Chapitre 5: La vérité

« Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume. » - Albert Camus

La nuit avait été longue pour les deux personnages principaux. Ils ne cessaient pas de penser à cette guerre inter-race de la nuit. C’était similaire à l’apocalypse dans leur tête. La raison de cette guerre était stupide. Juste exterminer le clan ennemi. On croirait entendre Hitler vouloir exterminer ce qu’il appelait la « sous-race ». Pourtant cet épisode de l’histoire s’est déroulé il y a longtemps. « Pourquoi ? » se demandaient les deux amants inlassablement. Ni l’un ni l’autre ne souhaitait cette guerre qui se fera meurtrière. Leurs pères avaient déjà contacté des clans de la même race à rejoindre leurs rangs, et nombreux sont ceux qui avaient accepté. Il y aura sans doute beaucoup de mort. Au fond, les vampires et les loups-garous n’étaient pas plus matures ou différents des humains. Eux aussi préféraient la guerre à la paix si douce et banale. Ils la désiraient tous. Mais pourquoi ? Ici, c’était bien sûr pour le pouvoir et la gloire. Les deux protagonistes l’avaient bien sûr remarqué. Des clans venus de plusieurs villes ou forêt du pays devaient venir rejoindre Capire ou l’Alpha chez eux. Ces deux là les attendaient avec impatience.

Baptiste entra tôt dans la chambre de Romain sentant qu’il n’allait peut être pas vouloir se réveiller aujourd’hui. La veille il était rentré au clan avec une tête de choqué. Et maintenant, il était assis au bord de la fenêtre, à contempler la triste pluie tomber. Son regard vide trahissait le fait qu’il avait vécu quelque chose de fort la veille. L’ami prit une chaise tout en regardant l’heure à l’aide de son Smartphone et s’assit à côté de Romain qui n’était pas décidé à quitté des yeux la place centrale du quartier qui définissait leur clan civilisé. Il semblait tracassé pour une multitude de choses dont des questions que même dieu ne saurait y répondre. Trop de confusion en un si jeune garçon. Il était trop jeune pour se soucier de la guerre. Et pourtant, étant le fils de l’Alpha, il était contraint à s’y intéresser. Pour le bien des siens. Pourra-t-il encore supporter autant de poids sur ses épaules ?

- Tu sembles ailleurs Rominou. À quoi penses-tu ?

Romain reprit ses esprits et lança un regard las à Baptiste.

- Je t’ai déjà dis de ne pas m’appeler comme ça.

Baptiste sourit victorieux d’avoir réussit à reprendre l’attention de son meilleur ami.

- Alors ? Qu’est-ce qui te fait cogiter autant ?

Romain détourna de nouveau son regard sans pour autant ignorer le loup-garou à ses côtés.  

- Je me demandais pourquoi mon père veut tant que ça faire la guerre ? Pourquoi notre clan n’apprécie pas les vampires et que c’est réciproque ? Pourquoi la fille que j’aime est un vampire ? Pourquoi je suis né loup-garou ? Pourquoi je n’ai pas le droit d’aimer les vampires ? Et pleins d’autres choses.

- Au final Julie est donc bien un vampire. . .

- Oui. Je l’ai découvert il y a peu.

- Oublie-la mec, je ne veux pas que ton père te tue parce que tu aimes une vampire. Ne la revoie plus. Ne lui reparle plus. Fait comme si tu ne l’avais jamais rencontré.

Romain secoua la tête, un peu triste de ce que venait de lui suggérer Baptiste.

-Désolé. J’en suis fou amoureux, je ne peux pas simplement l’oublier comme ça. Sa présence me maintient en vie. La faire disparaître de mon univers me tuerai.

- Peut être mais, tu le sais aussi bien que moi que cet amour ne sera accepté par aucun des deux clans.

Romain acquiesce un sourire amer.

- J’en ai bien conscience malheureusement.

- Romain ! Viens accueillir le clan de la forêt  ouest. héla l’Alpha après que la sonnette eu sonné.

Il se leva péniblement avec Baptiste et descendis les escaliers qui séparaient sa chambre et la salle de séjour. Un homme vêtu comme un pêcheur était assis dans le sofa. Un long tatouage allant du tour de son épaule droite à son cou formait un troupeau de loup galopant. À son odeur, on pouvait sentir que lui était l’Alpha du clan invité. Où était-il d’ailleurs ? Des têtes dépassaient curieusement de la fenêtre. Romain compris rapidement qu’ils étaient restés à l’extérieur.  Le « pêcheur » se leva en regardant entrer le jeun homme escorté par son meilleur ami et le salua. Ses cheveux débraillés n’en faisaient qu’à leur tête. Poivre et sel. Il avait de l’âge. Pourtant sa robustesse et son corps d’ancien athlète laissaient penser qu’il avait dans sa jeunesse les formes spectaculaires des statues gréco-romaines. Ses yeux d’un chocolat sombre montraient sa franchise que ne pouvait se ressentir que par son regard et non par son attitude. Il était maladroit et avait manqué de renverser sa tasse de café en se levant pour saluer Romain.

- Bonjour Romain. C’est donc toi le futur Alpha de ce clan.

- Oui. confirma timidement ce dernier.

- J’attends beaucoup de toi durant ce combat.

- Bien sûr.

Dire qu’il veut plutôt la paix avec les vampire devant son père à un parfait inconnu ne lui attirera que les colères du chef du clan humilié. Il se tut après cette rencontre et se décida à aller en cours.

Il n’avait pas suivit le conseil de son ami et s’est précipité heureux vers Julie qui été arrivée à la même heure que lui. Leurs regards en disaient long sur leurs sentiments qu’ils ressentaient mutuellement. Quelque chose qui leur formait d’agréables papillons dans le ventre. Une chaleur agréable dans leur esprit. Une légèreté idyllique.  Un désir indescriptible. Mais ils n’osaient toujours pas se confesser.  La peur que leurs sentiments ne soient pas réciproques.  L’un avait peur que leur différence de race allait repousser l’autre ou même l’amener à le haïr. Baptiste avait vu de loin leurs amourettes et n’était pas d’accord pour que la jeune fille amène à sa perte son pair.

Les cours du matin étaient presque interminables pour les deux amants. Romain dévorait des yeux la sublime Julie. Il adorait sa façon de se mouvoir. Elle était si gracieuse. Si belle. Si sophistiquée. Si parfaite. Si Julie. C’était une vampire tout de même. C’est pour cela qu’il s’était promis de ne jamais lui avouer sa vraie nature même s’ils venaient à sortir ensemble. Pour pouvoir rester avec elle. « L’amour avant la vérité » s’était-t-il dit bêtement.

Lorsque la mâtiné fut terminé, Romain chercha son meilleur ami dans tout le lycée. Mais celui-ci avait emmené la jeune Capire dans la cour du lycée, à l’abri des regards indiscrets. Elle semblait surprise de ce moment inattendu. Qui aurait cru que l’ami qui suivait à la trace Romain allait lui demander un moment d’intimité. C’était assez surprenant. D’ailleurs, elle n’arriver pas à déterminer ses intention. Son regard tout comme sa voix était grave. Ses beaux traits étaient froncés par la contrariété. À quoi pouvait-il penser ?

- Tu es l’ami de Romain. Baptiste c’est ça ? interrogea Julie en levant les yeux vers lui.

Il cessa de regarder avec méfiance les alentours pour se concentrer sur la jeune vampire. La défiait-il ? La méprisait-il ? Savoir ce qu’il penser n’était pas évident.

- Oui, affirma-t-il sèchement, et j’ai une demande à te faire.

- Qu’y a-t-il ?

Il jeté un vif coup d’œil à sa montre. Romain doit sans doute le chercher dans tout le bahut.

- Pour ton bien et pour celui de Romain, j’aimerai que vous ne vous voyiez plus.

Julie fut désorientée, déconcertée, abasourdie par cette demande déplacée. Elle en perdit presque ses moyens. C’est tout de même le meilleur ami de celui qu’elle aime qui lui demande ça. Peut être que celui-ci ne l’apprécie pas et n’approuve tout simplement leur relation pour une raison qu’elle ignorait.

- Je suis désolé. . . Ce n’est pas possible pour moi. Romain est bien trop présent dans mon cœur maintenant. Ne plus le voir serait comme ne plus revoir le jour.

« Ils se ressemblent »pensa Baptiste en se passant nerveusement la main dans les cheveux. Il ne pouvait  pas arrêter ce qu’il s’apprêtait à faire à cause d’une simple ressemblance. La vie de Romain était un jeu. L’Alpha lui ne retiendra pas ses coups. Faire face à sa fureur n’était pas si simple. Il se métamorphose sur le moment, grogne de façon à vous obliger à vous agenouiller devant lui. Si vous avez le malheur de résister il vous saute dessus pour vous mettre en position de soumission. Osez le regarder droit dans les yeux pour lui montrer votre fierté il vous crachera au visage, voire n’hésitera pas à vous arracher l’oreille ou l’œil. C’était un véritable monstre. Ce n’était plus un simple loup mais Cerberes des enfers. Le mieux était donc d’esquiver sa colère extrême.

- Votre relation ne sera jamais approuvée. Par personne.

Julie s’en douta un peu, mais pas pour la même raison que pense Baptiste. Elle supposait que comme le meilleur ami de celui qu’elle aime ne les approuvait pas, alors la famille de ce dernier n’allait pas non plus se forcer. Mais un espoir au fond d’elle espérait que ce ne soit pas le cas pour tous les Montarou.

- Comment peux-tu en être si sûr ?

Il ne pouvait plus se retenir. Quitte à se faire déchiqueter le visage par les doigts acérer d’un vampire. Il se devait de dire la vérité sur leur identité. Il le fallait, pour qu’elle puisse lâcher prise. Il leva le regard vers elle. Franc, comme il l’a toujours été depuis sa venue en ce monde.

- Parce qu’il est un loup-garou et toi un vampire.

Julie choqué trembla. Ce n’étais pas parce qu’il savait qui elle était vraiment mais plutôt parce que son amant n’était autre que l’un des membres de la race que haïssait plus que tout son père et sa mère. Désemparée, elle n’arrivait toujours pas à y croire. Elle ne voulait pas faire face à cette triste et dure réalité. Pour elle, ce n’était qu’un mauvais rêve. Mais la douleur qui lui fendait le cœur, les larmes venues du fond de ses yeux, ainsi que cette gorge nouée et oppressant ne pouvais mentir. C’est la réalité. C’est leur destinée. Elle étouffa ses cris du cœur, elle se pencha vers Baptiste qui accepta de se faire utiliser comme appui.

- Non . . . Pourquoi ? C’est impossible.

Sa voix tremblait. Un chat dans la gorge ? Une mauvaise grippe ? Non, c’était le destin qui la poignardait amusé. Ses paroles étaient presque incompréhensibles.

- Je suis désolé pour vous deux. eu pitié Baptiste.

Le cœur de Julie était comme transpercé, poignardé, étranglé, fusillé, brisé, torturé, mortifié. Pourquoi les dieux étaient-ils si cruels avec elle ? criait-elle au fond d’elle. Les dieux n’y étaient pour rien. Le marionnettiste était le destin qui aimait beaucoup s’amuser à les blesser. Il fallait que le mauvais sort tombe sur eux. Ce n’était pourtant que le début de leur tragédie.

Baptiste sentit en lui un sentiment de culpabilité. Il n’avait que repousser l’espoir de cette pauvre Julie qui espérait un avenir en compagnie de Romain. Il resta jusqu’à ce que cette dernière sèche enfin ses larmes, du moins, ce qui était encore apparent. Son esprit pleurait encore jusqu’à en déchaîner les océans comme le tableau de Hokusai La Grande Vague de Kanagawa. Ses yeux étaient rougis et gonflés ? Ce n’était pas très beau à voir. Autrefois les vampires ne devaient sans doute pas beaucoup pleurer pour rester en tout temps des beautés immortelles.

Julie avec le peu de joie qu’il lui restait, ces fragments qui se remuaient faiblement en elle, elle sourit à Baptiste et le remercia de lui avoir servi d’appui. Elle chercha à oublier Romain même par les moyens les plus futiles qu’une simple musique qui se répète dans la tête. Mais rien ne résolvait son problème. Elle l’avait trop aimé en si peu de temps. Il prenait déjà trop de place dans son esprit. Il était devenu la pièce manquante à son puzzle du bonheur. Sans ça, il ne sera jamais complet. Elle pensait à lui, rêvait de lui, n’aimait que lui. Il était devenu omniprésent. Sa droiture, sa gentillesse, sa générosité. Il était si bon. Mais il était un loup-garou. L’ennemi juré de son peuple. Pourquoi ? Personne ne savait vraiment pourquoi ces deux êtres de la nuit se détestaient, mais ce qui était sûr, c’est que l’un et l’autre ne pouvaient pas se voir en peinture.

Baptiste s’excusa, par culpabilité, par compassion, par nature et la laissa retourner dans le bâtiment du lycée.

Après plusieurs temps à se regarder dans la glace des toilettes, Julie se décida enfin à aller en cours. Il venait à peine de sonner. Les cours étaient comme à son habitude. Chacun avait sa petite vie, riait, souriait, étudiait. Romain se languissait toujours autant de Julie malgré ses questions incessante qui le hantait. Julie quant à elle faisaient n’importe quoi pour se l’ôter de l’esprit ou même l’éviter. Mais cela lui était presque impossible. Même si elle connaissait la véritable nature de Romain, son cœur ne pouvait s’empêcher de l’aimer. Elle souffrait le martyre. Elle était intérieurement en train d’agoniser. C’était trop douloureux pour elle.

C’est à la sortie des cours que le jeune homme compris que quelque chose ne tournait pas rond chez sa bien-aimée. Elle refusait de lui adresser la parole, de le regarder. Il avait mal. Cela se comprimait, s’oppressait à l’intérieur de sa poitrine. À la sortie du lycée il avait beau l’appeler, demander à ses amis de l’appeler, elle ne tournait pas le dos pour demander qui était l’auteur de ces appel suppliant. Elle l’ignorait à contrecœur et continuait de discuter avec banalité avec sa bande d’amis. Romain s’impatienta et couru vers elle pour lui saisir brusquement la main et l’emmener de force dans le parc habituel.

C’était presque une torture pour Julie. Ce lieu lui rappelait tant de chose. Même si ce n’avait était qu’un instant, elle avait passé un si bon moment avec son âme sœur. Il faut qu’elle l’oublie. Qu’elle efface tout de sa mémoire en un claquement de doigts. Romain insista pour qu’elle s’assît sur le banc et qu’elle l’écoute. Mais cela lui faisait encore plus mal. Sa présence, son regard, sa posture, sa voix, tout la troublait et la faisait chavirer.

- Pourquoi m’évites-tu ?

Elle ne répondit pas sous ordre de sa propre conscience, jusqu’à ce qu’il insista sur sa questions.

- Je. . . J’ai mes propres raisons. bégaya la jeune vampire.

- Mais moi je ne veux pas que tu m’évites !

Quelque chose d’indescriptible se secoua dans Julie. C’était chaud, chaleureux, choquant, vibrant, doux, froid, douloureux. Elle se sentait oppressée entre son cœur et la raison. Lequel devait-elle choisir ?  Elle s’était pourtant dit qu’il fallait écouter sa raison. Alors pourquoi hésitait-elle encore ? Tout cela était à cause de lui.

- Je ne veux pas être séparée de toi. avoua Romain en saisissant les deux mains de sa partenaire.

- Mais moi j’ai besoin de prendre mes distances. . .

- Pourquoi refuses-tu de me regarder dans les yeux quand tu me parles ?! hurla-t-il ce qui suscita le mouvement visuel de la demoiselle.

- Je pense que nous devrions ne plus nous voir à l’avenir.

- Mais pourquoi ?! s’impatienta Romain hors de lui.

- Parce que tu es loup-garou et moi un vampire !

Elle était à bout de souffle, aucun des deux ne trouvait quoi répondre. Elle se surprenait elle-même à avoir dit ça à haute voix. Il était médusé à l’idée de que celle qu’il aime connaisse sa véritable identité. Il s’était pourtant promis de la cacher et de ne rien révéler. Le regard des deux individus s’assombrit et Julie partie en première des lieux, au bord des larmes sans que Romain ne s’en aperçoive.  Elle claqua la porte d’entrée de chez elle et s’effondra devant celle-ci, faisant glisser son dos le long de la vitre teinté et grillagée de l’entrée.

- Julie c’est toi ?

Sa sœur arriva du salon, très bien habillée. Trop bien habillée pour qu’il n’y ait pas de raison derrière ça. Elle interrogea sa sœur du regard qui lui répondit automatiquement.

- Les vampires de l’ouest.

Elle sentit son cœur faire un bon car elle savait très bien qui vivait dans ce clan. Elle se frotta les yeux pour se redonner bonne mine. Elle se précipita vers le salon et vit les vampires. Son visage perdit rapidement ses traits joyeux pour les échanger avec un visage cérémonieux. Son père était présent tout comme l’ami et le clan de son ami, du moins, un partie de son clan, uniquement les hommes. Elle salua l’ensemble et osa questionner su l’absence de la personne qu’elle espérait voir. Son père la gronda pour son impertinence. L’ami sourit et calme les nerfs de son père qui comme toujours était plus sévère avec la plus jeune de ses filles.

- C’est tout bête. Il n’a pas pu venir à cause d’un idiot de rhume. Il était cloué au lit et arrivait à peine à poser le pied à terre sans chanceler. Même parler lui était impossible. Sans doute une mauvaise grippe. Mais en tout cas il était triste de ne pas pouvoir nous rejoindre rien que pour te revoir. expliqua l’ami.

- D’accord, merci beaucoup.  Je vais aller travailler. Bonne soirée. dit-elle avec une pointe de déception.

- Toi de même Julie. Je trouve que tu as bien grandi et que tu es devenue une très jolie jeune femme.

- Merci.

Elle gravit les marches jusqu’à sa chambre et posa son sac au pied de son lit. Elle leva les yeux inutilement vers le plafond et murmura en un souffle faible et inaudible :

- Je t’aime plus que ce n’est permis.

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