Chapitre 38 : La voie de la justice [Golden Wind]🐞

Venise, Italie. 15 mars 2001.

Il faisait froid. Gwen, habilement cachée derrière un grand pilier de pierre, expirait lentement, contemplant avec un air inexpressif la buée qui se condensait devant ses lèvres fines. Elle frissonna et resserra autour d'elle les pans de sa large cape verte. 

Appuyant son dos sur le pilier froid, elle bascula la tête en arrière, en soupirant. Ses oreilles perçurent le chant si particulier du vent, accompagné du murmure de l'eau, entre les piliers.

La date pesait sur les épaules de Gwen comme une lourde chape. C'était l'anniversaire de son mariage avec Jean-Pierre Polnareff, un mariage qui avait sombré dans les abysses du passé. Huit ans s'étaient écoulés depuis qu'elle avait marché vers l'autel, accrochée au bras de Joseph, pour unir son destin à celui de Polnareff. Quatre ans de pur bonheur qui avaient laissé place à quatre années d'absence, de silence, depuis la dernière fois qu'elle avait vu son mari. Elle ravala avec effort les larmes qui commençaient à lui comprimer la gorge.

C'était aujourd'hui le jour où elle se retrouvait à traquer l'ombre de Diavolo dans cette basilique glaciale. Elle resserra les pans de sa cape verte, une armure contre le froid insidieux qui régnait aussi bien dans l'air que dans son cœur.

Il avait tué son époux, son fils, ruiné sa vie. Il méritait de mourir, dans d'atroces souffrances si c'était possible.

Il était ici. Elle le savait. Et c'était suffisamment rare et exceptionnel pour qu'elle ne laisse pas passer l'occasion.

Un léger frémissement la tira de ses pensées. Un bruit à droite, imperceptible pour la plupart, mais pas pour elle. Ses sens aiguisés captèrent quelque chose d'inhabituel. Son regard se leva vers le chapiteau, où un jeune homme vêtu de blanc attira son attention. Cheveux noirs, broches dorées. Un allié ou une nouvelle menace ? 

Distraite par cette présence, elle n'entendit pas tout de suite les pas sur l'escalier de marbre. Ce fut la voix grave de Diavolo qui la tira de ses pensées. 

— Tu devrais juste rentrer chez toi, Bruno Bucciarati. 

Le jeune homme parut surpris, et faillit presque en tomber de sa colonne.

Le chef de Passionne s'était arrêté et Gwen réalisa qu'il portait dans ses bras une jeune femme aux cheveux roses, à qui il manquait une main ?

— Si tu sors de derrière ce pilier, tu vas mourir.

Mais le jeune homme ne parut pas se laisser intimider et lança sur le Boss son stand. Dans la même seconde, le corps de la jeune femme s'effondra au sol et une main saisit le bras de Sticky Fingers.

Gwen sentait en son for intérieur que ce stand inconnu était dangereux. Très dangereux.

Le dénommé Bruno se tordit, pour éviter à son bras de se briser et chuta de la colonne après en avoir fait disparaître un pan entier. 

Aussitôt Bucciarati se releva, courut vers la jeune femme et zippa, avec une fermeture éclair la main de la jeune femme.

— Je voudrais savoir pourquoi, reprit la voix de Diavolo. Quel est le sens de tout cela ? J'étais très satisfait de votre travail sur cette mission que je vous ai confiée. N'es-tu pas heureux d'être devenu Caporegime ? Ou alors, au contraire, cela t'a conduit à surestimer tes capacités et à te donner l'ambition de te débarrasser de moi ? Tu penses que tu peux y arriver ?

Bruno, au lieu de lui répondre, répliqua : 

— Quand Trish se réveillera, je lui dirais que son père n'existe pas.

— Trish ? demanda d'une voix moqueuse de chef de la mafia. 

Un rire sinistre résonna entre les piliers de pierre et il reprit : 

— Trish n'a rien à faire avec vous. Ni avec toi. C'est à moi de décider si elle doit vivre ou non. 

Gwen observa le visage de Bruno qui se crispait sous la colère. 

— Décidemment, tu ne comprends jamais rien de mes sentiments.

Il sortit de son visage, grâce à une fermeture éclair, un téléphone et s'empressa de parler à quelqu'un. 

Gwen, elle, se terrait dans l'ombre, se tendant soudain. Diavolo préparait quelque chose, c'était sûr. 

Quand elle cligna des paupières, une seconde plus tard, elle vit la sinistre silhouette du stand derrière Bruno. 

Sans réfléchir, elle invoqua Armonia et se téléporta entre son ennemi juré et ce jeune homme. 

Le bras rapide et ferme de l'entité spirituelle transperça son torse en dessous de sa poitrine et une intense douleur la prit alors que Bruno, la jeune femme contre lui, reculait, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. 

Étourdie, Gwen perdit conscience un instant et s'effondra au sol alors que la voix d'un autre individu résonna dans la nef. 

— Bucciarati ! 

L'ombre du Boss de Passionne disparut, s'enfuyant alors que le jeune homme blond arrivait au niveau de son chef de gang. 

— Tu vas bien ? Et Trish ?

Le capo hocha la tête, se penchant vers celle qu'il ne connaissait pas et qui venait de lui sauver la vie. Le blond baissa les yeux sur la femme effondrée au sol et fronça les sourcils. 

— Tu as une idée de qui c'est ?

— Non. Elle.. je serais mort si..

Giorno baissa sur la silhouette effondrée au sol un regard. Un flot de sang considérable s'écoulait de l'inconnue et au moment où, sans trop y croire, il posait sa main sur elle, elle ouvrit les yeux. 

Giorno, s'il n'avait pas été maître de ses gestes, aurait bondi en arrière. Mais il se contenta de cligner des yeux, alors qu'elle se redressait, laissant échapper un gémissement. 

Oh bordel, ça fait super mal, gronda-t-elle en français. 

— Euh.. Vous vous sentez bien ? demanda Bruno, qui n'avait pas compris un mot de ce qu'elle venait de dire.

Giorno avisa d'un coup d'œil le torse de la femme et secoua la tête. 

— Vous devriez être morte. 

Elle fronça les sourcils. 

— Je sais.   

— Laissez-moi vous soigner, articula d'une voix douce le blond. 

Acceptant le soin du Stand de Giorno, Gwen sentit la douleur s'atténuer progressivement. Les yeux plissés, elle écoutait attentivement, cherchant la cacophonie dans la musique de leurs âmes. Mais à sa surprise, la mélodie était harmonieuse, belle même.

Mais ni Giorno ni Bruno n'avait de mélodie cacophonique. Comment pouvaient-ils servir un tel maître avec une telle bonne nature ?

— Bruno, c'est ça ?

Le concerné hocha la tête. 

— Bruno Bucciarati, et Giorno Giovanna. 

— Je crois que nous devons parler. 

Gwen se releva, une souplesse feinte dans son mouvement pour cacher la douleur persistante. Ses yeux, émeraudes énigmatiques, scrutaient les deux hommes.

— Vous n'êtes pas d'ici, déclara-t-elle.

— Non, nous venons de Naples, répondit Giorno.

— Vous avez attiré l'attention du Boss, reprit-elle, et ce n'est pas quelque chose de pris à la légère.

L'air pesait de gravité. C'était plus qu'une simple rencontre fortuite. Gwen percevait à peine la convergence de leurs destins, des fils entrelacés dans le tissu complexe de leurs vies.

— Pourquoi nous avoir aidés ? demanda Giorno, méfiant mais curieux.

Gwen plongea son regard dans celui du jeune homme.

— Parce que je traque cet homme depuis bien plus longtemps que vous ne pourriez l'imaginer. Et parce que je sens que votre quête et la mienne convergent vers une vérité bien plus grande que Passionne.

La nef sombre de la basilique, témoin silencieux de leur rencontre, semblait attendre le dénouement de cette trame tissée par des mains invisibles.

— Nous devons partir d'ici, déclara Gwen. L'ombre de votre supérieur s'étend bien au-delà de cette église.

Les yeux de Bruno se tournèrent vers Giorno, la décision dans son regard. Il jeta un regard en coin à la femme qui l'avait sauvé et serra contre son torse le corps toujours inconscient de Trish.

— Giorno. Je vais trahir Passionne. Je ne peux pas livrer Trish à ce type. Est-ce que tu me suis ?

Le blond acquiesça, bien trop rapidement pour qu'il fusse un jour fidèle au Boss, songea Gwen.

Elle intervint, posant une main sur l'épaule de Bruno.

— Laissez-moi vous aider, je sais plus de choses sur lui que quiconque.

Le soupçon se lisait sur le visage de Bruno, mais il murmura son accord du bout des lèvres, l'azur de ses yeux un peu incertain.

— D'accord. Allons en parler aux autres.

Le décor austère de la basilique, témoin d'une trahison qui allait secouer les fondations de Passionne, s'évanouissait dans l'ombre naissante du jour qui se meurt. Les pas des trois âmes errantes résonnaient sur les dalles, comme le prélude d'une symphonie sombre et déchirante.

— Gaëlle, murmura-t-elle. Gaëlle Portais.

Giorno inclina légèrement la tête, une étincelle d'intérêt dans ses yeux bleus. Bruno, quant à lui, était toujours en proie à une perplexité mêlée de gratitude envers celle qui venait de le sauver.

— Tu n'es pas d'ici non plus, affirma Giorno, remarquant son léger accent.

Elle eut un sourire distant et répondit avec douceur : 

— Je suis française.

Bruno fixa son visage un instant, l'air pensif. 

— Comment tu t'es retrouvée ici ?

Elle éluda la question, avec un sourire qu'ils trouvèrent crispé. 

— C'est une trop longue histoire pour que je vous la raconte. Où sont vos compagnons ? 

— Ils nous attendent devant la basilique, répondit Bruno.

Gwen plongea son regard dans le sien.

— Est-ce qu'ils sont susceptibles de nous suivre ?

Le chef de gang exhala un soupir, lourd de responsabilités.

— Je ne sais pas... Je ne veux pas les forcer à trahir Passionne, ce doit être un choix réfléchi.

Le choix serait un fardeau qui pèserait sur les épaules de chacun d'eux, les forçait à naviguer dans des eaux incertaines.

Leurs pas résonnaient dans les couloirs vides de la basilique, une symphonie discordante mêlée aux murmures des fantômes du passé. Une sortie discrète les attendait, mais l'avenir, vaste et incertain, se déployait devant eux, une toile encore à peindre.

La lumière du soleil couchant sur la lagune les aveugla et ils entendirent les voix soulagées de plusieurs personnes. 

— Vous en avez mis du temps ! 

— C'est qui elle ?!

— Pourquoi vous revenez avec Trish ?

— Tout va bien ?

 Bruno soupira, déposa la fille de Diavolo dans la barque et remonta vers les autres. Il prit une inspiration et demanda aux membres de son gang de bien l'écouter. 

Tous attentifs, ils se turent et Bruno prit la tortue entre ses doigts, avant de descendre dans la barque. 

— Je trahis Passionne. Si vous montez dans cette barque, vous trahissez aussi. Je ne vous oblige en rien. 

— Mais.. Bucciarati, pourquoi ?! s'insurgea Mista l'air surpris alors qu'Abbacchio soupirait.  

— Bucciarati, intervint Giorno, tu leur dois des explications. Certains pourraient te suivre, et nous aurons besoin d'alliés. 

Leone agrippa avec force le col du blond, lui crachant à la gueule : 

— T'as pété les plombs depuis qu'on est sur l'île ou quoi ?!

Bruno soupira, les séparant. 

— Le Parrain nous a demandé d'accompagner Trish jusqu'ici pour pouvoir la supprimer de ses propres mains. Je n'ai pu le supporter. Je ne peux pas repartir comme si de rien n'était. Je déserte. Maintenant, si vous me suivez, vous serez mis dans le même sac que moi, et vous deviendrez des traîtres à la famille. 

— J'hallucine.. souffla Fugo.

— T'es sérieux, Bucciarati ? interrogea Mista. 

Abbacchio se contenta de croiser les bras sur sa poitrine en disant :

— Tu sais très bien ce qui arrive aux traitres. Le Boss n'en laisse jamais un en vie ! Sa garde rapprochée se trouve très probablement ici, à Venise. C'est de la folie !

— Oui, c'est pour ça que j'ai besoin d'aide, répliqua Bruno les regardant tour à tour. Si quelqu'un veut m'accompagner, qu'il descende les marches et embarque.  

 Gwen abaissa son regard émeraude vers la barque. Le clapotis de l'eau sur la coque lui parut apaisant. Avoir des alliés, côtoyer des êtres humains à découvert, voilà quelque chose qu'elle n'avait pas fait depuis des années. 

Elle regarda furtivement la tour de la basilique et soupira avant de descendre lentement les marches. Elle entendit Narancia demander encore : 

— C'est qui ? Pourquoi elle te suit, Bucciarati ? 

Posa le pied dans l'embarcation, elle se tourna vers eux. 

— J'ai peut-être moins à perdre que vous. Je ne fais pas partie de Passionne. Mais le Parrain a ruiné ma vie. Cela fait des années que je le traque. J'aiderais votre Capo. 

Le chef de Gang adressa un signe de tête à la femme et elle s'assit à côté de Trish, observant son visage. 

— Je ne vous demanderais rien, poursuivit Bruno. C'est ma décision après tout, ne vous sentez pas redevables de quoi que ce soit. Par contre, je vais être clair. Je l'ai fait par esprit de justice. je ne regrette rien. Dans ce monde corrompu, je souhaite suivre la voie en laquelle je crois, celle de la justice. Il ne me faut rien qu'un point faible pour le battre. Je le trouverai. 

Les réactions furent assez similaires. Narancia, Mista et Fugo tournèrent le dos à la barque alors qu'Abbacchio alla s'assoir sur une butée d'amarrage. 

— Je comprends ta décision, c'est le plus juste, finit par dire Fugo, mais moi aussi je vais être clair. Malheureusement pour toi, personne d'autre ne montera sur ce bateau. Tu t'es laissé aveuglé par tes émotions.

Il tremblait, remarqua Gwen et en même temps, elle se sentit piquée par la remarque de l'adolescent. Est-ce qu'elle aussi elle s'était laissée aveuglée par ses sentiments ?! 

Fixant le regard sur la lagune Vénitienne, elle soupira. Hors cette mission, elle n'avait plus aucun but dans la vie, plus aucune raison de vivre. Elle ne pouvait plus faire marche arrière.

— On a une dette envers toi, mais pas assez pour te suivre, conclut Fugo. Tu n'as pas les pieds sur terre. Suivre ses idéaux ne garantit pas sa survie.

— Fugo a raison. Trahir la famille revient à te condamner à mort, ajouta Abbacchio. Tu n'auras plus aucun endroit sûr où aller. Et c'est à la famille qui j'ai fait serment d'allégeance, pas à toi, je te signale. 

Gwen vit dans le regard de Bruno qu'il était blessé de ces paroles mais qu'elles étaient vraies. 

Leone se leva, le regard fixé sur le tympan de la basilique. 

— Voilà, ça s'est dit. Maintenant, je n'ai aucun endroit où aller. La seule chose qui me rend serein, c'est d'être à tes côtés, Bucciarati. 

Ils descendit les marches, passa devant le chef de gang et grimpa dans la barque, s'asseyant en face de Gwen qui le dévisagea quelques secondes. 

— Abbacchio ! T'es cinglé ?! s'exclama Fugo. 

— Si c'est toi qui prend la place du parrain, ta place de Capo me reviendra, vu l'écart de talent avec les autres !

Souriant, il posa sa main sur l'épaule de Giorno et dit : 

— Bucciarati a la tête bien faite, il ne lutte jamais pour une cause perdue. On va se faire un max de blé !

Il vint s'asseoir dans la barque alors que Fugo criait : 

— Mista ! Reprends-toi ! Tu peux pas faire ça !

— Et toi, Fugo ? Quel est ton choix ? demanda-t-il comme réponse à son cri. 

— Réveillez vous les gars, vous allez être tous seuls, vous ne pourrez compter sur l'aide de personne ! Où allez-vous fuir ? Vous ne pourrez même pas quitter Venise vivants !

Celui qui semblait être le plus jeune, Narancia, se prit la tête dans les mains au moment où Giorno demandait doucement : 

— Et toi Narancia.. Quel est ton choix ?

 — Moi ? Je.. je.. ne sais pas. Bucciarati que dois-je faire ? Il vaut mieux que je vienne ?

— Tu as peur ? interrogea doucement le Capo. 

— Ouais.. Je peux pas décider. Donne moi un ordre. Dis-moi de venir, je te suivrais, mon courage reviendra. Tant que c'est toi, j'aurais peur de rien !

— Je refuse. Cet ordre là, je ne le donnerai pas. Tu dois choisir. 

— Je suis perdu bon sang ! Je ne sais pas quoi faire ! Je comprends rien !

— Laisse moi te prévenir alors. Tu devrais rester ici, tu n'es pas taillé pour ça. 

Il monta dans la barque, suivi de Giorno et démarra le moteur sous le regard médusé de Fugo et Narancia, qui avait l'air au bord des larmes. 

Le moteur se lança, son ronronnement faisant vibrer le bateau alors qu'ils s'éloignaient du quai. 

Ils n'avaient pas fait dix mètres qu'un cri retentit derrière eux, accompagné d'un bruit de plongeon. 

— Attendez les gars ! Attendez moi ! Je viens ! Me laissez pas ! Ne m'ordonne pas de rester là-bas ! Trish, elle est comme moi !

— Gaëlle, arrête le bateau. 

Elle acquiesça et ils attendirent que Narancia arrive à leur portée. 

Giorno et Mista lui tendirent un bras pour l'aider à grimper. 

— Hé, t'en as mis du temps !

— Faudra pas venir chialer si ça se passe mal, bougonna Leone. 

Le jeune reprit son souffle et regarda Bruno. 

— Bucciarati. Je veux protéger Trish. On vaincra le Parrain ensemble !

Le capo esquissa un doux sourire, répondant : 

— Avec plaisir. 

Ils s'assirent et Bruno déposa la jeune femme dans la tortue avant de ressortir, à temps pour voir Gwen porter la main à son coeur, en une expression de souffrance. 

— Tout va bien ? demanda-t-il en posant une main sur son bras. 

Elle expira douloureusement avant de dire : 

— Oui.. ça va passer, ce n'est rien. 

En face d'elle, Leone croisa les jambes et lui jeta un regard suspicieux. 

— Nous autres, on se connaît. Toi par contre, va falloir que tu nous dises deux trois trucs sur toi pour qu'on te fasse confiance. 

Elle soupira et regarda le regard si particulier du jeune homme en face d'elle. Ses yeux mordorés, agrémentés d'améthyste.. elle jurerait les avoir déjà vus auparavant. 

— Gaëlle Portais, c'est mon nom. Je suis aussi Giustizia dell'ombra

À cette appellation, les passagers se tendirent et elle esquissa un sourire, autant être un peu honnête, dans une moindre mesure.

— Mon stand s'appelle Armonia. Il peut me permettre de téléporter dans un grand périmètre des objets.. des personnes, et.. des parties de personnes, en quelque sorte.  

— C'est ce que tu as fait tout à l'heure ? C'est pour ça que tu es en vie ? 

Elle hocha la tête. 

— Dieu merci, je n'utilise pas cette capacité si souvent que cela. Téléporter mes organes me coûte toujours beaucoup et.. je ressens quand même la douleur. 

— Pourquoi t'as une cicatrice ? demanda Narancia doucement. 

Gwen porta les doigts à sa joue où commençait la longue cicatrice infligée par Gelato, qui s'achevait un peu en dessous de son nombril. 

— Une fois où j'ai failli mourir, à cause de votre Boss. Enfin.. ancien Boss maintenant. 

— Qui nous dit qu'on peut te faire confiance ? demanda avec suspicion Mista. 

Elle soupira, glissant la main dans une poche intérieure d'où elle sortit un sachet plastique hermétique qui contenait une clé USB. 

— Dans cette clé, il y a une photo. Une photo que j'ai prise de votre boss, il y a quelques mois. 

— Quoi ? Mais ce n'est pas possible ! s'étonna Narancia. 

Elle eut un rire amer. 

— Rien ne m'est impossible. Ou presque. 

— Pourquoi venir avec nous ? demanda encore Mista. 

Elle se tut soudain, de longues secondes avant de soupirer. 

— Cela fait si longtemps que je le traque. Je ne peux pas le vaincre seule. 

Leone darda sur elle un regard noir et elle se souvint. 

Il était l'enfant qu'ils avaient croisé à Naples, sept ans plus tôt, qui avait alerté les policiers quand ils se faisaient agresser par deux jeunes toxicos. 

Bucciarati posa une main sur l'épaule de Gwen et assura : 

— Quelles que soient tes intentions, tu m'as sauvé la vie, et celle de Trish par la même occasion. Cela vaut bien que je te fasse confiance. 

Elle esquissa un sourire mince et regarda l'eau claire de la lagune qui, à présent, reflétait le clair de lune. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait eu la moindre compagnie. 

Devant eux se dressait la silhouette de la Fenice et une image lui revint en tête. Jean-Pierre, si élégant dans sa queue-de-pie, avec son catogan, et elle, dans sa belle robe de soie bleue.

Si j'avais su que ça me donnait l'air si séduisant, je me serais habillé ainsi pour notre mariage. 

Le rire de Jean-Pierre résonnait à ses oreilles, alors qu'elle lui agrippait le bras.

Tu sais ce qu'il te manque ?

Non.

Une canne, ça serait parfait.

Le frisson que provoqua sa main chaude sur sa joue fraîche. 

J'ai vu que le réceptionniste en avait une jolie collection. Peut-être que je devrais lui demander ?

Le visage rieur de Jean-Pierre s'imposa à son esprit et le son de sa voix, chaude et vivante se répercuta dans sa tête. Elle frissonna, resserrant les pans de sa cape sur elle, pour cacher l'énorme trou dans son haut. 

Fermant les yeux, chassant d'un revers de la main une larme qui coulait sur sa joue, et serra les lèvres pour les empêcher de trembler, sans remarquer que Giorno, malgré l'obscurité, n'avait rien manqué de cet instant de faiblesse.  

***

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