Chapitre 10 : Venise, vie sur la lagune
Venise, Italie. 18 mars 1993.
Le soir de leur arrivée à Venise, Gwen et Jean-Pierre Polnareff étaient impatients de découvrir leur luxueux hôtel, le Gritti Palace. Ils avaient réservé une chambre avec vue sur le Grand Canal, dans l'espoir de vivre une expérience inoubliable.
Le concierge de l'hôtel, un homme élégant en uniforme, les accueillit chaleureusement à leur arrivée. Gwen portait une robe longue simple, tandis que Jean-Pierre était vêtu d'un pantalon bien coupé et d'une chemise grise. Ils étaient prêts à profiter de chaque instant de leur lune de miel à Venise.
Il les darda de son regard brun avant de se diriger vers eux et de demander, d'un anglais impeccable :
— Bonsoir, je suppose que vous êtes Monsieur et Madame Polnareff ? Bienvenue au Gritti Palace. Nous sommes ravis de vous accueillir ici.
Le français acquiesça, souriant en voyant le visage de son épouse refléter une légère surprise et rosir.
— Bonsoir ! Merci beaucoup. C'est un plaisir d'être ici, répondit-il.
— Veuillez me suivre, votre chambre est prête.
Le concierge prit leurs valises et les conduisit à travers le hall somptueux de l'hôtel, orné de lustres en cristal et de tapis élégants. Ils montèrent un escalier en marbre pour atteindre leur chambre au premier étage.
Gwen ne pouvait s'empêcher d'observer tout autour d'elle, s'extasiant sans fin devant la délicatesse des décors, la beauté de l'hôtel. Jean-Pierre la regardait, amusé, sans rien dire.
— Voici votre chambre, madame, monsieur. Et voici vos clés. Nous espérons que vous apprécierez votre séjour ici.
Il se dégagea de leur passage, les laissant entrer dans la chambre alors qu'il s'éclipsait au bout du couloir.
— Oh, c'est magnifique ! s'exclama Gwen en entrant, sautillant presque comme un enfant.
La chambre était spacieuse et décorée avec goût dans un style vénitien classique. Les draps en soie étaient d'un blanc éclatant, et les meubles en bois sombre ajoutaient une touche d'élégance à l'ensemble. Mais ce qui attira leur attention, c'était la vue depuis la fenêtre qui donnait sur le Grand Canal, avec les lumières de la ville se reflétant dans l'eau.
Elle se précipita vers la baie vitrée, l'ouvrit précipitamment avant de sortir le balcon et de crier de joie.
— Jean-Pierre ! Regarde ça, la vue est incroyable !
Il rit doucement, venant rejoindre sa femme, passant sa main sur sa taille.
— C'est à couper le souffle.
Sous leur pieds, s'étendait la ville de Venise, ses canaux multiples et ses gondoles enchanteresses, ses maisons typiques et ses églises somptueuses.
— C'est drôle, on dirait vraiment que Venise flotte sur l'eau !
Il sourit, la serrant contre lui avant de dire tout bas :
— J'ai vu ton étonnement, tu sais ?
Elle pencha la tête sur le côté.
— Quand il t'a appelé Madame Polnareff.
La jeune femme sourit, se glissant dans les bras de Jean-Pierre avant de murmurer.
— Oui, c'es vrai, je ne m'y attendais pas. Mais ça me fait réaliser que maintenant, je suis ta femme. Et que tu es mon mari.
Il sourit, venant embrasser son front.
— Et rien ne saurait me ravir davantage, Gwen Amélia Polnareff.
Elle sourit et ils restèrent enlacés sur le balcon, observant le soleil qui déclinait à l'horizon, disparaissant derrière la surface calme de la mer sous leur yeux.
Quand les premières étoiles apparurent, Polnareff lâcha à regret son épouse pour allumer les lumières et ils commencèrent à défaire leur bagages. Une semaine et demie à Venise, c'était ce qui les attendait pour leur lune de miel. En s'allongeant dans le lit, deux heures plus tard, elle se glissa dans les bras de Jean-Pierre, murmurant :
— C'est vraiment le séjour de nos rêves.. C'est vraiment.. romantique, d'être ici avec toi.
Il rit doucement, caressant de ses doigts la joue de la jeune femme.
— Tu mérites tout le romantisme du monde mon amour.
Elle sourit, enfouissant son visage dans son cou.
— Pff.. quel beau parleur.
Il rit et tous deux ne tardèrent pas à s'endormir rapidement.
Venise, Italie. 19 mars 1993.
— Allez, allez ! Debout !
Jean-Pierre secouait en vain l'épaule de Gwen. Encore à moitié endormie, elle grommela quelque chose qu'il ne comprit pas et qui l'amusa.
— Bon, tu l'auras voulu.
Glissant ses mains sous le haut de pyjama de son épouse, il la sentit se raidir et ricana en commençant à la chatouiller sans pitié.
La réponse ne tarda pas à venir. Se tortillant dans tous les sens, Gwen essayait tant bien que mal de se défaire de cette torture. Morte de rire, elle capitula, haletant doucement :
— Stop ! Stop, pitié Jean-Pierre ! Je me lève, je me lève !
Il sourit et s'apprêtait à dire quelque chose quand quelqu'un frappa à la porte.
— C'est pour le petit déjeuner, clama une voix féminine.
Polnareff se dirigea vers la porte, prit le plateau et le posa sur la table dans la chambre.
— Tu as faim ? demanda-t-il à Gwen en la voyant s'extirper du lit difficilement, avec ses cheveux en pagaille et son pyjama froissé.
— Hmm.
Elle hocha la tête avant de se diriger vers le balcon et respirer profondément l'air frais empreint d'un doux parfum d'iode.
— Je crois que je ne me lasserais jamais de cette vue.
Le jeune homme avait souri, terminant de disposer les éléments du petit déjeuner sur la table.
— Tu viens manger, Gwen ? On a un peu de marche à faire aujourd'hui.
La jeune femme sourit, s'asseyant sur la chaise en face de Jean-Pierre et attrapant le cahier sur lequel ils avaient planifié leurs journées.
Aujourd'hui était prévu une ballade en gondole le matin, le déjeuner dans un restaurant et enfin dans l'après midi, la visite d'un musée.
Toute excitée, elle reposa le cahier, alors que son époux lui demandait :
— Qu'y a-t-il de prévu alors ?
Elle sourit, engloutissant une tartine avec appétit.
— Ballade sur les canaux, passage au restaurant Trattoria da Romano et visite de la Gallerie dell'Accademia.
Le jeune homme sourit, contaminé par la bonne humeur de Gwen qui mangeait comme si cela faisait quatre jours qu'elle ne s'était rien mis sous la dent.
Après un petit déjeuner express, ils s'habillèrent chaudement, mettant un pull en dessous de leurs veste, à cause de la fraîcheur du matin et de l'humidité de l'air.
Descendant dans le hall, côte à côte, le concierge les salua et ils sortirent dans la rue, tombant immédiatement sur le Grand Canal.
— Et maintenant ? demanda-t-elle.
Polnareff pouffa, lui montrant d'un geste du menton le cahier.
— Le prochain passage de gondole est à 9h06. Il ne nous reste que dix minutes d'attente.
Gwen passa doucement sa main dans celle du français qui sourit en resserrant sa main sur la sienne. Avec le temps, Gwen était devenue de plus en plus tactile avec lui, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il songea avec une pointe de nostalgie que Sherry aurait adoré Gwen et se reprit, se disant qu'il devait la laisser reposer en paix, et se consacrer à son bonheur actuel.
Il se pencha vers son épouse et l'embrassa doucement, la faisant légèrement rougir.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.
— Rien. Je suis heureux, c'est tout.
Elle lui rendit son sourire et embrassa tendrement sa joue.
— Moi aussi, je suis très heureuse.
Ils se sourirent malicieusement avant d'entendre une voix en italien s'élever.
— Ah ! Voilà notre taxi ! déclara la jeune femme en courant soudain vers le ponton.
Jean-Pierre regarda un instant les cheveux châtains de Gwen voltiger derrière sa tête, songeant avec attendrissement qu'il avait épousé une femme sublime.
— Bon tu viens, JP ?! Ou je vais partir sans toi !
Il rit, elle n'oserait pas. Pressant le pas, il grimpa dans la gondole, et s'assit à côté de la jeune femme.
Le gondolier, un jeune homme aux très longs cheveux bruns coiffés en une longue queue de cheval basse, arborait une moustache entretenue avec soin et leur adressa un sourire chaleureux avant de les saluer :
— Signora, Signore, benvenuti a bordo della mia umile gondola. Il mio nome è Marco Di Capriso. Vi mostrerò i luoghi più emblematici di Venezia.
Jean-Pierre sourit, répondant :
— Grazie mille per il benvenuto, Marco. Sono Jean-Pierre Polnareff e questa è mia moglie, Gwen. Siamo qui in luna di miele. Grazie per averci concesso la sua giornata.
Gwen ne comprenait rien à l'italien, à part peut-être quelques mots mais resta abasourdie face à l'italien impeccable de son époux.
— Congratulazioni per il vostro matrimonio, hai avuto un buon occhio nella scelta di tua moglie, e lei è molto affascinante. E parlate un italiano perfetto !
Le jeune homme sourit, le remerciant, se tournant vers Gwen avant de lui dire :
— Marco Di Capriso est son nom. Il est celui qui nous conduira toute la journée. Son but est d'abord de nous montrer les endroits célèbres de Venise. Ah, et il nous félicite pour notre mariage et te trouve charmante. Je devrais peut-être me méfier moi d'ailleurs..
La jeune femme rougit avant de regarder Marco et de le saluer d'un signe de tête reconnaissant.
La gondole avança et ils savourèrent la sensation agréable de glisser sur l'eau.
Le grand Canal était particulièrement clair ce matin là, et, sous la surface de l'eau, Gwen discernait des bâtiments.
— Il y a des bâtiments sous l'eau, c'est normal ?
Jean-Pierre posa la question à Marco qui expliqua qu'avec le temps, il avait fallu surélever la ville de Venise et que certains quartiers avaient alors abandonné le rez-de-chaussée qui, avec la montée des eaux, avait fini sous la surface.
Ils naviguèrent encore un moment avant d'arriver sur un canal plus petit, au dessus duquel se tenait un pont en arche fermée, aux deux fenêtres de pierre quadrillées, sur chaque face.
— Eccoci al Ponte dei Sospiri. Questo ponte ha due corridoi paralleli e attraversa il Rio de Palazzo o de Canonica, collegando le vecchie prigioni alle celle per gli interrogatori di Palazzo Ducale. Si possono vedere le due finestre in pietra attraverso le quali i prigionieri portati davanti ai giudici guardavano Venezia per l'ultima volta. Ecco perché si chiama così. Fu costruito intorno al 1600.
Jean-Pierre expliqua à Gwen qu'il s'agissait du célèbre pont des Soupirs, reliant l'ancienne prison de Venise aux salles d'interrogatoires du palais des Doges, et qu'il était appelé ainsi car c'était l'endroit où les prisonniers condamnés voyaient pour la dernière fois Venise.
Gwen resta songeuse en passant dessous ce pont. Dire que des hommes, des femmes avaient regretté leurs actions ici, en fixant leurs yeux émus sur les canaux de leur ville sans assurance de les revoir un jour.
— L'endroit a l'air chargé d'histoire, murmura Gwen.
Son époux traduit et Marco opina du chef.
— Sì, signora, è così.
La gondole se dirige ensuite après quelques minutes vers un pont pittoresque. Immense, il enjambait le Grand Canal et Jean-Pierre expliqua après Marco :
— Ici, c'est le pont du Rialto, Ponte di Rialto, en italien. c'est le plus célèbre de Venise et l'un des seuls qui permet de traverser à pied le Grand Canal. Nous en verrons un autre cet après midi, il y en a un non loin de la Gallerie dell'Accademia.
Puis ils s'éloignèrent un peu, rejoignant ce qui ressemblait de loin, à une grande place, entourée d'édifices somptueux.
— Ecco Piazza San Marco, una delle piazze più emblematiche di Venezia. Qui si trova la Basilica di San Marco, con i suoi incredibili mosaici dorati.
— La place Saint-Marc, et là-bas, la Basilique Saint-Marc, qui est très connue et que nous irons voir demain.
La gondole continuait sa balade à travers les canaux sinueux de Venise, passant devant d'autres ponts et édifices historiques. Marco partageait des anecdotes sur l'histoire et la culture de la ville, rendant la promenade encore plus enrichissante.
Même si Gwen ne comprenait pas toutes les subtilités de la conversation, elle se délectait de l'aspect chantant et mélodieux de l'italien. Ses yeux ravis se posaient sur les monuments et les maisons. Marco leur avait dit qu'ils avaient bien fait de venir au printemps. Ainsi, ils pouvaient voir la ville de Venise, sans avoir à supporter les désagréments causés par le trop grand nombre de touristes.
Elle le croyait sans peine et réalisait maintenant pourquoi les touristes ne venaient pas en cette saison. Il faisait froid, et humide. Le nez rougi, elle éternua et serra ses bras autour d'elle. Peut-être qu'elle aurait dû prendre son écharpe finalement..
Mais au moment où elle songeait cela, elle sentit Jean-Pierre enrouler son cou dans son écharpe gris foncé et se serrer contre elle, passant un bras dans son dos.
Elle sourit, posant sa tête sur son épaule, murmurant :
— Merci.
Ils mangèrent le midi comme prévu au restaurant Trattoria da Romano, où ils goûtèrent les meilleures pâtes et les meilleurs fruits de mer qu'ils aient jamais goûté. Et ils savent de quoi ils parlent, ils sont français.
Un peu avant quatorze heures, Marco vint les chercher pour les amener jusqu'à l'embarcadère du pont de la Gallerie dell'Accademia. Ils les laissa là, leur disant qu'il reviendrait les chercher au même endroit à 18h30. Les deux époux avaient un peu moins de quatre heures pour visiter ce musée.
Non seulement le musée était rempli de tableaux et de pièces caractéristique de la période classique, mais les pièces elles-mêmes, avec leurs moulures d'or, leur magnifiques plafonds à caissons, les arcs en ogive et les cours intérieures paisibles.
Parmi les œuvres présentes, La Tempête de Giorgione attira l'attention de Gwen. Le tableau était fabuleux, par ses détails précis du paysage. Elle avait presque l'impression que les nuages noirs et chargés d'orage allaient sortir de la toile pour la foudroyer sur place.
En observant ces murs recouverts de toiles, ses sculptures du Moyen-Âge et les quelques anciens instruments de musique, elle se prit à se demander à quoi auraient pu ressembler leurs vies à Jean-Pierre et elle s'ils avaient vécu à cette époque.
Elle vint glisser son bras sous celui de Polnareff, murmurant :
— Si on avait vécu à cette époque là, j'aurais tout fait pour te trouver.
Il sourit, embrassant son front avec douceur en la resserrant contre lui.
— Moi aussi.
Quand Marco revint les chercher, ils étaient frigorifiés. Le soir commençait à tomber, déjà, et le brouillard avec lui. On voyait à peine l'autre côté du Grand Canal quand il arrivèrent enfin au Gritti Palace.
S'engouffrant dans la chambre, Gwen s'empressa de se débarrasser de ses vêtements, se ruant vers la douche.
— Première à la douche !
Jean-Pierre étouffa un rire, se déshabillant plus vite que l'éclair pour la poursuivre dans la salle de bain.
— Certainement pas !
Et ils explosèrent de rire quand ils commencèrent à se disputer le pommeau de douche.
Finalement, les choses avaient dérapé d'une manière non pas désagréable et quand ils s'allongèrent enfin dans leur lit, une fois propres mais perclus de fatigue, ils s'endormirent, sans prendre le temps de dîner car après tout, il valait mieux se reposer.
Pont des Soupirs ou Ponte dei Sospiri.
Pont du Rialto ou Ponte di Rialto.
La Tempête, de Giorgione
La Place Saint Marc et la Basilique Saint Marc
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