Chapitre 17 : Idéale idylle

Poitiers, France. 30 mars 1993.

— Je suis enceinte.

Trois mots qui chamboulèrent profondément Jean-Pierre dès lors que l'information monta à son cerveau. Il sourit, plus qu'elle ne l'avais jamais vu faire avant de lui saisir la taille et de dire : 

— C'est vrai ? Oh, Gwen. Je suis tellement heureux ! 

Si sa déclaration sonnait comme étant sincère, il remarqua l'air soucieux de sa conjointe et posa doucement une main sur sa joue.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu n'es pas heureuse ?

La jeune femme plongea ses pupilles émeraudes dans celles de son époux. Elle se sentait inquiète. Inquiète à cause de la sensation de danger qui rôdait sur leur tête, à cause de cette histoire de flèches, à cause du silence radio de Jotaro, à cause de son agression encore récente. 

Voyant le regard lumineux et véritablement comblé de son époux, elle n'eut pas le coeur à lui dire la vérité. Elle baissa les yeux, pour ne pas croiser son regard et murmura :

— Si, bien sûr. Mais. Je.. m'y attendais pas. Je suis surprise. 

Il sourit de plus belle, un rire lui échappa alors qu'il la soulevait du sol pour la faire tournoyer avant qu'il ne dise : 

— C'est le plus.. Le deuxième plus beau jour de ma vie ! 

Elle sourit. 

— Seulement le deuxième ?! Quel était donc le premier ? 

Souriant, sans l'ombre d'un doute, il déclara :

— Le jour où tu accepté de devenir ma femme. 

Gwen sentit les bras de Polnareff l'entourer et elle soupira de bonheur. C'est vrai. Il avait promis. Tant qu'il serait là, tout irait bien. 

Dans les bras de son mari, elle finit par sentir une douce sensation de joie l'envahir. Ils allaient être parents. Là, dans son ventre, allait grandir une vie qu'ils chériraient et qu'ils protégeraient. 

Les larmes aux yeux, elle vit les mains de Jean-Pierre caresser sa taille et son ventre. 

— Merci, murmura-t-il en un soupir béat.

Rentrant chez eux, dînant légèrement, Gwen caressa pensivement la tête de Falco, songeant qu'il avait dû sentir, dès l'avant-veille, qu'elle était enceinte, se souvenant de son comportement singulier. 

Ce soir là, dans leur chambre, c'était Gwen qui avait réclamé une étreinte que Jean-Pierre lui avait accordé avec plaisir, posant doucement sa main sur le ventre encore plat de Gwen alors qu'il collait le dos de son épouse à son torse musclé, embrassant sa nuque et caressant doucement sa peau. 

 ***

Poitiers, France. 31 mars 1993. 

Maintenant qu'elle savait ce qu'elle avait, Gwen remarquait bien les symptômes classiques de la grossesse. Son manque d'appétit, ses sensations de malaise fréquentes, son envie de vomir.. 

Qu'elle expérimentait encore ce matin. Penchée sur les toilettes, à peine deux minutes après le réveil, elle soupira. 

— Ce n'est pas une sinécure.. murmura une voix derrière elle, lui saisissant doucement les cheveux pour les lui tenir, en caressant son dos. 

Elle hocha la tête. 

— Je suis désolée..

Il sourit, doucement, amplifiant ses caresses. 

— Ne t'excuse pas, mon amour. Au contraire, je veux toujours savoir comment tu te sens. 

Elle esquissa un sourire, sentant la nausée se calmer. 

— J'ignorais qu'on avait autant envie de vomir.. 

Le jeune homme sourit, la regardant le plus sérieusement du monde. 

— J'ai lu hier soir que pour éviter tes nausées, tu dois te lever doucement, et manger avant de sortir du lit si possible. Donc. Le matin, tu ne bouges pas tant que je ne t'ai pas apporté de quoi manger. 

Gwen, attendrie, posa sa tête sur le torse de son époux alors qu'il la serrait contre lui. Il avait déjà commencé, la veille, à se renseigner sur les choses à faire pour alléger les symptômes et les inconforts de la grossesse. 

— D'accord.

 Évidemment, en tout désintérêt de la question, il avait fini par se renseigner pour savoir s'ils pourraient encore avoir des relations sexuelles. Morte de rire, Gwen l'avait taquiné quand il avait souri, l'air goguenard. 

Mais au delà de ça, il avait d'ores et déjà manifesté un grand intérêt pour la question des symptômes, de l'évolution de la grossesse. 

Après un lavage de dents express, ils étaient descendus tranquillement dans la cuisine où après avoir servi Gwen d'une salade de fruit et d'un thé, il avait souri en disant : 

— Il est 9h. Je vais appeler l'hôpital pour prendre rendez-vous pour toi. 

— Un rendez-vous ? 

— Oui, dans 8 semaines environ, il faut qu'on aille effectuer un premier examen prénatal et une première écographie. 

Avec un sourire pensif, elle lui répondit : 

— Tes recherches d'hier ont été fructueuses, on dirait. 

Il rit. 

— Je veux t'accompagner au mieux. 

La jeune femme, mangeant du bout des dents ses fruits qui ravivaient un soupçon d'appétit en elle, vit son époux appeler et demander, tout sourire à prendre rendez-vous avec le gynécologue de l'hôpital. 

— On aura rendez-vous le vendredi 21 mai, à 10h30, conclut-il en la rejoignant à table. 

Elle avait beau avoir peur et s'inquiéter un peu, la simple présence de Jean-Pierre, heureux comme il était, la rassurait. 

***

 Poitiers, France. 21 mai 1993.

Huit semaines avaient passés depuis l'annonce de la grossesse. Si le ventre de Gwen restait en apparence plat, elle se sentait un peu différente au fil des semaines. Les symptômes persistaient, quelques nausées, des douleurs.. Mais autre point, nettement plus positif. Si la fréquence des activités au lit n'avaient pas trop été affectée, Jean-Pierre avait été ravi de découvrir dès la troisième semaine de grossesse que son épouse devenait beaucoup plus sensible et cela rendait plus intenses leurs moment d'intimité. 

Rien à dire sur leur relation. Gwen se sentait de plus en plus en sécurité et son inquiétude disparaissait, le comportement de Jean-Pierre y étant pour beaucoup. Il se faisait un plaisir de toujours lui demander ce qu'elle voulait manger, de rester au petits soins de sa femme, lui montrant par là son soutient et son amour. 

— Tu es prête ? demanda le concerné en passant sa tête par la porte de la salle de bain. 

Gwen sourit, attachant ses cheveux dans un chignon lâche avant d'enfiler un pull et de suivre son époux. 

Ils y étaient. Dans quelques minutes, ils pourraient voir la toute première image du petit être Et même si pour l'instant, ils ne connaitraient pas le sexe du bébé, ils avaient déjà commencé à débattre sur le choix des prénoms. Au terme d'une longue discussion, ils avaient fini par tomber d'accord. Olivia si c'était une fille et Raphaël si c'était un garçon.

Une fois dans la salle, Jean-Pierre présent, assis sur la chaise, serrant la main de Gwen alors que le gynécologue passait la sonde sur le ventre de la jeune femme, laissant apparaître la silhouette frêle et minuscule de leur enfant. 

— Il est si petit.. murmura le manieur de Chariot, caressant délicatement les doigts de Gwen.

Les yeux pleins d'étoiles, la jeune femme avait retenu ses larmes de bonheur. Cet enfant allait grandir, encore, et dans quelques mois, ils pourraient le prendre dans leurs bras. 

***

Poitiers, France. 2 juillet 1993. 

Rentrant du travail, Gwen sourit. Une délicieuse odeur venait de la cuisine. 

— Hum, ça sent très bon mon amour.. Qu'est-ce que c'est ?

— De la quiche au saumon. Est-ce que ça a été au boulot ? 

La jeune femme hocha la tête, entourant de ses bras le torse de Polnareff qui la serra contre lui, lui embrassant les lèvres. 

— Oui. Et toi ?  

— Je suis enfin à jour.. Je vais aller chercher d'autres livres demain. 

Depuis une toute petite semaine, le ventre de Gwen commençait à s'arrondir, et les rendez-vous devenant plus fréquents, ils avaient hâte d'apprendre le sexe du bébé. 

Au moment où la jeune femme allait prendre la parole, elle cessa, posant brusquement sa main sur son ventre. 

— Jean-Pierre.

Il fronça les sourcils, s'inquiétant. 

— Quelque chose ne va pas ? 

Elle releva un regard ému vers lui, murmurant :

— Il.. il bouge. 

Le sourire ravi qu'afficha Jean-Pierre ravit Gwen quand elle sentit son époux la soulever et la poser assise sur le plan de travail pour poser ses deux mains sur le ventre et sentir un petit mouvement dans le ventre de sa femme. 

Les deux se regardèrent, ravi, alors que Gwen caressait doucement la surface de son ventre.

Les yeux brillants, il embrassa Gwen, ne se laissant plus de la soirée d'essayer de sentir encore contre ses mains les petits mouvements timides de leur enfant. 

***

Poitiers, France. 25 juillet 1993. 

— C'est un petit garçon, annonça le gynécologue avec un sourire alors qu'il voyait Jean-Pierre sourire comme un bienheureux et caresser le ventre qui, peu à peu, s'arrondissait. 

Les nausées n'étaient plus que rares à présent et tous les deux commençaient à réaliser qu'à l'automne prochain, ils accueilleraient leur petit garçon. Raphaël. 

Les jours qui suivirent l'annonce du sexe de l'enfant furent amusants, trouva Gwen. Polnareff prenait un malin plaisir à se rapprocher de son ventre, à prendre une voix complètement gaga pour parler au bébé. 

Le développement de l'enfant était idéal et tout se passait bien. Dans le canapé, Jean-Pierre la tirait entre ses jambes pour coller son dos à son torse et poser ses larges mains sur son ventre un peu arrondi, s'extasiant des mouvements assez fréquents de leur fils. 

***

Poitiers, France. 1er octobre 1993.

Gwen avait pris congé à son travail et se préoccupait de se préparer à l'accouchement qui devrait avoir lieu à partir du 10 novembre. Encore un mois et demi environ. Ces longues journées reposantes à la maison, avec Jean-Pierre et Falco, et leurs longues promenades pour se changer les idées, les deux époux ne pouvaient être plus comblés. 

Ils avaient évidemment prévenus leurs amis et Elisabeth avait déclaré qu'elle viendrait avec Jotaro qui avait reparu trois semaines après sa disparition, sans explication.

Pour l'heure, elle se faisait chouchouter par son époux qui prenait toujours soin d'elle, presque trop parfois. Mais, quand elle voyait Jean-Pierre parler à travers son ventre, ou caresser tendrement de sa main son ventre à présent bien rond, elle souriait, conquise. 

— Tu crois qu'il ressemblera un peu à son père ? demanda l'homme, amusé.

Gwen passa doucement sa main sur son ventre, sentant l'enfant gigoter. 

— J'espère bien. Tant qu'il récupère ta beauté, c'est parfait.

Il avait souri. 

— J'aimerais bien qu'il te ressemble moi.. 

Gwen passa ses bras autour du cou de Jean-Pierre. 

— Peut-être qu'il nous ressemblera à tous les deux.

***

Poitiers, France. 13 novembre 1993.

Arrangeant les fleurs d'un bouquet dans un vieux vase jauni, elle gémit en sentant une douleur intense lui traverser le ventre, comme une crampe intense qui la plia en deux. Le vase tomba au sol et elle tomba sur les genoux, se coupant légèrement la main sur un éclat de verre.

Le coeur palpitant à toute allure, alors que la douleur se dissipait un peu, Gwen sentit alors une humidité anormale naître entre ses jambes.

— Merde, gronda-t-elle en sentant tout à coup son intimité se mettre à ruisseler abondement. 

Il fallait que ce soit pile au moment où Jean-Pierre était parti balader Falco. Il était parti environ une heure auparavant. Il n'allait plus tarder. 

Le liquide inodore imprégnait son pantalon et ruisselait sur le sol à présent alors que la crampe recommençait. C'est que ça faisait mal ! 

— Gwen ! Je suis rentré ! clama une voix dans l'entrée. 

— Jean-Pierre ! J'ai perdu les eaux. 

Il se précipita dans le salon, regardant sa femme recroquevillée, les bras serrés sur son ventre, l'air de souffrir. 

— On va à l'hôpital ?

— Je crois que je n'ai pas encore de contractions.. C'est juste une crampe. Je devrais avoir le temps de me doucher rapidement. 

Elle essaya de se redresser, Jean-Pierre l'y aida.

— Je.. vais nettoyer. 

— Pas question. Je m'en charge, va te doucher, te changer et on file à l'hôpital. 

Gwen sourit, remerciant son époux avant de se diriger à pas lents, précautionneux, jusqu'à la salle de bain. En sortant de la douche, la main soutenant son ventre, elle enfila une longue jupe et un haut propre, redescendant les escaliers avec précautions. 

— Est-ce que ça va ? demanda-t-il, l'air soucieux. 

Elle sourit faiblement. 

— La crampe est passée mais je crois que j'ai des débuts de contractions maintenant. Tous les cinq minutes je dirais.. Ah !

Elle se plia, douloureusement. 

— On devrait y aller, maintenant. 

Il prit doucement la main de Gwen et l'installa dans la voiture alors qu'elle essayait de ne pas se plaindre. La douleur d'une seule contraction était terrible. Pâle, elle se concentra sur la route. L'hôpital n'était pas loin. 

Arrivés là-bas, Jean-Pierre resta avec Gwen alors que la gynécologue qui l'avait suivie l'accueillait, souriante, la faisant s'allonger.

— Bon, on dirait bien que c'est le grand jour.. Je vais vérifier deux trois choses importantes, essayer de rester détendue d'accord Gwen ? 

La jeune femme acquiesça au moment où une violente contraction lui arracha un petit gémissement alors que Jean-Pierre lui prenait la main. 

— La vache.. siffla-t-elle entre ses dents.

— C'est normal, la rassura le médecin, ça va être douloureux. 

Elle posa un brassard sur le bras libre de la jeune femme pour prendre sa tension.

— C'est bien, votre tension est bonne, pas trop élevée. La température et le pouls maintenant ! 

La gynécologue avait l'air de bonne humeur. Habituellement, Gwen l'était aussi, de bonne humeur mais là. La douleur lui donnait envie de soudain insulter cette pauvre spécialiste enjouée sur plusieurs générations. Elle serra les lèvres, réprimant cette idée saugrenue.

— Votre température est un peu élevée mais le pouls est bon.  

Gwen regarda avec appréhension la gynécologue enfiler des gants et l'entendit dire : 

— Je vais vérifier plusieurs choses. D'abord, je vais palper votre ventre pour vérifier la position du bébé. Ensuite, on écoutera son coeur pour voir si tout va bien pour lui et pour finir, j'effectuerais un toucher vaginal pour vérifier l'ouverture du col, l'état de la poche des eaux, la présentation et l'engagement du bébé dans le bassin. 

Gwen pâlit carrément, serrant plus fort les doigts de Jean-Pierre alors qu'une autre violente contraction faisait se durcir son ventre en une douleur intense. Elle ferma les yeux, serrant les dents aussi fort qu'elle pouvait alors que la médecin attendait trente secondes que la contraction passe avant de poser ses mains sur le ventre de la futur mère. 

— Et bien, ça se présente plutôt bien. Il est bien placé et son pouls est normal. Maintenant, je vais effectuer le toucher vaginal.

Après une désagréable sensation, Gwen l'entendit dire : 

— Bon, le travail va commencer. Le col est ouvert et effacé. Gwen, l'accouchement est imminent. On va vous transférer en salle de naissance. 

Elle appuya sur un bouton au mur et demanda : 

— Vous voulez rester avec elle, Jean-Pierre ? 

Ce dernier, bien que pâle, acquiesça. Elle allait avoir besoin de son soutien. 

— Pourriez-vous changer Gwen et enfiler une blouse ensuite ? 

Il acquiesça et aida son épouse à enfiler, après s'être déshabillée, une blouse longue. 

— Hé, ça va ?! demanda-t-il doucement, la voyant se crisper encore. 

— J'ai un putain de mal de chien, et je suis terrifiée. Mais ça va, merci. 

Il sentit comme un brin d'ironie dans sa voix mais ne lui en voulut pas, à la vision de ses jointures blanches et des ses dents serrées. 

— Je reste avec toi. T'as le droit de me broyer la main si tu veux. 

Gwen esquissa un presque sourire. 

— Chouette. 

Arrivés en salle de naissance, le travail à proprement parler commença quasiment immédiatement. Les contractions étaient plus longues, plus rapprochées, plus douloureuses et elle broya en morceau la main de Jean-Pierre alors qu'un cri déchirant lui échappait, brisant le coeur inquiet de l'homme. 

 Trois heures entières de souffrances furent nécessaires pour apercevoir enfin la tête du bébé. 

Deux heures encore avant que dans la salle, un cri affolant ne résonne alors qu'une voix s'élevait : 

— Vous voulez couper le cordon ?

Jean-Pierre pâlit tout à fait. 

— Non, non merci. 

Gwen, à bout de souffle, transpirante, le visage encore crispé de douleur, murmura : 

— Désolée pour ta main, pour les insultes.. 

Il rit doucement, alors que du coin de l'œil, il aperçut les sages femmes revenir avec leur enfant nettoyé. Il avait encore les paupières closes humides, des cris de sa naissance et quand on déposa l'enfant dans les bras de Gwen, elle se mit à pleurer. 

Les petits poings de l'enfant étaient serrés et elle chuchota : 

— Bienvenue, Raphaël. 

Quand Jean-Pierre eut dans les bras son fils, ému, il se sentit trop grand, trop fort, trop brute pour un être si petit et frêle. Les larmes au yeux, il s'émut de regarder le visage fripé de leur enfant et voulut le rendre à Gwen en disant : 

— On est parents.. ça y est. 

Mais le silence lui répondit. Gwen, épuisée, s'était endormie. 

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