Romance Chapitre 2
D'Artagnan sort en trombe de chez Constance, encore étourdi par l'aveu qu'il vient de faire aux deux personnes qui comptent le plus pour lui. Il ne sait plus trop ce qu'il doit faire, ni où se diriger, si ce n'est qu'il veut enfin dire toute la vérité à Athos. Mais comment lui annoncer sans s'attirer la colère la plus froide qu'il craint de devoir affronter ?
Au pire Athos l'enverra promener, mais au moins il en aura le cœur net, brisé en mille morceaux, mais il pourra cesser de s'interroger et surtout, d'espérer. Seulement, après cet aveu, et si l'homme rejette son amour, leur amitié aura-t-elle encore un avenir ?
Tout à ses pensées, d'Artagnan avance sans trop faire attention à l'endroit où ses pieds le portent. Et c'est ainsi qu'il se retrouve faisant face à Aramis sortant d'une taverne qu'il venait de fréquenter pour la soirée et attendant visiblement quelqu'un.
« Oh : Bonsoir d'Artagnan. Tu as l'air perdu, besoin d'aide ? » demande-t-il un doux sourire sur ses lèvres.
« Je dois trouver Athos. Quelque chose d'important à lui dire. » répond le gascon l'air un peu éberlué et encore plongé dans ses pensées.
Porthos arrive sur ces entrefaites et regarde, l'air amusé et fier de lui, achevant de porter sa bourse dans sa poche.
« Hum... excellente soirée ! Ah d'Artagnan. Viens fêter avec nous ma victoire ! » s'écrit le colosse.
« Non, je ... » commence-t-il à répondre
« Laissons-le tranquille. Il est déjà en retard » s'amuse ravi. Ses yeux brillent d'une lueur étonnamment joyeuse en se tournant vers Porthos, d'un air victorieux.
« Nous vous voyons ... demain, alors ! » sourit Porthos, ayant enfin compris.
Et le jeune homme poursuit sa route, un geste rapide de la main tout en s'éloignant, toujours distrait. Aramis attend un instant, retenant d'un geste Porthos et regarde leur ami marcher vers l'ombre de la rue.
« Je pense que tu me dois une certaine somme, Porthos » annonce Aramis tendant la main vers son ami.
« Attendons encore, veux-tu » grommelle Porthos.
Un pari lancé entre eux concernant une certaine romance entre d'Artagnan et Athos avait égayé une soirée, il y a peu encore. Une soirée passée à commenter les gestes de leurs amis, l'un envers l'autre, et se riant de leurs hésitations à admettre l'inévitable ; ils sont tombés amoureux. Aramis prenant les devants et se fiant à son âme romantique, avait assuré que le jeune homme serait le plus prompt des deux à reconnaître son amour pour l'autre. Porthos lui n'imaginait pas Athos laissant le jeune homme patienter éternellement ni ne résistant au plaisir d'être celui qui le surprendrait par son annonce.
En fin de compte, les pas de d'Artagnan l'ont conduit jusqu'à cette maison que ses trois amis occupent, non loin de la garnison mais qui leur évite d'être trop souvent dans l'agitation de l'hôtel. Un logement dans lequel il espère trouver Athos et vraisemblablement seul puisqu'il vient de croiser Aramis et Porthos à l'extérieur. Maintenant qu'il est devant la porte, sa main manque de fermeté et les doutes l'assaillent. Et si ... mais il a besoin de savoir. Alors, prenant son courage à deux mains, il lève son poing et frappe.
Des pas de l'autre côté de la porte annoncent qu'elle va enfin s'ouvrir. Son cœur bat la chamade et manque un battement ou deux en voyant Athos ouvrir lui-même. Son pourpoint ôté, il n'est qu'en chemise et pantalon. Il se posait enfin, profitant pour une fois d'une soirée paisible. Après un petit instant de surprise, Athos se recule le laissant entrer. Sa mine est maussade, comme toujours, et pourtant, dans le même temps, ses yeux semblent plus noirs que gris ce soir. Peut-être était-ce juste un reflet de la nuit environnante ou une impression mais d'Artagnan n'osait demander, de crainte d'une réponse qui serait un rejet immédiat.
Il entre et en expliquant :
« Je tenais à m'excuser pour mon comportement tout à l'heure. J'ai fui après t'avoir dit que ... je ... t'aime »
Mais Athos l'interrompt et l'invite à s'asseoir. Ses yeux ne sont plus noirs d'encre mais retrouvent cette teinte grise douce.
« Je comprends tes peurs. S'il nous arrivait d'entamer une relation et qu'elle était découverte, nous risquerions la peine de mort » répond-il avec douceur, les yeux tournés vers ses amins qu'il triture, seul indice de son malaise.
D'Artagnan craint d'avoir mal entendu et son regard ne peut quitter le visage de son ami. Il ne le repousse pas comme il le craignait, mais semble ouvrir une porte à laquelle il n'osait croire quelques instants auparavant encore. Prenant une grande inspiration, pour s'encourager, il poursuit sur sa lancée
« Quand je disais « je t'aime », je ne voulais pas parler d'un amour entre frères, mais d'un autre amour. Je ne sais si tu comprends mes sentiments pour toi ! »
Athos l'observe, non qu'il doute de ses propres sentiments à l'égard du jeune homme mais craignant de l'entraîner sur une chemin dangereux pour eux deux comme pour leurs amis, craignant de le blesser également.
« Tu sais que ce genre de relation est interdite. Si nous étions soupçonnés ou pire encore découvert, seule la mort nous attendrait » énonce-t-il, comme pour dissuader le Gascon. Mais son cœur, bien qu'il s'efforce de se maîtriser de son mieux, bat plus vite depuis que le garçon est entré dans la demeure.
« Oui, j'en suis conscient. Mais qu'importe ! Mo cœur a fait son choix et je ne saurai le contredire si je veux rester honnête avec moi. »
Mais ses yeux, soudain, s'assombrissent, son visage devient plus grave
« Si tu ne ressens pas les mêmes sentiments pour moi, je le comprendrais parfaitement. Et j'espère que malgré tout notre amitié n'en sera pas détruite, ni ta confiance en moi » hésite-t-il.
Ayant enfin dit tout ce qu'il avait à dire, ne parvenant pas à contrôler la fébrilité qui l'habite, d'Artagnan se lève et se retourne, pour quitter la maison. Mais cette fois, c'est la main d'Athos qui le retient, ferme et solide poigne qui l'oblige à lui faire face.
« J'ai préféré être franc et honnête avec toi. Mais puisque tu sais tout cela, alors laisse-moi te dire ceci ; je suis également amoureux de toi. Maintenant tu comprendras ma réserve et ma prudence. Elle nous implique tous les quatre.» prononce-t-il doucement, invitant son ami à ne pas abandonner son rêve, le cœur tremblant de pouvoir enfin se dévoiler, sa main se portant à son visage et ses doigts glissant sur sa joue.
Puis tous deux s'accordent enfin ce geste qu'ils n'osaient faire jusque-là, s'embrassant d'abord timidement puis avec plus de passion.
Ce qu'il advint ensuite ne regarde que ces deux amoureux, mais toujours est-il qu'ils sortir tous deux de la maison le lendemain matin pour se rendre à la garnison et que pour une fois Athos ne semblait pas avoir abusé de l'alcool.
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