Chapitre 10 : Rapport de Précision


-Vous nous avez oubliés, c'est ça ? fit Virginie, en avisant les deux fautifs.

S'ils étaient lavés, il n'en restait pas moins que Louis et Emma se trouvaient très clairement en tenue maison. Shorts distendus, débardeurs trop grands. Et surtout, cheveux en bataille. Oh, pas parce qu'ils avaient fait quoi que se soit. Depuis le vendredi soir, ils n'avaient même pas reparlé de ça. En fait, ils profitaient seulement de leur week-end pour se reposer.

-On s'amusait sans nous ? ajouta Clarisse avec un grand sourire.

-La semaine a été difficile, expliqua Louis. On était sur les rotules tous les deux, désolé. Je vais voir ce que je peux vous préparer pour le repas.

Il était bientôt dimanche midi. Ils avaient prévu des pâtes, à la base. Bien décidée à leur éviter de faire quelque chose de trop compliqué, Emma arrêta son hôte avant qu'il n'atteigne le frigidaire.

-Ne t'embête pas. C'est déjà gentil de m'héberger et d'accepter de recevoir mes amies, tu ne vas pas en plus cuisiner pour tout le monde.

-Vous êtes sure ?

Ses deux amies hochèrent la tête.

-Oui, ne t'embête pas, fit Virginie. Au fait, Emma, tu as un maillot de bain pour la piscine ?

Elle cligna des yeux.

-Heu... Non. J'ai pris que l'essentiel.

-Pas de soucis ! s'exclama Clarissa lui montrant son sac de plage. Je m'en doutais, alors je t'en ai pris un. Louis, on peut te l'emprunter ?

-Bah... Heu, oui, je n'ai pas mon mot à dire, non ?

Quand les trois amies se furent éclipsées, vers les étages, il eut une sueur froide. Il avait l'impression d'être analysé de la tête aux pieds. La journée allait être longue.

À l'étage, Emma se retrouva avec deux femmes surexcitées. La maison leur plaisait, sa chambre aussi. Elles furent stupéfaites d'appendre qu'elle n'avait pas fouillé dans les moindres recoins pour découvrir les secrets de Louis. Elle n'était même pas allée dans sa chambre à lui !

Ni une ni deux, les terreurs allèrent jeter un coup d'œil, poursuivi par une Emma bien embêtée. Non pas que Louis lui ait fait le coup de Barbe Bleue, avec un endroit en particulier où elle ne pouvait pas aller bien qu'elle ait la clé. Mais quand même, sa chambre ! C'était intime.

D'ailleurs, il n'y avait pas grand-chose de particulier. Masculine, propre, avec un lit fait.

-Vous avez chacun une salle de bain, où il y en a qu'une seule ?

-Une seule, pourquoi ?

Elles eurent l'air machiavéliques. Mais qu'est-ce qu'elles voulaient, bon sang !?

-Allez viens, ma grande ! Tu vas nous raconter comment ça se passe !

Depuis la cuisine, Louis entendit des cris pendant un petit moment. Virginie et Clarisse étaient indéniablement vigoureuses. Emma lui avait dit qu'elles faisaient la coupe d'or du sexe cet été. Il rit pour lui-même. Il fallait bien profiter de cette période de sa vie. Toutefois, il était ravi qu'elle ne suive pas la même voie pour cette saison.

Il sourit en découpant des tomates en rondelles. Oui, il en était ravi. Pourtant... il s'arrêta. Il allait bien devoir lui parler, à un moment donné. Rah... Les deux mains sur le plan de travail de la cuisine, il inspira profondément. Il culpabilisait tellement qu'il ne l'avait pas approché depuis vendredi soir. Pas de façon charnelle, en tout cas.

Charnelle...

La sensation de son corps contre le sien, de sa bouche dévorant la sienne semblait le hanter. Pas de façon désagréable, loin de là. Bordel, il n'avait même pas pu la déshabiller... Ce n'était pas ce qui l'embêtait le plus dans l'histoire, mais quand même...

Les filles crièrent, avant qu'il n'entende un gros « plouf ». Ah... Il allait les laisser tranquilles. Emma avait probablement besoin de se retrouver seule avec elles, un petit moment. Il en profita pour terminer les découpes du repas, dresser la table dans la cuisine et commencer la cuisson. Une fois les pâtes jetées dans l'eau et le minuteur enclenché, il se dit qu'il fallait tout de même les appeler.

-Louis, tu ne viens pas avec nous ?

Il fit un bond. Perdu dans ses pensées, il ne l'avait pas entendu arriver. D'un autre côté, comment entendre les pas d'une femme pieds nus, trempée de la tête aux pieds, en bikini noir qui mettait en valeur une poitrine absolument magnifique ?

Sans lui répondre, il attrapa la ficelle tombée sur le devant, qui composait le nœud du haut sur la nuque d'Emma. Elle se rapprocha de lui par réflexe, afin qu'il ne défasse pas tout et qu'elle ne se retrouve pas seins nus dans la cuisine. Ce n'était pas vraiment nécessaire, pourtant elle se retrouva tout contre lui, les mains sur son torse, les joues rosies. Mmh...

-Cela te va très bien, murmura-t-il d'une voix rauque.

-Je... J'ai pas l'habitude, je me sens pas très à l'aise....

L'embrassant sur la tempe, il glissa le bout de ses doigts sur sa nuque, puis entre ses omoplates. Le frisson qui la parcourut lui donna des idées toutes plus classées X les unes que les autres.

-Tu préfères que je te l'enlève, alors ?

Il tira légèrement sur la ficelle de son haut, affolant aussi bien son propre cœur que celui d'Emma.

-Hein ? Non, attend, les filles...

Merde, il les avait oubliées, celles-là.

-Décidément, ça se goupille mal, marmonna-t-il en la relâchant.

-Tu viens quand même ?

-Mmh, ça va ça va, j'arrive. Je vais mettre un maillot.

Se retrouver avec trois belles femmes dans une piscine n'était pas déplaisant, mais Louis ne s'intéressait qu'à une seule d'entre elles. Logée dans une bouée, Emma pataugeait gaiement. Torse nu, en short de bain large, Louis l'observa un instant. Cette position pliée en deux dans le trou de la bouée semblait doubler le volume de sa poitrine. Intéressant.

-Eh ben, tu dois passer beaucoup de temps à la salle de sport !

La remarque venait de Clarisse. Il en profita pour se mettre dans l'eau.

-C'est une obligation avec mon travail, soupira-t-il. Mon dernier repas bien gras en date c'était avec Emma samedi de la semaine dernière. Avant, ça faisait des mois et des mois d'alimentation équilibrée. C'est chiant.

-C'est vrai, confirma Emma. Grâce à lui j'ai perdu un kilo dans la semaine !

Vu la tension sexuelle qui régnait entre eux, elle devrait s'abstenir de dire ce genre de choses. Ou alors était-ce lui qui avait l'esprit mal placé ? Mmh, bonne question.

-Ça fait longtemps que tu as ce tatouage dans le pli de l'aine ?

Virginie. La deuxième amie d'Emma le fixait avec un léger froncement de sourcils. Il se figea, avant de plonger la tête sous l'eau pour se rafraichir. Il faisait chaud en plein soleil, autant profiter vraiment de la piscine. En émergeant, il répondit.

-Ouais. C'était une erreur d'ado.

En fait, il détestait ce tatouage, non pas parce que c'en était un, mais pour ce qu'il représentait. Au moins, cela lui servait d'avertissement personnel, qu'il pouvait revoir tous les jours dans le miroir. Un foutu signe tribal descendait de son aine vers la base de sa verge, tel un chemin à suivre.

-Ça fait mal ? demanda Emma. J'ai peur des aiguilles, j'ai du mal à imaginer ce que ça fait.

-Ben, j'étais bourré quand je l'ai fait faire la première fois, marmonna-t-il. Les retouches par contre, ça faisait mal. Je ne vais pas te mentir.

-Bourré ? Je ne te vois pas consommer d'alcool, ça me surprend.

-C'était il y a onze ans, même moi j'ai le droit de changer. Je ne touche plus une goutte depuis ce foutu tatouage, d'ailleurs.

Pour ça, et pour son réveil au milieu d'une orgie. Ça, il ne le dirait pas. Il avait moyennement apprécié la perte de mémoire, l'apparition d'un signe sur sa peau qu'on ne pouvait pas enlever sans des séances très douloureuses, et aussi de se retrouver entouré de gens avec qui il avait couché, mais dont il ne se souvenait absolument pas. La perte de contrôle, ce n'était pas son truc, il l'avait compris tout de suite.

-À t'entendre parler, tu as fait plein de trucs répréhensibles.

-Ça dépend du point de vue.

-Tu ne dis pas ça pour te faire mousser auprès de trois belles jeunes femmes ? lança Clarisse avec un air mutin.

Virginie, elle, continuait à le dévisager les sourcils froncés. Il se crispa soudain. Attendez. Elle ne l'avait pas reconnue, quand même ? Non...

-Ce n'est pas vraiment mon genre. Bon, excusez-moi, mesdemoiselles, mais j'ai des pâtes à égoutter.

En attendant, il sentait qu'il allait devoir réfléchir très vite à ce qu'il voulait dire à Emma.

*

Le rapport sur les jouets sexuels réussit à faire rougir Emma comme une pivoine. Très concentré et nullement gêné, Louis enchainait les questions derrière son ordinateur, tout en notant les réponses de ses amies. Il parvint même à les faire rougir devant la précision demandée, et pourtant elles n'étaient pas prudes !

Texture, qualité, angle d'attaque, maniabilité, vitesse d'orgasme, multiplicité, envie de réutiliser ce machin, seule, à plusieurs... Elle découvrit des détails de la sexualité de ses amies qu'elle aurait préféré éviter de connaitre.

Et lui qui débitait toutes ses questions sans même broncher !

À la fin de l'après-midi, tous étaient épuisés, mais de bonne humeur. Louis s'éclipsa pour aller remettre son ordinateur portable en charge. Il devait être dix-sept heures passées. Clarisse était retournée barboter avant de partir, aussi Emma se retrouva-t-elle seule avec Virginie.

-Emma, il faut que je te dise quelque chose à propos de Louis.

La jeune femme remonta ses lunettes sur son nez, pour mieux regarder son amie. Elle semblait bien embêtée. Évidemment, elle avait remarqué ses sourcils froncés depuis midi. Toutefois, elle n'avait pas pu lui poser de questions jusqu'à présent.

-De Louis ? Qu'est-ce qu'il y a ?

-Il t'a dit dans quoi il travaillait ?

-Vaguement, pourquoi ?

Louis, qui se trouvait dans le couloir à ce moment-là, s'arrêta net. Elles ne pouvaient le voir, par contre lui les entendait.

-Écoute, je ne l'avais pas reconnu au Starbique, mais son tatouage m'a dit quelque chose. Je suis sûr de moi, il est...

-Arrête.

Emma lui sourit pour atténuer son ton légèrement sec. Virginie avait réagi comme si elle l'avait giflé, pourtant elle ne fit pas marche arrière.

-Je sais que tu cherches à me protéger, tout comme je sais que Louis ne me dit pas tout sur sa situation professionnelle. Mais je lui fais confiance. Il me dira tout s'il le souhaite, un jour. Il doit y avoir une raison pour qu'il hésite autant, j'en ai bien conscience.

Elle se passa une main sur la nuque, un peu gênée.

-Tu sais, Louis est quelqu'un de bien. Je veux l'entendre de sa bouche. Pas d'une tierce personne.

Virginie hésita, avant de pousser un gros soupir.

-Décidément, on ne te refera pas ! Enfin, tu as raison. Il n'a pas l'air bien méchant. Mais je vais quand même me renseigner un peu plus de mon côté.

-Tu fais ce que tu veux, mais ne laisse pas ton jugement être biaisé. Le seul à connaitre la vérité, c'est lui.

-La voix de la raison, comme toujours ! Allez viens, on va chercher Clarisse avant qu'elle ne se transforme en limace dans la piscine.

Une fois tout le monde parti, Emma se laissa tomber sur le canapé du salon avec un profond soupir. En débardeur et simple maillot de bain en dessous, elle se dit qu'elle devrait au moins aller mettre un short. Le week-end touchait déjà à sa fin. Si vite... Son samedi comme son dimanche avaient été très agréables.

Elle sourit malgré elle.

Ça faisait du bien d'être entourée comme ça.

À la recherche d'un short, elle sursauta quand Louis toqua à la porte ouverte de sa chambre. Il avait l'air tendu.

-Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle.

-Emma... Il faut qu'on parle.

-Heu... À quel sujet ?

-Ton amie a raison. Je pense que tu mérites la vérité sur ce que je fais. Après ça... Je respecterais ta décision, quelle qu'elle soit. Si tu ne veux plus que je t'approche, je ne t'approcherai plus, d'accord ?

Le cœur serré, elle s'assit sur son lit. Elle sentait qu'elle allait en avoir besoin. Elle s'attendait à tout, sauf à ce qui suivit.

-Je suis un acteur porno, Emma.

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