Chapitre 4

Le train avançait progressivement. Stéphanie et Raphaël échangeaient leurs goûts musicaux et la jeune fille était totalement charmée. Soudain, le téléphone de Raphaël sonna.

- C'est mon père, je dois répondre, annonça-t-il en se levant.

Stéphanie le laissa passer, restant seule avec le MP3 du beau blondinet.

*

De son côté, un froid glacial régnait entre Samuel et Marion. Lui qui s'était fait une joie d'accueillir Marion chez ses parents, d'imaginer un futur ensemble ! Tout avait été ruiné avec cette lettre... Certes, il n'aurait pas dû fouiller dans son sac, mais devant l'air coupable que sa copine avait manifesté avant de prendre l'appel du fameux Loïc, la tentation avait été trop grande.

Ne supportant pas la situation, le garçon se leva et décida de prétexter devoir aller aux toilettes.

Il se dirigea vers l'espace entre les deux voitures, où un jeune garçon blond de son âge parlait au téléphone :

- Oui papa, oui... J'arrive bientôt... Ca se passe bien... Y a une fille que j'aime bien à côté de moi, c'est une fille de mon collège... L'inviter ? Non, j'oserai jamais... Non, je vais pas faire ça. Lui donner mon numéro ? Je sais pas faire ça... Je suis trop timide !

Samuel sourit. Quand un couple se séparait, un autre semblait se créer. C'était, au fond, le cycle des choses. Il inspira, et s'efforça d'apaiser sa tristesse.

Le garçon de son âge finit par raccrocher, avant de se retourner :

- Tu veux aller aux toilettes ? Je gêne l'accès ? demanda-t-il à Samuel.

- Non, rien, finalement, plus envie.

Le blond eut un air surpris mais fit demi-tour vers sa voiture.

- Attends ! demanda Samuel.

- Oui ?

- Je peux t'emprunter ton téléphone pour appeler mon père, s'il te plait ?

Le jeune garçon lui tendit son appareil. Samuel le remercia et composa un numéro. Après plusieurs sonneries dans le vide, il raccrocha.

- Il ne répond pas, tant pis. Merci quand même mec.

- Aucun soucis ! affirma le blond avant de se diriger vers son wagon.

Et Samuel, un sourire discret aux lèvres, retourna à sa place, dans la voiture opposée.

*

Un moment plus tard, le train arriva en gare de Brest.

- C'était chouette comme trajet, décréta Stéphanie en lui rendant son écouteur.

- Oui, répondit Raphaël en rangeant son MP3.

Il sembla la regarder, hésiter, et :

- Tu vas... non rien.

Déçue, la jeune fille n'osa rien répondre. Elle mourrait d'envie de lui demander son numéro, mais, après 4 ans passés à hésiter dans la cour du collège, il semblait que la timidité n'avait pas quitté Stéphanie. Et si elle passait pour la fille chelou ? Non, il n'avait surement pas envie de lui reparler. Il n'y avait aucune raison pour laquelle il veuille lui reparler. Il ne connaissait même pas son prénom avant !

Le train s'arrêta. La voix de la SCNF résonna dans le wagon, et tout le monde se leva. Raphaël aida Stéphanie à récupérer sa valise sur l'étagère, puis les deux jeunes gens descendirent du train. En face, sur le quai, le grand-père de Stéphanie s'approchait d'eux. Le monde descendait précipitamment, et la jeune fille fut bousculée dans tous les sens.

Elle sentait son cœur s'accélérer d'angoisse. Elle ne voulait pas perdre de vue Raphaël, qu'elle ne reverrait sûrement jamais. Elle voulait lui dire au revoir, au moins.

- Stéphanie...

Raphaël la prit par le coude.

- Et bien... fit-il. Je voulais juste te dire...

Le grand-père de Stéphanie intervint à ce moment :

- Coucou ma Nini !

La jeune fille le haït à cette seconde de lui infliger son surnom ridicule devant son Raphaël. La honte ! Elle avait envie de savoir ce que le beau blond avait prévu de lui dire, mais à côté de son grand-père, cela devenait impossible...

- Et bien, au revoir, dit seulement Raphaël en relâchant son bras.

- Au revoir, répondit-elle le cœur serré.

C'était fini. Elle ne le reverrait jamais. Sans son téléphone ni son adresse, ni même le nom de son lycée, impensable de lui reparler un jour...

Elle suivit à contre-cœur son grand-père, et Raphaël disparut dans la cohue. Soudain, un garçon la bouscula et disparut avant qu'elle n'ait pu l'interpeler.

Elle vérifia que son portemonnaie était toujours dans sa poche, espérant qu'il ne s'agissait pas d'un pickpocket.

Et, dans sa poche, à côté de son porte-monnaie toujours présent, un papier.

« Appelle-moi, j'ai très envie de te reparler, si tu en as envie également. 0683458209 »

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