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La jeune fille se retourna précipitamment et sembla ranger son téléphone dans sa pochette.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle sèchement.

- Je... je prenais l'air. Et toi ?

- Je téléphonais.

Ses frêles épaules nues tremblaient. Il hésita, puis retira sa veste et s'approcha d'elle :

- Tiens.

Elle hésita. Victor se permit d'insister légèrement :

- Tu vas geler sinon.

- Ok, si tu veux.

Il déposa sa veste sur ses épaules, et frictionna légèrement son dos. Il était à présent en chemise simple dans la nuit d'hiver. C'était lui qui avait froid, mais il se força à ne pas le montrer.

Il n'y avait qu'eux à présent. A quelques mètres, l'attroupement de jeunes fumèrent émettait un brouhaha, mais sinon, la rue était silencieuse.

- Je voulais m'excuser, commença le garçon. J'aurai dû te dire que j'avais une copine ce soir-là.

Ella secoua la tête :

- C'est trop tard, ça sert à rien les « j'aurai du ».

- Je comprends. Je m'en veux tu sais.

- Stop. Arrête. N'essaie pas de passer pour le gentil garçon.

Il baissa la tête.

- Tes excuses valent rien, continua la jeune fille. Tu sais pourquoi ?

- Non.

- Parce que s'il y avait pas eu ce gala... tu aurais menti éternellement. Si j'avais pas appris la vérité par mes propres moyens, je me serais dis, tous les jours, chaque fois que je te voyais dans la fac "ah oui Ella, t'es une pauvre fille de mauvaise vie, rappelle-toi, et les garçons ont tellement honte de toi qu'ils ne viennent même pas te dire bonjour".

Il se sentit si mal. Non, Ella ne pouvait pas penser ça d'elle-même, pas à cause de lui !

- Je réalisais pas, expliqua-t-il. Je suis... désolé... même si c'est trop tard.

- Oui, c'est trop tard Victor.

- Mais pourquoi ? Est-ce qu'on peut au moins discuter ?

Elle prit une inspiration :

- Je... parce que je pensais à toi depuis 3 mois ! lâcha-t-elle. A chaque fois que je te voyais à la fac, je repensais à cette nuit avec toi, à chaque fois, je me demandais pourquoi tu voulais pas de moi, qu'est-ce que c'était le problème avec moi, pourquoi tu ne me rappelais pas, pourquoi tu m'évitais, pourquoi tu avais honte de moi !

- J'ai jamais eu honte de toi. Tu peux pas penser ça.

- Je dois penser quoi alors ? Si tu m'avais juste dit la vérité, j'aurai su que c'était juste parce que t'étais un pauvre type, j'aurai arrêté de mettre la faute sur moi.

Il se tut.

- Moi, je pensais que j'étais une fille sale, que tu ne m'avais considéré que pour le sexe, et que tu trouvais les filles comme moi, celles qui ont des « coup d'un soir », indignes de venir leur dire bonjour à la fac.

Il vit les larmes monter discrètement aux yeux de la jeune fille.

Il brûlait d'envie de lui dire. Qu'elle était merveilleuse et qu'elle ne le méritait pas, qu'il pensait jour et nuit à elle, que jamais Diana ne lui avait procuré autant de plaisir, qu'il rêvait d'elle la nuit et trouvait qu'elle était la fille la plus magnifique et forte et indépendante et incroyable de toute la fac, de toutes les filles du monde même.

Quel lâche. Pourquoi hésitait-il encore ? C'était le moment où jamais ! Il s'approcha doucement et se lança :

- Ella, je t'...

Mais il fut coupé par l'arrivée précipitée de Noha :

- Ma Ella chérie ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- C'est moi, avoua Victor. Je...

Noha prit la jeune fille dans ses bras, le regarda dans les yeux et lança :

- Toi, dégage. Pauvre con.

- S'il te plait Noha, laisse-moi juste lui dire un truc.

- Non, t'as fait assez de mal comme ça. Tu peux pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le cul de toutes les meufs de la fac !

- Je t'ai dis, reprit Ella en essuyant ses larmes et redressant la tête. C'est fini tout ça. J'aurai jamais du m'attacher. T'en fais pas, grâce à ce soir, tous mes sentiments sont définitivement partis.

- Voilà, appuya son ami, Ella a été claire, maintenant arrête de forcer, retourne avec ta meuf.

- Mais ?

- Arrête de forcer.

A contre-cœur, il retourna à l'intérieur, laissant Ella se faire consoler par son ami.

A peine entré dans la grande salle, Diana se précipita vers lui :

- Je t'ai cherché partout ! Tu étais où ?

- Heu, je te cherchais justement !

Elle le toisa de haut en bas.

- Pourquoi t'es en chemise ? Elle est où ta veste ?

Victor réalisa qu'il l'avait laissée sur les épaules d'Ella.

- Je l'ai laissée sur ma chaise, mentit-il.

- Bon, t'as mon sac ? J'ai besoin de mon téléphone.

Il lui tendit sa pochette. Elle fouilla à l'intérieur et en sortit un papier.

- C'est quoi ça ? demanda-t-elle.

- Aucune idée. Ouvre-le.

Elle le déplia et lut à haute voix :

« Si jamais tu es seule demain, appelle-moi. Max »

*

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