Chapitre 44
Dana:
Je suis engloutie par une tonne de travail depuis plus de trois semaines. Ok, Suzanne me le fait payer. Enfin pas vraiment Suzanne mais plutôt Will. Je le hais. Il me hais. C'est génial. Je rentre chez moi à 23h pour revenir à 6 heure du matin. Une fois, je me suis même endormie sur mon bureau tellement il était tard et que je n'avais absolument pas la force de rentrer chez moi. J'aimerai lui dire qu'il est un tyran prétentieux mais je ne peux pas. Je dois tenir ma langue. Le pire, je pense, c'est de le voir se pavaner toute la journée devant toutes les filles du bureaux. Elles le dévorent toutes des yeux et font toutes ce qu'il dit. Aujourd'hui, j'ai profité de son absence pour décompresser. J'aime travailler en musique et lui, il ne veut pas. Probablement pour me faire chier. Il dit que ça le déconcentre. J'ai pris mon téléphone et j'ai mis en route ma playlist. Wannabe des Spices Girls. Rien de mieux que pour s'ambiancer. Au rythme de la chanson, je me suis levée de mon petit bureau qui est situé juste à coté de son grand bureau de big boss et j'ai commencé à bouger des hanches tout en rangeant mes affaires. J'ai déposé les articles qu'il devait revoir sur son bureau, j'ai jeté les papiers inutiles dans la corbeille et j'ai même fait le ménage. Au fil du temps et des musiques qui passaient, je me suis mise à chanter. Forcément, après la danse vient le chant. J'ai commencé à chanter sur le refrain de la musique de dirty dancing quand je me suis retournée et que j'ai vu Will, adossé à la porte avec un sourire en coin sur la bouche. Et merde. Apparemment, il est rentré plus tôt. Je lui ai immédiatement fais mon plus beau sourire en essayant de cacher ma gène pour éviter qu'il ne m'engueule.
- Je suis désolée, déclarai-je en me dépêchant d'éteindre la musique.
Pourquoi faut-il qu'il rentre plus tôt monsieur j'aime avoir du retard? Il m'insupporte. Et son sourire m'énerve. Il s'est approché de moi, lentement, comme s'il s'approchait d'une proie.
- Tu faisais toujours ça avant, dit-il en plongeant son regard brun dans le mien.
- Comme quoi, je n'ai pas changé.
Il s'est encore approché de moi. Dans ma tête, il y avait une lumière qui clignotait et qui disait "ALERTE", "ALERTE". Pourtant, j'étais incapable de bouger. Il a tendu le bras et... il a saisis un dossier derrière moi. J'étais presque sure qu'il voulait m'embrasser. Ou peut-être que je me faisais des idées?
- On a encore beaucoup de travail, soupira-t-il. Tu n'as rien de prévu pour ce soir?
- Nada, soupirai-je de soulagement.
Et je me suis rassise à mon bureau et j'ai recommencé à écrire ou à corriger tous ce que je pouvais en allant le plus vite possible. J'avais hâte de rentrer chez moi pour enfin dormir et ne plus voir Will. Ca me mets mal à l'aise de travailler avec lui, étant donné notre passé... Je mettais toute ma concentration et mon énergie a tapé le plus vite possible sur mon clavier en ne faisant pas attention aux regards qu'il me lançait. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas de ce regard. Ca me fais sentir coupable.
Je ne m'étais pas rendue compte qu'il faisait nuit jusqu'à ce que Will se lève pour descendre les volets. Il m'a fait peur. Je l'ai foudroyé du regard quand il ne me regardait pas puis je me suis remise à taper sur mon clavier. J'étais hyper concentrée. Puis on a toqué à la porte et Stéphanie, une secrétaire, est entrée avec un paquet dans les mains. Elle lui a fait un grand sourire en faisant exprés de poser sa main sur la sienne lorsqu'il a attrapé le paquet avant de sortir en roulant du boule. Etrange que Will ne l'ai pas maté, il le fait toujours d'habitude. Will est très prévisible pour moi. Il reste toujours ici, il demande toujours un café allégé sans sucre le matin et du thé vert le soir, il fronce toujours des sourcils lorsque je fais une gaffe ( souvent quoi)... Il ferme aussi toujours les volets à vingt heures ( même si il ne fait pas encore tout à fait nuit), il desteste la musique (incompréhensible), il ne se gène pas pour mater toutes les fesses des secrétaires...
- T'as faim? me demanda-t-il en sortant de son paquet des sachets.
- Un peu, dis-je plissant des yeux.
Il a marché jusqu'à moi et m'a tendu un sachet.
- Tiens.
J'ai du le regarder bizarrement parce qu'il a dit:
- Je ne vais pas t'empoissonner!
J'ai ris nerveusement pour paraitre plus décontracté mais je suis sure que j'avais l'air encore plus coincé. J'ai fini par prendre la sachet. J'avais trop faim. J'ai marmonné un merci avant de sortir un hamburger, une boisson et un brownie du sac.
- Je t'ai pris ce que tu aimes. Enfin, ce que tu aimais à l'époque, dit-il en passant sa main dans ses cheveux.
Pendant une seconde, j'ai cru voir Dimitri. Il se passait toujours sa main dans les cheveux quand il était nerveux.
- C'est très bien merci, le remerciai-je en me concentrant sur mon écran.
J'étais prête à reprendre mon travail lorsque Will a poussé l'écran de mon ordinateur pour m'empécher d'écrire. Il a manqué de m'écraser les doigts ce con!
- HEY! hurlai-je en le foudroyant du regard. Ca va pas dans ta tête? T'aurais pu me coincer les doigts!
- Arrête un peu ton cinéma! s'exclama-t-il en levant les yeux au ciel.
- Pardon?
- Je sais que tu te concentres dans ton travail juste pour éviter de me regarder, déclara-t-il en souriant.
- Tu plaisantes? ricanai-je.
- Absolument pas.
On s'est défié du regard quelques instants.
- J'aimerai t'inviter à diner, lâcha-t-il. Sur mon bureau.
- Hors de question, refusai-je. J'ai du travail.
- Donc tu serais prête à me laisser manger un hamburger tous seul? dit-il en levant des sourcils.
- Oui.
Il a soupiré avant de prendre son sachet, le poser sur mon minuscule bureau en virant la plupart de mes affaires. Il a fait rouler sa chaise de bureau et il s'est assis en face de moi pendant que je le regardais. Il est grand, svelte et lorsqu'il s'installe, ses jambes touchent les miennes. Il a ensuite poser ses deux mains sur mon bureau et m'a dévisagé en fronçant des sourcils.
- Arrête de me remballer dés que j'essaie d'être sympa avec toi.
- Tu es trop têtu, lui fis-je remarquer en fronçant des sourcils. Quand une fille te dit non, c'est que c'est non.
- J'essaye de gérer cette situation au mieux, soupira-t-il. Je n'ai pas choisi...
- Je sais, le coupai-je. Personne n'a choisi mais pourtant, on est obligé de travailler ensemble. Peu importe ce qu'il s'est passé entre nous avant.
Il poussa un long soupir de tristesse et il me fait de la peine. Il remonta ses lunettes sur l'arrête de son nez avant de m'observer. Pitié, je ne veux pas qu'il me regarde avec tant de mélancolie. Avec tant de tristesse. Je craque. Je me retiens de dire quelques choses depuis plus d'un mois! La Dana de Grèce revient et elle explose.
- Arrête , dis-je en serrant les dents. Arrête de me regarder comme ça.
- Pourquoi? demanda-t-il en se redressant.
- Tu me regardes avec trop d'émotion Will.
- Et comment je te regardes? me demanda-t-il en plongeant son regard dans le mien, à nouveau.
- Tu me regardes avec trop de tristesse, trop de souvenir...
- Que de bon souvenirs. Je me souviens de toutes nos sorties du vendredi soir, de notre premier rendez-vous, de tous nos dimanches où tu passais ta matinée allongée dans mon lit, ta tête sur mon torse... J'aurais pu t'écouter parler des heures.
Je le dévisage quelques instants. Tous ça, tous ses souvenirs, nos souvenirs... ca remonte à plus d'un an. Pourquoi m'en reparler maintenant?
- Tu te souviens de la fois où on a été au zoo et qu'un lama m'avait craché dans la gueule?
J'éclate de rire en repensant à ce souvenir. C'était une sortie familiale avec la famille de Will. On avait emmené sa nièce voir les lamas et il n'arrêtait pas de faire des grimaces au lama pour nous faire rire. J'ai faillis faire pipi dans ma culotte lorsque Will a reçu un énorme cracha dans la tronche. Je me suis moquée de lui pendant un mois. C'était un de mes meilleures souvenirs avec lui. Will m'observait avec curiosité.
- Quoi? demandai-je en redevenant petit à petit sérieuse.
- Ca fait du bien de t'entendre rire...
Et je m'étouffe comme une idiote parce que je crois deviner où il veut en venir. Alors il se lève et il vient se tenir à mes cotés. Il pose sa main sur mon dos et je ressens ce simple geste comme une brulure. Je reprends peu à peu mes esprits et je saisis ma bouteille d'eau pour la boire complétement. Will s'agenouille à coté de moi et je fais de mon mieux pour ne pas paniquer.
- Pourquoi me parler de ce qu'on a vécu ensemble maintenant? demandai-je en le regardant droit dans les yeux.
- Je crois que je me suis rendu compte de ce que j'avais perdu, dit-il en baissant la tête.
- Tu n'as rien perdu Will, murmurai-je en regardant mes pieds.
- Tu te fiches de moi! s'écria-t-il. J'ai perdu la femme que j'aime...
Il attends que je dise quelques choses mais je ne le fais pas. Rien ne sort. En même temps, comment pourrai-je lui expliquer que je n'étais pas prête à me marier? Je n'étais pas prête à vivre toute ma vie avec lui. Je l'aimais, bien évidement. Je pense seulement que la peur de l'engagement à prit le dessus.
- Du jour au lendemain, tu as commencé à me fuir, continua-t-il. Tu as changé de service et je suis pratiquement sure que tu faisais exprès de ne plus aller aux même endroits.
Je détourne le regard et il sent rend bien compte parce que, gentiment, il me prends le menton pour m'inciter à regarder ses beaux yeux bruns.
- Dana, le soir de ma proposition, j'ai essayé de te rattraper mais je ne t'ai jamais retrouvé. J'ai respecté ton choix. Je n'ai pas cherché à te suivre partout en quête d'une réponse. J'ai été patient et j'ai gardé mes distances du mieux que je pouvais même si, quelques fois je te l'avoue, j'ai eu du mal. Tu me manquais follement. Tu me manques toujours.
Des larmes incontrôlées coulent le long de mes joues. J'en ai encore? Etonnant. Will les essuie de son pouce et je ne peux m'empêcher de poser ma tête sur son avant-bras. Je suis si fatiguée... Pourquoi ai-je l'impression d'être maudis en amour?
- Donne-moi une réponse, me murmura-t-il. Dis-moi pourquoi tu m'as quitté.
- C'est... j'avais peur de l'engagement, avouai-je promptement.
Will ouvre grand les yeux de surprise.
- Rien que ça?
- Et... je crois que je n'étais pas sur de savoir "si tu étais le bon"...
J'ai lu la tristesse dans son regard et je m'en suis voulu de lui avoir dis la vérité. Enfin, je m'en suis un peu voulu parce que ça m'a quand même fait du bien. Il a enlevé sa main de mon visage et j'ai senti une sensation de froid. Il s'est redressé avant de me regarder de haut.
- Je l'aurai compris, soupira-t-il.
- J'avais besoin d'espace! m'exclamai-je en me relevant précipitamment.
On était très près. Peut-être trop près. Je sentais son parfum. Je voyais que ces lunettes étaient trop sales. J'entendais sa respiration haletante.
- Et je te l'ai donné! s'exclama-t-il sur le même ton que moi. Maintenant, il est temps que tu saches.
Il s'arrèta un instant. Cet homme a déclenché ma curiosité.
- Que je sache quoi?
- Que je t'aime toujours. Que je t'aimerai probablement toujours comme tu m'aimes.
- Je t'ai aimé, corrigeai-je. Maintenant, c'est compliqué.
- Qu'est-ce qui est compliqué?
Je le dévisageais parce que, pour moi, tout le monde était au courant. Mais non! Personne n'est au courant de ce qui s'est passé avec Dimitri parce que personne ne sait qui il est à Paris. Personne ne sait ce que j'ai vécu là-bas. C'était mon secret. J'ai caché Dimitri comme on cache un secret. Seulement, je ne l'ai pas caché par honte mais parce que penser à lui est tout simplement une torture. Je n'ai aucune nouvelle de ma famille et je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui chaque jour qui passe.
- Qu'est-ce qui est compliqué? répéta-t-il.
- L'amour.
Il me dévisageait avec insistance et, sans que je le vois venir, il se pencha pour m'embrasser. Ses lèvres avait le gout du café, exactement comme autrefois. Sans que je fasse attention, les miennes ont répondu à son baisé. Surement par pur reflexe. Il a posé ses mains sur mes hanches et j'ai eu des frissons. Ca fait pratiquement un mois que personne ne m'a touché... Il dépose une ligne de baiser sur ma mâchoire avant de descendre dans mon cou. Ma petite fleure et mon cœur qui bat à la chamade m'indique que je veux plus. Que je veux m'abandonner à Will. Mais mon cerveau m'envoie des signaux d'alertes très fort. Il me fait repenser à Dimitri et là... j'éclate en sanglot. Je pose ma tête sur le torse d'un Will en pleine incompréhension.
- Je n'aurai pas du, admit-il.
Il est tellement courtois. Tellement gentil. Je pleure encore plus. Je pleure comme un véritable bébé. Même si Dimitri et moi on est plus ensemble, j'ai l'impression de l'avoir trahis. Je me sens coupable. Je me sens encore plus coupable lorsque Will me prends dans ses bras. Toute la tristesse et la solitude que je refoule depuis que je suis arrivée, je la laisse jaillir et je pleure toutes les larmes de mon corps sur le torse de mon ex-fiancé. Je suis pitoyable.
- Je n'aurai pas du t'embrasser si j'avais su que ça te mettrai dans tous tes états. J'étais si mauvais que ça?
Sacré Will. Toujours entrain d'essayer de plaisanter lorsque les gens vont mal pour essayer de leur remonter le moral. Je me suis détachée de lui pour sécher mes larmes. Il garda ses mains posé sur mes hanches. Je me dois d'être honnête avec lui.
- Je... J'ai rencontré quelqu'un en Grèce, lui annonçais-je en évitant de le regarder droit dans les yeux.
- TU QUOI?
Il retira ses mains. Il recula sous l'effet de la surprise, une main posé sur son front.
- Tu... tu aurais pu me le dire avant non!
- On est plus ensemble lui et moi. C'est juste que... je pense toujours à lui.
La douleur dans son regard me déchira la poitrine. Mais Will sera toujours Will. Il est retourné s'asseoir à son bureau en décrétant qu'il avait des choses à faire. J'ai fait pareil que lui après m'être mouché et avoir séché mes larmes.
- Comment il s'appelle? me demanda-t-il tout en gardant son regard rivé sur des documents.
- Qui? demandai-je bétement d'une petite voix.
- Le grec.
- Dimitri. Il s'appelle Dimitri.
Ca me fit mal de dire son nom à voix haute.
- Pourquoi tu me demandes ça? demandai-je méfiante.
- Je voulais juste savoir le nom de mon rival.
Je suis partie lorsque Will est allé au toilette. Je lui ai laissé un mot sur son bureau. Je n'en pouvais plus. Est-ce que se soir, une part de moi, celle qui aimait Will, s'est réveillé? Peut-être pendant un court instant. Pourtant, je ne veux pas de relation avec lui. Will Blunt est l'homme le plus riche et le plus sexy de la boite. Il a été mon homme avant. Pourtant, je ne veux pas de lui. Je veux quelqu'un d'autre. Malgré que mes sentiments s'embrouillent en moi, je suis certaine de vouloir de Dimitri. Je le veux plus que tout maintenant. J'ai couru jusqu'au parking et j'ai démarré ma voiture en trombe. J'avais peur que Will me suive comme il l'a fait à une époque.
Lorsque je suis rentrée chez moi, mon cœur battait à toute allure. J'ai pris quelques minutes pour souffler avant de jeter mon sac. J'ai été dans ma cuisine et j'ai débouché la bouteille de vin qui est là en cas de cafard. On peut dire que là, j'ai un énorme cafard et que c'est l'excellent moment pour la boire. Je me suis donc servis un verre et j'ai regardé mon courrier. Pub, pub et une lettre. Une lettre? J'ai aussitôt saisis l'enveloppe bleu et blanche pour la lire.
Dana Papopoulos,
Paris.
Chère Dana,
Vous êtes invitée pour le baptême du petit Côme
qui se déroulera le dimanche 6 Novembre
à l'église du magnifique village de
Khalos.
Merci de confirmer votre présence à la famille.
Rendez-vous à 9h30 devant la maison pour
la marche traditionnelle jusqu'à l'église.
J'ai poussé un long soupir plaintif et j'ai jeté la lettre loin de moi. A quoi ça sert de m'envoyer une invitation alors que je suis bannie et reniée par mon père qui est toujours, à ce que je sache, le grand-père de Côme et le maitre de ma maison d'enfance! Je ne pourrai jamais me présenter là-bas. Je n'en aurai probablement pas la force... Je me suis levée et j'ai ouvert l'armoire de mon salon où traine toutes les lettres et courriers que j'ai reçu. Je mets habituellement ici, les lettres dont je ne suis pas sûre de répondre. Il y en a qui attendent toujours une réponses malgré les années qui passent. Je les ai repéré immédiatement. Le cahier de Rosalie! Ca fait un mois qu'il traine dans ma vielle armoire. Je les avais complétement oubliés. Je les ai pris et je me suis installée sur le canapé. Même si sa ne sert plus à rien de les lire pour Dimitri et moi, je vais quand même le faire par curiosité et aussi pour voir si j'ai raison après tout. Est-ce que Dacha a réellement tué Agnès? Où est-ce que c'était quelqu'un d'autre? J'ai bu une gorgée de mon verre de vin avant de me plonger dans ma lecture.
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