Chapitre 9




- Dana, tu peux me lâcher maintenant.

Sa voix était calme, paisible. Absolument pas agressive alors que pourtant il aurait dû. J ai tellement eu peur de la vitesse que je me suis accrochée à lui comme si il était ma bouet de sauvetage. J ai enlevé un à un mes bras de son torse et je me suis frottée les yeux.
- C est officiel, je déteste ta moto, declarai-je barbouiller.

La tête en vrac et l estomac retourné, j ai sauté de la moto. Une grave erreur car j'ai faillis tomber et heureusement, Dimitri m'a rattrapé.
- Ça va? me demanda-il inquiet.

Je marmonnai un oui à peine audible. J'avais l'impression que j'allais vomir mes tripes. Dimitri attendit patiemment que je me remette, un bras autour de moi et une main posé sur ma nuque pour me maintenir. Je parais tellement petite à coté de lui. Je suis sure qu'il pourrait me briser en deux, tellement il est grand et bien bâtit.

- Aide-moi à m'asseoir, s'il-te-plait.

Et il s'exécuta, me déposant délicatement sur un rocher. Je pris ma tête entre mes mains pendant quelques secondes, le temps d'atténuer ma migraine puis j'ai observé Dimitri discrètement. La lumière du soleil se reflétait sur ses cheveux noirs en batailles. Il portait un polo noir qui faisait ressortir sa peau bronzée et qui soulignait les muscles dessinés sous le tissu accompagné d'un bermuda en jean qui soulignait bien sa taille. Mais mon dieu, qu'il était grand! Même moi j'avais l'impression d'être une petite chose insignifiante à coté de lui et pourtant je fais un bon mètres soixante-dix. Il regardait l'horizon de ses yeux verts énigmatiques et je l'imitais. Je n'ai pas eu le temps de voir les alentours. Il est vrai que j'étais sceptique au début. Je n'ai pas totalement confiance en Dimitri, je ne connaissais pas cette plage et nos famille se détestent toujours... Plein d'éléments négatifs qui me remplissent de doute à son égard. J'avais peur qu'il me kidnappe, viole ou qu'il me tue! Pfff. N'importe quoi! J'ai regardé beaucoup trop de série policière. J'ai même honte de penser à ça parce que quand j'y réfléchis, Dimitri a été gentil avec moi. Jamais il ne m'a insulté, posé de lapin (presque), mentis (jusqu'à preuve du contraire), fais de mal... Enfaite, il a été bien plus correcte à mon égard que certain garçon que je connais. Il n'y a personne sur la plage et pourtant elle est tout simplement magnifique. Sable blanc et mer bleu où l'on peut voir à travers des minéraux et des poissons, font partis du décor avec un soleil ardent.

- Ca va mieux maintenant? voulut-il savoir.

J'acquiesçai, le regardant en plissant les yeux. Et oui, je n'ai pas pris mes lunettes de soleils et en un sens... il m'éblouit. Il m'a sourit, il a mit ses lunettes de soleils noirs (oh que je m'en veux!) avant de descendre les escaliers deux à deux. Il jeta ses affaires et se déshabilla sans me prévenir, en un temps record. Je le regardai et lorsque j'ai vu son bermuda tomber à terre, il m'a fallu quelques secondes pour comprendre ce qu'il faisait et être gêné. J'ai déjà vu des hommes en caleçon mais le voir lui, ça m'a gêné plus que les autres. J'ai immédiatement détourné le regard jusqu'à attendre un plouf! Puis j'ai descendu les escaliers prudemment avant de poser mes affaires à coté des siennes et de m'asseoir par terre afin d'admirer le paysage, mes genoux collés à ma poitrine.

- Viens! m'hurla-t-il depuis là-bas.

- Non merci!

Je n'avais aucune envie de me baigner. Il n'était plus l'heure et je ne voulais pas me mettre en maillot de bain devant lui. Alors il est sortis de la mer, dévoilant de magnifique abdos ainsi que des muscles bien dessinés et ruisselant de gouttelettes. Il s'est posé face à moi et a croisé ses bras, visiblement pas très content de ma réponse.

- Comment ça? me demanda-t-il. Je ne t'ai pas emmené jusqu'ici pour que tu restes par terre entrain de me contempler! Je pensais que tu étais plus courageuse, tu me déçois là.

- Je suis vraiment navrée, dis-je en levant les yeux aux ciels. Je ne me baignerai pas. Point final.

C'est alors qu'il s'est mis accroupis devant moi. Ses mains étaient posées sur mes genoux et nos visages étaient si prêts que j'en ai rougis. Puis sans que je m'y attende, il m'a soulevé en me prenant par les aisselles et m'a pris dans ses bras comme si j'étais une vulgaire poupée. Je fus mouillée par les gouttes restés sur son torses et en prime, celle qui pendait le long de ses cheveux en batailles à présent lisse, ce qui ne fit qu'accentuer ma colère.

- Lâche-moi! hurlai-je en me débattant de toute mes forces.

Ce que je faisais ne servait à rien. Je n'avais aucune chance parce qu'il me tenait fermement, j'étais prisonnière de son étreinte. On était déjà dans l'eau jusqu'à ses genoux ( et je rappelle qu'il fait au moins 1m95 et moi 1m70) que je sentais déjà l'eau tiède traversé le tissu de mon jean.

- Je t'en supplie Dimitri. Je ferai tous ce que tu voudras mais lâche-moi!

- Tout ce que je veux? C'est très intéressant...  J'accepte.

Et il me lâcha. Mais pas comme je le voulais car le temps qu'il se décide, l'eau était à son torse donc j'étais presque entièrement trempé hormis le haut de mon corps. Il m'a lâché et là je savais que j'allais me venger. Je suis remontée à la surface pour lui faire face et il était entrain d'avoir un fou rire. Il se fichait clairement de moi. Mes habits me collaient à la peau, mes cheveux allaient friser, mes yeux me brulaient... Tout allait super bien! Alors je lui ai sauté dessus, l'attrapant par le cou et je l'ai fait plonger avec moi. On est ressortis de l'eau encore plus trempé qu'on l'était déjà. Il me tenait par la taille, une main sous mon tee-short trempé. Il prit mes jambes pour les passer de chaque coté de ses hanches. Son torse était collé au mien et il passa sa main dans mes cheveux quelques instants. Ma respiration s'accéléra. Et sans que je m'y attende, on plongea ensemble sous l'eau avant de revenir à la surface. Il éclata de rire avant de s'arrêter pour me lancer un regard taquin. Il joua avec ses sourcils ce qui me fit sourire. Puis il nagea un peu avant de revenir à la charge pour me trisser d'eau. Je l'imitai et j'avais l'impression d'avoir à nouveau 5 ans. Je ne pus m'empêcher de rire aux éclats en me remémorant les journées entières que je passais ici avec ma famille, mon père se baignant avec moi car il était le seul à avoir le courage de mettre sa tête sous l'eau... De bon souvenir. J'ai déclaré fortfait et je suis sortie pour aller me sécher au soleil. Mes vêtements me collaient tellement... Mon dieu! Quel idée d'avoir mis un haut blanc! Il est tout transparent et vu comment Dimitri regarde ma poitrine, il a du le remarquer. J'ai protégé ma poitrine en croisant les bras et il se posa sur le ventre à coté de moi me laissant une vision assez précise de la forme de ses fesses en dessous de son boxer .

- Parle-moi de toi, me demanda-t-il plein d'enthousiasme.

- Pourquoi? Je n'ai pas une vie très intéressante...

- Tu vis en dehors d'ici alors pour moi ta vie semble un peu plus mouvementée que nous tous, déclara-t-il.

- Je vis à Paris et je suis journaliste.

- Tu as des amis?

- Quelques uns.

- Un chéri?

- Non, répondis-je en le regardant du coin de l'œil.

Un sourire s'est formée au coin de sa bouche. Un sourire irrésistible qui dévoilait une mignonne petite fossette.

- Comment est Paris?

- Grand. J'ai faillis me perdre plusieurs fois au début. Il y a énormément de monde. Beaucoup d'immigré, de personnes qui dorment dans la rue ou de personnes riches. Toutes sortes de variantes et j'adore ça.

- Tu aimes ta vie là bas? s'intéressa-t-il.

- Oui. Je suis loin de tout ce qui touche à l'époque du moyen Age, plaisantai-je. Les femmes peuvent ne pas se marier, peuvent adopter ou élever un enfant sans un homme à leur coté ou deux personnes de sexes opposés peuvent s'aimer sans qu'on leur jette des pierres. Et je suis tranquille. J'aime mon boulot et la nourriture française qui est divinement bonne. Tout me plait en France. Je n'échangerai pas ma place. Et c'est un interrogatoire? Si c'est la cas, j'ai le droit de te poser des questions.

- Vas-y, princesse. Ne te gène pas.

- Qu'est-ce que tu fais de tes journées ici? demandai-je en le foudroyant du regard parce qu'il m'a à nouveau appelé " princesse".

- Je travaille, j'aide ma famille, je fais un peu de mécanique et je sors avec mes potes. Tu sais rien de très glorieux... Je suis pas vraiment un exemple niveau carrière. Pas comme toi du moins.

- Tu fais quoi dans la vie?

- Je travaille au port et au restaurant. Je suis partagée entre l'odeur du poisson ou de la bouffe. De quoi avoir honte...

- N'ai pas honte! m'exclamai-je en me rapprochant de lui. N'ai jamais honte de ce que tu fais.

Je n'ai jamais aimé que les gens se dévalorisent. Il m'a regardé en fronçant des sourcils. Normalement, quand on fronce les sourcils, ça fait légèrement peur ou ça intimide. Moi, je trouvais ça mignon.

- Que veux-tu faire plus tard? lui demandai-je.

- Je veux partir d'ici, avoua-t-il. Je ne suis pas comme toi, je ne pars pas pour réaliser mes rêves. Je veux partir parce que j'étouffe trop. Chaque jours se ressemblent à telle point que quelque fois, je crois que le temps s'arrête. J'ai besoin de fête, de nouvelle découverte et de nouvelle rencontre! Je veux découvrir le monde. Tout le monde se ressemble ici. Toutes les filles me mangent dans la main. A part toi. Tu es extraordinaire... Ne me fais pas les gros yeux, je ne ferais rien sans ton accord.

Sans mon accord? Mon accord de quoi? Qu'il me tripote?

- Mais tu as mon âge! Pourquoi ne pas partir maintenant?

- Je n'ai pas assez d'argent, me fit-il remarquer en jouant avec le sable. Je veux partir mais je n'ai pas les moyens parce qu'à chaque fois que j'y suis presque, il se passe quelque chose que je dois réparer et je m'éloigne un peu plus de mon objectif. Je me dis que je finirai mes jours ici. Je serai un vieux papy dans un fauteuil avec les mains tellement abimé par le travail inaccomplie. Je serai marié à une femme qui m'énervera et que j'aurai épousé parce que je n'avais pas le choix et j'aurai une petite maison. Et je ne peux laisser ma famille pour l'instant.

J'étais triste pour lui. On partage le meme point de vue et c'est tellement rare de trouver quelqu'un du village qui pense comme moi! Je posais ma main sur son épaule sèche comme pour le réconforter et il m a souri, sincèrement. C'est d'ailleurs la première fois qu'il l'a fait. On est resté allongé sur le sable chaud pendant, je dirai, une heure ou deux. On a discuté encore un peu avant qu'il s'endorme devant moi. Il avait l'air soulagé. Apaisé. J'avais l'impression qu'il s'était confié à moi tout à l'heure et que le fait qu'il se livre, lui fasse du bien. Seulement... pourquoi à moi? Je veux dire, on ne devrait même pas s'adresser la parole. Alors pourquoi me dire ça à moi? Pourquoi il s'intéresse à moi? J'ai appris des choses étonnantes sur lui. Il aime le reggae ( j'aurai parié qu'il préférait le rock), tous ce qui touche au cinéma et il aime s'occuper des animaux ( il rêve d'avoir un chien). Plus je lui parle, plus je le trouve intéressant . Lorsqu'il commença à faire nuit, je me suis rapprochée de lui. Je le secouais doucement en posant ma main sur son épaule. Il battit doucement des paupières avant d'ouvrir les yeux. Ses magnifiques yeux verts énigmatiques me transpercèrent. Il me regarda quelques instants avant de me caresser à nouveau les cheveux. Il me regardait avec tant d'admiration que j'en avais le souffle coupé. Puis il commença à jouer avec mes cheveux puis mon visage. Il dessinait de ses doigts les traits de ma figure. Comment ce gars peut-il être aussi habile de ses doigts? J'en avais presque oublié pourquoi je l'avais réveillé.

- Dimitri, dis-je dans un souffle.

- Oui?

- Tu peux me ramener? lui demandai-je en me mordant la lèvre.

Il ôta sa main de mon visage et il se releva en un temps record.

- Dépêche-toi, dit-il en remettant son froc.

Son ton était dur et pressant. L'avais-je blessé? Je ne voulais pas. J'aurai aimé rester ici. C'était calme et paisible. Et Dimitri était sympa. L'ambiance était... sympa. Il partit sans m'attendre ce que j'ai trouvé dure. Il était déjà sur sa moto, son casque sur la tête, quand je remontais de la plage. Il m'a tendu le casque et il regardait ailleurs quand je galérai pour l'accrocher. Je me suis installée derrière lui et j'ai posé mes mains sur la moto et non sur lui. Il l'a remarqué et juste avant de démarrer, il a pris mes mains pour les mettre sur son torse. J'ai froncé des sourcils mais comme j'avais mon casque, il n'a rien vu. Quelques temps après, on est revenu à la place. J'avais moins la tête en vrac à cause du trajet. Je suis descendue et lorsque je lui ai tendu le casque, il m'a attiré vers lui. Nos visages étaient dangereusement près.

- Bon et bien à une prochaine? me demanda-t-il plein d'espoir.

- Pourquoi pas, déclarai-je en lui souriant sincérement.

Il m'a sourit avant de se pencher un peu plus. Pendant un petit instant de rien du tout, j'ai cru qu'il allait m'embrasser. Et c'est ce qu'il a fait! en un sens... Il m'a embrassé sur la joue.

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