Chapitre 39 : Embuscade à Venise [Golden Wind]🐞

https://youtu.be/juOQrZBGY2w

Petite musique d'ambiance pour ce chapitre ! ^^

***

— Personne ne nous a pris en filature, annonça Narancia.

Gwen lui en fut reconnaissante, car cette simple phrase, la tira de sa somnolence bienheureuse.  

Elle avait passé toute la nuit à lutter contre le sommeil et savoir qu'elle avait failli sombrer, en présence de presque parfaits inconnus, lui donnait la chair de poule. 

Assise tout à l'avant du bateau, elle leva ses yeux verts rougis par la fatigue vers ses nouveaux compagnons de fortune. Narancia, la main sur la tempe, l'œil droit fixé sur son écran de surveillance, avait l'air bien plus réveillé que son voisin, dont elle avait appris le prénom. Leone. Cela sonnait italien, ce qui paraissait somme toute plutôt logique, vu qu'il avait l'air d'avoir grandi à Naples. 

Juste derrière Narancia, Giorno, l'air pensif, dardait son regard bleu-vert intense sur les vaguelettes qui venaient se briser sur la coque de l'embarcation. Mista, au même niveau que lui, avait les bras croisés sur sa poitrine, les yeux fermés. 

Et enfin, tout au fond, en train de diriger le bateau, tout en gardant un œil sur la tortue, Bruno acquiesçait à la remarque de Narancia. 

— Bucciarati, nous ne sortons pas de Venise ?! demanda soudain Giorno. 

Il était vrai que depuis la veille au soir, où tous dans le navire -excepté Gwen- avaient pris la décision de trahir leur serment d'allégeance à la famille Passionne, ils n'avaient pas quitté les canaux de la ville lagunaire. 

Intéressés par la question, Mista rouvrit les yeux, fixant Bruno qui expliqua : 

— Le Parrain dispose d'une garde rapprochée ici, à Venise. Ils les a assurément déjà prévenus de notre trahison. Ces gars nous prendrons pour cible très prochainement.

Tous bien réveillés à présent, Leone intervint : 

— Nous ignorons totalement la nature de leurs pouvoirs.

— Tout à fait. Si nous prenons la mer imprudemment, nous encourrons des périls inutiles. 

— Très bien, admit Giorno. 

Gwen, à l'avant, reconnut que Bruno réfléchissait bien. Il semblait être la tête du groupe. Quoi que.. Giorno ne paraissait pas idiot non plus. 

— MIIISTTTAAAA ! crièrent soudain des petites voix qui firent sursauter Gwen. 

Si les autres remarquèrent sa stupeur, ils ne la firent pas remarquer et Gwen entendit les Pistols se plaindre d'avoir faim. Ils pleuraient, criaient, exigeaient si bien que Mista finit par balayer l'air de ses bras en criant : 

— Stop ! 

Puis il se tourna vers Bucciarati. 

— Dis, Bucciarati, je sais que c'est compliqué mais on se poserait pas au resto ?

Très imprudent. Songea la française. 

— Pourquoi pas ? sourit doucement le chef du groupe. Il faut aussi qu'on recharge nos batteries. 

Bon, la femme devait admettre qu'il n'avait pas tort, depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé un repas digne de ce nom ? 

Elle se rappela soudain que son portefeuille ne contenait plus grand-chose et qu'elle devait encore s'acheter un nouveau haut. Se promener le ventre à l'air, très peu pour elle. 

Les autres eurent l'air enjoués à l'idée de manger et Bruno ne tarda pas à arrêter l'embarcation dans un canal petit. 

 — Tu ne manges pas avec nous ? demanda gentiment Narancia en la voyant s'adosser sur la balustrade à côté d'eux. 

— Hé bien.. murmura-t-elle, soudain un peu mal à l'aise, en fait je.. je n'ai pas très faim.. et je voulais aller m'acheter un autre haut. Celui là est fichu. 

Des yeux perçants semblèrent transpercer son esprit alors que la voix de Giorno s'élevait, étouffant à peine le gargouillement qui lui échappa.

— Oh. C'est un problème d'argent ?

À l'air qu'elle afficha, le blond sut qu'il avait vu juste. 

Bruno esquissa un sourire amusé et dit : 

— Gaëlle, tu m'as sauvé la vie, je ne vais pas te laisser mourir de faim. Assied toi et mange avec nous. Ne t'inquiète pas, c'est moi qui paye. 

— Mais.. je ne..

Le regard azur appuyé de Bucciarati la dissuada de se chercher une excuse. 

— Merci.. Bruno. Est-ce que je peux juste aller me chercher de quoi m'habiller ? Il y a une boutique à vingt mètres. 

Sans qu'elle puisse protester, le chef de gang lui fourra dans la main deux billets de vingt euros et elle se dépêcha d'aller se choisir un nouveau haut. Rien d'exceptionnel ni extravagant, remarquèrent-ils, quand elle revint avec une tunique simple vert foncé, ample. 

Une fois qu'elle se fut assise avec les autres, elle commanda le menu le moins cher du restaurant, ce que ne manqua pas de remarquer Giorno et mangea avec un appétit trop vorace pour qu'elle n'ait pas eu faim.

— Merci, murmura-t-elle. 

— Waw mais depuis combien de temps tu n'as pas mangé ? s'exclama Narancia, en voyant que les Pistols, pourtant maitres dans l'art de s'empiffrer, n'avait pas fini leur saucisson. 

 Elle mit beaucoup de temps à réfléchir avant de soupirer : 

— Je ne sais plus en fait. Je.. j'ai tendance à oublier un peu quand je.. j'enquête. 

Mista fixa sur elle ses yeux noirs et s'étonna : 

— Vous entendez ça les gars ? T'es bien tombée avec nous, on oublie jamais un repas !

— Ah ça non ! renchérit Narancia avec un sourire éclatant. 

Gwen esquissa un doux sourire et Giorno échangea un regard avec Bruno. C'était la première fois qu'ils la voyaient se détendre un peu. À croire qu'elle n'était pas si froide que ça finalement. 

— Vous connaissez le régime végétarien ? demanda soudain Mista, retrouvant son sérieux. Les Végés, ils ont droit au fromage ?

— Non, j'en doute, répondit Abbacchio. Les vaches et poules produisent lait et œufs, donc bon. Pareil pour les gâteaux qui contiennent de la crème. 

— Hééé ? Pas de gâteaux ?! 

Mista avait l'air scandalisé.

— C'est peut-être mieux pour la santé, tu me diras.. souffla-t-il, l'air désabusé.

— Et comment ils gèrent les sacs et les chaussures ? Ils sont fait en cuir non ?

— Si la cause animale leur tient vraiment à coeur, ils marchent en baskets et portent des sacs à dos. 

Mista eut un rire. 

— Alors ça c'est le top délire. Vous imaginez des mamies avec un style de joueuses de basket ?!

— Tu sais, intervint Gwen avec un très léger sourire en coin, l'âge, c'est dans la tête. Mieux vaut une mamie sportive à la dégaine déjantée qu'une vieille harpie sévère non ? 

— Hum.. t'as pas tort, reconnut Narancia. 

— Giorno, intervint Bruno, mange avec nous, ça ne sert à rien de stresser. 

Le blond était en effet resté debout, prêt de leur table, observant avec attention les alentours. Il paraissait tendu. 

La brune se redressa soudain, se levant de sa place. 

— Bruno a raison, vient manger. Si ça te rassure, je peux surveiller. 

Il esquissa un sourire, murmurant :

— Merci. 

Elle s'adossa à la balustrade, laissant Giorno s'asseoir et manger avant de tourner soudain sa tête vers eux, en entendant un homme crier : 

— Mais qu'est-ce que tu fous, petit con ?

Vêtu d'un costume blanc, à l'air luxueux, il arborait quelques taches de vin rouge sur la veste.

— Comment tu vas arranger ça hein ?! Ce costume vaut quatre millions ! Ramène toi, je vais te faire ta fête !

Narancia, d'un geste vif, l'envoya au sol avec un coup de poing sous le menton. 

— T'es un assassin c'est ça ? demanda-t-il. 

— Hein ? s'enquit Mista avant de rejoindre le jeune qui commençait à ficher des coups de pieds dans le pauvre citoyen. 

Sidérée, elle n'osait pas bouger, avant de voir Leone se lever.  

Ouf, quelqu'un de sensé

Mais loin de là, le géant ne se gêna pas le moins du monde pour se mettre à le tabasser à son tour. 

— Les gars ! Arrêtez, ce type n'est pas un ennemi ! finit-elle par dire, ébahie que ni Giorno ni Bruno n'ait dit quoi que se soit. 

— Attendez les gars, c'est pas un mafieux, il a perdu connaissance, dit Leone.

— Mais vous êtes malades ! C'est quoi cet argument à la noix ? Nan mais je suis tombée sur une équipe de dingos c'est ça ?!

Mista claqua de la langue, regardant de plus près le costume, ignorant tout à fait le sentiment d'hébétude complet qui envahissait la trentenaire. 

— C'est vrai que le vin ça tache.. Mais bon, ça peut se cacher, en boutonnant autrement, annonça-t-il, comme si cela réglait le problème. 

Gwen restait les yeux écarquillés en voyant Leone saisir une fourchette et nourrir ce gars, enfin, pour ne pas dire le gaver. 

Cette fois, elle se précipita sur le géant du groupe pour lui arracher la fourchette des mains. 

— Mais vous êtes tarés ! 

Mista soupira, Leone souffla et Narancia eut une moue boudeuse.  

Gwen ressentit une vague de soulagement en entendant Bruno dire : 

— Les gars, arrêtez vos conneries. 

Quand ils furent à nouveau calmes, Bruno regarda Gwen. 

— De quoi as-tu besoin ?

— Je vous l'ai dit, j'ai cette photo sur clé USB. Si on a accès à un ordinateur, de préférence pas utilisé par la mafia, je pourrais vous montrer la photo, et on pourrait peut-être trouver un moyen de faire des recherches sur son identité ?

— Tu connais son nom ?

— Hum.. Il y a quelques mois, j'ai assassiné un dénommé Giancarlo Paoli. Il était consigliere de votre boss. Il m'a.. donné le pseudonyme de ce dernier, et son adresse. C'est comme ça que j'ai obtenu la photo. 

— Tu es allée chez lui ?!

— C'est de la folie ! 

La brune regarda le visage sévère d'Abbacchio avant d'hausser les épaules. Ce n'est pas comme si elle avait quelque chose d'autre à perdre. À part sa vie, peut-être. 

— Oui, je sais. J'ai réussi à quitter la demeure, et il ne connaissait pas mon existence. Du moins jusqu'à.. hier. 

— Il y a un moyen qu'il sache qui tu es ?! demanda Leone, l'air sérieux. 

— Aucun, il ne m'a jamais vu auparavant. 

— Et donc, ce nom ? interrogea Bruno. 

Gwen se pencha vers eux, et murmura, très bas : 

— Diavolo. Mais je pense que ça ne nous aide pas. Il nous faut découvrir sa véritable identité. Et pout ça, Trish peut peut-être nous aider ?

— Véritable identité ? intervint Narancia. 

— Et bien.. il me paraît évident que Diavolo ne peut pas être un nom. 

— Mais quoi alors ? demanda Giorno. Un code ? Un surnom ? 

La brune passait pensivement un doigt sur ses lèvres. 

— Peut-être, mais je pencherais plus pour un..

— Il y a un requin dans ma soupe !! hurla soudain Narancia, coupant cours à la discussion. On nous attaque !

Aussitôt, tous se tendirent, debout, prêt à se défendre alors que Narancia criait : 

Aerosmith

Un avion miniature sortit de nulle part et mitrailla aussitôt l'assiette de soupe de poisson du jeune homme. 

— Abbacchio, à droite, Mista, à gauche, Giorno, veille sur la tortue, ordonna Bruno. 

Gwen, après être restée figée un instant, déploya silencieusement son stand et fit apparaître sous ses pieds un portail qui l'amena sur le toit, une fraction de seconde, juste assez longtemps pour apercevoir deux chevelures, une rousse et une blonde, disparaître derrière la rambarde d'un balcon. 

— Tu vois quelque chose, Gaëlle ? 

Elle secoua la tête. 

— Je n'en suis pas sûre, je te dis dès que j'en sais plus. 

— Narancia ! Qu'est-ce qui se passe ? beugla Mista.

Le jeune homme au bandana venait de s'effondrer au sol, la bouche ouverte, en sang, luttant contre la suffocation. 

 — Oii Narancia, je te demandes ce qui ne va pas ? Tu t'es fais attaquer ?!

— Il peut pas te répondre ! dit Bruno au moment où Narancia commençait à convulser. 

— Il s'étouffe ! 

Giorno se précipita, en courant et empoigna le stylo qu'il demanda à Mista. L'enfonçant dans la gorge de Narancia, ils respirèrent tous mieux en le voyant retrouver sa capacité à parler. 

Gwen réapparut à côté d'eux, le visage soucieux. 

— Tout va bien ? 

— Ouais, ça va mieux, répondit Narancia entre deux quintes de toux. 

— D'où venait l'ennemi ? Comment t'a-t-il attaqué ? interrogea Bruno. 

— Il.. Il est sorti de la soupe... murmura le blessé, toussant toujours. 

— Ne force pas, insista Giorno.

— Je peux parler, ça va. 

Mista croisa les bras sur son torse, demandant : 

— Où est-il allé ?

— En fait.. C'était un gros machin en terre qui a filé au fond du restau !  

— Un gros machin en terre ?

— Tu viens de nous dire que ça sortait de la soupe !

— C'est ce que je viens de dire ?

— Il était gros comment. Comme ça ?

Mista mimait la taille de l'assaillant entre ses mains. 

— Non. 

— Comme ça ? 

— Ouais. 

— Comment tu veux qu'un truc comme ça nous échappe ? Il était rapide alors ?

— Non non, tout lent. 

— Narancia, tu te fous de nous, comment un truc énorme et lent a pu nous échapper ?!

 Giorno s'approcha de Bruno pour murmurer, en montrant la bateau à moteur : 

— Je ne le sens pas. Peut-être qu'on devrait se tirer d'ici. 

— Oh oui Giorno, allons vers l'eau ! clama Narancia, tout en tirant le blond vers le restaurant. 

— Bruno ? appela Gwen. Quelque chose cloche avec Narancia. 

Le chef de gang la regarda. 

— Il est incohérent dans ses paroles. Et ses gestes sont l'inverse de ce qu'il dit. 

— Tu veux dire qu'il ne peut pas parler librement ? 

Elle hocha la tête. 

— Il y a un problème avec sa langue, chuchota Giorno. Je crois, que ça le fait dire l'inverse de ce qu'il veut. 

Narancia, qui avait couvert sa bouche de ses mains, hocha la tête, l'air soulagé. Alors, la langue de Narancia s'allongea, s'allongea, sous le regard affolé de Gwen qui fut la seule à le voir et entoura le bras de Giorno avant qu'un requin miniature ne surgisse de la bouche de Narancia pour mordre Giorno au cou. 

Le sang gicla, hors de la blessure, alors que le requin disparaissait à leurs yeux.

— Merde ! Giorno ! 

Bruno s'élança pour empêcher le blond de s'éclater la tête sur le pavé de la ruelle. 

Elle releva le nez vers les toits. Si elle trouvait les manieurs, et les battaient...

— Bruno, je vais inspecter les environs. Je trouverais peut-être le.. enfin les manieurs. C'est le meilleur moyen de s'en sortir. 

Le chef de gang acquiesça et dans la seconde, Gwen disparut dans un portail sonique.

Elle se volatilisa dans un portail et se mit à chercher alentours. Rien. Est-ce qu'ils l'avaient vus les apercevoir ? Est-ce que c'étaient vraiment eux ?!

Elle ne savait pas ce qui se passait de leur côté, elle espérait qu'ils ne mourraient pas. Au bout d'un quart d'heure, elle finit par apercevoir un homme aux longs cheveux blonds, l'air blessé, arborant de multiples blessures sur le corps. Elle apparut devant eux, à une vingtaine de mètres. 

Ils se tendirent, car il y avait un autre homme avec lui. Un roux aux cheveux en bataille. 

— Squalo. C'est elle, murmura-t-il.  

Elle entendit la réponse de Tiziano. 

— Qui ?! 

— La femme qui connait le visage du Parrain. J'en suis sûre, je la reconnais. 

Le roux arbora soudain un ai plus dur, plus sévère et fixa sur elle des yeux méfiants.

— Alors, elle est notre priorité. 

Ils se levèrent, enfin, plus Squalo que Tiziano qui était salement amoché. Le blond, enveloppé dans le veste de son ami, s'assit sur la marche de l'escalier, avec une grimace douloureuse.

D'instinct, la française aurait dit que Squalo était le manieur du requin

Peut-être qu'il fallait se tenir éloigné de toutes sortes de liquides ? 

 Précautionneusement, lentement, elle s'avança, s'éloignant progressivement du bord du canal. 

— On dirait que tu sais déjà que mon stand se déplace dans l'eau. Mais ça ne te sera d'aucune utilité. 

Au moment où Gwen invoquait son stand, une douleur furieuse lui envahit la cuisse et elle baissa le regard sur sa jambe. En sang. Son mollet droit était ouvert, sanguinolent, et présentait un véritable manque de chair. 

Pas de panique. Ne panique pas. Ce n'était rien, elle allait s'en remettre. 

En un éclair fulgurant, elle revit la blessure de Jean-Pierre, allongé sur les graviers du cimetière. Elle cligna des yeux, chassant ses mauvaises pensées. Elle devait le laisser avancer vers elle, pour être en mesure de le tuer. 

— D'accord.. murmura-t-elle, impassible, malgré la douleur qui la tiraillait. Ton stand se déplace d'un liquide à l'autre. Peut importe le liquide.  

Il sourit. 

— Tu es intelligente, ça ne m'étonnes pas que tu aies failli démasquer le Boss. 

Il s'avança encore, et la cuisse gauche de Gwen avait subi le même type d'attaque. Plus le manieur était proche, plus le requin faisait de dégâts ? Possible. 

Elle resta debout, tandis qu'il jubilait, et que se formait à ses pieds une flaque de sang, effrayant les passants qui partaient en courant. 

La femme baissa ses yeux smaragdins sur le sang carmin qui reflétait sa silhouette. Un haut le coeur faillit la prendre et elle se souvint de la sensation sur sang poisseux sur ses pieds nus, la nuit où son fils avait trouvé la mort. La nuit où sa vie s'était effondrée.

— Tu ne peux pas t'enfuir. Et ton sang me donne une multitude de possibilité d'angles d'attaque. 

Elle ne répondait pas, droite devant lui, le laissant s'approcher.  

Quand il fut à deux mètres, elle attrapa discrètement son poignard dans la manque de sa tunique et se téléporta juste devant lui. Il parut surpris, esquissa un geste de recul et un pas vers la droite. 

Elle recommença plusieurs fois ses téléportations. De plus en plus vite. Il ne savait plus où donner de la tête et il finit par écarquiller les yeux avant d'abaisser son regard vers son torse. 

La lame fine d'un poignard sortait de sa poitrine. Elle le retira et il s'effondra, alors qu'elle murmurait, l'air triste :

— Tu sous-estime mes capacités. Je suis un assassin maintenant.

La lumières dans ses yeux bleus s'éteignit et elle entendit le cri de souffrance étouffé de Tiziano. Cet appel lui transperça l'âme, tant il ressemblait à quelque chose qu'elle avait déjà entendu. 

Il paraissait désespéré. Ils s'aimaient ? 

Presque compatissante, elle plissa les yeux et regarda le blond semblait plus vouloir bouger. Une vague de culpabilité l'envahit. Cela lui arrivait de temps en temps, furtivement, et elle balayait ces sentiments de la main en général. Mais cette fois, elle avait envie de croire qu'elle était désespérément et irrémédiablement responsable du malheur de quelqu'un. Quelle ironie de provoquer chez les autres la même souffrance qu'elle avait éprouvée. Est-ce que c'était vraiment ça, sa vengeance ?

— Je suis désolée, murmura-t-elle, à contrecœur. 

Ses longues mèches blondes étaient tachées d'un peu de sang et il tremblait, resserrant contre lui la veste de son amant.

— Nous avons échoués, répondit-il faiblement. Nous sommes condamnés à mort, il va nous tuer. 

Elle darda sur lui son regard vert. 

— Je l'ai tué. Si tu persistes, je devrais te tuer aussi. 

Il leva vers elle son regard ocre et elle sut. Il n'abandonnerait pas, il ne pouvait pas. Et elle ne pouvait pas non plus. C'était sa mort ou la sienne. Au fond des pupilles ocres de Tiziano, brillait une souffrance qu'elle comprenait.

Elle avait partagé ce sentiment, quand elle s'était réveillée dans l'ambulance, Raphaël mort à ses côtés. Elle voulait mourir, elle aussi. Elle avait tout perdu. 

Elle ferma les yeux. 

— Laissez moi une minute, chuchota-t-il.

Gwen recula d'un pas, regardant Tiziano se rapprocher difficilement de Squalo et lui prendre la main, lentement, murmurant elle ne savait quoi de tendre et de touchant, avant de l'embrasser.  

— Je suis prêt.

Gwen eut la sensation de sentir son âme se déchirer quand elle leva le poignard. 

Le poignard s'enfonça facilement dans le torse de Tiziano et regarda le sang gicler de son torse, arroser son visage au passage et elle ne prit même pas la peine de l'essuyer.

C'était étrange comme la sensation de quelque chose de sang sur sa peau lui semblait étrange.

Se levant, comme si elle était un automate, elle se rapprocha du mur et sa main vint y chercher appui. Elle se sentait faible, à cause de la perte de sang due à ses blessures mais surtout, elle se sentait nauséeuse. 

Cela ne tarda pas et elle rendit la totalité de son repas. Peut-être qu'elle n'avait plus l'habitude de manger autant, peut-être qu'elle avait mangé trop vite ? Ou peut-être qu'elle se sentait trop coupable. Mais encore une fois, comme à chaque fois, elle se mordit la lèvre inférieure, et se détourna du carnage.

Le portail qui la ramena en présence du gang de Bucciarati se referma silencieusement et ils ne se tournèrent vers elle qu'en entendant son gémissement de douleur. 

— Gaëlle ! s'exclama Narancia. Les attaques ont cessé de notre côté. C'est grâce à toi ?

— Tu es blessée ? interrogea Giorno, se précipitant vers elle pour la soigner. 

Elle s'affaissa contre la barrière, assise au sol et ferma les yeux. Elle sentit une main glisser sur sa nuque pour maintenir sa tête et son corps entier tressaillit. Ce n'était pas Jean-Pierre. Ce n'était pas lui. Mais un seul contact physique.. Elle chassa encore ses larmes, refoulant ses souvenirs de son époux au fond de son esprit. C'était cette ville, ces souvenirs, cette rue, l'italien, l'odeur du restaurant. Tout autour était un cauchemar qui lui rappelait sans cesse combien elle avait été heureuse lors de leur lune de miel, huit ans plus tôt.

— Ils sont morts. Je les ai tués. On peut quitter Venise tranquille, finit-elle par dire, avec difficulté.

Ils échangèrent des regards assez inquiets alors que le blond s'affairaient à lui reconstruire des tissus et renouveler de son sang. La douleur la submergeait et elle trouva un peu de réconfort dans la morsure sévère du la barrière métallique dans son dos. 

— Hé.. ça va aller.. murmura la voix de Giorno. 

Mais son esprit perdait la notion de la réalité et elle murmura doucement : 

Mon amour..

— Qu'est-ce qu'elle dit ? 

— Je ne sais pas, je parle pas français.

— Giorno, elle s'évanouit. 

Le monde tournait vivement autour d'elle et elle dut perdre connaissance parce qu'elle se réveilla dans une pièce qu'elle ne connaissait pas, allongée sur un canapé confortable. 

En un sursaut, elle fut debout, nerveuse, ne reconnaissant rien de son environnement. 

— Ne panique pas comme ça, tu es seulement dans la tortue. 

Gwen se tourna vers la voix et vit la jeune femme aux cheveux roses. 

— Trish, c'est ça ? 

Elle acquiesça et dit, dans la foulée :

— Merci pour ce que tu as fait pour eux. 

La française soupira et la fille de Diavolo reprit : 

— Tu sais, je crois qu'ils se sont inquiétés, ça fait deux jours que tu dors. 

Gwen ignora cette information volontairement. 

 — Comment on sort d'ici ? interrogea-t-elle avec nervosité.

Trish lui indiqua comment il fallait faire et l'instant d'après, Gwen était de retour sur le bateau, et tous la fixaient avec une pointe de soulagement. 

— Tu es réveillée, on s'est fait du souci. 

Elle se contenta de remarquer qu'ils étaient sur un bateau plus grand, une sorte de yacht, en pleine mer. 

— Où on va ? 

— En Sardaigne, Trish dit que son père y a rencontré sa mère, répondit Bruno. 

Elle serra les lèvres, soudain très anxieuse.

— Je crois que c'est une mauvaise idée. Il sait que Trish et en vie, il va nous attendre là bas, en Sardaigne, on va se jeter dans la gueule du loup et on pourrait y trouver la mort. Trouvez plutôt un ordinateur, s'il vous plaît. 

Bruno avisa d'un regard ses compagnons et la regarda en poursuivant : 

— Je suppose que nous devrions t'écouter, tu nous as déjà sauvé la mise deux fois. On fait demi-tour. J'ai un contact de confiance à Vérone, il devrait pouvoir nous en fournir un.

Gwen s'assit sur le banc collé à la balustrade, regardant fixement Bruno.

— Merci, Bruno.

Le silence coula, un instant, avant qu'elle ne reprenne. 

— Et merci, Giorno, pour les soins.

Ce dernier hocha la tête, lentement et ils se murèrent à nouveau dans le silence, troublé seulement par le cris des mouettes et cormorans qui devaient se disputer la souveraineté de ce coin de mer Méditerranée.  

***



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