Chapitre 4: L'aube
« On a tort de parler en amour de mauvais choix, puisque dès qu'il y a choix il ne peut être que mauvais. » - Marcel Proust
Dès son réveille, Julie semblait pleine de vie, heureuse, joyeuse, enjouée, rayonnante, guillerette. Du moins, plus qu’à son habitude. Elle sifflait un air romantique entre ses lèvres arrondies par le mouvement. La jeune fille se tournait en boucle ces heures passées la veille en compagnie de Romain. - Quel bonheur ! Elle dansait sans s’en apercevoir dans sa chambre. Son visage souriant la hantait divinement. Et cet instant où leurs lèvres auraient pu se frôler la faisait rougir et battre son cœur plus fort. Caroline constatant que sa sœur cadette n’était toujours pas sortie de sa chambre alors que l’heure du début des cours approchait vint dans sa chambre.
- Julie, les cours vont bientôt commencer et tu n’es toujours pas prête ?
La jeune vampire s’aperçut rapidement que sa sœur avait raison. Mais la raison de sa vitesse d’habillage, maquillage et préparation du sac excessive était plus due à la raison qui la pousserait à aller en cours. – Elle allait revoir Romain. Elle termina enfin de passer ses cheveux dans le dernier tour d’élastique pour finaliser sa queue de cheval noir corbeau et dévala les escaliers en colimaçons en bois qui craquait ou grinçait à chaque pas. Elle prit son petit déjeuner à la vitesse de l’éclair, salua sa sœur, sa mère et son père qui lisait le journal dans le canapé et sortit de la maison. Les habitants du clan qui la connaissaient la saluaient de loin, elle leur répondait avec empressement décidée à ne pas perdre une minute de plus. Mais malgré ses faits et gestes pressants, elle en oublia son sac de cours. Trop tard. Elle est déjà arrivée devant la grille de son lycée. Comme une vacancière ou une touriste, elle ne portait rien au bras et voyait les autres élèves entrer le sac à dos sur une épaule ou le sac à main dans le creux du coude. Et ses amis n’aidaient en rien à reprendre sa couleur normal puisqu’elle avait les joues rouges pivoine. Pour une fois qu’elle faisait une gaffe, ils n’allaient pas laisser cette chance de la charrier. Romain arrivant sur les lieux remarqua à mille kilomètres à l’heure qu’elle était très embarrassée. Ce qui est naturel dans ce genre de situation si on a l’habitude d’être parfait au quotidien et à l’école. Elle semblait si pure et innocente à ses yeux. – Comment pourrait-elle être une de ces horribles créatures assoiffées de sang ? se demandait-il inlassablement en contemplant le visage de la sublime lycéenne. Il s’approcha d’elle, étrangement prudemment et lui demanda quel était son problème. Et comme unique solution au dilemme qu’elle venait de lui avouer, il lui proposa son bloc-notes ainsi que son stylo quatre couleurs. Un sourire timide ne montrant à peine ses dents s’afficha sur le visage détendu de Julie. Elle le remercia gracieusement et ils se dirigèrent ensemble avec leurs amis vers la salle de classe.
Lors du cours interminable d’anglais de ce prof ennuyant et binoclard, Julie comme ce matin ne faisait que penser à Romain. Cela semblait bizarre de l’extérieur, mais tenir ce stylo dans ses mains, appartenant à son bien-aimé lui donné un agréable sentiment de bien être.
- Tu veux que je te prête mon stylo aussi ? demanda amusée sa voisine de classe connaissant déjà la réponse à sa question.
Julie refusa trop prise par la présence de ce stylo qui glissait habilement entre ses doigts. Romain lui aussi ne faisait que penser à Julie, mais pas de la même manière. Des questions se superposaient dans son esprit, ajoutant des conséquences aux réponses, des raisons, des arguments ; des mensonges ? Son esprit était totalement brouillé par l’identité de la jeune fille. Peut être que son nom de famille n’est qu’une coïncidence. Mais cela est très peu probable malheureusement. Il ne savait plus réfléchir correctement et avait la fâcheuse habitude de fixer la personne concernée par ses pensées. Son ami assit à la table juste à côté décida avec celui qui était devant de l’embêter.
- Eh Romain, tu fixe toujours Julie. Tu es amoureux ?
- J’ai entendu dire qu’elle sortait avec un mec à l’étranger.
- Ah bon ? Moi j’ai cru apprendre qu’elle avait un correspondant de la ville voisine sur Twitter.
Rien ne réussissait à toucher Romain qui sans le vouloir les ignora. Ils haussèrent les épaules et continuèrent de gribouiller sur leur cours des dessins indescriptibles.
C’est à la pause déjeuné que Romain peut enfin avoir une discussion sérieuse et en privée avec son meilleur ami. Les deux venaient de se prendre à la cafétéria un sandwich jambon fraîcheur pour pouvoir manger à l’extérieur sans problème. Romain était assit dans l’herbe du parc voisin à leur lycée, alors que Baptiste était resté debout adossé contre un arbre à surveiller les alentours. Il n’y avait personne hormis un couple qui batifolait indécemment assez loin pour qu’ils ne puissent pas les entendre. Baptiste fut le premier à croquer dans le pain attrapant au passage une feuille de salade.
- Tu penses que Julie est une Vampire ?
- Julie Capire ? Pourquoi me demandes-tu ça ?
- Parce la famille à la tête du clan des vampires est celle des Capire.
- Je ne sais pas quoi penser. Julie est beaucoup trop douce et innocente pour être une vampire. J’ai du mal à voir son visage taché par le sang dans ses coins de bouche. Mais il est vrai que son nom est trompeur. Je pense qu’il faudrait vérifier par soit même.
- Je dois savoir. Je ne déteste pas spécialement les vampires, mais savoir qu’il est possible qu’elle soit vampire me met tout de même mal à l’aise. Savoir qu’elle fait partie du clan que mon père et les miens haïssent, je n’ose pas imaginer la suite.
- Peut être que tu devrais abandonner tout sentiment pour elle.
- Peut être oui. Mais c’est plus fort que moi. L’attirance que j’éprouve pour elle dépasse tout ce que j’ai vécu jusqu’à maintenant.
- Va, et fait ce que tu penses être le meilleur pour toi.
* * *
À la fin des cours, Romain suivi furtivement Julie pour découvrir son lieu de vie. Caché derrière des murs ou des arbres. Il cessa net de la traquer lorsqu’il remarqua autour du quartier limité par un grand portail, une aura sombre. Trop sombre pour lui. Pourtant ce n’était pas des maisons lugubres à faire peur comme dans les films d’horreurs avec leurs maisons hantées. Mais quelque chose n’allait pas pour lui. Le regard des habitants qui habitaient ce quartier était différent que celui des humains ordinaires. Assoiffés de sang. – Machiavélique. Il s’enfuit aussi vite que possible avant d’en voir plus.
Julie n’avait pas remarqué un instant qu’elle était suivie de près. Peut être était-elle trop naïve. Passant la porte de sa maison, elle se rappela qu’elle ne pouvait pas rendre ses affaires de court à Romain donc elle les avait cédé à son meilleur ami. Baptiste il lui semblait. Elle était assez triste. Non, elle se sentait plutôt déçu de ne pas avoir pu dire au revoir à celui qu’elle aime. Elle salua rapidement sa sœur avant de filer dans sa chambre et s’allonger dans son lit en souriant à pleine dent. Quel bonheur de pouvoir sourire jusqu’aux oreilles sans s’inquiéter pour ses canines. La porte s’ouvrit la prenant par surprise, et adossé dans le creux de la porte se trouvait son fiancé, les bras croisé à la scruter de loin. Toujours avec ses vêtements puant le sang, son apparence mal soignée. Qu’est-ce que Capire lui trouvait pour en faire le fiancé de sa fille cadette ?
- Tu semble drôlement joyeuse. constata Estéban.
Elle ne répondit rien à ça. Dire qu’elle aimait déjà quelqu’un à une personne telle que lui ne servirait à rien. Elle se détourna pour éviter son regard. Ce dernier remarquant ce geste brutal sourit et s’installa sur le lit, allongé à sa hauteur.
- Veux-tu bien sortir de ma chambre s’il te plaît ? demanda-t-elle froidement.
- Que t’ai-je fait pour que tu ne m’apprécie pas et me repousse comme la peste ?
Elle ne répondit pas non plus.
- Est-ce parce que j’ai tué un loup garou sous tes yeux ?
Pour dire vrai, elle avait oublié ce pauvre Tavana et avait préféré penser à de plus belles choses telles que Romain. Sa chevelure crépusculaire, ses magnifiques yeux jaune ambre irréels. Sa gentillesse innée.
- Je ne sais pas. trouva-telle à répondre.
- Il faut que tu saches que les loups-garous sont notre ennemi naturel.
- J’en ai bien conscience.
- Leurs sang nous est mortel, tout comme le notre qui leur est mortel.
- Et alors ? Je n’ai pas l’intention de boire le sang de quiconque.
- Il est vrai que tu n’as jamais goutté à une seule goute de sang. Veux-tu goutter le mien ?
Cette question la répugna. Boire le sang de cet énergumène était sans doute le plus grand affront qu’elle vivait. Elle refusa catégoriquement et lui quémanda de quitter cette chambre qui n’est pas la sienne. Ce dernier eu un rictus diabolique et se redressa à hauteur de la jeune fille qui avait fait de même il y a quelques secondes plus tôt.
- Alors moi je boirai le tien.
Elle ignora son air d’animal et garda sa fierté.
- Cela ne me changera en rien. Mon père a déjà bu de mon sang, tout comme ma mère, ma sœur et son fiancé.
- Maintenant c’est au tour de ton fiancé. dit-il arrogant.
Julie garda son visage de marbre tout en le regardant droit dans les yeux. Elle n’était pas décidée à fléchir si vite.
- Je ne t’accepterai jamais comme mon fiancé.
- Quelle fierté mal placée.
Il se pencha vers elle, vers sa naissance du cou, vers sa peau nacrée. Cette dernière prit dans sa main ses cheveux comme l’ébène pour ne pas le gêner. Il la prit dans ses bras et embrassa cette peau sucrée. –Délicieuse. Un parfum aphrodisiaque se dégageait d’elle.
- Si ta peau a si bon goût, je n’imagine pas la saveur exquise de ton sang.
Elle resta indifférente face à ces paroles provocatrices. Il fit glisser sa langue, le long de son cou, langoureusement, lentement. Elle fronça légèrement les sourcils, pas habituée à autant de sensualité. Après les préliminaires faits de baisers et de lèches, il se décida enfin à planter brusquement ses crocs. Surprise par cette présence inhabituelle dans son cou, elle s’agrippa vivement au haut du garçon pendant cette pénétration qui se prolongeait encore. Douloureux, et pourtant si agréable. Elle n’aimait pas se sentir bien dans ce genre de situation honteuse qui lui laisse des regrets, surtout avec Estéban qui est le pire des vampires qu’elle ai connue. Elle pouvait entendre les longues gorgées que buvait, dégustait Estéban.
- Ton sang est succulent. Une véritable merveille. Je ne m’en lasserai jamais. avoua-t-il le temps d’une courte pause avant de reprendre son activité.
Il en profita pour la prendre plus proche contre lui. Ce contact corporel la répugnait, lui, l’excitait. S’il ne savait pas que voler la virginité d’un vampire rendait leur sang moins bon, il l’aurait sans doute prit de nombreuses fois. Cette pensée noire se faisait ressentir dans sa façon haletante de sucer le sang de la jeune fille.
Le père entra dans la chambre en frappant à la porte juste avant. Il les surprit en pleine action vampirique et sourit. Il était content de voir sa fille et son chasseur préféré l’un contre l’autre dont l’un buvait le sang de l’autre. Julie ne bougea pas d’un pouce ne prenant même pas la peine de repousser l’homme qui la goutait. Elle ne voulait montrer ni gène ni envie que cela se prolonge. Estéban lui n’avait toujours pas remarqué la présence de Capire à cause de ce sang qui l’hypnotisait.
- Bonsoir papa. Que me vaut ta venue soudaine et enjouée ?
Le chasseur surpris par cette phrase qui signifiait clairement que son supérieur était dans la pièce se décala rapidement, manquant de pousser trop fort Julie. Il se rendit compte avec honte qu’il avait bu le sang de la fille de son boss sans la permission de ce dernier. Mais cela ne gênait pas le vieux Capire. Estéban essuya du flan de sa main le sang qui pouvait être sur son visage, n’oubliant pas de lécher les traces qui s’étaient faite dessus. La demoiselle pressait d’une seule main la morsure pour cesser tout liquide rouge de glisser sur sa plus que ce n’était déjà fait.
- Julie, Estéban, j’ai une très bonne nouvelle. Nous allons enfin pouvoir anéantir les loups-garous !
Anéantir les loups-garous ? Cette idée scandalisait Julie.
- Vraiment ? Comment ? s’enjoua rapidement le garçon comme un gamin de cinq ans.
- Ils nous ont déclarés la guerre, et nous allons les détruire !
- Ouais ! hurla fout de joie le voisin de la jeune vampire.
Julie se figea. Choquée. Offusquée. Sidérée. Mortifiée. Ce qui allait se dérouler était la dernière chose qu’elle voulait qu’il se déroule.
- Une guerre . . . ?
Le destin avait décidé ainsi de froisser la joie et engendrer la souffrance de Romain et Julie.
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