Romance céleste

Sakura était vivante. Vivante comme le vent sur les plaines. Vivantes comme la fumée s'envolant vers le ciel. Ses yeux explosaient toujours de rire. Ses lèvres se déformaient si souvent en sourire qu'on aurait pu croire que la mimique ne se décrochait jamais de sa bouche. Elle marchait et les gens se tournaient, hypnotisés par la façon dont même le vent soufflait pour la pousser dans la bonne direction. Le soleil n'osait se lever que lorsqu'elle sortait le nez dehors. Les autres jours, il se cachait, seul derrière des nuages de larmes. Sakura était née et la vie s'était mise à chanter.

Sakura était à la vie ce qu'Itachi était à la mort.

Itachi était mort. Mort comme la pluie dans un désert. Mort comme les dernières braises s'effondrant en cendres. Ses yeux n'étaient que deux puits sans promesse, sans fin. Il regardait la vie comme s'il ne faisait que passer à travers. Peut-être que c'était le cas. Il marchait et les gens le fuyaient, la foudre retentissant. Ses lèvres n'étaient que de la chair effrayante. Chaque personne les regardaient avec appréhension, avec peur qu'enfin, elles prononcent leur nom. Le matin, le soleil fixait ses rayons déçus sur lui, l'astre déçu qu'un tel être puisse vivre dans ce monde qu'il s'efforçait d'éclairer d'espoir. Itachi était né et la mort l'avait réclamé.

Un jour, ils se croisèrent. Le monde cessa de tourner. Le soleil paniqua. Un froid glacial s'abattit. Le sourire de Sakura se figea. Les lèvres d'Itachi ouvertes se glacèrent. L'air dans leurs poumons se cristallisa. En silence, les yeux dans les yeux, ils s'étouffèrent. Leur visage tourna au bleu. Leurs doigts étaient immobiles devenus des sculptures de glace. Leurs yeux étaient paralysés par le froid, par l'absence de l'ordre les guidant.

Soudainement, après ce qui sembla être une éternité, le soleil revint. Sans pitié, l'astre les brûla. Pour la première fois, un autre bruit qu'un rire s'échappa des lèvres de Sakura. Sous les yeux vides d'Itachi, elle se mit à crier. Elle cria de douleur, de désespoir, de liberté. Sa peau fuma, s'évapora. Ses cheveux s'enflammèrent. Elle rapettisit. Elle s'effondra sur elle-même, des larmes décorant ses pattes d'oie. Les yeux verts ne cessèrent jamais de le regarder. Lentement, plus le feu la consumait, plus les billes s'emplirent de ce vide qui habitait celles d'Itachi. Il leva la main pour atteindre ce dernier pang de vie devant lui. Le vent se leva avec lui, balayant d'un mouvement les cendres que Sakura était devenue. Sa gorge se serra, une boule l'habitant. Ses yeux noirs se recouvrirent d'un voile de larmes les faisant briller de mille feux. Ses lèvres s'écartèrent dans un sourire éternel. Un sanglot tourné en rire franchit ses lèvres figées. Malgré lui, malgré la tristesse l'habitant, Itachi avança, poussé par le vent, poussé par la vie.

Des années plus tard, des décennies plus tard, Itachi retomba sur elle. Sakura avait le même visage, le même nez délicat, les mêmes yeux verts, mais tout avait changé. Le vent lui criait des insultes, le soleil la maudissait. Les billes émeraudes le fixaient, vides de toute expression, de toute ferveur. Le cœur d'Itachi battit à toute vitesse. Ses larmes non-versées vieilles d'une éternité tachèrent son visage. Les larmes envahirent ses poumons. Il s'étouffa de douleur. Elle le regarda, impitoyablement. Il cria comme elle l'avait fait des années plus tôt. Il cria pour qu'elle le regarda avec une quelconque lueur de vie. Ses cordes vocales se saignèrent à la tâche. Le sang se mélangea aux larmes, l'étouffant toujours un peu plus. Itachi s'effondra. Les paupières collées de sables, il n'entrevit que brièvement ces prunelles vertes, finalement, le regarder avec horreur.

Sakura le vit s'éteindre. Ses lèvres étaient prisonnières, envoûtées par le mutisme. Ses sentiments explosèrent en elle quelques secondes. Durant ces quelques instants, elle vit des étoiles, des étoiles où ils auraient dû être. Sans une quelconque volonté, elle prit sa place comme il l'avait déjà fait. Une larme réussit à couler, figée sur sa joue jusqu'à leur prochaine rencontre.

Ils se rencontrèrent, une autre fois, deux autres fois, un million d'autres fois. Ils arpentèrent le monde, l'univers en quête d'une réponse.

Un soir, la lune prise de pitié leur souffla la réponse. Les deux, chacun à son opposé de l'univers, coururent. Ils coururent l'univers dans des sens opposés. Une pluie sans nuages se déversa sur eux. Un brouillard se leva. Ils continuèrent de courir vers leur bout d'univers. Chaque pas était un écho des paroles de la lune. Chaque souffle était un rappel de leur malédiction. Ils coururent pendant des milliers d'années.

Ils coururent jusqu'à ce qu'ils finirent finalement par rejoindre ces étoiles imprimées sur leurs paupières.

***Merci de la lecture !***

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