Chapitre 32 : Cruelle Désillusion

Poitiers, France. 21 septembre 1994.

Le lendemain matin, après une nuit de sommeil agité, Gwen et Jean-Pierre se préparèrent pour leur retour à Poitiers. Ils laissèrent Raphaël chez Jotaro et Elisabeth, les assurant qu'ils reviendraient bientôt pour le récupérer. Leur fils avait été nerveux de les voir partir à nouveau, mais ils lui avaient promis de revenir vite. Ils savaient que leur mission était dangereuse, mais ils n'avaient pas le choix.

L'avion les ramena en France, à l'aéroport de Poitiers. La ville était calme en apparence, mais il y avait une atmosphère de tension dans l'air. Ils s'engagèrent dans leur voiture, se dirigeant vers leur quartier.

Lorsqu'ils atteignirent leur rue, l'horreur les submergea. Les séquelles du chaos qui avait régné la veille étaient encore visibles. Des véhicules renversés, des vitres brisées, des traces de sang. Plusieurs de leurs voisins étaient à l'extérieur, essayant de réparer les dégâts et de comprendre ce qui s'était passé. Gwen et Jean-Pierre sortirent du véhicule, le cœur lourd.

Ils se précipitèrent vers leur maison, inquiets de ce qu'ils pourraient y trouver. Mais rien n'avait bougé, excepté l'absence remarquée de tout leur voisinage. 

— C'est le stand de Damien, j'en suis sûre. Il a cherché des informations sur nous, et il est peut-être entré en contact avec nos voisins pour obtenir cette "connaissance".

Jean-Pierre haussa les sourcils.

— Mais pour quel but ? Pourquoi voudrait-il en savoir plus sur nous ?

Gwen haussa les épaules, troublée.

— Peut-être pour mieux nous cerner, pour trouver nos points faibles, pour savoir comment nous battre. Peut-être qu'il essaye de comprendre pourquoi nous lui avons résisté, pourquoi nous avons survécu à ses attaques. Cela lui donnerait un avantage.

Alors, dans le silence de la maison, ils entendirent le téléphone sonner. Ils se dirigèrent vers le salon, l'estomac noué d'anxiété. Jean-Pierre décrocha le combiné.

— Allô ?

Il écouta en silence pendant un moment, puis son visage perdit toute expression. Ses jambes cédèrent sous lui, et il s'effondra sur le sol. Gwen, en état de choc, se précipita vers lui. 

— Qu'est-ce qui se passe ?! Jean-Pierre !

 Paris, France. 20 septembre 1994.

Une silhouette sinistre s'infiltra silencieusement dans la chambre d'hôpital. Les lumières faibles donnaient une aura fantomatique à l'intrus qui s'approcha du lit où Sophie Polnareff dormait paisiblement.

Un sourire cruel se dessina sur son visage tandis qu'il observait la femme endormie. Il savait que Sophie serait une source inestimable d'informations sur la vie de son fils et de sa belle-fille. Sa présence était une menace silencieuse, une promesse de souffrance et de danger.

L'homme attendit, son regard dévorant chaque détail du visage paisible de Sophie. Il était prêt à tout pour obtenir les informations dont il avait besoin, même si cela signifiait plonger encore plus profondément dans les ténèbres de sa propre cruauté.

Poitiers, France. 21 septembre 1994.

 La jeune femme essaya de lui prendre le téléphone des mains. Une voix au bout du fil lui dit, avec une tristesse déchirante :

— Votre mère est morte, Monsieur Polnareff, il y a une heure. Elle a... Elle a perdu la raison, comme les autres. Je suis désolée.

Gwen sentit son propre cœur se briser en entendant ces mots. La mère de Jean-Pierre, Sophie Polnareff, était décédée de la même manière que les autres victimes de cet étrange phénomène. Ils avaient parlé avec Catherine de Sophie il y a quelques semaines. Damien savait donc qui était la mère de Jean-Pierre, et il l'avait prise pour cible.

En lâchant enfin le téléphone, Jean-Pierre était en larmes, secoué par une douleur insurmontable. Gwen remit le combiné sur son socle et s'agenouilla à ses côtés, essayant de le réconforter du mieux qu'elle le pouvait. Sa belle-mère était morte, et ils étaient tous les deux vulnérables face à une menace qu'ils ne comprenaient pas complètement.

Est-ce qu'il savait à présent tout ce que Sophie savait sur eux ?! Est-ce que ça incluait leur passé ? Nerveuse, malgré les sanglots de Jean-Pierre, elle le secoua doucement. 

— Jean-Pierre. Qu'est-ce que tu as raconté à ta mère précisément ?! 

Il releva vers elle un regard bleu éperdu et surtout horrifié.  

— Tout, Gwen. Absolument tout. 

La jeune femme, en réponse, se releva promptement et composa immédiatement le numéro fixe de la maison de Jotaro et Elisabeth. 

Gwen ? Il y a un souci ?

— Jotaro.. On a un gros souci. 

Puis, elle se tut quelques secondes. Quel bazar à expliquer sérieux. Soupirant intérieurement, elle se lança : 

— Il y a quelques semaines, nous avons appris que la mère de Jean-Pierre était en vie. Nous sommes allés la rencontrer et nous avons quasiment tout raconté de nos vies. 

Quel est le souci ? Demanda avec surprise le brun au bout de la ligne. 

— Le souci, c'est ce manieur de stand qui nous menace, Damien Lefebvre. Il a la capacité de s'approprier les connaissances de la personne qu'il attaque. 

Et

Gwen entortilla nerveusement une mèche autour de son doigt. 

— Le problème c'est qu'elle est morte. Probablement d'une attaque de ce dégénéré. 

Et donc, il est au courant de tout.. conclut Jotaro d'une voix sombre. 

— C'est quasiment certain. 

Le brun, agacé, se pinça l'arrête du nez. Il avait envie de dire que Jean-Pierre était un boulet et qu'ils étaient dans la merde à cause de lui mais il se reprit juste à temps. Il ne pouvait pas savoir, et lui n'avait pas le droit de lui en vouloir d'avoir raconté sa vie à sa mère. 

Le problème, c'est que maintenant, ils étaient tous en danger potentiel. 

Bon.. Je reste vigilant, j'imagine. Vous allez y arriver ? 

— Je..

Gwen regarda nerveusement son époux qui restait prostré, sous le choc. 

— On ne sait pas trop comment retrouver ce type. 

Jotaro laissa une idée parvenir à son cerveau et proposa : 

Je crois que la fondation pourrait le savoir. Je la contacte et je vous tiens au courant

La jeune femme se mordit nerveusement les lèvres. 

— D'accord. Merci Jotaro.  

S'agenouillant à nouveau, elle laissa sa main courir sur la joue fraîche de Jean-Pierre. 

— Mon amour.. 

Il hoqueta et elle sentit son coeur chuter dans sa poitrine. C'était vraiment trop cruel ! Pourquoi tant d'injustice ? 

Elle le força à se lever et il se laissa faire, comme un enfant, trop brisé pour protester. 

L'allongeant dans leur lit, elle resta là, soucieuse, à fixer son dos, le caressant de sa main pour lui apporter un peu de réconfort. 

Quand, au bout de quelques heures, il cessa de pleurer, elle se rendit compte qu'il dormait. Peut-être cela valait-il mieux ?! 

Trop soucieuse et inquiète pour dormir, elle descendit au rez de chaussée et s'occupa comme elle put. Falco, geignait de temps en temps, venant réclamer quelques caresses qu'elle lui donnait sans y penser. 

Vers deux heures du matin, Jotaro appela et elle répondit. Il lui apprit, que, sans surprise, la Fondation avait retrouvé les traces de Damien à Paris. 

Le chien. Il savait que Jean-Pierre et elle se rendraient à Paris pour l'organisation des obsèques. Il les attendaient là bas. Bien. Ils n'allaient pas le décevoir n'est-ce pas ? Brûlant d'une détermination toute furieuse, elle remercia Jotaro et reprit ses activités pour essayer de ne pas devenir dingue. 

Au petit jour, Jean-Pierre, pâle à l'extrême, le visage ravagé par les larmes, descendit les marches de l'escalier. Elle l'aperçut et se dirigea vers lui qui ouvrit les bras, la priant silencieusement de venir l'étreindre. 

Elle soupira et demanda : 

— Je sais que c'est creux comme question mais.. ça va ? 

 Il expira lentement et elle sentit dans son souffle le trémolo d'un sanglot encore contenu. 

— Non. Je.. ça va pas. J'ai tellement mal. 

Sans rien dire de plus, elle posa sa main derrière la tête de Jean-Pierre, caressant ses cheveux en pagaille et appuyant son visage dans son cou. Lui, le nez enfoui à moitié dans les mèches ondulées de Gwen, inspira profondément son odeur, se détendant très légèrement. 

— Mon amour, ça va aller. C'est dur mais tu vas y arriver. Appuie toi sur moi, je suis là. 

Elle laissa ses paroles pénétrer l'esprit de son époux et ajouta tout bas : 

— Un jour à la fois. Tu vas y arriver. 

Il soupira, esquissant un maigre sourire. 

— Merci. 

Elle se sépara légèrement de lui pour caresser ses joues et dire : 

— Assied toi, je vais te préparer ton petit déjeuner. Ensuite, nous irons poser Falco chez Solange et je te conduirais à Paris. 

Son regard bleu accrocha la silhouette affairée de son épouse. Ses mains qui tremblaient légèrement, son air fatigué, ses jambes qui trainaient un peu. C'était-elle seulement reposée cette nuit ? À la vue de ses cernes et de ses traits tirés, malgré le fin sourire qu'elle se forçait à afficher, il se doutait de la réponse.

Quand elle posa devant lui un chocolat chaud qui fumait, et des toasts beurrés, il faillit se remettre à pleurer. 

Elle était tellement adorable à s'occuper de lui ainsi ! 

La gorge nouée, il s'excusa : 

— Pardon Gwen.. tu fais tout ça et moi je.. 

La jeune femme, réprimant ses larmes à la vue de l'état de son mari, l'arrêta d'un baiser furtif. 

— Arrête. Ne t'en veux pas.. Tu te rappelles, je l'ai promis. 

Il la regarda alors, et elle, avec émotion, répéta cette phrase qu'elle avait tant eu de mal à dire le jour de leur mariage. 

Je promets de te rester fidèle dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, pour t'aimer tous les jours de ma vie. J'ai promis, Jean-Pierre. Je serais toujours là pour toi. Ne t'excuse pas, s'il te plaît.  

Il sentit qu'il allait à nouveau fondre en larmes et elle le prit dans ses bras alors qu'il murmurait tout bas : 

— Qu'ai-je fait pour mériter une telle femme.. ?

Elle sourit, caressant son dos. 

— Tu as eu ce que tu méritais, Jean-Pierre. 

Il eut un faible sourire et elle lui dit un peu plus sévèrement : 

— Maintenant, mange, parce que si tu fais un malaise, j'aurais beau avoir la meilleure volonté du monde, je pourrais pas te porter. 

— Dis-le que je suis lourd aussi.. souffla-t-il tout bas. 

Elle rit furtivement, d'un rire un peu étranglé. 

—  Au sens propre, mon amour, oui tu l'es. 

Il se pencha alors vers son bol et le porta à ses lèvres, sentant le regard smaragdin de son épouse le suivre des yeux. 

— Tu ne manges pas ?  

Elle secoua la tête, éludant la question : 

— J'ai déjà pris rendez-vous avec les pompes funèbres. Pour demain matin, à 8h. 

Il jeta un œil à l'horloge. Effectivement, il était déjà 10h30. Il avait dormi si longtemps ? 

Le silence régna dans la cuisine, tandis que Gwen s'affairait à préparer une glacière avec deux repas pour leur voyage et pour le soir, pour leur éviter de sortir dans les rues de Paris inutilement. 

Quand il eut fini, elle commença à débarrasser mais il l'arrêta en lui saisissant le poignet, la faisant sursauter. 

— Laisse, je vais faire la vaisselle. Va prendre ta douche, et préparer tes affaires, je te rejoins. 

Elle voulut protester mais son regard était sans appel et elle soupira. 

— D'accord.

***

Paris, France. 22 septembre 1994.

Le temps était orageux. Le ciel, gris, se remplissait d'heures en heures de nuages noirs et le vent du sud secouait les branches des arbres avec fureur. 

Le visage soucieux, un peu en retrait, elle observait le dos de son époux. Droit, immobile, comme figé dans son costume noir, seuls ses cheveux blancs négligés laissait apparaître son état d'esprit.

 Il était là, silencieux, regardant d'un air flou le caveau de sa famille. Un bel hommage assurément, quand on regardait la finesse des sculptures de pierre. Sur la pierre, trois noms et six dates. 

Emeric Polnareff 
12 avril 1937 - 24 décembre 1981

Sophie Polnareff 
4 juin 1938 - 21 septembre 1994

Sherry Polnareff 
27 juin 1968 - 28 juin 1985

Gwen aurait aimé dire quelque chose pour réconforter Jean-Pierre mais rien ne parvenait à franchir la barrière de ses lèvres et elle restait, figée, en une imitation malhabile de la disposition de Jean-Pierre. 

Durant le trajet vers Paris, elle avait conduit. Épuisée, elle l'était après une nuit blanche et un estomac vide. Mais elle était trop anxieuse pour fermer les yeux et trop nauséeuse pour avaler quoi que se soit. 

L'estomac retourné, elle avait vu Jean-Pierre pleurer silencieusement un moment avant de finalement s'endormir. 

Elle préférait cela. Le sommeil à ses yeux était préférable que la tristesse et malgré tout ce qu'elle avait pu dire pour le rassurer, elle souffrait avec lui. 

Relevant le nez vers le ciel qui était de plus en plus menaçant, elle soupira intérieurement. 

Est-ce que tu as trouvé la paix, Sophie ? Ne put elle s'empêcher de se demander. 

Au moment où elle se demandait comment ils allaient bien pouvoir retrouver Damien dans un dédale aussi important que celui des rues de Paris, une voix surgit derrière eux. 

— C'est tragique, vraiment tragique que j'aie dû tuer cette pauvre dame. Elle avait tant d'informations intéressantes à partager. Toutes ces connaissances inestimables...

Gwen et Jean-Pierre se retournèrent brusquement, le visage pâle, pour faire face à l'intrus qui n'était autre que Damien Lefebvre. Il était là, dans ce cimetière, l'air suffisant, un sourire cruel aux lèvres.

Damien savait presque tout de leur vie, de leur Stand, de leur pouvoir, de leurs amis. C'était pire que ce qu'ils pouvaient imaginer. Il les avait acculés, et sa présence ici était une déclaration de guerre.

Il ricana, le ton moqueur.

— Vous avez une idée du nombre de personnes qui seront en deuil après cette tragédie, hmm ?! La douleur que vous ressentez maintenant, c'est le genre de douleur que vous avez causée à tant d'autres. C'est le début de votre châtiment.

Gwen sentit la colère monter en elle, mêlée à la tristesse. Cet homme était responsable de tant de souffrances, de tant de pertes, et il semblait en tirer une jouissance malsaine. Il était temps de mettre un terme à tout cela.

Jean-Pierre resserra son poing, son Stand, Silver Chariot, jaillissant en un instant. Il était prêt à se battre, prêt à protéger sa femme, ses amis, et à faire enfin face à l'homme qui avait semé le chaos dans leur vie.

Gwen, quant à elle, libéra rapidement son propre Stand, Armonia, espérant intérieurement qu'ils allaient parvenir à vaincre cet être abject.

Soudain rattrapée par sa colère, elle souffla : 

— Allez viens, Damien. Cette fois, tu ne t'en tireras pas si facilement. 

Une fugace lueur étonnée passa dans le regard de l'homme qui sourit. 

— Vous avez raison, ne perdons plus de temps à bavarder. 

Il s'élança vers eux, et Gwen se tendit au moment où Silver Chariot remontait sa rapière au niveau de son coude.  

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