieu de la piste de danse, attirant les regards envieux de Gwen et Elisabeth.

— Ils sont adorables ensemble, murmura Gwen, le regard attendri.

Elisabeth hocha la tête, souriante.

— Oui, ils le sont vraiment. Ça me rappelle un peu nous à leur âge...

 Un flash douloureux de souvenir, au mariage de Jotaro et Elisabeth. Très intime, avec une dizaine de personnes mais un moment tellement précieux.

— Oh oh.. Jean-Pierre en approche ! clama soudain la blonde. Mazette, très sexy ton mari.

Mais la brune pâlit à l'extrême, se figeant, rajustant son écharpe et adressant un regard de supplication à son amie. Son coeur battait à tout rompre. L'idée de le croiser ce soir la remplissait de panique.

— Oh non, pas ce soir, s'il te plaît, éloigne-le, Zab, je t'en prie, supplia-t-elle, les yeux écarquillés.

Elisabeth posa une main réconfortante sur l'épaule de son amie, et lui adressa un regard de pitié.

— Gwen, tu devrais vraiment lui parler. Vous devez arranger les choses...

Mais Gwen fit la sourde oreille, secouant la tête frénétiquement.

— Non, je ne peux pas, pas ce soir, s'il te plaît..

Soupirant, Elisabeth s'inclina, proposant d'attirer Jean-Pierre ailleurs.

— Très bien, je vais voir ce que je peux faire.

Lorsque les pas de son amie s'éloignèrent, Gwen la remercia. Pourtant, Elisabeth restait les sourcils froncés. Elle savait que Gwen et Jean-Pierre avaient besoin de cette confrontation, aussi difficile soit-elle. Lorsqu'elle se trouva en face de Jean-Pierre, elle croisa ses bras sur sa poitrine et murmura doucement, à l'attention de l'homme :

— Elle est juste là.

Lorsque Gwen réalisa ce qui se passait, elle se retrouva nez à nez avec Jean-Pierre, son époux, qui venait de la rejoindre derrière la colonne. Interdite, elle resta figée, comprenant qu'Elisabeth venait de lui jouer un vilain tour pour s'assurer qu'ils parlent tous les deux. Effroyablement gênée, elle resta le dos collé à sa colonne, ne sachant quoi faire.

Jean-Pierre s'arrêta devant elle, le regard empreint de tristesse et de détermination.

— Gwen, on doit parler, dit-il doucement, sa voix pleine d'émotion.

Gwen baissa les yeux, les mains tremblantes. Elle ressentait un mélange d'angoisse et de tristesse, incapable de soutenir le regard de son époux. Jean-Pierre fit un pas en avant, tendant la main vers elle, soulevant son menton pour croiser son regard smaragdin.

Elle tentait de ne pas le regarder et Jean-Pierre sentit son coeur manquer un battement dans sa poitrine. Elle était si belle, si.. fragile en cet instant. Et il avait le coeur lourd.

— Gwen, s'il te plaît. Nous ne pouvons pas continuer à nous éviter. Nous devons affronter ce qui s'est passé, ensemble, pour nous, pour notre avenir.

Les larmes montèrent aux yeux de Gwen, qui secoua légèrement la tête, submergée par l'émotion. Mais elle serrait les lèvres, tentant de réprimer la vague qui n'attendait que de pouvoir déferler.

Jean-Pierre prit ses mains dans les siennes, les serrant doucement.

— Nous avons tous les deux des torts, Gwen. Mais si nous ne faisons rien, nous nous perdrons à jamais. Je ne veux pas te perdre, ajouta-t-il, sa voix pleine de sincérité.

Les mots touchèrent Gwen en plein cœur. Elle leva les yeux vers lui, cherchant la force de faire face à ses peurs. Elle vit dans ses yeux une lueur d'espoir et de détermination qui fut sa perte. Elle ne parvint plus à se retenir et les larmes dévalèrent ses joues alors qu'elle abdiquait, laissant son front heurter le torse de son époux.

— Moi non plus, Jean-Pierre. Moi non plus, dit-elle enfin, d'une voix  hachée et tremblante.

Il esquissa un léger sourire, l'attirant doucement contre lui, l'enveloppant de ses bras, réprimant les larmes de soulagement qui lui empoignaient la gorge.

— Parlons, Gwen. Commençons à guérir. Ensemble.

***


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