Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Chapitre 4

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. »

Je ne pleurais pas souvent. Je n'étais pas du genre à montrer mes émotions dites négatives, je prenais les larmes comme une démonstration de faiblesse mais devant lui, je ne pouvais que me sentir d'autant plus coupable. J'étais celui qui avait fait naître la préoccupation dans ses beaux yeux bleus, j'étais celui qui l'obligeait à être soucieux la nuit tout autant que le jour, je n'étais pas source de bien être comme il l'était pour moi : je m'en voulais. J'avais cette impression désagréable d'être un poids supplémentaire dans la vie de cet inconnu qui sans doute, avait déjà une vie remplie.

J'avais plongé mon regard embué dans le sien, je devinais les contours de son visage que j'avais malgré moi appris par cœur, je distinguais aussi la lueur électrique de ses yeux... Il me disait vaguement quelque chose depuis le début, j'avais cette impression de déjà-vu depuis la première fois et bien que j'avais réussi à la mettre de côté, elle revenait dans le moment le moins opportun. Pourquoi n'était-ce que ce soir-là, alors que je pleurais en face de l'homme qui faisait battre mon cœur depuis peu, que me revenait en tête cette désagréable impression ? Sans doute un vain espoir venant de mon subconscient qui n'espérait que reconnaître un visage croisé une fois et pouvoir vivre le jour, dans la réalité, ce que je touchais des doigts le soir, dans mes rêves animés.

Mon ange blond semblait comprendre les tourments qui habitaient mon esprit sans que je ne puisse les chasser et continuer ses doux mouvements comme pour chasser le doute qui me hantait.

J'avais des tas de questions qui menaçaient de déborder de mes lèvres, des envies qui n'attendaient qu'une brusque montée de courage pour être réalisées, des désirs inavoués qui prenaient vie dans les pupilles de mon fantasme mais je le savais depuis toujours que rien de tout cela n'arriverait. J'étais condamné, une condamnation amère mais si douce à la fois que je n'ai jamais regretté, pas même une fois, d'avoir vendu mon âme à ce diable que l'on connaissait tout aussi bien sous le nom « d'amour ». J'avais pris cette nouvelle épreuve comme un désir des dieux de me faire souffrir une fois de plus et de mettre mes faiblesses à découvert le temps d'une nuit, puis d'une autre et de toutes les nuits depuis cette fameuse première fois.

Le matin de cette nuit spéciale, je m'étais réveillé avec le visage inondé de larmes et un goût amer dans la bouche face à mon propre comportement. Après les avoir essuyées d'un geste plus que rageur, j'avais rejoint les autres étudiant.e.s pour un petit-déjeuner plus que mérité. Je n'avais pas spécialement faim, j'avais l'estomac complètement retourné par une sorte de dégoût envers moi-même. Qu'avait-il pensé de moi ? Je ne le saurais jamais, je me demandais si seulement il avait pu dire un seul mot, qu'aurait-il été ? Il reviendrait, j'en étais sûr. Il était obligé, après tout, ce qui se passait été fait indépendamment de notre volonté à chacun, bien que sans hésiter, si j'en avais eu l'opportunité, j'aurais choisi de continuer ces rencontres muettes entre ce qui semblait être l'homme de mes rêves et moi.

Alors que je m'asseyais sans toucher à la nourriture déposée devant moi, on attira mon attention en me faisant remarquer que j'avais une tête horrible. La personne en question était ma meilleure amie, ma confidente, celle en qui j'avais une confiance infinie mais aussi, elle avait été ma petite-amie, celle à qui mon cœur avait appartenu, il me semblait déplacer de parler avec elle de comment mon cœur appartenait à un autre et de comment cet amour était en tous points plus puissant et plus profond que celui que j'avais eu pour elle. Il était un secret que je ne pouvais dévoiler, il m'appartenait seulement à moi et je le gardais jalousement emprisonné dans mes pensées.

Après lui avoir raconté que j'avais des nuits simplement plus agitées en ce moment - et ce n'était pas un mensonge, n'est-ce pas ?, elle m'apprit qu'une de nos connaissances avait retrouvé son petit-frère qui avait environ notre âge et qui allait venir lui rendre visite. Cette histoire, il fallait le reconnaître, m'importait peu, était le cadet de mes soucis et remerciant la jeune femme pour ces informations que j'avais déjà oubliées, je m'étais retiré pour une session de révisions. J'avais pour but en m'isolant de toustes de me vider l'esprit et de ne plus penser à cet homme qui me faisait chavirer. Il était inaccessible, j'avais pris la décision de le comprendre une fois pour toutes et de me raccrocher à cette réalité que j'avais laissé échapper depuis son apparition fortuite.

Il était tard, beaucoup trop tard, quand je repris connaissance du monde qui m'entourait. J'avais laissé ma frustration quotidienne se perdre dans les cours que je connaissais pourtant déjà suffisamment et je remarquai avec satisfaction que j'avais réussi à ne pas penser à mon inconnu. En me levant de la bibliothèque, je fus immédiatement embarqué par ma meilleure amie qui m'avait dit que le fameux petit frère perdu était sur notre campus et qu'il fallait que je le rencontre à tout prix. J'étais si détendu et passif que j'ai accepté la proposition sans poser plus de questions sur l'homme dont on m'avait vanté les mérites peu de temps auparavant. J'aurais sans doute dû comprendre avant, peut être que j'aurais pu éviter ce qu'il se passa lorsque j'ai croisé le regard de notre amie ravie puis de son petit frère.

J'avais longtemps pensé à un discours que je voulais dire à ce garçon blond que je retrouvais chaque soir, quelque chose d'inspiré, des questions comme s'il en pleuvait, quelque chose qui lui montrerait que j'étais une personne cultivée, à laquelle il aimerait s'intéresser. Mais alors qu'il se tenait devant moi, que son visage reflétait la surprise qui devait avoir pris place sur mon visage, la seule chose qui passa mes lèvres et qui brisa à tout jamais notre romance sans parole et le silence qui s'était installé dès que nos regards se croisèrent m'apparut bien plus éloquente que tout ce que j'avais pu imaginer.

« Je t'aime. »

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