Chapitre 35
J'ai tenu à demander à Dimitri de ne pas venir ce soir. Je voulais en profiter pour réserver mes billets sur internet tant que j'étais dans le feu de l'action. J'ai prétexté être fatigué. Il m'a invité à venir chez lui demain. Personne ne sera chez lui et tant mieux. Je tiens à lui dire dans le plus grand calme que je vais partir. Je tiens à lui proposer de venir avec moi et j'espère de tous cœur qu'il acceptera. Après tout, il m'a lui même avoué vouloir partir... Après avoir trouvé les derniers billets pour le vols de demain ( en première classe mesdames et messieurs), je suis parti me coucher. Enfin, me coucher est un grand mot. J'avais beau être crevé, je n'ai pas pu fermer l'œil de la nuit. Je suis angoissée. J'espère vraiment qu'il acceptera.
J'avais programmé mon réveille à 8 heure et je l'ai aussitôt regrettée. Pourquoi si tôt? Je suis encore en vacance après tous et j'aurai aimé pourvoir dormir... Mais bon. Si je n'avais pas mis mon réveil, j'aurai probablement entendu la radio que met chaque matin Pedro et j'aurai été réveillé de toute façon. Alors je suis sortie de ma chambre pour tomber nez à nez avec un Pedro qui était entrain de danser avec un balais. On s'est regardé tous les deux pendant un moment, bouche bée. Lui parce qu'il vient de se faire prendre et moi parce que je suis outrée qu'à son âge il puisse aussi bien se déhancher à son âge. Puis il pose le balais dans un coin avant de baisser le son de la radio.
- Il faut vraiment que tu te trouves quelqu'un, soupirai-je en m'asseyant à table.
- Et toi que tu apprennes à te servir ton petit déjeuner toutes seules! riposta-t-il en déposant mon assiette de taost en face de moi avant de ma taper sur la tête.
- Hey! Merci.
Pour ma défense, je ne sais pas où se trouve tous ces trucs dans sa maison. Ca fait quoi, une semaine que je suis ici? Alors désolé, mais je ne sais pas où se situe les assiettes, les serviettes, les verres... Bon, oui j'exagère. Mais on m'a pas chouchouté depuis longtemps! Je ne suis plus une petite fille et la dernière fois qu'on m'a fait mon petit-déj c'étais il y a plus de dix ans! Alors, oui j'en profite mais tant pis. Je ne le ferai plus voilà... J'ai levé les yeux aux ciels avant de manger petit à petit mes toasts. Le stress me broyait l'estomac. J'ai entendu la chaise grincer et j'ai compris que j'allais avoir une petite conversation de bon matin avec Pedro. Le pauvre, il va vraiment découvrir que je suis de très mauvaise compagnie. Etant donné que j'ai mal dormis, je ne serai pas en mesure de faire un effort de politesse.
- Alors? Comment tu vas lui annoncer? demanda Pedro tout en se servant un verre d'eau.
- Je vais aller chez lui. Je vais faire d'habitude puis ,avant de partir, je lâche la bombe.
- Tu connais la diplomatie?
- Bien sur que je connais la diplomatie! Mais Dimitri a beau être fort, il faut que je lui dise en vitesse. C'est comme si on arrachait un pansement de la jambe d'un petit très vite...
- Et si il refuse? suggéra-t-il.
- Je ne pense pas qu'il le fera.
- Mais si il le fait? me coupa-t-il. Je ne veux pas te faire peur mais je te repelle que ce garçon va te briser le cœur et...
- Ah non! le coupai-je. Tu vas pas encore me rabâcher cette histoire sur les femmes maudites de ma famille! Pedro, pas ce matin s'il-te-plait. Je sais que tu t'inquiètes mais je sais qu'il dira oui. La dernière fois que je l'ai laissé seul, ça a tourné à la catastrophe.
- Très bien! soupira Pedro en levant les mains en l'air en signe de soumission. On verra bien après tout. Mais j'ai une dernière question...
- Vas-y, dis-je en buvant une gorgée de café turque.
- Est-ce qu'il t'aime?
- Je suppose que oui...
Avant d'y aller, je me suis fais belle. Je me suis maquillée et j'ai enfilé une des plus belles robes que je possédais. J'ai attendu qu'il m'envoie un texto pour me dire si la voit était libre avant d'y aller pour midi. J'ai emprunté le vélo de Pedro ( un vieux vélo qui a les pneus tous dégonflés mais bon, on fait avec ce qu'on a) pour m'y rendre. Heureusement que la route est un peu prés stable jusqu'à chez lui. Faire du vélo sur cette bicyclette c'est comme chevaucher un taureau en colère. C'est instable et je peux me casser la gueule à tous moment. Mais j'y suis arrivée. Et en plus, je n'ai croisé personne. Il n'y aura pas de ragot sur moi dans le village ce soir. J'ai poussé la porte d'entrée et j'ai toqué à l'arrière. Dimitri m'avait demandé de ne surtout pas sonner demain. Je contemplai la jardin lorsque j'ai vu... un âne. C'est typique dans la région. Y en a partout. Ils sont surtout utilisés comme attraction, comme attrape touriste ou comme aide aux champs. Mais pourquoi il y a-t-il un âne dans le jardin de Dimitri? Cet âne venait vers moi. J'ai monté les escaliers à reculons et j'ai tambouriné plus fort sur la porte. Hors de question que cet animal m'approche. Je ne les aime pas. J'ai pratiquement vécu avec ces animaux car un de mes oncles avaient comme travail de faire visiter la région au visiteur à dos d'âne avant qu'il ne fasse faillite car il a été conduit en justice à cause d'un village qui se plaignait de la puanteur des crottes d'ânes. J'ai hurlé plusieurs fois son nom, l'âne approchait doucement mais surement vers moi, et il est apparu derrière le grillage de protection de la porte. Il s'est appuyé sur la bord, torse nu, les bras croisés sur ses biceps, contractant ses muscles. Il portait un affreux jean délavé en bas des hanches avec des tongs.
- Vous êtes en retard mademoiselle Papopoulos, dit-il en fronçant des sourcils.
- Quoi? Pas du tout. Laisse-moi entrer s'il-te-plait.
Je ne suis pas vraiment en retard. Peut-être d'une petite dizaine de minutes, ok. Mais pour ma défense, être à l'heure n'a jamais fais partis de mes qualités.
- Mot de passe.
- Mot de passe?
- T'as bien entendu! s'exclama-t-il fière. Alors?
L'âne était à présent juste derrière moi.
- Ok. Laisse-moi entrer car ton âne va me renifler me derrière?
- Oh non! Ne t'inquiète pas pour ça. Tu n'es pas le type d'Alfred. Il préfère les femmes plus poilus.
J'ai senti son museau me renifler les chevilles.
- Ok. Laisse-moi entrer Dimitri. L'homme le plus beau de la terre et que j'aime de tous mon cœur?
J'ai fermé les yeux lorsque le museau d'Alfred ( drôle de nom pour un âne mais bon) a commencé à me renifler la cuisse. J'étais paralysée mais Dimitri m'a sauvé à temps. Il m'a tiré par la main et m'a attiré vers lui juste à temps. Il m'a caressé la joue avant de me demander d'ouvrir les yeux. Et je suis tombée sur son regard vert intense.
- Tu croyais vraiment que j'allais laisser Alfred te sentir? Tu es trop jeune pour lui et... il n'y a que moi qui ait le droit de te sentir.
Il a déposé un baiser dans mon cou avant de remonter sur ma mâchoire puis de déposer un doux baiser sur mes lèvres. J'ai posé mes mains sur sa poitrine avant de le regarder dans les yeux. Il est tellement craquant. Comment vais-je lui dire?
- Viens, déclara-t-il en me prenant par la main. Je t'ai préparé à manger.
- Vraiment?
- Bien sur! Mon plat digne de plus grand chef étoile de Grèce doit être un peu froid maintenant...
- Sache que tu as de la chance car j'ai déjà été bien plus en retard...
Il pose sa main sur mon épaule et je m'arrête de parler. Il me tire ma chaise et comme un vrai gentlemen, il me demande de m'asseoir. Il m'embrasse ensuite sur la joue avant de tirer la chaise pour me laisser prendre place. Puis, il me sert son merveilleux plat préparé avec amour (des spaghettis) avant de s'installer en face de moi. Je dévore son plat sans faire remarquer que je m'en mettais partout, ce qui a bien fait rire Dimitri. Mais bon! Les spaghettis c'est mon péché mignon. Ca l'est depuis que j'ai été en vacance avec une amie à Rome.
- Ca t'as plu? me demanda-t-il hésitant.
-Les meilleurs spaghettis que j'ai jamais mangé!
Il m'a souri et son sourire me donna envie de voler. Je me suis reservie deux fois et, une fois fini, je n'en pouvais plus. Il me proposa toutes sortes de dessert mais je ne pouvais plus rien avaler. Si j'avalais un seul petit aliment, j'allais exploser. Il m'a ensuite proposé si ça me disait de regarder un film. Evidement, j'ai dit oui. Je l'ai aidé à débarrasser et on a ensuite dû faire un choix. On hésitait entre Batman et Forrest Gump (inutile de préciser qui voulait regarder le film d'action). Mon argument était que j'allais passer tous ce temps à admirer les muscles de Bruce Wayne interprété par le magnifique Christian Bale si jamais on regardait Batman. Ca a très bien fonctionné car Dimitri était jaloux ( et oui! même d'un acteur hollywoodien que je n'ai jamais vu de ma vie). Il a donc mis en route le film qui qualifie de" cucu la praline". Il s'est ensuite allongé dans le canapé et il m'a invité à venir m'installer près de lui. Je n'avais pas remarqué que j'étais rester debout. J'ai enlevé mes chaussures et je me suis allongée devant lui. Il s'est collé à moi et il a enveloppé mon buste dans ses bras. Il me tenait incroyablement chaud. Les minutes passèrent et je suis passée par toutes sortes d'émotion, comme à chaque fois que je vois ce film. Je suis en colère contre le capitaine Dan parce qu'il est pas tendre avec Forrest. Je suis toujours autant surprise quand je comprends que Buba meurt. Je suis quelques fois agacée par les étourderies de Forrest. Je fais mes propres commentaires pendant le film ce qui fait beaucoup rire Dimitri. Il dit que je suis "trop impliquée" parce que ce n'est justement " qu'un pauvre stupide film hollywoodien". Puis la scène fatal arrive. Je vois Genny partir. Elle laisse Forrest, qui est éperdument amoureux d'elle depuis le début, et elle fuit. Et là, j'ai craqué. J'ai commencé à pleurer. J'ai essayé de pleurer discrètement pour pas qu'il ne m'entende mais non, il l'a senti parce qu'en voulant me contrôler, je faisais des petits sauts.
- Dana! Qu'est-ce que tu as?
Je n'ai pas répondu alors il m'a soulevé pour me poser sur lui. Une main me caressait les cheveux tandis que l'autre caressait mon dos. J'avais l'impression d'être un gros bébé.
- Faut pas pleurer pour ce navet tu sais! s'exclama-t-il en riant nerveusement.
- C'est... pas ... pour ... ça, sanglotai-je.
- Tu peux tous me dire bébé, dit-il d'une voix douce. Juste, t'es pas enceinte?
- Non! m'exclamai-je agacée.
- Bon, c'est déjà ça. Tu es triste à cause de ta famille?
- Promets-moi de le prendre bien.
- Dis, m'ordonna-t-il en fronçant des sourcils.
- Promet d'abord.
- Je te le promets. Maintenant dis-le moi, s'il-te-plait. Tu commences à me faire peur.
- Je... j'avais démissionné avant de venir ici, avouai-je.
- C'est pour ça que tu étais surprise à la boutique d'Ida! s'exclama-t-il en riant.
J'avais l'impression que c'était passé à une autre époque.
- Je... ma patronne a appelé. Elle a proposé de me réengager.
- Dis que tu n'es pas intéresser.
- Mais...
- Tu as accepté? dit-il sur un ton irrité.
J'ai détourné la tête, incapable de le regarder pour voir le colère dans son regard. Mais il m'a saisis le menton et il m'a soulevé doucement la tête pour planter son regard dans le mien.
- Dis-moi que tu n'as pas accepté, dit-il d'une voix maitrisée. Je t'en supplie, dis-le moi.
- Dimitri, je...
Il a lâché mon menton avant de me soulever pour me poser par terre. Il s'est levé en prenant sa tête entre ses mains.
- Je t'en pris non! Non putain! hurla-t-il.
- Laisse-moi au moins m'expliquer! dis-je en m'approchant de lui. Laisse-moi au moins une chance...
- VAS-Y! rugit-il. Je suis curieux de savoir pourquoi! Tu t'ennuies ici? Je te fais chier?
- Ca n'a rien avoir avec toi! hurlai-je à mon tour.
Il faisait les cents pas dans la maison. On aurait dis un lion en cage.
- Alors c'est quoi? dit-il en me regardant dans les yeux. Le fric te manque? Ta ville de bourge te manque? Tu veux retrouver les autres parisiens à deux balles?
- Non! m'exclamai-je. Assied-toi, qu'on en parle calmement.
- Je refuse de m'asseoir pour parler calmement avec toi, dit-il en pointant son index sur moi. Tu sais que je t'aime, comme un fou même. Et depuis des années! J'arrive à t'approcher, à t'embrasser, à t'entendre m'avouer que tu ressens la même chose... pour quoi en retour? Pour que tu me dises que tu partes à des millions de kilomètres de moi?
- Dimitri...
- Tu m'as... Ma pire crainte était que tu partes, que tu te rendes comptes que je ne peux rien t'offrir de concret pour l'instant... et voilà. On y est.
Il s'est assis par terre, se mettant la tête entre les genoux. Je me suis approchée de lui et j'ai posé ma main sur son épaule bouillante. Immédiatement, il a relevé la tête et j'ai lu de la confusion dans son regard. De toute évidence, il ne sait pas si il doit me jeter dehors ou me donner une chance de m'expliquer.
- Dimitri, je n'ai jamais tenu à quelqu'un comme je tiens à toi, lui murmurai-je. Tu le sais très bien. Je t'aime et ça me tue de partir.
- Alors pourquoi tu le fais? me coupa-t-il en fronçant des sourcils.
- Parce que ici, il n'y a rien pour moi. Il y a toi, bien sur, me pressai-je d'ajouter sous son regard surpris, mais je n'ai rien à part toi. Je me suis brouillée avec ma famille, je n'ai pas de job ni de maison, ni de compte en banque à moi...
- Je nous achèterai une maison. Rien que pour nous deux, dit-il obstiné.
- Ce serait génial mais... tu ne comprends pas. Ma vie ici est fini depuis des années. Certes, y revenir quelques fois ne me gène pas mais seulement y revenir, pas y vivre. Ma vie est maintenant à Paris.
On aurait dis un petit enfant perdu. Il avait la tête penchée sur le côté et les sourcils froncés parce qu'il ne comprend pas ce que je lui dis. Ou peut-être qu'il ne veut pas comprendre. Alors je l'ai tiré doucement par le bras pour l'attirer à moi, espérant que ça lui ferait du bien. Il s'est laissé faire et il a posé sa tête sur ma poitrine. A moi de le réconforter maintenant.
- Je t'aime Dimitri, lui murmurai-je en l'embrassant sur le front.
- Mais ça ne t'empêche pas de partir, marmonna-t-il.
- Et pourquoi tu ne viendrais pas avec moi? lui proposai-je.
Il s'est relevé et il a recommencé à faire les cents pas dans la maison. Il réfléchit à ma proposition. Je l'ai regardé se torturer l'esprit pendant cinq bonne minutes avant qu'il se mette face à moi, son visage à quelques centimètres du mien. Il m'a caressé les cheveux en me regardant avec douceur.
- Viens avec moi, s'il-te-plait, lui demandai-je à nouveau en prenant sa main dans la mienne.
Il me fixait de ses yeux verts qui m'électrisent avant de détourner le regard et d'embrasser la paume de ma main.
- Je ne peux pas, lâcha-t-il.
- Quoi?
Ca ressemblait plus à un petit gémissement pathétique mais tant pis.
- Je ne peux pas laisser ma famille, dit-il en évitant de me regarder. Je ne peux pas les laisser avec mon père et il faut encore que je termine de rembourser ses foutus dettes et...
Il passa sa main nerveusement dans les cheveux avant de soupirer. Je déteste le voir aussi torturer. Alors j'ai pris son visage dans mes mains et je l'ai forcé à me regarder.
- Mais est-ce que tu le voudrais? lui demandai-je d'une petite voix. Tu voudrais partir avec moi?
Il m'a longtemps observé avant de me dire que non. Pas pour l'instant. Son refus m'a fait mal. Plus précisément, il m'a déchiré le cœur. C'est comme si il avait pris mon cœur et qu'il en avait fais des confettis.
- Reste, me souffla-t-il en me regardant avec tristesse. Reste avec moi...
Il a déposé un petit baiser dans mon cou avant de poser sa tête sur mon épaule.
- Non, dis-je en sentant mes larmes coulées. Je ne peux pas rester ici...
Il a relevé doucement la tête, me regardant avec un mélange de tristesse et de colère.
- Alors c'est fini? demanda-t-il.
- J'imagine que oui, soupirai-je en voulant sécher mes larmes.
Mais Dimitri m'avait devancé. On vient de rompre. Ca y est. Je n'ose pas lui poser la question de la relation a distance, moi même je n'y crois pas. Il a pris mon visage entre ses mains et à, avec son pouce, sécher mes larmes. Puis il s'est approché et il m'a embrassé. Ne vient-on pas de dire que c'était fini? Faut-il qu'il remue le couteau dans la plaie? Il s'est écarté pile au moment où je voulais qu'il continue.
- Un baiser d'adieu, expliqua-t-il face à mon regard rempli d'incompréhension.
Je l'ai regardé se lever et se passer la main dans les cheveux.
- Dana, j'ai besoin d'être un peu seul maintenant...
Sans dire un mot, j'ai récupéré mes affaires et j'ai remi mes chaussures puis je me suis dirigée vers la porte de derrière. Il a évité de me regarder et ça m'a fait mal car je n'aurai plus l'occasion d'admirer son magnifique regard maintenant. Lorsque je m'apprêtais à passer la porte, il m'a saisis le poignet pour me retenir.
- Dana, je te le demande une dernière fois, dit-il en regardant au dessus de ma tête. Reste avec moi. Je te comblerai de bonheur. J'achèterai une maison pour nous deux juste en face de la mer... je passerai tous mon temps avec toi, à t'emmener au quatre coin de la Grèce et je... je t'épouserai! Mais ne pars pas. Je t'en supplie. Tu es celle qui me remonte le moral. Tu es la personne qui me rends le plus heureux dans ma lamentable vie...
Cette fois-ci, il m'a regardé droit dans les yeux. Et lorsque j'ai vu qu'ils étaient tout humide, j'ai recommencé à pleurer. Je l'ai pris dans mes bras. Si je reste, il m'épouse? J'en rêverai. Devenir sa femme serait un véritable honneur. Mais me le propose-t-il seulement pour que je reste? Il aurait fini par me le demander spontanément? Car je vois que ce n'est pas spontané. Il a eu du mal à trouver ses mots. Je remarque en me détachant de lui que je l'ai serré beaucoup trop fort. Il avait des marques rouges sur son torse.
- Dimitri, dis-je dans un souffle en lui caressant la joue du dos de ma main.
A mon contact, il a fermé les yeux et serré la mâchoire. Puis il a posé sa main sur la mienne, comme si il voulait que je la laisse ici.
- Je t'aime, avouai-je. Tu le sais. Je serai honorée de devenir un jour, ta femme. Mais tu sais aussi bien que moi que tu me le proposes pas honnêtement.
- C'est faux, me contredit-il en fronçant des sourcils.
- Dimitri, si je reste ici, même avec toi, je mourrai à petit feu. Je risquerai d'étouffer car... ce n'est plus pour moi. Et tu te vois vivre ici avec moi en sachant qu'on nous regarderai mal à longueur de journée juste parce que nous sommes ensemble?
Il a ouvert les yeux et il a laissé ma main retombé, comme si son contact l'avait tout d'un coup brulé.
- Je m'en fiche de ce que pense ces connards. Et tu devrais en faire autant.
- Dimitri ne m'en veux, le suppliai-je les joues baignés de larmes.
- Va-t-en, dit-il avec dégout. Sors avant que je fasse ou ne dise quelques choses que je vais regretter.
Mon corps fut traversé de frisson. Il ne pourrait jamais me faire de mal. Jamais. J'ai sursauté lorsque son poing est venu se cogner au mur, juste au dessus de ma tête.
- Je t'ai dis de partir! rugit-il.
Je me suis collée au mur. Je plaquai ma main sur mon cœur et j'ai eu peur. Serait-il prêt à vraiment me faire du mal? Alors j'ai ouvert la porte pour sortir à reculons. Et j'ai vu son expression du visage changer lorsqu'il a regardé ses mains, surement surpris pas son geste. Je l'ai regardé une dernière fois et j'ai espéré de tout cœur qu'il me rappelle une dernière fois mais non. Il l'a refermé d'un grand coup. Je me suis accrochée au mur pendant quelques instants pour essayer de calmer mes pleures. C'était la pire rupture de ma vie. Soudain, je l'ai entendu. Il a poussé des cris semblables à ceux d'un animal blessé. Et j'ai sentis mon cœur se briser en deux. Je luttais contre mon envie de rentrer chez lui et de le réconforter du mieux que je pouvais. Mais je ne pouvais pas. J'ai refusé de rester, il a refusé de partir. Il faut que j'accepte qu'il n'y a aucune issue. Même si ça nous fait mal, il faut qu'on se laisse de l'espace et du temps. Au moment où j'ai trouvé la force de partir, ses cries ont redoublés du puissances et des bruits de casses sont venus accompagner tous ça. Comme si ça ne suffisait pas. Alors j'ai lutté et j'ai récupéré mon vélo. Je suis montée dessus et j'ai foncé jusqu'à chez Pedro.
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