Chapitre 11 : Piazza San Marco
Un peu d'action vous attend, je ne vous en dis pas plus ! Bonne lecture ! 😉
Venise, Italie. 19 mars 1993.
— Jean-Pierre, c'est toi qui as le cahier ?
Gwen cherchait désespérément sur elle le fameux carnet où était consigné toutes les étapes de leur voyage de noces. La perte de ce dernier serait assurément un problème.
Il se retourna, la regardant de ses yeux bleus, clairs dans cette ambiance un peu brumeuse de la matinée humide.
— Oui, bien sûr, c'est toi qui me l'as donné tout à l'heure.
Elle soupira de soulagement.
— Ouf.. j'ai cru un instant que je l'avais fait tomber.
Il sourit et tendit la main vers elle, la tirant vers lui alors qu'elle accélérait le pas pour arriver à son niveau et glisser sa main dans la sienne.
— Quelle tête de linotte.. s'amusa à murmurer Jean-Pierre.
Elle lui fit une grimace qui le fit sourire de plus belle avant qu'il ne lui demande :
— Bon, par où doit-on aller ?
Gwen regarda la carte de Venise qu'elle tenait dans sa main libre.
— Alors, nous prendrons la prochaine à droite, et nous devrions traverser le.. ponte de le Ostreje.
Le jeune homme rit, se moquant gentiment.
— On dit Ostreghe, ça sonne gue, comme dans 'vague'.
Elle soupira, regardant avec agacement son époux.
— Je fais de mon mieux, je parle pas un mot d'italien moi !
Il ricana, lui pinçant la joue.
— Je sais. Et tu ne te débrouilles pas si mal.
Elle lâcha sa main, croisant ses bras sur sa poitrine, habillée d'un chaud pull col roulé vert en dessous de son manteau de laine noir.
— Gnagnagna.. bougonna-t-elle, l'amusant encore davantage.
— Bon et après ?
Gwen finit par regarder à nouveau la carte.
— Après, nous irons tout droit, le long de la Calle Larga XXII Marzo, et ensuite nous devrions trouver le Ponte San Moise, suivre la Salizada S. Moise et puis tourner à gauche sur la Piazza San Marco.
— Merci chérie.
Elle sourit en sentant la main de son époux se glisser dans la sienne. Peu importe à quel point il la taquinait, elle ne pouvait jamais lui en vouloir longtemps.
Aujourd'hui, c'était une journée spéciale marche à pied. Même hors saison touristique, le déplacement en gondole était cher et, pour économiser un peu, les deux français avaient décidé de marcher partout où ils pouvaient.
Le programme de la journée était assez chargé. Même s'il allaient rester dans le quartier San Marco, il fallait aujourd'hui visiter trois monuments majeurs de Venise, le fameux Palais des Doges, la Basilique Saint Marc et enfin le Campanile de Saint-Marc, cette immense tour.
Alors, une fois n'était pas coutume, ils avaient troqués leur vêtements classes et leur chaussures de ville par des habits confortables et chauds, et des tennis.
Marchant dans les rues pittoresques de la ville, ils profitaient de l'air frais et humides des premières heures du jour. Il n'était guère plus de huit heures et les habitants se réveillaient, ouvrant les fenêtres pour aérer, étendant leur linge ou mangeant leur petit-déjeuner alors que d'autres, pressés, hâtaient le pas vers leur bureaux.
Après une dizaine de minutes de marche tranquille, Gwen déclara :
— Alors, normalement, la place Saint-Marc devrait être à notre gauche.
Ils avancèrent encore de quelques pas et se retrouvèrent en effet sur cette place immense.
La place s'ouvrait devant eux, spacieuse et magnifique. Elle était pavée de pierres lisses qui scintillaient sous les premiers rayons du soleil. À cette heure matinale, il y avait encore peu de touristes, ce qui donnait à la place une atmosphère paisible.
Au centre de la place, ils pouvaient voir la célèbre basilique Saint-Marc, un chef-d'œuvre de l'architecture byzantine. Ses dômes dorés étincelaient au soleil, créant un contraste éblouissant avec le ciel bleu. Les détails complexes de la façade de la basilique étaient une œuvre d'art en soi, avec des sculptures, des mosaïques et des arches élégantes.
Sur le côté de la place, ils apercevaient le Campanile de Saint-Marc, une haute tour qui offrait une vue imprenable sur la ville de Venise. Les cafés en plein air, bordant la place, commençaient à ouvrir leurs portes, et l'arôme du café fraîchement moulu flottait dans l'air.
Les pigeons étaient déjà bien éveillés, picorant des miettes de pain jetées par les passants. Jean-Pierre et Gwen se sentaient transportés dans un autre monde, entourés par l'histoire et la beauté de Venise.
— Tu as faim ? demanda Gwen à Jean-Pierre.
Il hocha la tête, ils n'avaient pas pris le temps de petit déjeuner ce matin là, et l'arôme de café qui flottait dans l'air réveillait leurs estomacs et un grondement s'échappa bruyamment du ventre du jeune homme.
— Je nous paye le petit dej', dit-elle en un sourire, tirant le bras de Polnareff jusqu'au café le plus proche, le Caffè Florian.
Il se laissa faire, et ils prirent place sur une table à l'intérieur, alors qu'un serveur s'approchait aussitôt de leur table.
— Salve signore o signora, cosa desidera ordinare ?
Gwen expliqua à Jean-Pierre qu'elle voulait bien prendre une formule petit-déjeuner avec un chocolat chaud.
Il commanda pour eux en italien et bientôt, le serveur revint, avec un plateau comportant des toast beurré, deux salades de fruit et deux tasses de chocolat fumantes.
Boire une boisson chaude leur fit du bien et les réchauffa, alors qu'ils continuaient de parler doucement, savourant parfois les longs silence qui s'installaient.
Après leur petit-déjeuner, Gwen alla régler au bar alors que Jean-Pierre attendait patiemment.
C'était l'heure de visiter le Palais des Doges.
Ils entrèrent rapidement, car peu de touristes attendaient devant le palais. Présentant leurs billets, le jeune homme sourit en murmurant :
— Maintenant, je peux te dire quelle surprise je t'ai préparé. Je n'ai pas pris la formule classique. Nous allons passer par les itinéraires secrets du palais.
Le regard émeraude de Gwen s'illumina d'excitation alors que Polnareff souriait, ajoutant :
— Je savais que ça plairait mon archéologue préférée.
Elle embrassa furtivement sa joue, murmurant :
— Merci.
Ils entrèrent alors dans l'immense cour du palais des Doges. Grande, dallée, les multiples colonnes et arches qui l'entouraient lui donnait un air inébranlable. Les fines moulures des pierres attirèrent l'attention de la jeune femme qui dit tout bas :
— Cette architecture est bon exemple de l'architecture vénitienne gothique. Mais il y a aussi des éléments d'architecture datant de la Renaissance. Tu vois, là bas, l'arc d'ogive ? C'est assez flagrant.
Polnareff la regarda, surpris.
— Je ne savais pas que tu avais des notions d'architecture.
Elle sourit, lui répondant :
— Quelle archéologue je serais si je n'y connaissais rien ?
Puis elle ajouta ensuite :
— Mais.. j'ignore tout de l'histoire de ce palais..
Soudain, une voix féminine les fit sursauter et ils se retournèrent pour voir une belle femme blonde aux cheveux serrés dans un chignon sévère et au grand sourire.
— Siete i signori Polnareff ? Sono Antonia Bianchi, la vostra guida. Hai detto che parli italiano ?
Le jeune homme hocha la tête, répondant :
— Io capisco, mia moglie no, ma glielo spiegherò strada facendo.
Cette fois, Gwen avait compris, plus ou moins. Elle s'appelait Antonia, elle était leur guide et Polnareff venait de lui confirmer qu'il parlait italien.
Ils suivirent la femme qui le mena à une porte étroite derrière laquelle des escaliers étroits descendaient, en colimaçon, dans une semi obscurité pesante.
— Fate attenzione, le pietre sono scivolose.
— Fais attention Gwen, les pierres sont glissantes.
Elle hocha la tête, se concentrant sur le dos de son époux qu'elle avait quasiment collé au nez.
— Voici les cellules de Pozzi, expliqua JP après la guide. De nombreux prisonniers ont vécu ici, dans des conditions mauvaises.
Les pièces étaient étroites, en pierre, aux murs suintant d'humidité. Elle frissonna alors qu'Antonia ouvrait une porte de fer grillagé pour monter un escalier étroit.
Cette fois, après les cellules, ils arrivèrent dans deux petites salles somptueuses.
— Ici, expliqua Jean-Pierre, se tenait deux importantes Institutions de la République Vénitienne, le Notaio Ducale et le Deputato alla Segreta del Consiglio dei Dieci.
— La république Vénitienne ? interrogea Gwen.
Le manieur de Chariot écouta les explications d'Antonia et répéta :
— La sérénissime république de Venise ou en italien Serenissima Repubblica di Venezia, surnommée « la Serenissima», est une ancienne thalassocratie d'italie, progressivement constituée au autour de la cité de Venise, au Moyen-Âge , et qui s'est développée par l'annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la Mer Adriatique et le long de la Méditerranée orientale. C'était un véritable empire économique qui entretenait de nombreuses relations notamment avec l'Empire Byzantin, d'où il tire l'inspiration de beaucoup d'élément architecturaux. La Serenissima a subi un sacré coup en 1797, lors du traité de Leoben où elle a été démembrée par la France et le Saint-Empire.
Gwen resta songeuse. Dire que si peu de temps après la révolution française, la France avait trouvé le moyen d'aller se mêler des affaires extérieures ! Elle sourit légèrement. Décidemment, le général Bonaparte avait des ambitions démesurées !
Ils passèrent dans une autre pièce, plus sombre encore et Antonia leur expliqua qu'il s'agissait de la Salle de Torture, appelée aussi Chambre du Supplice. L'atmosphère qui y régnait était étouffante et macabre, encore des siècles après.
— C'est ici qu'avait lieu des interrogatoires devant les magistrats d'instructions, précisa Jean-Pierre. Et ensuite, nous nous rendons, en haut de cet escalier, aux Piombi, les célèbres prisons sous le toit du palais où les dalles de plomb qui recouvraient le toit du palais faisait mourir de chaud les prisonniers.
— Il y a eu des prisonniers célèbres ici ? demanda Gwen, curieuse.
— Oui, Giacomo Casanova.
— Qui était-ce ?
— Il était aventurier, espion, violoniste, diplomate et homme de lettres, mais il était surtout connu pour ses pratiques sexuelles.. Il a écrit un livre dans lequel il raconte ses aventures amoureuses avec 142 femmes.
— Pourquoi est-il si connu ?
— Il avait été enfermé ici pour libertinage, athéisme, occultisme et escroquerie. Cela faisait 15 mois qu'il était là et, dans la nuit du 31 octobre 1756 au 1er novembre 1756 , il a réussi une célèbre évasion par les toits de la prison, pourtant réputée inviolable.
Gwen contint un désagréable frisson. Un véritable chasseur de femmes qui avait retrouvé la liberté et qui était mort, libre.
Ils empruntèrent le pont des soupirs, dans un sens, puis dans l'autre. il était formé de deux galeries séparées, ainsi les condamnés ne pouvaient se croiser. Antonia leur expliqua que si le pont ressemblait à un sarcophage, c'était pour empêcher les prisonniers ou les condamnés de sauter dans le canal et s'enfuir.
Après être passé dans la Salle des Inquisiteurs puis dans celle des trois chefs, Gwen, Antonia et Polnareff arrivèrent dans une salle grandiose.
— Ecco finalmente la Sala del Consiglio dei Dieci.
Les deux époux s'arrêtèrent dans cette salle immense, somptueuse, presque arborant une décoration trop riche et trop chargée. les peintures étaient sublimes et délicates. La salle du Conseil des Dix. Au plafond et sur les murs, les peintures étaient de Véronèse, réalisées à ses débuts, alors même qu'il n'avait que vingt-cinq ans.
Quand ils retournèrent dans la cour du Palais, Antonia eut un sourire, en leur montrant une colonne un peu tordue vers l'extérieur.
— All'epoca dei condannati a morte nel Palazzo Ducale, al condannato veniva data l'ultima possibilità di fuga. Questa possibilità era chiamata "il giro della colonna", che consisteva nel girare intorno alla colonna senza scivolare, ma quasi nessuno ci riusciva completamente.
Le français sourit et expliqua qu'à l'époque des condamnés à morts, on leur laissait une chance de se sauver. Cette épreuve, le "Tour de la Colonne" consistait au fait de tourner autour de la colonne sans glisser. Mais presque personne n'a réussit complètement et aujourd'hui, la colonne reste un peu tordue.
Gwen resta un peu abasourdie, imaginant les condamnés à mort accrocher leurs mains tordues sur la pierre blanche de cette colonne, désespérément, essayant de s'y accrocher le plus possible, avec le vain espoir d'y arriver et d'avoir la vie sauve.
Quand, enfin, ils sortirent du Palais des Doges, les douze coups de midi sonnèrent à la grande horloge et ils se rendirent dans le premier restaurant, véritablement affamés, finissant par dévorer avec appétit des pâtes au saumon.
Maintenant, leur restait la visite de la tour immense. Désireux de se dépenser un peu après un repas copieux, ils prirent les escaliers et grimpèrent les 80 mètres de haut pour se retrouver sous le toit, se penchant pour regarder ébahis, sous leurs pieds, la ville de Venise, au milieu d'une lagune à l'eau claire.
— La vue est splendide.. murmura Gwen avec un soupir.
Jean-Pierre acquiesça. Cette ville était sublime.
Quand ils redescendirent, et alors qu'ils se dirigeaient vers la Basilique, l'œil de Gwen fut attiré par la silhouette d'une grand mère au fichu de soie, dont elle ne voyait pas le visage, qui nourrissait les pigeons. Elle s'aperçut bien vite qu'un jeune garçon d'une quinzaine d'années lorgnait sur son sac à main posé à côté d'elle.
Il bouscula violemment la grand mère qui tomba au sol et s'enfuit, le sac en main.
Ni une ni deux, Jean-Pierre n'écouta que son courage et poursuivit le voleur alors que Gwen se précipitait vers la grand mère pour la relever.
— Tout va bien, madame ? commença-t-elle alors que la vieille gardait le visage vers le sol, agrippant les bras de la jeune femme.
Elle eut un mauvais pressentiment soudain et cela se confirma quand, la vieille dame la regarda et que le regard enflammé d'un homme apparut devant ses yeux incrédules.
— Mais.. que..
La poigne sur ses bras se resserra et l'homme ricana.
— S'il.. s'il vous plaît. Je ne comprends pas ce que vous voulez, mais lâchez-moi.
L'homme rit et elle frémit d'horreur. Ses yeux noirs comme la nuit la plus profonde reflétaient une certaine folie et ses traits étaient difformes.
— Mario n'avait pas tort, tu es affriolante, Gwen Polnareff.
Elle tenta de se défaire de son étreinte mais il ricana de plus belle et sa bouche se rapprocha de l'oreille de la jeune femme. Elle se raidit, effrayée, comment connaissait-il son nom ?
— Malheureusement, ce n'est pas pour ça que je suis ici. Dis-moi, bellissima. Où. Est. La. Tablette ?
Elle jeta un regard perdu vers l'extérieur de la place. Jean-Pierre avait disparut hors de son champ de vision, ignorant que tout cela n'était qu'un piège. Comment savaient-ils ? Est-ce qu'ils les espionnaient ?
— Je.. je ne sais pas de quoi vous parlez, tenta-t-elle avec aplomb.
Il rit encore et serra davantage ses bras, murmurant :
— Tu mens, femme.
Elle le regarda et murmura soudain :
— Armonia !
Le stand de la jeune femme apparut et elle se laissa choir dans un portail ouvert juste à ses pieds, glissant hors de l'étreinte de cet homme.
Il soupira, avant de dire :
— Est-ce que tu connais un peu la Mythologie, Gwen ?
Elle resta là, derrière lui, à un bon mètre et demi de distance. Ne répondant pas.
— Dans ce cas, peut-être que le nom de Scylla t'évoquera quelque chose ?
Avec un frisson, la jeune femme vit apparaître une créature humanoïde derrière l'homme déguisé en vieille. Il avait tout d'un humain, sauf la tête. On aurait un peu dit un poulpe, aux longs tentacules jaunes annelés de bleu recouverts d'une substance poisseuse et aux yeux rouges.
Elle recula avec horreur, tentant de se mettre à l'abri. Un manieur de stand, encore !
Mais il ne la laissa pas faire et le stand envoya un tentacule dans sa direction, qu'elle repoussa d'un coup de pied vigoureux. Un autre, qu'elle trancha d'un couteau qu'elle sortit de sa botte.
Il siffla de colère et de douleur, envoyant deux tentacules dans sa direction, s'enroulant autour de son cou et de son torse, coinçant ses bras dans le mouvement.
— Tu es pleine de ressources, j'aurais du plus me méfier.
Son tentacule tranché saignait abondement, alors qu'ils l'enserrait plus fort, se rapprochant.
Elle se débattit. Cette chose était hideuse, puante, visqueuse mais surtout, elle se sentait suffoquer.
— Ne lutte pas. Personne ne peut vaincre Scylla.
Le tentacule autour de sa gorge, en un horrible bruit de succion, se serra davantage.
— À vrai dire, je m'en fiche que tu ne veuilles pas parler. Scylla n'a pas besoin que tu parles. Sois tranquille, c'est seulement un peu douloureux.
Alors qu'elle ne pouvait plus respirer, Armonia disparut, faute de force pour la maintenir. Sa vision se troublait, elle avait mal à la gorge et elle lui sembla qu'elle sombrait dans une eau vaseuse. Elle jeta un regard meurtrier à son agresseur qui souriait, satisfait.
— Là.. c'est ça.
Le stand s'agenouilla au sol, retenant le corps inanimé de la jeune femme alors que les tentacules les plus fins venaient se greffer sur son front et ses tempes. De la lumière les traversa et soudain, dans son inconscience, Gwen vit le film de ces derniers jours. Leur bagarre sous la douche, leur visite en gondole, le musée, l'arrivée à l'hôtel, leur embarquement dans l'avion à Poitiers, leur salutations à la gare.
Le flot de souvenir ralentit à ce moment. Gwen cligna des yeux, regardant avec hébétude ses mains tendues devant elles.
— Tout va bien Gwen ? demanda doucement Jean-Pierre.
— Oui, ça va.
— Bon, les gars, on va devoir y aller ! clama la voix enjouée d'Elisabeth.
Elle restait accroché au bras de Jotaro qui poussa un soupir prononcé.
— Une chance que je travaille juste à côté de l'endroit où vit mon merveilleux petit ami, n'est-ce pas ?
Joseph ricana à côté d'eux. Il raccompagnait le nouveau couple jusqu'aux Etats-Unis puisque Jotaro venait d'obtenir une bourse pour s'installer à San Francisco, où il travaillerait pour l'Observatoire de la Conservation de la Vie Maritime, appelé plus communément OCVM. Le vieillard n'avait cessé de taquiner son petit-fils sur la rapidité avec laquelle les choses s'étaient déroulées avec Elisabeth. Car, déjà, ils allaient aménager ensemble aux Etats-Unis.
Gwen soupira, tendant la tablette de terre cuite à Jotaro.
— Je te la confie. Peut-être que la fondation Speedwagon sera plus à mène de la protéger.
Il sourit furtivement.
— Merci de ta confiance, Gwen. Elle est en sécurité avec moi.
— Prend bien soin d'Elisabeth, s'il te plaît.
Il souffla, agacé, levant les yeux au ciel.
— C'est elle qui aura raison de moi, pas l'inverse, t'inquiètes pas pour elle.
Elisabeth les interrompit, sautant dans les bras de son amie.
— Gwen ! Je suis tellement contente d'avoir pu venir à ton mariage ! Et quelle chance j'ai eu ! Il est beau mon petit-ami hein ?
Gwen rit doucement.
— Bonne chance avec lui.
— Bah, il va pas être difficile, il est trop a-m-o-u-r-e-u-x, dit-elle en cognant le bras de Jotaro qui soupira de plus belle.
— Yare yare daze.
Les bruits de la gare envahissaient la tête de la jeune femme qui sourit à ses amis.
— Au revoir, vieux frère, passe nous voir un jour, Gwen aussi, tu seras la bienvenue, les salua Joseph.
— Merci, Joseph, nous n'y manquerons pas, entendit-il Jean-Pierre répondre.
La vision se ternit et Gwen se retrouva à nouveau seule dans l'obscurité.
— Merci de ta collaboration, Gwen, chuchota la voix sinistre dans sa tête.
La douleur qui l'envahit fut si intense qu'elle avait l'impression d'avoir la tête compressée dans un étau métallique. Tout tournait inexorablement. Des bris de souvenirs en pagaille dans sa tête semblaient tranchants comme des lames aiguisées.
Dansant sous son crâne comme si au passage ces bris de verres s'amusaient à découper la moindre de ses terminaisons neuronales. Elle hurla. Dans sa tête, dans la réalité ?
Elle voulait ouvrir les yeux mais n'y parvenait pas. Lentement, inexorablement, elle sombra de plus en plus profondément.
Il lui sembla entendre une voix lointaine qui l'appelait, paniquée alors que l'obscurité l'engloutit tout à fait.
***
De retour de sa course poursuite aisée, le sac de la vieille en main, Jean-Pierre revenait vers la place. Quand il aperçut la silhouette de Gwen effondrée dans les bras d'un type à la tête de poulpe, il se retint de se pincer avant de paniquer. Merde !
Il courut vers elle, hurlant son prénom, alors que l'individu la relâchait, qu'elle s'affaissait complètement sur le sol, inerte, et que l'homme disparaissait soudain au coin de la rue.
Normalement, il aurait poursuivi le type. Mais il ne pouvait pas laisser Gwen seule.
S'agenouillant à ses côtés, les mains tremblantes et le souffle court, il balbutia.
— Merde, merde. Gwen. Gwen ! Tu m'entends ?! Ouvre les yeux. Bordel.. S'il te plaît !
Dans ses bras, dénuée de la moindre énergie, les yeux vides grand ouverts, aux pupilles dilatées sur le ciel grisâtre, elle ne donnait aucun signe de vie. Ses lèvres étaient violacées, comme ses mains.
Il ressentait une profonde anxiété et une peur palpable. La voir gisant inanimée devant lui faisait craindre le pire. Il se sentait impuissant face à la situation, regrettant la décision de laisser l'agresseur s'enfuir.
Le manieur de Stand ennemi avait été une menace claire pour Gwen, et le fait qu'elle ne réponde pas à ses appels désespérés le plongeait dans un abîme d'angoisse. Il ressentait une culpabilité écrasante de ne pas avoir pu la protéger efficacement.
Ses pensées se bousculaient, cherchant désespérément un moyen de venir en aide à Gwen. L'inquiétude, la colère envers l'agresseur et la tristesse se mêlaient en un tourbillon d'émotions chaotiques. Polnareff avait l'impression que le monde s'effondrait autour de lui, et tout ce à quoi il pouvait penser, c'était de la protéger et de trouver de l'aide médicale au plus vite.
— De l'aide, s'il vous plaît ! Que quelqu'un appelle un médecin ! supplia t-il.
Une femme non loin s'empressa de décrocher le téléphone de la cabine non loin, appelant une ambulance alors que Jean-Pierre se penchait sur elle, essayant en vain d'entendre son coeur ou sa respiration. Pas un souffle, pas un son. Son coeur sembla se ratatiner, se flétrir dans sa poitrine et quelques larmes amères coulèrent le long de ses joues.
— Je t'en supplie, ne me laisse pas.. Ne sois pas morte..
***
Ohlala j'en reviens pas d'être aussi sadique, ça fait longtemps que je n'ai pas fini un chapitre comme ça.. Niark niark niark. 🤭🤭🤭
Bon je vous rassure, l'histoire n'est pas encore finie ! (ça veut dire ce que ça veut dire😂)
Quelques images :
Ponte de le Ostreghe.
Ponte San Moise.
Cour intérieure du Palais des Doges
Cellules du palais
Drapeau de la Serenissima de Venise
Les Piombi.
Salle du Conseil des Dix
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