Chapitre 16 : Douce France
Petite surprise à la fin pour les fans de Haruno Shiobana (ou Giorno Giovanna) <3
***
Poitiers, France. 28 mars 1993.
— Jean-Pierre, le train va arriver à Poitiers, réveille toi.
Cette fois, c'était au tour de Gwen de réveiller son époux. La veille, en escaladant le Vésuve, ils avaient été surpris par une méchante averse d'orage et ils étaient rentrés trempés à l'hôtel. Faute de quoi même si son époux allait très bien avant de dormir -si l'on prenait en en compte leurs activités intenses- ce matin, il s'était réveillé malade. Nez bouché, voix enrouée, mal de tête et toux, la totale.
Alors, quand il avait fini par s'endormir dans le train entre Paris et Poitiers elle n'avait pas eu le courage de l'empêcher de dormir.
Elle avait même attrapé le manteau chaud de son époux pour le lui mettre dessus, comme il frissonnait dans son sommeil.
Il ouvrit les yeux, gonflés par un sommeil trop lourd pour être réparateur et regarda son épouse.
— Je me réveille, merci.
Elle lui sourit, attrapant dans le porte bagages leurs deux valises assez imposantes.
— J'aurais bien porté tes affaires, mais je n'ai pas assez de bras.
Malgré son mal de tête lancinant, il sourit furtivement.
— Et il est de toute façon hors de question que je laisse ma femme porter mes affaires, j'aurais l'air de quoi moi ?
— D'un pauvre homme malade comme un chien.
À propos de chien, elle poursuivit :
— Je te ramène à la maison et je vais chercher Falco.
— Tu ne veux pas que je viennes ?
— Non, tu te reposes.
S'il esquissa un air boudeur, il n'en montra pas davantage car il était véritablement épuisé.
Elle conduisit jusqu'à leur petite maison et ouvrit la porte pour son époux, ravivant un feu avant de lui dire, en l'embrassant :
— Je reviens.
Il la regarda refermer la porte d'entrer avec un soupir, s'allongeant sur le canapé face au feu, ne tardant pas à somnoler.
***
— Tout s'est bien passé ?
— À merveille, c'est vraiment un chien très bien éduqué, il s'est beaucoup amusé.
Gwen sourit en apercevant dans le jardin un peu sombre la fourrure beige clair de leur chien.
— Falco ! appela-t-elle.
Dans la seconde, le golden releva les oreilles et le museau, regarda dans sa direction et se rua en foulées rapides sur la jeune femme qui reçut quarante kilos sur le corps, tombant à la renverse.
— Ah mon Falco ! T'es tout beau !
Le chien, aux anges, gémissait de bonheur, aboyait doucement et avait décidé de se lancer dans le recouvrement intégral du visage de sa maîtresse avec de la bave.
Elle rit, essayant de se relever, en vain dans un premier temps, avant qu'il ne se calme un peu, reniflant longuement Gwen qui finit par lui flatter le flanc.
— On rentre à la maison mon beau ?
Il aboya, ravi et elle sourit, remerciant la gardienne du foyer pour chien et ouvrant la portière passager pour que Falco grimpe et s'assoit sur le siège avant, bien sage.
La nuit était tombée, finalement, et, conduisant au volant de sa voiture, Gwen se replongea dans les souvenirs de leur voyage de noces. Il avait été merveilleux, si l'on exceptait l'attaque du pseudo-poulpe sécréteur de tétrodotoxine, la disparition de Jotaro et l'attaque des jeunes dealers de Naples. Finalement, pensa-t-elle avec un sourire, rien de plus normal pour deux manieurs de stand.
C'était bien connu. Non seulement il existait une loi d'attraction entre les âmes fortes, mais elles étaient, en réalités de véritables aimants à ennuis. À moins que ce ne soit que les Joestar ?
Sur la route déserte, la lumière jaune des lampadaires éclairait par intermittence le macadam de la route, alors que Falco glissait son museau par la fenêtre entrouverte, la langue pendante.
Elle rit, amusée, avant de sentir le chien se rallonger, posant sa tête sur les cuisses de sa maîtresse. Étonnée, elle sentit la truffe de l'animal chatouiller à travers ses vêtements son ventre avec insistance.
Mais cela la chatouillait alors elle déclara :
— Falco ! Sage ! Je sais, je sens beaucoup d'odeurs différentes, on aurait bien aimé t'emmener mais c'était pas possible.
Il geignit, reposant sa tête sagement sur ses pattes.
La maison n'était de toute manière plus très loin, et elle ne doutait pas de la joie de Falco quand il reverrait Polnareff, quand bien même il n'était pas très en forme.
Se garant devant la maison, elle ouvrit la porte à Falco qui bondit dans le jardin, faisant un tour rapide le temps que Gwen ferme les portes de la voiture en récupérant son sac à main.
Poussant la porte d'entrée, elle sentit la chaleur émanant du feu la réchauffer et sourit, ôtant son manteau et son écharpe pleine de poils de chien.
— Jean-Pierre ? Appela-t-elle.
Un grognement lui répondit et elle se dirigea vers le salon où le manieur, transpirant, la regardait le regard flou. Il frissonnait et son torse se soulevait plus vite que d'habitude.
Elle s'en inquiéta et se précipita vers lui, posant sa main sur son front.
— Réveille toi. Tu as de la fièvre.
Soucieuse, elle l'aida à se relever.
— Je t'amène à la chambre, il fait trop chaud dans cette pièce.
Allongeant son époux sur le lit, elle lui ôta son pull et son t-shirt, ses chaussettes et sa ceinture. Puis, soucieusement, elle essuya son visage et son torse, lui apportant de l'eau.
— Bois un peu, ça va te faire du bien.
Il essaya de prendre le verre en main mais ses tremblements étaient importants et il risquait de le renverser. Alors, elle porta le verre à ses lèvres et le fit boire doucement.
Le visage de Jean-Pierre, à défaut de retrouver sa couleur naturelle lui parut un peu moins rouge, malgré son regard fiévreux qui persistait.
La jeune femme le recouvrit de la couette à cause de la fraîcheur.
— Si tu as trop chaud, trop froid, soif ou autre chose, dis-moi.
Elle se leva et se dirigea vers la porte de la chambre.
La main moite de Polnareff agrippa son poignet et elle se retourna vers lui.
— Reste.. geignit-il presque.
Avec un fin sourire, elle murmura :
— Je vais rentrer Falco, fermer la maison et me doucher, et j'arrive, promis.
Il la relâcha, comme soulagé alors qu'il refermait les yeux, se sentant un peu mieux, avant de se rendormir.
Quand Falco vint se poster au pied du lit, il ne sauta pas sur le lit comme si, inconsciemment, il savait que Jean-Pierre n'était pas en état de supporter sa 'fête'.
Après une douche tiède, apaisée de se sentir propre, Gwen vint s'asseoir sur le bord du lit. S'allongeant, avec Jean-Pierre malade à côté d'elle, elle ne voulut pas éteindre sa lampe de chevet et elle veilla longtemps, pensant à mille choses qui eurent tôt fait de faire revenir ses inquiétudes au galop.
Alors, Falco grimpa sur le lit, entre eux deux. Elle voulut protester mais la bouille apitoyante du golden eut raison du grand coeur de Gwen qui ne le repoussa pas. Il reposa son museau en dessous de ses seins, regardant à droite à gauche avec des petits sons plaintifs.
Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Est-ce qu'il était malade lui aussi ? Peut-être qu'il faudrait l'amener chez le vétérinaire ?
Avec un soupir, elle ferma les yeux. Elle verrait tout ça demain. Il fallait essayer de dormir un peu maintenant.
Un sommeil léger, peuplé de cauchemars, l'envahit progressivement, l'empêchant de se reposer au mieux. Quand elle s'endormait enfin, les quintes de toux de Jean-Pierre la réveillait et elle soupirait, passant encore plusieurs longues minutes à se rendormir. Si bien qu'au matin, en se levant, lassée à 5h, elle se sentit toute barbouillée. Génial. Elle allait être malade elle aussi ? Se relevant, elle sentit sa tête tourner. Décidément, ce n'était pas qu'une impression. Peut-être que Falco avait été trop lourd ? Ses hanches et son dos lui faisaient mal.
S'étirant, elle prit son courage à deux mains et commença le déballage des affaires. En souriant, elle posa le soliflore de Murano dans le salon et accrocha les deux masques vénitiens autour de la cheminée. L'un bleu, l'autre rouge. Décorés de portées où les notes volaient délicatement, d'arabesques à la feuille d'or, de quelques plumes légères et de losanges.
Avec un sourire, elle se rappelait de l'obtention de ses deux masques.
Le réceptionniste de l'hôtel, et certains membres du personnel, leur avaient offert ces masques avant leur départ, en souhaitant bonne rémission à la jeune femme qui avait été émue, et les avait remercié chaleureusement.
Le rangement des vêtements, des valises, le brin de ménage.. toutes ces activités l'occupèrent un moment si bien que quand elle releva les yeux vers l'horloge, en faisant rentrer Falco qui réclamait de rentrer, elle s'aperçut qu'il était déjà 8h20 passées.
Elle prépara une infusion de thym et de romarin, y ajoutant une cuillère de miel. C'était bon pour le rhume. Peut-être qu'un peu de vitamines serait bien aussi ? Elle prépara aussi une orange qu'elle éplucha et disposa sur l'assiette.
Bizarrement, la vue de tout aliment lui coupait tout appétit, voire la dégoûtait carrément. Elle se résolut à ne pas manger et se dirigea vers leur chambre pour poser l'assiette sur la table de chevet, avant de secouer doucement l'épaule.
— Mon amour.. Je t'ai préparé quelque chose à manger et à boire.
Encore à moitié endormi, il regarda son épouse, s'excusant :
— Tu n'as pas réussi à dormir ? demanda-t-il en remarquant son air pâle et fatigué. Pardon..
Elle sourit, caressant la joue de Jean-Pierre, embrassant son front. Sa fièvre avait un peu baissé, c'était un bon début.
— Ne t'inquiète pas. Rétablis-toi et ça ira mieux. Falco était tout triste de ne pas t'avoir salué hier.
Le chien à ce moment, passa son museau dans l'interstice de la porte et poussa le battant pour entrer, pousser le bras de Polnareff qui sourit, le caressant.
— Brave bête.
Après avoir mangé calmement, il ne tarda pas à se rendormir, non sans qu'elle l'ait forcé à boire deux verres d'eau supplémentaires.
Ses efforts portèrent leur fruits. Dès le soir, il allait beaucoup beaucoup mieux tandis qu'elle ne se sentait pas vraiment en forme. Le lendemain, jour où elle était censée retourner au travail, elle resta finalement tranquillement à la maison. Deux jours déjà que la vue de quelque chose de comestible la débectait et elle ne cessait d'être fatiguée, malgré une bonne nuit de sommeil.
Quand il proposa d'aller faire les courses, elle accepta volontiers, préparant le dîner du soir, sachant presque pertinemment qu'elle n'en avalerait probablement qu'une bouchée.
Au moment où elle coupait les oignons, de la morve se mit à couler de son nez, sans prévenir. Au moment où elle porta sa main à son nez pour plaquer son doigt en dessous, le temps d'attraper un mouchoir, elle se figea. Ah. Ce n'était pas de la morve, mais du sang.
Un peu nerveusement, elle essuya ses narines, se pinçant l'os du nez. En se penchant à nouveau, quelque minutes plus tard sur la préparation du repas, elle fut prise d'une violente nausée qui la conduisit aux toilettes où elle se contenta d'expulser de la bile, vu son alimentation des derniers temps.
C'est ainsi que Jean-Pierre la retrouva, assoupie, les bras croisés sur les toilettes, la tête au dessus de la cuvette. Falco, à côté, gémit en voyant son maître arriver.
— Gwen ! Mais qu'est-ce que tu fais, ça ne va pas ?!
Elle releva le visage le fixant furtivement, avant de vomir de nouveau, au moment où son nez recommençait à saigner. Il arrêta le saignement, essuya ses lèvres avant de dire, l'air soucieux :
— Je t'amène à l'hôpital. Tu peux te lever ?
La jeune femme hocha faiblement la tête alors que son mari la redressait.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— Je.. veux me laver les dents avant d'y aller.
Il acquiesça, l'enveloppa dans un manteau chaud et la conduisit vers la voiture.
L'installant, il conduisit vers l'hôpital alors que Gwen luttait régulièrement contre d'autres nausées.
Arrivés là bas, et chanceux parce qu'il n'y avait personne en salle d'attente, elle fut reçue immédiatement par le docteur Harison.
Nerveux, il resta dans la salle d'attente, marchant en rond. Est-ce que c'était un effet secondaire de l'attaque du poulpe ? Est-ce que son corps faisait une réaction violente à la tétrodotoxine ?
Il commençait à désespérer quand soudain, elle reparut, derrière le docteur, l'air mi-figue mi-raisin. Le spécialiste les salua et ils repartirent dans les couloirs de l'hôpital, tandis qu'il semblait attendre qu'elle prenne la parole. Mais elle restait mutique, silencieuse, pensive.
Est-ce que c'était si grave que ça ? Est-ce qu'elle allait mourir ?
— Alors.. Gwen ? Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il finalement avec une nervosité grandissante à mesure que le silence s'étirait.
— Jean-Pierre. J'ai quelque chose à t'annoncer., dit-elle en arrivant au niveau de la voiture. Mais..
— Pitié, ne me dis pas que tu vas mourir ! s'exclama-t-il soudain lui arrachant un rire.
Il la regarda surpris, pourquoi riait-elle ? Qu'y avait-il de drôle à évoquer sa mort ?
— Je ne vais pas mourir, Jean-Pierre, c'est bien moins grave que ça, ou plus, selon les points de vue.
— Alors quoi, t'es mala.. ?
— Je suis enceinte, annonça-t-elle l'air gêné, les joues rouges, coupant la parole à son époux.
***
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