Chapitre 19 : Allons voir les z'animaux !

San Francisco, Etats-Unis. 19 juin 1994.

— Maman, Jo'to.. hé.. dit va voir le.. hé.. les z'animaux ! 

Raphaël souriait de toutes ses dents blanches et bien propres, agrippant solidement le haut de sa mère pour le tirer avec énergie vers lui pour attirer son attention. il n'en avait pas réellement besoin puisque Gwen, amusée, baissa les yeux sur son fils pour dire : 

— Jotaro a essayé de te dire que nous allions visiter un zoo. 

— Zou ?

 Jean-Pierre sourit, enfilant sur son dos le sac qui contenait une partie du pique-nique. 

— On dit zoo, Raphaël. Z.O.O.

Le petit garçon, avec application, fronça les sourcils, répéta après son père, levant son doigt pour demander finalement : 

— Joi..ne elle.. est là ?

Gwen hissa Raphaël dans ses bras pour lui dire : 

— Oui, Jolyne sera là mon ange, mais tu dois être un gentil garçon, elle est beaucoup plus petite que toi. 

— Et.. Zab..et ? 

— Elisabeth sera là aussi. 

— Jo'to ?! interrogea le garçon avec sérieux comme si tout à coup la question revêtait une importance capitale. 

Jean-Pierre rit, murmurant : 

— Oui, Jotaro sera avec nous. Tu l'aimes bien ?

— Hmmoui. Il.. hé.. a chaschette ?

 Gwen finit par comprendre et sourit. 

— Ah, tu veux dire sa casquette ?

Il hocha vigoureusement la tête.

— Oui, il aura sa casquette, elle ne la quitte presque jamais. 

Raphaël regarda avec joie sa mère, entourant de ses petits bras son cou pour poser son front sur sa joue. 

— Chérie, tu es prête ? interrogea Jean-Pierre, en ouvrant la porte d'entrée de l'appartement qu'ils avaient loué à San Francisco. 

— Oui, tout est prêt pour nous. 

Gwen franchit alors la porte que son époux la refermait derrière elle. 

Le zoo de San Francisco couvrait une surface totale de 40 ha, annonçait le panneau à l'entrée que Jotaro se bornait à relire, encore et encore, en attendant à côté d'Elisabeth qui portait Jolyne, l'arrivée des trois français. 

— Mais qu'est-ce qu'ils foutent ? Il ont pris un train de la SNCF ou quoi ?!

Le grand brun retint un rictus amusé. Il était vrai que la compagnie de chemin de fer française n'avait pas la meilleure réputation en matière de ponctualité. 

Se tournant vers sa femme, il eut un très léger sourire en la voyant fixer Jolyne des yeux. 

— Ils vont arriver. 

À ce moment, ils aperçurent le trio qu'ils attendaient avec impatience. Le petit Raphaël, content de les voir, se mit à courir vers eux, criant : 

— Zab ! Jo'to ! 

Pas encore très assuré sur ses jambes, il ne manqua pas de se casser la figure et si Gwen se précipita à ses côté, il releva vers elle son visage aux yeux humides. 

— Pas bobo. 

La française lui sourit, lui attrapant la main alors qu'il se relevait. 

Il vint se coller aux jambes de Jotaro, l'implorant du regard avec ses bras tendus vers lui. 

Le brun avait beau ne pas se montrer gaga de son filleul, il sourit intérieurement de le voir si content de le voir. 

Il céda, avec un soupir, comme si l'ennuyait alors qu'il était pas si mécontent. 

Yare yare daze. Tu as intérêt à rester bien sage ! 

Raphaël, perché sur les épaules larges du petit fils de Joseph, acquiesça, riant aux éclats, à cause de la hauteur.  

Après l'achat des billets, les quatre adultes et les deux enfants se rendirent dans le quartier de la savane africaine et Jotaro dut supporter les coups enthousiastes de Raphaël sur sa casquette, à chaque fois qu'il voyait un animal qu'il reconnaissait. 

— Une Gi'afe ! Un No'céros ! 

Elisabeth eut un rire amusé, et taquina Gwen et Jean-Pierre. 

— Il a un dôle de vocabulaire votre petit bout.. 

La brune sourit avant de répondre : 

— Il est assez précoce dans son genre, je ne m'inquiète pas, ça finira par s'arranger. 

Les yeux bleus émerveillés du garçon se posaient sur les animaux, tout en se balançant avec énergie sur les épaules de Jotaro qui ne sentait pas grand chose. 

La reproduction de la savane africaine était impressionnante. Les girafes côtoyaient les zèbres et les gorilles alors que quelques oiseaux d'Afrique se postaient sur les branches des acacias. 

Après la savane, direction la forêt des lémuriens et Raphaël observait avec enthousiasme les drôles de petits singes qui sautaient d'une branche à l'autre avec agilité. 

Alors que Jean-Pierre montrait du doigt à Elisabeth la présence d'un mandrill un peu plus loin, un cri aigu se fit entendre. Le petit garçon, perché sur les épaules de Jotaro hurlait de terreur, un petit lémurien accroché à son dos. Ses yeux bleus pleins de larmes s'enfouirent dans la casquette de Jotaro alors qu'un employé du zoo, alerté par le bruit, arrivait en courant. 

Gwen restait figée, ne sachant que faire. Mais la voix posée de l'employé les rassura immédiatement.

— Toutes mes excuses.. C'est encore un jeune animal, il est très farceur. 

Avec douceur, l'homme retira le petit singe du dos de Raphaël qui expira lourdement, la gorge emplie de larmes. 

— Là.. Tout va bien petit gars, c'est un gentil singe. 

Le lémurien avait presque l'air de sourire et tendit sa main vers Raphaël pour lui donner quelques graines qui eurent pour effet de susciter sa curiosité.  

Serrant dans son poing les graines généreusement offertes par l'animal, le garçon réclama de descendre de son perchoir, de peur sûrement qu'un autre singe ne l'attaque. 

Marchant avec un peu d'indécision, il finit par sourire en voyant apparaître devant ses yeux la main tendue de son père et de sa mère. 

Radieux, il prit les deux mains dans les siennes et les trois avancèrent alors que Jotaro récupérait dans ses bras Jolyne, pour permettre à Elisabeth de reposer ses muscles ankylosés. 

— Ils sont mignons n'est-ce pas ? intervint la voix douce de la blonde. 

Le brun esquissa un fin sourire, regardant son épouse avant de river son regard sur l'heureux trio dont l'élément central s'amusait à se balancer aux bras de ses parents, riant aux éclats quand ses pieds ne touchaient pas le sol. 

Le couple à l'arrière ne tarda pas à capter le regard que les deux français s'échangèrent, heureux. 

— Oui. Polnareff méritait ce bonheur. 

Il laissa son regard de perdre dans le vide, son esprit se fixant un instant sur les souvenirs encore vivaces d'Abdul et de Kakyoin. Il entendit, des confins de sa mémoire un mélange de rire parmi lesquels il reconnut le sien, celui de Jean-Pierre et ceux de leurs amis décédés. 

Ah.. l'Égypte. Fascinant voyage en vérité. Fascinant mais périlleux. 

Quand le soleil l'éblouit, au moment où il arrivait à l'extérieur, il entendit Polnareff dire : 

— Vous trainez ! Vous êtes fatigués ?

Jotaro soupira, voyant Raphaël battre avec énergie ses petites mains en scandant : 

— Jo'to ! Zabeth ! Jo'ine. 

Quand, une heure plus tard, il s'arrêtèrent devant l'enclos des loups, Elisabeth s'assit quelques instants, alors que Gwen regardait Jotaro poser le berceau dans lequel Jolyne regarda avec attention ce qui l'entourait, ses yeux de couleur chartreuse captèrent le vol vif et délicat d'un papillon. Avec un rire, elle tendit ses bras minuscules vers l'insecte virevoltant alors que Raphaël secouait la manche de son père pour lui montrer. 

— Papa, rega'de Jo'ine !

Même s'il n'en dit rien, le son pur du rire de leur fille émut profondément Jotaro qui réalisa vraiment à cet instant qu'il était père. Méritait-il un tel honneur ? Lui qui risquait d'amener sur eux malheur et danger.. 

Il durcit un instant son regard alors qu'Elisabeth glissait sa main fine dans la sienne. Son coeur fit une embardée et sans pouvoir s'en empêcher, il lui sourit. 

— Elle rit, dit-elle doucement. 

Et Jotaro se contenta d'acquiescer, sans rien ajouter. 

Les six visiteurs passèrent dans les divers secteurs du zoo. Raphaël eut une admiration sans borne pour les pandas roux qu'il regardait avec un intérêt certain, et des cris ravis à chaque fois qu'ils allaient d'une branche à une autre. 

Sous l'effet de son excitation, personne ne comprit son charabia aussi personne ne chercha à comprendre. 

En fin d'après midi, après avoir regardé les insectes derrière les grandes vitrines, tous s'assirent sur la terrasse d'un petit bar-restaurant alors qu'Elisabeth avait filé changé Jolyne. 

Polnareff regarda son ami avant de dire : 

— J'ai oublié de prendre l'appareil photo dans la voiture. Je vais aller le chercher. Jotaro, tu m'accompagnes ? 

Si le brun n'en avait pas particulièrement envie, il ne dit rien de plus et se leva de sa chaise avant de suivre le français. 

— Qu'est-ce que je vous prend ? demanda Gwen avant qu'ils ne s'éloignent trop. 

— Tu conduiras au retour mon amour ? 

— Oui, pas de soucis. 

— Un bière pour moi alors. Et toi, Jojo ? 

Le brun darda sur l'épouse de Jean-Pierre un regard un peu incertain avant de dire : 

— Une limonade. 

Puis les deux hommes s'éloignèrent alors que Gwen expliquait à son fils que non, les pigeons autour d'eux n'étaient pas des aigles ou des nègles comme le prononçait-il. 

Arrivés à la voiture, Jotaro s'y appuya nonchalamment, fixant son regard bleu sur le visage de son ami. 

— Qu'est-ce que tu voulais me dire ? 

Polnareff rit doucement, passant une main dans sa nuque. Évidemment, le brun avait vu juste. 

— Quelle est la vraie raison de ta disparition de l'autre fois ?

Jotaro soupira, rabattant sa casquette sur ses yeux. 

— J'avais l'impression que c'était plus crédible que ça.. 

Jean-Pierre se moqua gentiment. 

— Tu es un monstre du bluff mais tu ne sais pas mentir à tes amis, Jojo. Ton histoire était vraisemblable en soit, suffisamment pour qu'Elisabeth et Gwen y croient, en tout cas. 

 Le brun soupira de plus belle, croisant ses bras sur sa poitrine avant de dire : 

— La fondation Speedwagon a perdu la tablette. 

Le père de Raphaël écarquilla largement. 

— Comment ?!

— Ils sembleraient que le Boss, qui qu'il soit, soit déterminé à retrouver cette flèche, c'est d'autant plus vrai si on considère l'attaque sur Gwen à Venise. 

Jean-Pierre sentit un désagréable frisson lui remonter l'échine. Bien sûr qu'il s'en souvenait. 

— Des pertes de notre côtés ? interrogea-t-il en refermant la portière de leur voiture, l'appareil en main. 

— Deux hommes. Il a frappé au moment où ils étaient le moins nombreux. Néanmoins, c'est une menace beaucoup plus importante que je ne voulais le croire. 

— Et donc, l'autre fois ? 

Le brun releva ses yeux sur le ciel sans nuage et avoua : 

— Recherche d'informations. Nous avons localisé une piste pour la flèche au Maroc. J'y retourne dans deux semaines. 

— Elisabeth est au courant de ton départ ? 

— Non, pas encore. Mais je lui dirais que c'est pour le travail.

— Tu sais que c'est dangereux ?

Polnareff regarda Jotaro acquiescer et ajouta : 

— Laisse moi t'accompagner cette fois. 

Le brun parut réticent à cette idée. 

— Tu es sûr ? Parce que c'est..

— On aura plus de chance de réussite à deux, coupa Jean-Pierre, et puis, on forme une bonne équipe non ?! 

Le père de Jolyne sourit furtivement et sentit le poing du français heurter amicalement son épaule. 

— D'accord. Qu'est-ce que tu vas dire à Gwen ? 

Le traducteur sourit doucement, regardant vers l'entrée du parc. 

— La vérité. Je ne veux pas lui mentir. 

Jotaro perçut dans les yeux de Jean-Pierre la lueur de sincérité qui ne résidait pas dans les siens. 

— Tu devrais envisager de faire pareil. Les mensonges dans un couple, ce n'est jamais quelque chose de bénéfique. 

— Mmh, répondit Jotaro, commençant à marcher vers le parc, signifiant ainsi que la conversation s'achevait ici. 

Quelques minutes de silence les accompagnèrent avant qu'ils n'aperçoivent le sourire radieux d'Elisabeth. 

— Vous êtes enfin de retour ! On commençait à craindre que vous ne soyez perdus ! 

Jotaro eut un mince sourire en voyant Jolyne dans les bras de son épouse et la prit volontiers dans ses bras quand Elisabeth la lui tendit. 

La journée s'acheva tranquillement. En rentrant à l'appartement loué, Jean-Pierre profita du sommeil de Raphaël pour raconter à Gwen le contenu de sa discussion avec Jotaro. 

— Je suis loin d'être rassurée, avoua-t-elle à voix basse. 

— Il n'y a aucune raison que cela se passe mal, ma chérie. 

Gwen soupira en ouvrant la porte de l'appartement, faisant entrer Polnareff qui portait dans ses bras Raphaël, complètement affalé, profondément endormi. 

— Je sais.

Deux jours plus tard, ils devaient quitter les Etats-Unis pour retourner en France et pour l'heure, Gwen coucha leur fils, avant de rejoindre Jean-Pierre dans la chambre. 

Quand ce dernier saisit ses hanches pour la tirer contre lui, elle sourit, à la fois heureuse et inquiète. 

— Je t'aime, murmura Jean-Pierre à son oreille.

Gwen, toujours émue à l'entente de ses mots, passa une main dans les cheveux gris de Jean-Pierre pour le décoiffer et contempler ses mèches qui retombaient sur son front. 

— Merci, mon amour. Moi aussi je t'aime. 

Et les mains de l'homme remontèrent le long de sa taille pour s'arrêter brutalement quand une petite voix endormie les interrompit : 

— Papa, Maman. J'veux dormi'.. avec 'ous. J'ai peur du noi'.. 

Gwen se dégagea de l'étreinte de son époux au moment où celui-ci soupirait dans son cou, murmurant :

— Va falloir qu'on pense à fermer la porte de la chambre la prochaine fois. 

La jeune femme rit tout bas, prenant dans ses bras le garçon qui eut un air des plus ravi quand il se retrouva allongé dans le lit, entre ses deux parents.

Il ne tarda pas à s'endormir, épuisé et les deux époux parlèrent encore un moment avant de plonger à leur tour dans le sommeil. 



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top