15
Jungkook ne sait pas comment il s'était retrouvé là, allongé sur le lit de Taehyung, ses cheveux d'encres s'éparpillant sur le drap d'un blanc éclatant. Tout ce qu'il savait, c'est que les lèvres du chef d'orchestre n'avaient pratiquement pas quitté les siennes. Leurs lippes se caressaient, s'aimaient, s'adoraient, de même que leurs langues. Le petit violoniste se laissait totalement emporter par ce moment enivrant, comme si la notion du temps s'était évaporée. Il ne sentait que lui, ne voyait que lui. Tout son esprit était marqué au fer rouge par l'empreinte que le bouclé s'amusait tortueusement à laisser sur lui.
Taehyung dévia sa trajectoire et s'amusa à picorer le cou du plus jeune. D'abord de baisers chastes avant que ceux-ci ne deviennent doucement plus appuyés. Il caressa de sa langue ce petit grain de beauté qui se trouvait sur le côté droit, voulant désespérément s'approprier chaque parcelle de son corps.
Il l'aimait tellement qu'il était lui-même dépassé par les événements. Son coeur battait furieusement dans sa poitrine et le désir montait si puissamment qu'il avait la sensation de mourir de chaud. Il était trop effrayé par le miracle de cet amour dont il débordait pour même formuler des mots afin de l'exprimer.
Doucement, il se redressa, admirant le visage rougi de son étoile, ses lèvres carminées et gonflées et sa respiration haletante. Dans une autre vie, il aurait pu se contenter de ce simple spectacle. Mais pas dans celle-là. Parce que présentement, Taehyung ne voulait que le dévorer.
Il lui sourit doucement avant d'embrasser délicatement ses paupières. Ces petites portes qui renfermaient le regard le plus puissant de l'univers. Il n'arrivait pas à croire que ça lui appartenait.
-Tu es sûr ?
Jungkook hocha vivement la tête. Il s'empara même de la chemise de Taehyung, craignant que ce soit lui qui change d'avis. Le chef d'orchestre ricana tendrement avant d'approcher lentement son visage du sien. Il souffla doucement sur ses lèvres et le petit violoniste ne devint alors qu'une boule de désir et d'excitation. Le regard de Taehyung était si sombre, si intense, qu'il sentait ses forces doucement l'abandonner.
-Petite étoile terrestre, je vais te faire voir celles de l'univers.
En temps normal, Jungkook aurait sûrement levé les yeux au ciel à ces paroles. Mais ce ne fut pas le cas. Parce que ces simples mots venaient de retourner délicieusement son estomac.
Taehyung passa alors ses mains sous son pull, touchant cette peau si lisse, si belle. Sous la pulpe de ses doigts, il eut l'impression de faire la rencontre avec une rivière de soie. Petit à petit, ses mains remontèrent sur son torse, emportant le pull dans sa trajectoire. Jungkook compris alors et se redressa pour que le chef d'orchestre le débarrasse du tissu. Tout cela, toujours les yeux dans les yeux.
Taehyung enlevait chacune de ses couches de vêtements comme un amoureux transi qui s'amuserait à retirer les pétales d'une marguerite. Sauf qu'il n'y avait pas de doute, c'était et ce sera toujours « à la folie » pour lui. C'était une évidence.
Jungkook l'avait laissé faire, stressé certes, mais tant épris qu'il ne pouvait se résoudre à interrompre ce moment qu'il savait merveilleux. Ainsi, lorsqu'il offrit à Taehyung la vue de son corps complètement nu, là, allongé presque paresseusement sur ses draps, il eut même le courage de lui offrir un sourire. Taehyung ne put que se relever pour apprécier ce spectacle dans toute sa splendeur.
Il admira, s'émerveilla, s'extasia...Il n'y aurait jamais les mots suffisants pour décrire ce qu'il voyait actuellement. Cet être qu'il aimait tant était là, vulnérable, et pourtant sublime dans son plus simple appareil. Jungkook était d'une beauté à couper le souffle. Une beauté si saisissante qu'elle avait la force d'ébranler son univers et tout ce en quoi il croyait férocement.
Étrangement, les prunelles de Taehyung se firent lointaine, froides. Il regrettait. Il regrettait que sa première fois ne soit pas avec Jungkook, lui qui l'avait abandonné il y a déjà tant d'années. Il se trouvait ridicule d'avoir cédé à ses instincts primaires qu'il avait assouvis de nombreuses fois lors de ses différentes tournées aux quatre coins du monde. Il aurait donné n'importe quoi pour effacer tout ça et revivre ce moment, cette première fois, mais avec son étoile dont il était éperdument mordu.
Jungkook se sentit tout petit, sous le regard hagard et contemplatif du plus âgé. Il rougit légèrement, attendant la suite des événements qui tardaient à venir. Une boule désagréable se forma dans sa gorge en voyant l'absence de réaction de Taehyung. Son corps n'était peut-être pas assez beau ? Peut-être qu'il n'avait finalement plus envie de lui ? Le petit violoniste commença à réfléchir à mille et une raisons qui pourrait expliquer cet état apathique.
Les joues enflammées et le regard écarquillé de honte, il couvrit vivement ses parties intimes de sa main, voulant les cacher du regard indifférent de Taehyung. Oui, peut-être que son corps ne lui plaisait pas, après tout. Jungkook se sentait lui-même abject, mais il aimait suffisamment Taehyung pour se découvrir à lui.
Mais à sa grande surprise, le chef d'orchestre posa sa main sur la sienne et la retira doucement.
-Non...Ne te couvre pas...Je...
Jungkook le dévisageait, perplexe, complètement perdu quant à sa réaction et à cette timidité qui avait transpercé dans le timbre de sa voix. Avec hésitation, Taehyung posa sa main sur sa taille, sur cette taille si fine qu'il chérissait tant, avant de faire longer sa paume le long de ses côtes.
Jungkook réalisa alors.
-Taehyung, tu trembles, murmura-t-il faiblement.
Le chef d'orchestre décida alors de poser sa main sur la poitrine de son étoile, là où se trouvait son coeur, et de ne plus la déloger. Il ricana légèrement avant de tourner la tête, presque honteux. Pour la première fois, à ce moment, un être, objet d'un destin bienheureux, l'ébranlait dans ses profondeurs. Taehyung commençait à entrevoir de quelle étoffe malléable le coeur est constituée, puisqu'un seul événement suffit pour l'agrandir à l'infini et lui faire englober dans son espace minuscule un univers entier.
-C'est parce que c'est toi.
Jungkook ne comprit pas. Aussitôt il se redressa, sa main se posant doucement sur la joue de son aîné avant de la caresser de son pouce.
-Je ne comprends pas, chuchota-t-il. Ce n'est pas ta première fois, n'est-ce pas ?
Taehyung retira sa main avant d'appuyer sur son torse pour le rallonger sur le matelas. Sans prévenir, il écarta ses cuisses avant de se placer entre, arrachant un cri silencieux au plus jeune.
-C'est la première fois que je suis amoureux, Jungkook. Ça n'a rien à voir avec toutes les relations que j'ai eues par le passé.
Taehyung voulait lui dire qu'il était sans aucun doute l'amour de sa vie, mais les mots n'arrivaient pas à sortir. Tout ce qu'il était capable de faire, c'était admiré cette oeuvre d'art vivante face à lui. Les imperfections de son corps...il aurait aimé lui hurler qu'il les trouvait magnifiques.
Il remarqua que son bras nu portait le 8 de vaccination et en fut étrangement attendri. Il s'en approcha et l'embrassa doucement avant d'enfouir son nez dans son cou et de respirer son odeur. Cette odeur printanière, si douce et apaisante qui avait le don de calmer tous ses maux.
Oui, il allait le faire sien.
Ce qu'il s'apprêtait à vivre serait bouleversant. Sa première fois avec l'être aimé. Le moment où leurs corps et leurs âmes s'allieront jusqu'à ne faire plus qu'un...Combien de personnes avaient eu la chance de trouver l'âme soeur ? L'amour véritable. Celui qui est évident, qui transcende le monde, qui ne vous quitte jamais vraiment et dont la perte vous tue ?
Faire l'amour pour la première fois entre ces deux êtres...On ne vit pareille heure qu'une seule fois dans son existence, et cela n'arrive qu'à une personne parmi des millions. Jamais Taehyung ne se serait douté, sans ce merveilleux hasard, avec quelle force du désespoir, avec quelle rage effrénée un homme pouvait ressentir si distinctement la goutte écarlate de la renaissance et de l'amour. La manière grandiose et fantastique dont l'humain concentre dans quelques souffles fragiles tout ce qu'il y a en lui de chaleur et de glace, de vie et de mort, de ravissement et de désespérance.
Taehyung n'hésita plus. Même si ses mains étaient encore tremblantes, même s'il était aussi terrifié que l'était son petit protégé, il décida d'agir. Il se redressa à genoux sur le matelas avant de retirer un à un ses vêtements sous le regard envieux et timide de son amant.
Seulement vêtue d'un sous-vêtement, Jungkook laissa son regard curieux et conquis dévaler le corps parfait du chef d'orchestre. Il était plus imposant que lui et le petit violoniste ne pouvait s'empêcher de se demander ce que cela faisait, que d'être protégé et aimé par ce corps. Aucun doute que ça devait être délectable. La peau de miel de Taehyung n'avait rien à voir avec la sienne, diaphane. Le sable de sa peau semblait briller sous le faible éclat de la lune. À ses yeux, il paraissait presque irréel.
Hésitant et avide de connaître ce corps, Jungkook tendit timidement sa main avant de la poser sur son ventre et de faire courir ses doigts un peu partout. Son passage laissait derrière lui une traînée de chair de poule. Taehyung l'observait faire son petit manège et ne put empêcher un sourire carnassier de prendre place sur ses lèvres en voyant ses yeux devenir vitreux et lascifs au fur et à mesure de son exploration.
Doucement il s'approcha, son corps allongé sur le sien, leurs abdomens se touchant. C'était si agréable. Taehyung fit mine de ne pas remarquer l'expression stupéfaite et émerveillée de son petit protégé. Il fit pianoter sa main sur sa cuisse tout en donnant de délicieux coups de langue sur le cou offert de son étoile, le faisant légèrement gémir. Taehyung était déjà accro à ce son.
Il apprenait son corps par coeur et Jungkook ne s'était jamais senti aussi chéri. Il ne savait pas quoi faire de ses mains, s'accrochant tantôt aux draps, tantôt aux épaules du plus âgé. Lorsque la main du bouclé frôla son entrejambe, le petit violoniste tira sur ses cheveux pour ramener son visage au sien. Il posa ses mains sur ses tempes et attira sa bouche jusqu'à la sienne. La pression fut si ardente, la succion si avide, que ses dents rencontrèrent les siennes, en même temps que son torse se tendait pour toucher, sentir son corps incliné. Jamais Taehyung n'avait connu de baiser aussi sauvage, aussi assoiffé, aussi désespéré que celui-ci.
Il se redressa et le regarda, de ce regard doux et enveloppant qui était comme une tendresse; il lui sourit d'une manière qu'on ne pouvait qualifier autrement que de profondément amoureux. Jungkook était tout pour lui. Comment le dire ? Toute comparaison serait trop faible, peut-être. Il était précisément tout pour lui, toute sa vie. Rien n'existait pour lui que dans la mesure où cela se rapportait à son étoile ; rien dans son existence n'avait de sens si cela n'avait pas de lien avec son petit violoniste. C'était prodigieux. En aussi peu de temps, il avait réussi à métamorphoser sa vie entière.
Jungkook semblait perdu, sûrement dans un autre monde ou dans un rêve éveillé. Il promenait ses mains sur son dos comme un aveugle qui lisait du braille. Il caressait sa peau et tâtait son corps comme s'il allait disparaître d'une seconde à l'autre. Taehyung hésitait à aller plus loin. C'était si bon d'être touché de cette manière. Était-ce à cela que ressemblaient réellement des préliminaires ? Ou était-il tellement habitué aux aventures d'un soir qu'il n'avait jamais réellement compris ce que l'on pouvait ressentir en étant avec une personne à laquelle on tenait vraiment ?
Des doigts se baladant sans vergogne près de l'élastique de son boxeur le ramenèrent à la réalité. Il posa son front contre celui de Jungkook qui l'admirait timidement et lécha furtivement sa lèvre inférieure.
-Je veux que tu me promettes de me le dire, si je vais trop vite, s'il y a quelque chose que tu n'aimes pas ou que tu as trop mal. D'accord ?
Jungkook hocha docilement la tête. Mais ce n'était pas suffisant pour Taehyung.
-Jungkook, promets-le moi.
Le petit violoniste fit glisser sa main de son ventre jusqu'à sa nuque avant de s'en emparer tendrement.
-Oui, je te le promets, souffla-t-il faiblement.
Taehyung hocha la tête. Il était important pour lui que Jungkook comprenne bien qu'il n'avait absolument aucune obligation, aucun devoir envers lui. Il n'était pas nécessaire qu'il supporte des choses qu'il n'aimait pas uniquement pour lui faire plaisir.
Il passa alors à l'étape suivante.
Taehyung se mit à l'embrasser partout, depuis le bout du nez jusqu'à la plante des pieds. Puis à lui dévorer le sexe avec tant d'amour qu'il sentit à nouveau sa tête qui tournait, comme s'il était ivre, perdant le sens du temps, ne pensant qu'à lui donner du plaisir, un plaisir immense, exquis. Jungkook hésita à s'abandonner, mais finit par se détendre et se donner langoureusement, les cuisses grandes ouvertes et poussant son sexe vers lui, tout en remuant les fesses. Il gesticulait sous lui, gémissait et haletait. Taehyung plaça sa tête devant sa couronne et lécha le liquide pré-séminal qui perlait de son méat.
Taehyung n'avait jamais vu quelqu'un perdre autant le contrôle au moindre contact. Ses lèvres tremblaient et ses yeux s'agitaient sous ses paupières fermées. Il frémissait à quelques reprises et retenait son souffle. Le chef d'orchestre avait l'impression de le torturer en entendant ses faibles gémissements et les petits cris qui s'échappaient de son larynx. Il s'agrippait aux draps et se cambrait délicieusement ; c'était grisant de savoir que c'était lui, qui le mettait dans un état pareil.
Taehyung savait que rien n'était plus efficace qu'une bouche humide et chaude engouffrant la partie la plus sensible de notre anatomie pour faire disparaître le monde qui nous entourait et faire vibrer chaque terminaison nerveuse de notre corps.
Il le choyait aussi de ses mains. Elles alternaient entre ses cuisses et cette taille divine. Il ne savait pas non plus où les placer, si bien qu'elles se retrouvaient partout à la fois, rendant son petit protégé complètement fou. Dans ses caresses, il y avait un abandon absolu du moment, une immense effusion et un tel rayonnement des profondeurs de l'être que c'en était bouleversant.
Taehyung fit glisser sa langue plus bas. Plus bas encore. Jusqu'à sa cible principale. Jungkook prit une vive inspiration et se redressa, complètement affolé.
-Q-que...
Taehyung le dévisagea de là où il était, la tête toujours entre ses cuisses, avant de tendre son bras et de le repousser doucement contre le matelas. Jungkook se laissa faire docilement et, avec appréhension, déposa son regard sur le plafond. Il sentit le chef d'orchestre lui embrasser doucement l'intérieur de la cuisse, la léchant aussi, comme pour le rassurer.
Jungkook laissa donc son aîné choyé de sa bouche la partie la plus intime de son anatomie. C'était divin. Il n'y avait pas de mots pour qualifier ce qu'il ressentait actuellement. Lorsqu'il baissait légèrement les yeux, il se perdait avidement dans le regard affamé et brumeux de Taehyung. Ses iris n'étaient plus discernables, ses pupilles avaient enveloppé la totalité de ses prunelles et Jungkook savait qu'il devait entre être de même pour lui. Au bout de quelque temps, cela ne suffit plus. Des doigts vinrent s'allier divinement à cette langue. Jungkook inspira brusquement, les yeux écarquillés.
-Taehyung...
Son prénom résonna comme une supplication délicieuse. Aucune autre mélodie au monde n'était plus belle que celle que lui offrait Jungkook à ce moment précis. Ses éclats de voix chatouillaient délicieusement ses oreilles et le confortaient dans l'idée que son amant aimait l'ivresse qu'il lui prodiguait.
Taehyung s'attelait à sa tâche avec minutie, mais étrangement, Jungkook avait l'impression qu'il cherchait quelque chose. L'habileté dont il faisait preuve avec ses doigts était aussi étrange qu'incompréhensible à ses yeux.
Soudain, Taehyung courba ses doigts et trouva cet endroit de pur plaisir. Jungkook laissa échapper un gémissement bruyant, suivi d'un balbutiement fébrile. Il était surpris par la façon dont il avait trouvé cela...extraordinairement agréable. Il avait eu la sensation de partir, d'explorer pour la première fois les prémices d'une concupiscence qui lui avait été si longtemps cachée. Une fois ce point trouvé, son aîné ne s'amusa plus qu'à le frôler, le caresser, le frotter, rendant son étoile totalement vulnérable et tremblante.
Lorsque Taehyung jugea que le moment avait assez duré, il se releva avant de sourire grandement à son cadet. À travers ses cils humides de larmes, Jungkook voyait son expression d'enfant bienheureux. Il ne put s'empêcher de ricaner avant de l'attraper et de l'attirer à lui dans une étreinte pleine de douceur. Ils se câlinaient, comblés et infiniment heureux.
Taehyung embrassa ses paupières, recueillit de sa langue les larmes sur ses joues, avant d'ôter son dernier vêtement. Après plusieurs minutes de baisers, de caresses et d'étreintes, il s'enfonça lentement, amoureusement en lui. Ils se dévoraient d'un regard émerveillé, se léchaient des yeux, souriaient dans la sérénité du crépuscule en sachant que la nuit leur appartenait toute entière.
Le début avait été douloureux pour le plus jeune, mais le simple fait de savoir que Taehyung était sur lui, en lui, lui donnait la force nécessaire pour surpasser ces quelques minutes de souffrance. La suite ne fut qu'un pur moment d'extase. Grognements, gémissements, halètements...les deux hommes ne ressentaient plus que du plaisir. C'était une explosion de désir qui, petit à petit, monta crescendo pour les amener au plus vite à la jouissance tant rêvée. Taehyung n'avait jamais vécu quelque chose d'aussi fort de toute son existence. Il observait chaque expression qui peignait le visage de son cadet, conquis. Jungkook était merveilleux, lorsqu'il s'abandonnait de la sorte. Savoir qu'il était le seul à voir ce visage ravagé par l'envie, l'amour et la sensualité, embrasa le creux des reins du chef d'orchestre.
Il lui fit l'amour plus ardemment, plus vigoureusement. Parce qu'il voulait que ses gémissements ne s'arrêtent jamais. Parce qu'il voulait que ses joues rougies gardent cette couleur vermeilles. Parce qu'il voulait que ses yeux, si beaux et si merveilleux, brillent plus encore. Qu'ils se mettent à briller si forts qu'ils en éclaireraient le monde. Il avait raison. Ce moment, ce moment ultime, avait fini par faire d'eux une seule et même personne. Ils n'étaient plus qu'un. Ils ne seraient à jamais plus qu'un, désormais.
Taehyung avait tenu sa promesse, lorsque l'orgasme les foudroya, Jungkook vit bel et bien les étoiles. Les yeux grands ouverts, il lui suffisait de tendre la main pour s'en emparer. Tous deux, avaient senti pour la première fois, après ces quelques minutes qui avaient suivi l'apogée de leur rapport, que, sous leur indifférence qui avait été paralysée et sous leur tristesse qui avait été balayée, coulaient encore les sources ardentes de la passion et qu'elles venaient de simplement jaillir toutes vives et d'envahir leurs coeurs.
-Je t'aime.
Pour finir, ces mots puissants avaient transcendé l'air chargé de luxure. Ils avaient été dit d'une manière si tremblante de vérité et d'effroi qu'un être humain ne pouvait parler de la sorte qu'une seule fois dans sa vie à un autre être humain, pour se taire ensuite à jamais comme dans la légende du cygne qui, seulement en mourant peut, une unique fois, hausser jusqu'au chant son cri rauque.
Sauf que cette nuit-là, c'est Morphée qui décida de s'emparer des deux amants.
♪
Jungkook était, comme presque tous les matins, réveillé bien avant Taehyung. Et comme une routine, le petit violoniste se contentait d'admirer son aîné. Il aimait la façon dont les premiers rayons du soleil venaient se déposer sur sa peau, la magnifiant. Il avait l'air d'un prince.
Alors, les jambes entremêlées aux siennes, la tête posée sur son torse, Jungkook l'admirait. Bien sûr, il ne faisait pas que le contempler. Apaisé, il posait sa tête près de son coeur et écoutait ses battements lents et paisibles. Étrangement, il aimait ce bruit, ça le calmait.
Jungkook ne savait pas que Taehyung avait compris son petit jeu matinal depuis bien longtemps. Le chef d'orchestre n'avait jamais osé lui dire, craignant d'embarrasser son étoile. Alors, à chaque fois, il gardait les paupières résolument closes et faisait semblant d'être encore endormi jusqu'à ce que son cadet ne décide de partir de la chambre pour prendre son petit-déjeuner. Là, il se réveillait miraculeusement et partait le rejoindre, comme si de rien n'était.
Mais cette fois-ci, Taehyung était réellement endormi. Jungkook l'observait amoureusement, pensant à cette nuit fantastique qu'ils avaient passée. Il ne se sentait ni gêné par sa nudité, ni celle du chef d'orchestre. À vrai dire, après avoir fait l'amour, Jungkook avait eu le sentiment bien vivace que l'enveloppe corporelle de son aîné était une extension de la sienne, de même que son coeur. C'était assez inexplicable, mais après une seule fois, il avait l'impression de connaître ce corps comme le sien. Chaque relief était sien.
Taehyung n'avait pas un corps d'athlète, mais il avait un beau corps tout de même. Il était merveilleusement bien proportionné, et même si son ventre ne possédait pas d'abdos, Jungkook s'en fichait. À vrai dire, ça l'attendrissait même. Le chef d'orchestre ne possédait pas de complexe contrairement à lui qui se trouvait trop fin.
Jungkook avait remarqué que Taehyung ne faisait jamais de sport. Il avait deviné qu'il détestait cela. Lors de ses jours de repos, le petit violoniste observait son aîné regardé des films d'amours en compagnie d'une tasse de chocolat chaud. C'était mignon, de voir les yeux brillant que Taehyung possédait lorsqu'il regardait Love Story ou N'oublie Jamais.
Jimin avait tort. Taehyung était un grand romantique. Du moins, il l'était avec lui. Il se souvient de tous les moments de tendresse qu'il avait eu avec lui, de cette valse qu'ils avaient dansée dans le salon, de tous ces instants où il lui disait qu'il était la merveille de son univers...Oui Taehyung était indéniablement romantique. Il était sentimental, passionné et rêveur. Il l'était à un tel point que Jungkook était comme assailli par cet amour. Ça le rendait presque étourdi.
Jungkook se demanda comment avait été cet homme lors de sa jeunesse. Lorsqu'il possédait l'âge rêveur, exalté, durant lequel on poétise l'être humain, on divinise sa chair inaccessible, on vit dans une attente farouche du miracle amoureux. Taehyung avait sûrement attendu trop longtemps ce miracle. Peut-être qu'il avait même désespéré qu'il vienne à lui un jour, lui qui avait pourtant tant à offrir, tant à donner.
Jamais il n'aurait pu simuler ce premier émoi amoureux qu'il attendait tant avec quelqu'un dans le simple but de montrer au monde, que lui aussi pouvait aimer éperdument. Il ne pouvait pas parce qu'il était trop vrai, trop honnête et que, dans le fond, il savait ce premier émoi trop précieux pour le bafouer de cette façon.
Taehyung était allé partout. Mais en fait, il n'avait rien vu. Et voilà que Jungkook était arrivé quand il pensait ne jamais le trouver. Le petit violoniste se fit la réflexion qu'il était entré dans sa vie à la bonne période. Dans une période où Taehyung ne se serait pas senti coupable de l'aimer, dans celle où Jungkook n'était pas trop jeune. Dans celle qui vient après le désespoir, comme une félicité.
Il pensa qu'il devait y avoir une clé pour comprendre la simplicité avec laquelle deux êtres pouvaient se donner non seulement l'amour, mais cette paix, ce répit, cet oubli qui tenait dans la seule chaleur d'une main.
Il sourit inconsciemment et frotta son nez sur sa peau avant de tapoter ses doigts sur ses côtes. Taehyung avait un corps magnifique, mais le petit violoniste trouva ça étrange, presque dommage, qu'un être aussi extraordinaire et aussi débordant de passion que lui puisse posséder un corps vierge de toute représentation de cette adoration qu'il possédait pour la musique, pour la vie en général.
Jungkook réfléchit quelques instants avant de se pencher de son côté du lit pour atteindre la table de chevet. Il tendit le bras et ouvrit le tiroir avant de fouiller le plus discrètement possible à l'intérieur. En dessous des nombreux livres, il trouva enfin le bien qu'il recherchait tant. Il s'en empara avant de se repositionner à sa place.
Il tira le bouchon, le jeta quelque part dans la chambre, avant d'approcher le pointe du feutre sur la peau de son aîné. Il prit le temps de bien s'assurer que celui-ci dormait avant de tracer des arabesques sur son corps. La langue légèrement sortie tant il était concentré, Jungkook dessina alors sur l'épiderme de son aîné. À l'encre noire, il traça une lune, un soleil et son éclipse, une représentation de ce qu'avaient été Mee-yon et Ha-neul et de ce qu'ils étaient devenus. Comme une finalité. Plus bas, près de sa hanche, il esquissa les premières notes de Romance. Près de son nombril, les touches d'un piano. Près de son coeur, sa baguette de chef d'orchestre. Tout ce qui faisait le monde de Taehyung, Jungkook le gravait de manière éphémère sur sa peau.
Il était comme une partition vierge qu'il lui fallait remplir.
-Qu'est-ce que tu fais ?
À l'entente de cette voix rauque, Jungkook stoppa le petit coeur qu'il gribouillait près de son aine, le feutre en suspens. Il releva la tête, les joues rougies et le regard penaud. À travers ses paupières endormies, Taehyung l'observa longuement avant de se frotter les yeux et de se relever légèrement pour apprécier l'œuvre du plus jeune.
-Ça part à l'eau, rassure-moi ?
Il disait ça pour plaisanter, mais aussitôt, Jungkook se sentit coupable. Il reposa le feutre sur la table de chevet avant de triturer ses doigts. Taehyung s'empara alors de sa taille avant de faire glisser son corps sur le sien jusqu'à ce que le visage de son étoile se retrouve face à lui. En voyant que Jungkook évitait son regard, l'aîné contempla un peu plus les dessins du plus jeune. Au fur et à mesure de son avancée, un sourire paresseux courbait lentement ses lèvres. Il était infiniment attendri.
-Et si tu m'expliquais tes dessins ?
Jungkook hocha légèrement la tête avant de pointer chaque partie du corps qu'il avait joliment gribouillée. Taehyung écoutait ses explications, ne pouvant pas s'empêcher de penser à ce jour où la mère du garçon dont il était éperdument amoureux lui avait montré son coloriage d'enfant. Tant d'années étaient passées depuis ce moment et voilà que ce même garçon dont le coloriage l'avait laissé de marbre s'amusait désormais à embellir sa peau de son art.
-J'ai dessiné la lune, parce que je trouvais que ça correspondait bien à Mee-yon, dit Jungkook en désignant le satellite sur sa clavicule. Puis le soleil pour ma mère, continua-t-il en faisant glisser son doigt sur le petit astre. Puis, l'éclipse.
Jungkook retira doucement son doigt, le regard hagard. L'ainé ne pouvait pas très bien voir les dessins vu leurs emplacements, mais il avait hâte de les admirer à travers son miroir.
-Pourquoi l'éclipse ?
-Parce que c'est nous, Taehyung.
Le chef d'orchestre dévisagea longuement son cadet dont le regard semblait lointain. Ses yeux brillaient de mélancolie. Pas comme celle d'autrefois. Celle qu'il voyait présentement était bien plus douce. C'était la preuve qu'il avait fini d'être tourmenté par les fantômes du passé.
Il s'empara à son tour du feutre qui reposait sur la table de chevet, avant de faire glisser la pointe sur la joue de Jungkook. Son petit violoniste l'observait timidement, dans l'attente, tandis que le regard de Taehyung était lui, braqué sur cette jolie joue rougie qu'il décorait amoureusement.
Une fois fini il reposa le feutre avant de flatter de ses deux mains la taille de son amant.
-Qu'est-ce que tu as dessiné ? demanda Jungkook, curieux.
Taehyung lui offrit un large sourire.
-Tu le découvriras lorsque tu iras dans la salle de bain.
Jungkook fit la moue et grommela son mécontentement, faisant ricaner Taehyung. Le bouclé s'approcha de lui et frotta doucement son nez sur sa joue, les paupières mi-closes. Il pensa alors à la décalcomanie. Le monde entier ressemblait à ce jeu de couleurs : il suffisait de retirer une mince feuille grisâtre de mauvais souvenirs et la joie éclatait. C'était un peu leurs cas. Taehyung embrassa délicatement sa joue, curieux de savoir la réaction qu'aurait Jungkook lorsqu'il verrait l'étoile, l'ange et le petit violon qui reposait fièrement sur sa pommette.
Jungkook encercla la nuque de son aîné de ses bras et enfouit son visage dans son cou. Taehyung le berça doucement tout en lui caressant délicatement le dos. Les deux hommes n'avaient jamais connu un réveil aussi agréable et délectable que celui-ci.
-Dis, Taehyung ?
L'ainé stoppa ses caresses avant de venir embrasser les cheveux bruns de Jungkook qui chatouillait sa mâchoire, lui signifiant de poursuivre. Jungkook tourna alors la tête, levant les yeux pour regarder Taehyung. Ses prunelles brillaient si fort que le chef d'orchestre appréhenda légèrement la question qu'il allait lui poser.
-Est-ce que tu voudrais bien m'emmener voir ta mère ?
Une boule se forma dans la gorge de Taehyung en entendant cette demande. Une boule d'émotion si grande que ses yeux se remplirent presque de larmes. Il eut l'impression que son coeur avait cessé de battre. Il enfouit sa main dans les mèches folles de Jungkook avant de poser sa joue sur sa tempe, les lèvres frémissantes.
-Bien sûr, chuchota-t-il.
Taehyung n'aurait jamais pensé que Jungkook puisse vouloir aller sur la tombe de Mee-yon. Ce qu'il ne savait pas, c'est que Jungkook avait des choses à dire à sa mère. Il voulait faire part de toute la gratitude, de toute cette affection qu'il avait pour cette femme qu'il n'avait jamais connue et qui, pourtant, avait plané sur son enfance comme une brume.
Quelques minutes plus tard, Jungkook quitta l'étreinte du bouclé et se redressa sur le lit, nu. Taehyung observa ses délicieuses, ses angéliques omoplates se joignant comme des ailes repliées. Il prit alors conscience que le paradis ne survenait pas forcément après la mort.
Des fois, il était là, sur Terre, bien plus accessible que ce que l'on pouvait imaginer et il tenait, éclatant de lumière et d'enchantement, dans l'âme fragile et pourtant si rédemptrice qu'une seule et unique personne pouvait détenir.
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Mmmmm...Je sais pas si il est bien. J'ai pensé que ça ne devait pas être un lemon trop détaillé non plus, vu l'histoire et leur relation. Du coup, j'espère qu'il passe quand même ptdr
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