Chapitre 20 : De France au Maroc
Poitiers, France. 30 juin 1994.
— Chérie, je suis rentré !
La voix masculine de Jean-Pierre résonna dans l'entrée de la maison. Gwen, affairée à la lecture d'un dossier envoyé par l'une de ses collègues, sourit, le posant immédiatement sur le canapé.
Elle se leva et se dirigea à allure rapide vers la pièce adjacente où elle s'empressa d'enrouler ses bras autour du cou de Polnareff.
— Hé bien ! Je t'ai tant manqué que ça ? dit-il en riant.
La jeune femme sourit en coin.
— Oui. Comment ça s'est passé ?
— Très bien, Monsieur Harrison est toujours aussi satisfait de mon travail. Il m'a transmis quelques nouveaux livres.
Gwen eut un sourire avant d'embrasser avec douceur les lèvres de son époux.
Il ne s'en plaignit pas, au contraire, et répondit doucement à son baiser, glissant sa main dans sa nuque et la ramenant vers lui.
— Où est Raph ? finit-il par demander, entre deux reprises de leur étreinte.
Elle passa sa main dans les cheveux de Jean-Pierre, les décoiffant avant de rire tout bas.
— Il dort. Il a commencé sa sieste il y a une demi-heure.
Était-ce une conséquence de la précocité de leur fils ? Ce dernier dormait beaucoup, et longtemps. Ni Gwen ni Jean-Pierre ne s'en plaignaient, la sieste de quatre heures leur permettaient de se reposer un peu.
L'homme sourit, sentant les mains de Gwen se faufiler sur son torse.
— Tu as une idée particulière en tête ?
Elle esquissa une moue qui le ravit.
—Mmh.. peut-être bien, mais ça ne dépend pas que de moi..
Le manieur de Chariot sourit de plus belle, plongeant ses lèvres soudain dans le cou de sa conjointe avant de murmurer :
— Je crois savoir ce qui te ferait plaisir..
Elle frissonna en sentant son époux embrasser longuement et sensuellement son cou, soupirant d'aise.
Et sous les assauts incessants et ardents des baisers qu'ils échangèrent, leur étreinte leur parut aussi intense et plaisante qu'au premier jour.
***
Poitiers, France. 1er juillet 1994.
Devant le pas de la maison, tous les trois attendaient le taxi qui amènerait Jean-Pierre à la gare de Poitiers.
— Tu es sûr que tu as tout pris ? interrogea Gwen qui tentait en vain d'étouffer son inquiétude.
L'homme sourit, regardant son épouse, attrapant son visage au creux de ses grandes mains.
— Ne t'inquiètes pas, mon amour. Je serais bientôt de retour.
Gwen avait beau ne pas vouloir se montrer touchée de son départ, les larmes lui montèrent aux yeux. Et Jean-Pierre perçut l'océan salé dans les pupilles éméraldines et s'en émut.
Il passa ses bras autour de sa taille et la serra contre lui, alors qu'elle laissait reposer son visage au creux de son épaule large. Il sentit contre lui un tressautement réprimé et soupira doucement, la collant davantage contre lui, remontant un de ses bras dans son dos.
Il avait beau se montrer optimiste, il savait bien ce qu'elle ressentait. Peut-être ne reviendrait-il pas de cette mission ? Ou peut-être que son corps serait rendue à la femme de sa vie ? Gwen avait toujours été débrouillarde, il ne doutait pas de son immense qualité à élever Raphaël seule, mais réaliser que sa présence à ses côtés la comblait tellement et que son absence la chamboulait, lui fit redouter ce qui l'attendait.
— Gwen. Je t'aime, murmura-t-il en un murmure doux, à son oreille.
Il voulait lui dire. Qu'elle l'ancre dans sa mémoire, profondément, et qu'elle ne l'oublie jamais, surtout s'il devait disparaître.
Une voix entrecoupée de sanglots silencieux lui répondit :
— Moi aussi, je t'aime. T'as intérêt à revenir.
— J'essaierai, je te le promets.
Et il se défit de son étreinte pour la regarder. Ses yeux humides lui sourirent derrière un rideau de larmes et elle hocha la tête.
Jean-Pierre baissa le regard sur Raphaël qui se tenait là, l'air de ne pas trop savoir quoi faire de son bras libre. L'autre, en effet, serrait un panda roux en peluche que ses parents lui avaient offert avant de partir de San Francisco.
— Pa'pa.. tu t'en.. vas ?
Le français posa un genou à terre pour effleurer des doigts les cheveux bruns de son fils, lui disant doucement :
— Papa a quelque chose d'important à faire, mais il va revenir. Tu dois être bien sage avec Maman d'accord ?!
Le garçon acquiesça avec conviction, faisant sourire son père qui ajouta d'un air sérieux.
— Tu es bientôt un grand garçon. Je te confie Maman, prend soin d'elle.
Raphaël se redressa, d'un air fier pour opiner du chef avec un air sérieux.
Quand Jean-Pierre se releva, son fils l'interrompit en tendant ses bras vers lui en disant :
— Papa, bis'ous.
Son père ne put résister à cette bouille enfantine et prit son fils dans ses bras, l'embrassant doucement sur les deux joues alors que l'enfant enserrait son cou de ses deux petits bras.
Il se détourna d'eux et s'engouffra dans le taxi qui venait de se garer devant la maison, son sac au dos.
Gwen sentit Raphaël tirer sur ses vêtements et le prit dans ses bras pour que le garçon fasse signe à son père de la main, jusqu'au bout.
La jeune mère, elle, fixa son regard smaragdin sur le ciel grisâtre, surprenant pour un premier jour de juillet. Son fils dans les bras, elle espéra de tout coeur que Jean-Pierre serait de retour bientôt.
***
Poitiers, France. 12 juillet 1994.
Cela faisait onze jours que Jean-Pierre était parti sur les terres riches du Maroc, avec Jotaro. Et si elle n'avait pas de nouvelles, elle passait sa journée à se répéter ce mantra : Pas de nouvelles, bonnes nouvelles.
Raphaël avait encore énormément progressé depuis qu'il était parti. Jour après jour, son élocution était meilleure, son équilibre aussi et il acquérait une richesse de vocabulaire proprement hallucinante pour quelqu'un de son âge.
Mais ce n'était pas tout. Gwen constatait aussi le gain de force du stand de son fils. Il se mettait à faire léviter tout et n'importe quoi, rendant parfois dingue la pauvre mère qui craignait qu'il ne se blesse, ou ne casse quelque chose de fragile.
Pour l'heure, Falco trépignait dans l'entrée, la queue battante alors que Gwen mettait à Raphaël un manteau coupe vent.
Il était 18h. Le vent s'était levé et le ciel était gris sombre, menaçant. Il faisait doux, néanmoins et une brise venant du sud caressait la cime des arbres avoisinants.
La jeune femme sourit en voyant Raphaël marcher jusqu'à Falco pour entourer son cou de ses bras frêles. Le chien, heureux, se retourna pour flanquer un énorme coup de langue sur le visage du garçon qui ne s'en scandalisa pas le moins du monde.
— Allez, on est paré ! dit joyeusement Gwen, saisissant la main tendue de Raphaël.
Une fois dehors, l'interminable série de questions commença. Le petit garçon demandait sans cesse qu'est-ce que c'était telle ou telle chose. Quand ils arrivèrent à côté d'une fontaine, il lâcha la main de Gwen pour courir vers le bassin, suivi de près par Falco.
— Maman, c'est quoi ?
La jeune femme sourit.
— Une fontaine, mon ange.
— De l'eau ?
— Oui, de l'eau.
Elle regardait soucieusement le ciel qui noircissait de plus en plus.
— Maman, pourquoi le ciel il est tout gris ?
Gwen esquissa un sourire, amusée avant de répondre :
— Le ciel est gris parce que les nuages le couvrent. C'est comme un grand drap qui cache le soleil.
— C'est triste pour le soleil ?
— Non, le soleil se repose derrière les nuages, et il reviendra bientôt. Regarde, il commence à pleuvoir. On dirait que le ciel pleure un peu.
Quelques gouttes heurtaient en effet le visage de la jeune femme qui ramena Raphaël contre lui, se décidant à faire demi-tour.
— Le ciel.. il pleure ?
— Ce sont des gouttes de pluie, Raphaël. Le ciel les envoie pour arroser la terre et faire pousser les fleurs.
— Comme dans les n'arrosoirs ?
— Exactement, comme des arrosoirs. La pluie est importante pour tout ce qui pousse.
Il questionna longuement sa mère sur la façon de pousser des plantes avant que soudain, il ne change de sujet, sautant dans une petite flaque à un rire éclatant.
— Mon chéri, tu vas te tremper les pieds.. gronda-t-elle doucement. Il te faut des bottes pour faire ça.
— Je voudrais des bottes pour sauter dans l'eau ! clama-t-il avec joie et enthousiasme.
Gwen ne put retenir un rire.
— Haha, tu aimes sauter dans les flaques d'eau, hein ? D'accord, on cherchera des bottes demain au magasin.
Il balança son pied par dessus la surface d'une autre flaque et aurait fini les quatre fers en l'air si sa mère ne l'avait pas rattrapé in extremis.
Pas traumatisé, il s'empressa de dire :
— Maman, tu sauteras avec moi ?
La jeune femme laissa son regard se perdre dans l'immensité bleue des yeux de son fils en souriant avant de dire tout bas :
— Bien sûr, mon trésor. On sautera dans les flaques d'eau ensemble.
Une averse s'abattit violemment sur eux et elle se mit à courir, Raphaël dans les bras, Falco courant joyeusement autour d'eux.
Quand elle arriva sous le porche de leur maison, elle reposa Raphaël au sol qui regardait silencieusement la pluie tomber alors que Falco s'ébrouait, arrosant au passage sa maîtresse et l'enfant qui râla.
Il devait avoir froid, songea Gwen.
— On va aller prendre un bain bien chaud, d'accord mon ange ?
Le garçon sembla d'accord avec l'idée, prenant la main de sa mère alors qu'ils entraient tous les trois dans la maison, avant que la porte ne se referme sur eux.
***
Marrakech, Maroc. 12 juillet 1994.
Le soleil brûlant inondait les rues animées de Marrakech, ajoutant une autre couche de difficulté à leur quête déjà complexe.
Ils avaient posé leurs bagages dans un petit hôtel près de la médina, tout en gardant un œil sur les rues grouillantes de vie. Dans l'ombre, l'intrigue se développait, et ils étaient déterminés à découvrir ce que cachait le mystérieux artefact.
Après avoir adapté leur tenue en enfilant de longues tuniques beige et grise, et enroulé leurs têtes dans un châle leur couvrant le nez et le cou, ils avaient repris leurs recherches de la journée.
Après des jours de recherches, de conversations avec les locaux et de déchiffrement de l'ancien texte sur la tablette, dont Jotaro avait fort heureusement gardé une copie, ils avaient finalement obtenu une piste qui les conduisait dans le désert environnant. C'était un endroit éloigné et inhospitalier, avec des dunes de sable à perte de vue, où seuls les nomades osaient s'aventurer.
Juchés à dos de dromadaires, ils avaient parcouru une cinquantaine de kilomètres sous un soleil brûlant, protégés par les couches de vêtements qu'ils avaient enfilé plus tôt. Les yeux de Polnareff semblaient secs, à cause de la chaleur, et il passa une main sur son front.
— Jotaro, t'es sûr de toi là ? Je n'ai presque plus d'eau.
Le brun tourna sa tête vers le français en soupirant :
— Oui, je suis sûr. Nous nous rendons au temple de M'zouteria. Il y a un puis à côté, il est indiqué sur la carte.
Jean-Pierre alors acquiesça et se mura à nouveau dans le silence, contemplant le vent chaud qui soulevait par endroit le sable léger. Son esprit se perdit bien loin de là, à des centaines et des centaines de kilomètres de ce désert aride. Ils songea à sa femme, à son fils et sourit doucement. Ils lui manquaient. Leur guide marmonna quelque chose dans un anglais plus ou moins intelligible et Jotaro regarda Jean-Pierre pour lui dire qu'ils approchaient du temple.
Le vent chaud soufflait sur leur visage alors qu'ils avançaient, guidés par un vieil homme nomade qui connaissait bien la région. L'excitation montait alors qu'ils se rapprochaient de leur destination.
À mesure qu'ils avançaient dans les profondeurs du désert, une structure ancienne surgit devant eux. C'était un temple enseveli sous les dunes, un endroit oublié depuis des siècles. La tablette semblait les avoir conduits à cet endroit sacré, renfermant des secrets inimaginables.
Le nomade annonça qu'il les attendrait ici et les deux étrangers posèrent le pied à terre avant de ses diriger vers le vestige.
Une fois à l'ombre de son immense structure, ils respirèrent de soulagement. Il y faisait beaucoup plus frais.
Ils enlevèrent leurs turbans et le voile qui recouvrait à moitié leur visage.
— Fiou.. ça fait du bien de pouvoir respirer, murmura Jean-Pierre.
Ils pénétrèrent dans le temple, explorant ses couloirs sombres et ses salles mystérieuses. Les murs étaient ornés de hiéroglyphes anciens, semblables à ceux trouvés sur la tablette, ce qui confirmait qu'ils étaient sur la bonne voie.
Soudain, Jean-Pierre s'arrêta brusquement. Il fixa un mur couvert de pictogrammes, ses yeux s'élargissant en reconnaissance. Là, au milieu de la fresque, se trouvait une image familière. C'était une flèche semblable à celle évoquée sur la tablette, mais elle était associée à quelque chose de bien plus sinistre - un être aux bras multiples, un Stand, sûrement.
Il se tourna vers Jotaro, le visage pâle.
— Jotaro, regarde ça. Cette flèche... Elle est liée à un Stand, semble t-il.
Jotaro fronça les sourcils, analysant la fresque attentivement.
— C'est un Stand... et il est clairement dangereux. Nous devons en apprendre davantage, mais restons sur nos gardes. Cherchons un texte, une indication, n'importe quoi.
Ils savaient qu'ils devaient enquêter plus avant, et que cela signifiait plonger plus profondément dans le mystère de la flèche et de son lien avec les pouvoirs Stand. La chasse au trésor n'était pas encore terminée, et les enjeux ne cessaient d'augmenter.
Ils cherchaient, avant d'entendre le pas lourd du nomade qui pénétra dans la deuxième salle, où il se trouvaient, avant d'expliquer qu'ils étaient en mauvaise posture.
— Tempête de sable, grogna-t-il.
— Il y en a pour combien de temps ? interrogea Jean-Pierre qui s'inquiétait déjà de leurs provisions.
Le nomade haussa les épaules.
— Quelques heures ? Plusieurs jours ? On ne sait jamais.
Jotaro capta le regard un peu inquiet de Polnareff et soupira en voyant soudain l'obscurité presque totale les envelopper. La tempête était sur le temple. Heureusement le guide avait songé à remplir leurs gourdes et fermer les portes.
Le brun attrapa une couverture sur la selle de son dromadaire pour s'enrouler dedans en s'asseyant contre un mur. Et il avait eu raison, pensa Jean-Pierre en l'imitant. C'était comme si soudain la température avait chuté de trente degrés.
Appuyé contre la pierre froide, il se sentit somnoler et ses dernières pensées lucides furent pour sa famille qui l'attendait, en France.
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